Balade 761 : Jamais nul jour n’auray fiance ou temps (MCXLIV)
Balade
Jamais nul jour n’auray fiance ou temps 304a
Ne ou soleil pour essuer buee
Qui lieve main a raix trops esclairens,
Car laidement en ay esté trompee,
5 Si que je voy une obscure nuee
Soudainement obscurer ce souleil
Et tant plouvoir que toute fu gastee :
L’en ne doit pas par tout jugier de l’œil.
En ce regart ay je perdu mon sens
10 Et de ce m’a ma maistresse blasmee.
Cendre et cuvier par ma faulte li rens,
Nape n’y a qui ne soit deslavee,
Laissive n’ay ne feu en chemine[e]
Et pas ne puis buer comme je vueil.
15 Par foul regart ay esté assotee :
L’en ne doit pas par tout jugier de l’œil.
Mais pas ne suis toute seule ignorens,
Car de bestail ay veu mainte tropee
Par les bergiers chacier pour paistre aux champs
20 Qui cuidoient avoir belle journee,
Qu’il convenoit faire la retournee
Et plus moilliéz, eulx bouter soubz leur sueil,
Et si avoit mainte beste esclopee :
L’en ne doit pas par tout jugier de l’œil.
L’envoy
25 Prince, il convient estre moult diligens
Qui veult buer et cuire, trop m’en dueil,
Sçavoir de vray que li temps soit constans :
L’en ne doit pas par tout jugier de l’œil.