Balade 660 : De quoy sers tu ? De moy esbatre (MXXII)
Autre Balade
― De quoy sers tu ? ― De moy esbatre.
― Or di, de quel esbatement ?
― Ne sçay bien trois gieuz, voire quatre :
De bourses coupper soutilment,
5 D’entregetter legierement
Un henap ou un pot d’estain
Pour un d’argent, et de ma main
Couper un mordant de courroie.
De rober nul homme ne crain.
10 ― C’est beau gieu, mais qu’om ne te [voie] !
― Encor quant je voy gent debatre
A un change, trop proprement
Sçay ma main sur l’argent embatre
Et l’emporter appertement.
15 Tasse, godet, cuillier d’argent
Ay tantost mucié en mon sain.
D’un cheval, s’om le maine a plain
En presse ay couppé toutevoie
La longe, et vendu l’endemain.
20 ― C’est beau gieu, mais qu’om ne te voie !
― Et qui plus est, bien sçay combatre
D’un coutel profitablement,
Une male fendre et abatre,
La desrober incontinent.
25 ― Et se tu es prins d’un sergent,
Comment fais tu ? ― Je trume a plain.
Je me rescoux bien d’un[1] villain,
Au moustier cours la droitte voye 269d
Et fais tourtel d’autrui levain.
30 C’est beau gieu, mais qu’om ne te voye.
L’envoy
― Prince, bien sçay gaingnier mon pain,
Bon marchant sui, a lever main
Ay maintefois gaingnié ma proye.
― En la fin seras prins a l’ain.
35 ― Non seray. Toudis robe et prain.
― C’est biau gieu, mais qu’om ne te voye !
[1] Saint Hilaire corrige en du