Balade 515 : Qui a mestier d’avoir un bon servant (DCCCLI)
Autre Balade[1]
― Qui[2] a mestier d’avoir un bon servant ? 220c
Jeusnes homs suis, aprestéz de servir.
― De quoy sers tu ? ― Je suis bien chevauchant,
Je sçay tranchier, moy en cuisine offrir,
5 Malle torusser et au besoing pestrir,
Garder chevaulx et une chambre tendre,
Je sçay pigner, un lit faire et fournir.
Nulz, Dieu Merci, ne m’en scet rien apprendre.
Je sçay aler et parler entre gent,
10 Compter, getter, le mon maistre tenir,
Faire ses fraiz, gouverner son argent,
Escripre asséz pour mon fait soubstenir,
Rendre compte sanz le sien retenir,
Songneusement a sa besongne entendre.
15 De ce me puet bien laisser convenir :
Nulz, Dieux mercy, ne m’en puet rien apprendre[3].
Je couche tart, je suis si diligent
Que je n’en puis reposer ne dormir,
Je descouche devant souleil levant,
20 Tousjours sui prest, onques ne veuil mentir,
On me puet bien ses consaulx descouvrir,
Je suis prudoms sanz riens de l’autrui prendre.
― Je te retien. ― Et je vueil obeir.
Nul, Dieu mercy, ne me scet rien apprendre.
[1] Pièce identique au même folio sous le n° DCCCL ; répétition sans doute liée au changement de main
[2] Ms. Quiconques
[3] Ms. puet reprendre