Balade 632 : Toudis suelt conseil conseillier (DCCCCLXXXVII)
Autre Balade morale sur le conseil du roy
Toudis suelt conseil conseillier,
Maiz tout se pert en consillent,
Car je voy le pueple essilier
Par le conseil qui est si lent[1]
5 Qu’a poyne voit on consillent
Qui en convoitant ne conseille
Et qui au voir n’ait sourde oreille
En gouvernement de ce monde
Ou nulz au bien commun ne veille :
10 Et par ce ce convient que tout fonde.
Maiz jadis y vodrent veiller
Li sage et preudomme vaillent,
De corps et d’ame traveillier,
Et tant y furent traveillent,
15 Et a ce bien commun veillent[2]
Que ce fu une grant merveille.
Pour mort nulz d’eulz ne desconseille
Ce bien garder que l’en deffonde[3]
De tous poins, dont tje me merveille :
20 Et par ce convient que tout fonde.
Je ne me puis trop mervellier
De ce que tuit dissimulent
Sont le bien. Au particulier,
Acquerre et querir ne sont lent.
25 Justice et loy vont defoulent.
Pour ce fault que chascun se dueille, 259c
Que nulz n’est qui verité vueille
Dire au jour d’uy, orgueil seuronde,
Toute misere s’apareille,
30 [Et par ce convient que tout fonde.]
L’envoy
Prince, je voy entortillier
De ses herbes le courtillier,
Dont mainte mauvaise l’afonde.
Bon en feist oster un millier,
35 Peresse le fait sommeillier,
Et par ce convient que tout fonde.
[1] Ms. lonc
[2] Ms. veillens
[3] Ms. deffende