Balade 381 : Je puis asséz comparer ma deesse (XDIV)
Autre Balade
Je[1] puis asséz comparer ma deesse
A l’image du puissant roy Dalus,
Qui a son temps fu de telle prouesce
Et si vaillant, c’onques nulles ne nuls
[…][2]
5 Du sien rien ne lui toly.
Son peuple ama, il regna aprés lui.
Si que, lui mort, le peuple en ot tel rage
Que pour lui ont sa lignie establi :
10 Vueil faire ainsi[3] de ma dame l’ymage.
Car ilz firent tailler de sa haultesce
L’ymage au roy et firent encor plus,
Un temps grant ou l’ymage est maistresse.
L’ymage avoit en soy telle vertus, 161a
15 <De tous meffais recevoient salus>[4]
Ceulz qui avoient failly
Pour quelque cas. Ne prevost ne bailly
N’osoient la prendre, ne fol ne saige.
Pour conforter mon cuer qui est marry
20 Vueil faire ainsi de ma dame l’ymage.
Pour s’amour ay au cuer toute destresce.
Quant ne la voy, je suy tout esperdus.
Biens et honneurs, beauté, sens et noblesce,
Gent corps, joliz et gracieux reffus,
25 Aux requerans sont par s’onneur confus.
Donc j’aray avecques my
Doresnavant[5] s’ymage comme amy,
Painte tresbien et de tresriche ouvrage
En mon confort, et pour estre guery
30 Vueil faire ainsi de ma dame l’ymage.
[1] Ms. Le
[2] Vers non édité ou vers manquant non signalé
[3] Ms. Faire ainsi vueil
[4] Vers surnuméraire
[5] Ms. Doresenavant