Ballade 450 : Le baut, le doulx, le poupinet (DCCLXXXIV)
Autre Balade
Le baut, le doulx, le poupinet[1],
Le long, le droit, le gay, le savoureux,
Le gentil corps et le chief crespelet,
Megre ne gras, au viaire piteux,
5 Qui si bien scet faire le gracieux,
Et qui porte la dorée taison,
Pour cent mars d’or ne donrroit ses cheveux :
Milleur marchié a fait de ma maison.
A ! que Dieu gart le doulz savoureuset,
10 Et son menton ou il [a] pou de peux,
Dont a Paris tiennent dames leur plet,
Et qui devient de chascune amoureux !
Haro ! haro ! comme il est gracieux,
Tendres et molz comme un petit oison !
15 Trop vent son corps, qui en est desireux.
Milleur marchié a fait de ma maison.
C’est Vitagu, autrement Blondelet,
Qui les femmes veult avoir .ii. et dieux.
C’est merveilles que li bons sires fet,
20 Et comme il est aux armes vertueux.
Sire sainct Mor, rendéz le moy gouteux,
Je vous en faiz priere et orison,
Vendéz ly bien ses deliz oultrageux :
Meilleur marchié a fait de ma maison.
L’envoy
25 Princes, les ras, les souriz et les leux
Puissent rongier Vitagu le couillon
Qu’i[2] ne donrroit pour mille frans tous seulz :
Meilleur marchié a fait de ma maison.
[1] Ce vers compte deux syllabes de moins que les autres sans qu’il soit possible de lres conjecturer.
[2] Saint Hilaire corrige en qu’il