Balade 448 : Je veu a Dieu, aux dames, a Amours (DCCLXXXII)
Autre Balade
Je veu a Dieu, aux dames, a Amours,
A tous amans, a l’amoureuse vie,
Au roy aussy et a tous mes signours[1],
A tous les sains, a la vierge Marie,
5 Que se je puis faire la departie
Du faulx paiz ou me suis embatus,
Et g’y revien par sens ne par folie,
Que je soye tresbien beux et batus.
Car plus velus y ay esté c’uns ours,
10 Noirs et haléz, prins l’orde maladie,
Logé aux champs, esté armé tousjours,
Cevrons, angart, de nuitye en nuitye.
G’y ay gaignié plus de poux la moitié
Qu’avoir ne seil, les quelz j’ay combatus.
15 Se plus y vien je consens et octrye
Que je soye tresbien buz et batuz.
D’avoir argent font pluseurs leurs clamours.
Vive qui puet. Pour ce ne l’ont il mie,
Il put en l’ost, l’en y fait des rumours,
20 L’en oit bondir canons, artillerie,
Varlés[2] tuer, l’un brait, li autre crye :
« Alarme, ! au feu ! aux larrons ! » C’est biaux jus.
S’on m’y voit plus, je veil que chascun die
Que je soye tresbien buz et batus.
L’envoy
25 Prince, au retour, humblement vous supplie,
Que mes veulz soit confermés et tenuz,
En octroyant, se pluz faiz tel folie,
Que je soye tresbien buz et batuz.
[1] Ms. messigneurs
[2] Ms ; Carles