Balade 461 : Dont viens tu ? De veoir m’amie (DCCXCV)
Balade
Dont viens tu ? ― De veoir m’amie.
― Qu’i as tu fait ? ― Tou mon plesir.
― L’aimes tu bien ? ― N’en doubtéz mie.
― T’aime elle fort ? ― Jusqu’au mourir.
5 ― Que scez tu ? ― Que veu l’ay souffrir
Tant comme on puet pour son amant
De mal, d’anuy, de desplaisir.
― Or soit il pendus qui en ment.
― Ainsis soit il. Je ne mens mye.
10 ― Harou ! tu me faiz esbahir.
― Pourquoy ? ― Car pas n’ay d’ademie.
Telle amour trop me fait d’air :
En lieu d’amer me veult hair
Celle que j’aime loyaument. 209d
15 D’elle ne puis a chief venir.
― Or soit il pendus qui en ment.
― Pas ne mens, je te certiffie.
― Dont ne ses tu pas bien servir ?
― Sy faiz, maiz po en moy se fye.
20 Tousjours dit que la viel trahir,
Et pour ce ne l’ose envahir.
― Tu es folz, poursui hardiment.
― Voyre, maiz autre en voy joir !
― Or soit il pendus qui en ment.
L’envoy
25 Princes, qui n’ayme c’est folie,
Maiz qu’il sache mentir souvent,
On en vault mieulx aucune fye
Or soit il pendus qui en ment.