Balade 674 : Depuis le jour que des dames parti (MXXXVI)
Autre Balade
Depuis le jour que des dames parti
Et que je fus boutéz en bailliaige,
Joie, deduit n’eus ne joieux parti,
Bien ne douçour, forsque doleur et raige.
5 Matin lever, contrefaire le saige,
Oir plaider et rendre jugemens,
Seoir toudis et escouter les gens.
La suis plentéz comme ydole de terre.
Aiéz pitié, dames, de mes tourmens,
10 Pour l’amour Dieu, envoiéz moy requerre.
Car il n’est bien que puist avoir bailli,
Mais il convient oir de dur langaige.
De pluseurs est par derriere assailli
Pour faire droit ou garder l’eritaige
15 De son seigneur, et s’omme de paraige
Muert, pour ses maulx hais est des parens.
Se juges faint, lors s’est il parjurens.
Nul tel estat ne doit ja frans cuers querre,
Car c’est de vie uns grans abregemens :
20 Pour l’amour Dieu, envoiéz moy requerre.
Hostel de roy et de royne autressi
En voz deux cours a plus joieux usaige,
Plus franchement y vit l’en, Dieu merci,
Las ! doloreus, et pour quoy vous lessai ge ?
25 De cest escript faiz vers vous mon messaige,
Soiéz de moy, mes dames, souvenans.
Damouselles, a vous me recommans. 273c
Pour mon depart de vous li cuers me serre.
Se par vous n’est, je mourray languissans :
30 Pour l’amour Dieu, envoiéz moy requerre :
L’envoy
Noble princesse, humblement vous suppli
Que je vous serve. Autre foiz vous servi.
De la doleur m’ostéz qui trop m’enserre,
Car je suis ja presque tout amorty,
35 Se n’y pourveéz briefment, je languy :
Pour l’amour Dieu, envoyéz moy requerre.