Balade 669 : Je m’en voys. Demouréz ici (MXXXI)
Balade
― Je m’en voys. ― Demouréz ici.
Beaus cousins. ― Certes, non feray.
Je ne vous lairay pas ainsi,
Par Dieu, je vous convoieray.
5 […][1]
― Non feréz. ― Or, ne juréz mie,
Si feray, par saincte Marie,
Delivréz vous, passéz devant.
― Je vous deffens ma compaignie :
10 Vous ne passeréz plus avant.
― Or me soufréz, pour Dieu mercy.
― Si prés de moy ne vous lairay.
― Je croy que vous moquéz de my.
― A Dieu. ― De ci ne partiray
15 Jusques retourner vous verray.
― Aléz vous ent, c’est grant folie,
Regardéz que j’ay de mesgnie, 272a
Vous me convoiéz trop souvent.
Retenéz loy, je vous en prie,
20 Vous ne passeréz plus avant.
― Si feray, puis que je le dy,
Jusqu’a vostre huis vous remenrray.
― Ainsi faictes vous chascun dy,
Plus vostre honeur ne souferray.
25 ― A vostre hostel vous conduiray,
C’est pour vous que je faiz sotie.
― Or retournéz, je vous suppie,
Jusqu’a demain, souleil levant.
― Pres est du jour, je vous affie.
30 ― Vous ne passeréz plus avant.
L’envoy
― A Dieu, faisons la departie.
― A Dieu, cousin. ― A Dieu, parant.
― Aléz a Dieu ceste nuitie :
Vous ne passeréz plus avant.
[1] Vers non édité ou vers manquant non signalé