Balade 516 : J’ay un varlet, qui le vouldroit louer (DCCCLII)
Balade
― J’ay un varlet, qui le vouldroit louer,
Que son pareil ne trouveroit on mie.
― De quoy sert il ? ― De boire et de jangler.
Il het chevaulx, ne leva en sa vie
5 Sanz lui trois foiz appeler.
En cuisine ne scet un œuf peler,
Non pas servir lui meismes a la table,
Mais il scet bien viande demander.
― Je n’en vueil point. Varlet soit il au diable ! 220d
10 ― Ba ! si feréz. Il ne[1] met a lever
En trestous temps plus de lieue et demie,
N’il n’est homme qui le feist haster
Que sa teste ne fust avant pignie.
S’on ne [le] laisse aprester,[2]
15 Tout a par li sanz venir […][3]
Fors au disner, la est il servissable
Pour desservir souvent sanz commander.
― Je n’en vueil point. Varlet soit il au diable !
C’on t’en oie : scet il lire ou chanter
20 Ne escripre chose que l’en lui die ?
― Certes, nenil. Mais bien scet murmurer
Et esmouvoir riote a la mesnie.
Trousser ne veult ne maler,
Chambre fournir ne cheval estaler,
25 Car il se tient pour varlet honourable.
Vous ne pouéz nul meilleur recouvrer.
― Je n’en vueil point, varlet soit il au diable !
[1] Ms. se
[2] Les vers 13 et 14 sont écrits en un seul dans le ms.
[3] Vers incomplet