Balade 357 : J’ay tant de plours arosee ma face (CCCCLXVII)
Autre Balade
J’ay tant de plours arosee ma face
Et de souspirs fait mes gemissemens
Que cuers m’estraint et viaire m’efface,
Et que de mort sont venus les tourmens,
5 Quant loing me vy des doulx acointemens,
De celle en qui tout vertu habonde,
Jeune, gentil, belle et plaine de sens :
Je croy de moy n’a plus triste[1] en ce monde.
Tant est bonne qu’elle a de tous la grace,
10 Humble en ses fais, ses doulx contenemens.
Et son parler surmonte tout et passe,
Mais en honneur est ses gouvernemens.
Ses clers regars est uns embrasemens
Qui m’a navré plus que pierre de fonde,
15 Si que sur tous suis mornes et dolens.
Je croy de moy n’a plus triste en ce monde.
Las, douloureux, je ne sçay que je face.
Arrier de lui ay trop de pensemens.
N’el ne creroit jamais que je l’amasse,
20 N’en moy n’est pas aussi li hardemens 155b
Du descouvrir, pour ce a Amours me rens.
Je muir pour lui, se pitié ne s’i fonde.
Mercy requier, car se n’ay autre temps
Je croy de moy n’a plus triste en ce monde.
[1] Ms. belle