Balade 561 : Compains, je suis en dolereus parti (DCCCC)
Autre Balade
Compains, je suis en dolereus parti :
Belle femme ay et si l’aim loyaument,
Pour ce me plust qu’elle fust deléz mi
Pour mon soulas et mon[1] esbatement.
5 Or voy seigneurs qui trop communement
La me viennent pour festes emprunter.
Si je l’octroy, je ne fais que muser.
En refusant, suis appeléz jaloux.
Conseilliéz moy comment j’en doy ouvrer.
10 ― Par mon conseil refuséz la a tous.
― Vous dictes bien, mais j’aray lors le cri
Que je mescroy ma femme aucunement.
Les emprunteurs diront : ― Vostre mari,
Dame, vous fait blamer couvertement.
15 N’estes vous pas de bon gouvernement ?
― Oil, par Dieu. Lors la feront errer,
Disans : ― Je croy qu’il vous veult enserrer.
Il ne deust pas suspeçonner de vous.
Elle plourra : ― Comment puis je ordonner ?
20 ― Par mon conseil refuséz la a tous.
― En bonne foy, chier compains, je languy.
Cure n’ay plus de tel empruntement.
.vi. ou .viii. jours s’en va au virely
Dancer sanz moy ma femme en parement.
25 Si jaloux suis, venir puet autrement,
Car li cucus pourra pour moy chanter.
Par telz empruns ne me puis exempter
Que sur la fin n’aie trop male toux.
― C’est donc le mieulx que de la refuser.
30 Par mon conseil refuséz la a tous.
― Compains, par Dieu, de voz sens vueil user. 233b
Dessus garder vueil ma femme et dessoubz.
― Faictes donc tant qu’om ne s’en puist ruser.
Par mon conseil refuséz la a tous.
[1] Ms. pour mon