Balade 624 : Depuis l’aage qui commença premier (DCCCCLXXIX)
Depuis l’aage qui commença premier 256d
Au pere Adam, Noé secondement,
A Abraham qui dut sacrifier
Ysac son filz, le tiers aage ensement,
5 David le quart et au captivement
<Le ve de Babiloyne fu,
Le vie commença a Jhesu,>[1]
A tousjours eu moult de mutacions,
De milliers d’ans avec leurs fractions,
10 Quatorze cens, et maint art authentique
De tous lesquelz vient la finicions :
Regner ne voy fors l’art d’arismetique.
Or sommes nous ou vie millier,
Pres de la fin, selon l’entendement
15 Metheode, qu’Entecrist approuchier
Doit et venir tresrigoureusement,
Soy disant Crist, et regner faussement[2]
Par miracles de simulacions
Et par tresors repos es regions
20 Convertira par mainte voie inique.
Et je le croy, les signes en suions :
Regner ne voy fors l’art d’arismetique.
Des sciences ot l’en gramaire chier,
Logique aprés, et encor tiercement,
25 Rhetorique, geometrie quier,
Musique fault, astronomie ment,
Compter, getter ont le gouvernement. [3]
Ces sciences a ces aages joingnons
Et se tout bien a la lettre pranons,
30 Nulle n’en sçay ou crestien s’aplique
Qui au jour d’ui lui vaille .ii. boutons :
Regner ne voy fors l’art d’arismetique.
L’envoy
Prince, au jour d’ui bon clerc ne chevalier 257a
Ne se puelent chevir de leur mestier,
35 Car biens ne sens n’est prisiéz une crique
Fors que l’argent, et qui s’en scet aidier :
Soit ez palais, en ville ou en moustier,
Regner ne voy fors l’art d’arismetique.
[1] Vers surnuméraires
[2] Saint Hilaire considère qu’il manque ici deux vers.
[3] Saint Hilaire considère qu’il manque ici deux vers.