Balade 366 : O tu qui as la pensee inconstant (CCCCLXXVIII)
Autre Balade
O tu qui as la pensee inconstant,
Variant l’œil et le pié non estable,
Ces trois signes me font estre doubtant 157c
Que tu n’es pas en amours veritable.
5 Mais d’ore[1] a ja as le cuer si muable
Que tu ne pués en un estat manoir.
A tel amant fait bon clorre s’estable :
Noble chose est que [de] constance avoir.
Car pensee qui va et mue tant
10 Ne puet faire nulle chose agreable,
Et le vague œil a pluseurs clignetant
Et ses regars sont non ferme et doubtable.
Et piéz qui sont en tous temps remuable,
Tant qu’en un lieu ne peuent remanoir,
15 Monstrent l’omme par ces poins variable :
Noble chose est que de constance avoir.
Se j’en parole et m’en vois debatant,
Grant cause y est, douleur inreparable,
Quant j’ay amé un ami non amant
20 Qui ces trois mes a assis a ma table.
Pour m’a esté ceste amour delitable.
Si n’aymeray jamais, a mon pouoir,
Homme inconstant. Retenéz ce notable :
Noble chose est que de constance avoir.
[1] Ms. dores