Balade 463 : Dieux soit louéz de tous biens qu’il m’envoye (DCCXXVII)
Balade
Dieux soit louéz de tous biens qu’il m’envoye
Et du retour du paiz d’Allemaigne,
Car au partir le flux du ventre avoye,
Or ne l’aray des mois ne des sepmaine.
5 Qu’entre les gens mon seigneur de Touraine
N’a homme nul qui ait esté restraint,
Fors Eustace qui de ce se complaint,
A qui on a .xx. jours serré le ventre
Sans croix avoir. Pour ce doubte et se craint
10 Qu’il ne puisse jamaiz aler a chambre.
Car sy serrer tant de jour li anoye,
Consideré son labour et sa paine
Et qu’a li seul on restraint la monnoye
Et tous autres ont eu leur paye playne,
15 Malice y a ou hayne certaine,
Maistres d’ostel l’ont durement empaint,
Chambre aux deniers a sa garison faint
Quant rayé l’ont ceulx tout le moys d’Octembre[1],
Dont paour a se son mal ne restraint,
20 Qu’il ne puisse jamaiz aler a chambre.
Telz medicins ne me font point de joye,
Car leur cure ne m’est bonne ne sayne,
Maiz bien veulent que chascun sache et voye
Qu’i[2] peulent tout : toute ordonnance est vayne
25 Sy ne leur plaist, j’en ay la droicte ensaigne,
Cognoissance, Dieux, par pité ramaine,
Car sanz lui voy destruire mainte et maint
Qui ont franc cuer, de pluseurs m’en remembre.
Qui ce m’a fait soit sy du ventre estraint 210b
30 Que jamaiz jour ne puisse aler a chambre,
L’envoy
Prince, Eustace est sy restrains de vo voye
Que mestier n’a d’avoir laxatif d’ambre :
Vo grace quiert sanz ce c’on li pourvoye
Qu’il ne puisse jamaiz aler a chambre.
[1] Ms. octobre
[2] Saint Hilaire corrige en qu’il