Balade 500 : Je fu jadiz de terre vertueuse (DCCCXXXV)
Balade
Je fu jadiz de terre vertueuse,
Nez de Vertus, le paiz renommé
Ou il avoit ville tresgracieuse
Dont li bon vin sont en maint lieux nommé.
5 Jusques a cy avoit mon nom nommé,
Eustace fu appelé dés enfans.
Or sui tous ars, s’est mon nom remué :
J’aray desor a nom Brulé des Champs.
Dehors Vertus ay maison gracieuse
10 Ou j’avoye par long temps demouré,
Ou pluseurs ont mené vie joyeuse,
Maison des champs l’ont pluseurs appellé : 217c
Mais, Dieu merci, toute plaine de blé,
Ont les Anglés le feu bouté dedens.
15 Deux mille frans m’a leur gerre cousté :
J’aray desor a nom Brulé des Champs.
Las ! ma terre est destruitte et ruyneuse[1],
je suis desert, destruit et desolé.
Fuir m’en fault, ma demeure est doubteuse,
20 [Se] je ne sui d’aucun reconforté.
Ainsi seray de mon lieu rebouté,
Comme essilliéz, dolereux et meschans,
Se mes seigneurs n’ont de mon fait pitié :
J’aray desor a nom Brulé des Champs.
[1] Ms. rayneuse