Balade 642 : Je voy souvent crier Noé (DCCCCXCVII)
Autre Balade
Je voy souvent crier Noé,
Et si le crie on tant qu’il vient,
Maiz le bon temps est esbloé
Car a maintes gens n’en[1] souvient,
5 Et si ne sçay a quoy il tient
Qu’il ne vient quant chascun l’escrie,
En disant : ― Las ! qui te retient,
Bon temps ? ne revendras tu mie ?
Revien[2], tu as trop demouré, 262a
10 Necessairement le convient,
Et nous seron tuit recouvré :
Cilz mondes trop chetif devient.
Il n’est que dueil, c’est tout nient :
Ramaine nous joyeuse vie,
15 Chascuns te plaint et va crient :
Bon temps, ne revendras tu mie ?
Ramaine largesce et planté,
Paix et amour qu’orgueil detient.
Avarice a tout surmonté,
20 Toute male fortune avient,
A l’un de l’autre ne souvient.
Fay cesser mesdit et envye.
Vien, quant l’en te va tant prient,
Bon temps, ne revendras tu mie ?"
L’envoy
25 Prince, pour vous est destiné
Ce bon temps, ne l’oubliés mie
Ou je crieray com forsené :
« Bon temps, ne revendras tu mie ? »
[1] Ms. de
[2] Ms. iCe vien