Balade 690 : Le temps vendra. Quelz ? Ne sçay. Il me tarde (MLVIII)
Balade
Le temps vendra. ― Quelz ? ― Ne sçay. ― Il me tarde.
― En bien ? ― Il est, Dieux vueille, en amendant,
Mais je voy po qui bien y prangne garde,
Car tout se va par orgueil corrumpant
5 Si que chascun va le mal occupant
Sanz advertir que vengence soudaine
Reserva Dieux sur creature humaine.
Or ne veult nulz a ces poins regarder
Dont grant doleur sera briefment prochaine :
10 Or se gart donc qui s’ara a garder.
Car le temps vient, ou il fault bonne garde,
Qu’estre ne doit a nul homme tardant.
En bien voy po homme qui se regarde,
Il est ainsi, tout se va triboulant.
15 En amendant n’a point d’amendement,
Car chascun fait toute chose villaine,
Prandre, ravir, laissier la vie saine
Pour les pechiéz que l’en dust rebouter.
S’en ensuira mort, pestilence et paine :
20 Or se gart donc qui s’ara a garder.
Venimeuse est la queue de lisarde
Pour son venin qu’elle y va tapissant,
Si est la fin du pecheur qui se farde
Des grans pechiéz ou va perseverant,
25 Car l’ire Dieu le happe et le sousprant. 279d
En grant peril l’ame et le corps en maine.
Crions merci la vertu souveraine,
Amendons nous pour ces tourmens oster,
Ou nous perdrons terre, vie et demaine :
30 Or se gart donc qui s’ara a garder.
L’envoy
Prince, pou voy qui aime Dieu ne craingne,
N’a qui de mort ne d’exemple souviengne
Fors que toudis en mal perseverer,
Sanz repentir ne justice avoir plaine.
35 Pour se faurra la puissance mondaine :
On se gart donc qui s’ara[1] a garder.
[1] Ms. saura