Balade 563 : J’ay par cinq ans esté en maladie (DCCCCII)
Balade
J’ay par cinq ans esté en maladie,
Dont mire nul ne m’a voulu guerir,
De pou d’argent, ou maint homme mendie.
Or ay trouvé qui m’a fait l’uis ouvrir
5 De surgien pour mes plaies garir,
Li quelz m’a dit que je seray tous sains.
Mais il me fault endurer et soufrir
Le mal que j’ay jusqu’aprés la Toussains.
Si n’ay espoir en chose qu’on me die,
10 Pour le penser qui ne me laist dormir
Et la paour que j’ay qu’om ne m’oublie
Pour autres gens que je voy poursuir.
Tant de povres a un huis requerir
Fait leurs clamours escondire[1] et leurs plains.
15 Pour l’amour Dieu, vueilliéz faire fenir
Le mal que j’ay jusqu’aprés la Toussains.
Aprés ce jour, je, Eustace, supplie
Que vous vueilléz a mon mal secourir
Et ordonner en l’apothicairie
20 Jaque Hemon chose qui puist[2] tenir
Sanz recoupper, qui me face adoucier
De povreté les maulx dont je suis plains.
Si non, bien sçay que me fera mourir
Le mal que j’ay jusqu’aprés la Toussains.
25 Flament, Pierre, Crestien, je vous prie, 233d
Garissiéz moy, vous estes sou[ve]rains,
Ou autrement perdre fera ma vie
Le mal que j’ay jusqu’aprés la Toussains.
[1] Ms. fait escondire leurs clamours
[2] Ms. se puist