Balade 456 : De la clarté et chaleur du soulleil (DCCXC)
Balade
De la clarté et chaleur du soulleil,
Et du biau jour des euvres de Nature,
Et des estoilles qui enluminent l’eil,
De la forme du ciel et sa figure,
5 Des .xii. moys et de leur bien qui dure,
Des quatre temps et de leur signorie,
Puissent perdre la douce nourreture
Les sauteraux et les buissons de Brie.
Des elemens n’aient nul appareil,
10 Douceur n’y soit fors que toute froidure,
Et a tousjours soyent privéz de conseil,
Le faulx pays, lune n’y soit, obscure
Tempest du ciel, toute malaventure
Descende la tant que tout se foudrie :
15 Car hair doit tout homme, et par droiture,
Les sautereaux et les buissons de Brye.
Nul pays n’est a la Brie pareil,
De faux chemin, de boe ne d’ordure.
Voist i[1] [autres], car plus aler n’y veil.
20 Qui preudons est n’y ait plus d’aler cure. 208d
Vingnes n’y a, riviere ne pasture.
On couche mal, chascun se plaint et crye
En maudissant tel terre qui endure
Les sauteriaux et les buissons de Brye.
L’envoy
25 Prince, trop fort du pays me merveil :
C’est uns desers plains de forcenerie.
Car privéz sont de vin blanc et vermeil
Les sauteriaux et les buissons de Brie.
[1] Ms. il