Balade 478 : Je doy estre chancelliers des Fumeux (DCCCXIII)
Autre Balade
Je doy estre chancelliers des Fumeux,
Et en l’office tousjours[1] demourer,
Car se l’ordre mainrenir sui songneux,
Si c’on ne puet ma personne trouver
5 En un estat, ains me voit on muer
Soudainement mon sçavoir en folye,
Estre dolens, puis[2] faire chere lye.
Ainsi me fait fumee, par ma foy,
Muser souvent et si ne say pourquoy.
10 De nature sui merencolieux,
Colerique, voir, me puet l’en trouver.
Si sui enclins a estre merveilleux
Naturelment, donc doi je retourner
A ma nature, sans moy desnaturer
15 Et estre plains de grant merencolie :
Car resister n’est pas de ma partie,
Ains me defuit, ce me fait, en requoy,
Muser souvent et si ne say pourquoy.
Donc je conclus, s’on me voit pou joyeux,
20 Que je m’en puis par nature excuser,
Car je ne suis pas si ingenieux
Que je sache contre nature aler.
Fumeux seray, riens n’y vault le parler,
Fumeusement menray fumeuse vie,
25 Demourer doy en ma chancellerie,
Qu’a tousjours maiz me verréz en ce ploy
Muser souvent et si ne say pourquoy.
[1] Saint Hilaire corrige en ia tousjours
[2] Ms. et puis