Balade 503 : Haro ! dame, souffréz que l’en vous voye (DCCCXXXVIII)
Balade
Haro ! dame, souffréz que l’en vous voye !
Vous me sembléz trop precieuse chose.
Maiz sans vo gré approucher n’oseroye
Si doulx saffir ne [si] vermeille rose. 218a
5 Trop est hardiz qui atouchier vous ose.
Vous n’estes pas de maniere amoureuse :
Haro ! Haro ! est ce bien, gracieuse ?
Qui vous verroit aler parmi la rue,
Jhesu sembléz dedens vostre habit close.
10 Vous parléz bas afin qu’on ne vous oye,
La trinité est dedens vous enclose.
Par saint Trotin, homme regarder n’ose,
Car homme voir est chose perilleuse :
Haro ! Haro ! est ce bien, gracieuse ?
15 Toudiz plouréz, nulz telmps ne faictes joye,
Ne vostres cuers fors en Dieu ne repose.
Si fait grant bien qui un po vous resjoye,
Et quant a moy je tesmoigne et suppose
Que qui feroit avec vous longue pose
20 Que vous seriéz un po [bien] amoureuse :
Haro ! Haro ! est ce bien, gracieuse ?