Balade 678 : Je croy que j’ay pour faire ce voyage (MXLII)
Balade
Je croy que j’ay pour faire ce voyage
.iiii. varléz, ruséz et bien aprins,
Car sur les champs ne vont point en fourrage.
Ilz me veulent mener en paradis :
5 Qu’a leur pouoir me logeront toudis
En lieu seur, chastel ou bonne ville.
La comptent hault, et ne leur chault du pris,
Tant qu’il ne m’est demouré croix ne pille.
Et quant je fi que ce n’est pas l’usaige
10 Et qu’ilz deussent logier en plat pais
Pour moins fraier, pour avoir l’avantaige
D’avoine et foing, buefs, vaches et brebis,
Et pour partir sanz compter du logis,
Ilz respondent : ― Chose seroit trop vile.
15 Tousjours s’en vont logier ou il a lis,
Tant qu’il ne m’est demouré croix ne pille.
En moy monstrant par gracieus langaige
Que d’estre au plat, les corps en valent pis
Et les chevaulx, œufs n’y a ne frommage[1],
20 Tout est retrait, et s’en est on reprins,
Pillars tenuz, et pour ce m’ont aprins
Que je seray prodoms entre cent mille
D’ainsi logier : a Bapaume m’ont mis
Tant qu’il ne m’est demouré croix ne pile[2].
L’envoy
25 Princes, je suis desja tous esbahis 275c
De mon argent. Tout s’en va qui ne pille.
Chevaux et gens m’ont rungie jusqu’au pis
Tant qu’il ne m’est demouré croix ne pille.
[1] Saint Hilaire corrige en frommaige
[2] Saint Hilaire corrige en pille