Balade 598 : Mercure, Mars, Jupiter et Venus (DCCCCXLVIII)
Balade faicte sur la division et cisme de l’Eglise qui est au jour d’ui moult troublee par la lune
Mercure, Mars, Jupiter et Venus,
Et chascun d’eulx, ensemble le souleil,
Ont par long temps regné, et Saturnus
Fait et creé un regne non pareil
5 En divers lieux, [ce] dont je me merveil,
Selon les cas de leur conjunction
Et les signes, tenir la region
L’un puis l’autre, chascun en sa chascune :
Mais de ces .vi. voy la conclusion,
10 Puis que je voy vouloir regner la lune.
La[1] septiesme est nomme[e] cy dessus,
Froide et trouble, qui fait son appareil
De tous vices et pechiéz mettre sus,
Et qui ara principalment son œil
15 A convoiter pour le prince d’orgueil,
Le seducteur, filz de perdicion.
Par symonie et par ambicion
Fera ça jus une loy si commune
Que tout cherra en desolacion,
20 Puis que je voy vouloir regner la lune.
O ! quel dolour ! marrastre des vertus,
Et nourrice de desloial conseil,
Par toy sera ly mondes corrompus
Et les mauvais tirans mis en escueil,
25 Les bons fouléz et la loy. Las ! quel dueil !
Tu semeras toute division. 246d
Se les signes n’ont opposition
En ton regart, toute male fortune
Vient et descent pour no finicion,
30 Puis que je voy vouloir regner la lune.
L’envoy
Prince, se Dieu n’y met provision
Par sa pité et devote oroison
Et charité, par ces trois ou par l’une,
En remouvant tel[2] constellacion,
35 Tout perira. C’est mon opinion,
Puis que je voy vouloir regner la lune.
[1] Ms. Le
[2] Ms. telle