Balade 575 : Or ay je tant, Dieu merci, attendu (DCCCCXIX)
Autre Balade
Or ay je tant, Dieu merci, attendu
Que desormais puis bein avoir mon don,
Car vous avéz, si com j’ay entendu,
Et de nouvel, deux genés d’Arragon :
5 Envoiéz moy coursier ou roucin bon,
De ce suppli vostre hault[e] noblesse,
Et mesmement que vous avéz le nom
De voluntiers tenir vostre promesse.
J’ay mon argent en Julliers despandu,
10 Et Ardenne a destruit le compaignon.
Par les bois sont my chveal morfondu,
Riens ne me vault fraper de l’esperon.
Autant vauldroit chevauchier un baston 239a
Que mes chevaulx, dont chascun d’eulx me lesse.
15 Acomplisséz donques vostre renom
De voluntiers tenir vostre promesse.
Un lay vous doy, bien vous sera rendu,
Et chascun an, pour ce et en guerredon,
Coursier aray de vous ou j’ay tendu.
20 Promis l’avéz, jugiéz se c’est raison.
Sinon croupir me fault en ma maison
Ou chevauchier jument, asne ou asnesse.
Ne failléz donc, ce seroit desraison,
De voluntiers tenir vostre promesse.
L’envoy
25 Princes de Bar, ne querréz achoison
De refuser ce de quoy je vous presse,
Car plus donrréz, plus aréz a foison
De voluntiers tenir vostre promesse.