Balade 656 : Helas ! sire, monstréz moy le chemin (MXVII)
Autre Balade
Helas ! sire, monstréz moy le chemin
Ou je puisse Congnoissance trouver.
― Va a la cour. ― Quoy faire ? ― Je devin
Qu’elle y devroit mieulx qu’ailleurs demourer. 268b
5 ― Vous dittes voir, mais je vous vueil prouver
Que pas n’y est. Ailleurs a fait son hourt.
Quise l’y[1] ay, mais n’y puet sejourner :
Congnoissance se tient trop pou a court.
― Pour quoy ? ― Pour ce que nul n’y est enclin
10 De la vouloir oir ne regarder,
Chascun lui fait content, noise et hutin.
Si n’ose la un tout seul mot sonner,
Car Foul Plaisir l’en fait souvent aler
Plus que le pas, s’en fuit ailleurs et court.
15 ― Quier autre part, car, selon ton parler,
Congnoissance se tient trop pou a court.
― C’est tout certain. Mais maint paillart coquin
Maint sot, maint foul voit on la ordonner,
Avoir estat, la chevance et l’or fin,
20 Et li vaillant et saige, c’est tout cler,
N’y ont honeur, ne puelent profiter
Par Foul Plaisir qui toudis y acourt,
En escriant, quant bons s’y veult bouter :
Congnoissance se tient trop peu a court.
L’envoy
25 Princes, qui veult comme saiges regner,
De son palays doit oster tel bouhourt
Tant qu’on ne puist dire ne sermonner :
Congnoissance se tient torp pou a court.
[1] Ms. lui