Balade 355 : Hardi couart, moudreur en trahison (CCCCLXV)
Balade
Hardi couart, moudreur en trahison,
Du fort venin qui mourdrit[1] Alixandre
Fu le mauvais qui brassa la poison :
Hardi en ce qu’il osa entreprendre
5 Soubz signe d’amour et paix.
Couart en ce qu’il n’eust osé jamais
Lui regarder de vertueux courage
Ne l’assaillir. C’est un vices trop lais :
En Orient servent de tel buvrage.
10 En Espaigne, Calabre et Arragon,
Chippre et Puille, en Romayne font prendre,
En Sezille souvent[2] le[3] bon bouquon
Qui la mort fait soudainement descendre.
Car d’envie est leurs cuer trais,
15 Et Faulx Semblant en leurs euvres pourtrais.
Quant ainsi font mourir par leur oultrage
Les vaillans cuers, c’est horribles meffais :
En Orient servent de tel beuvrage.
Faillis de cuer sont en toute saison,
20 Soubtils es ars qui font les mauvais pendre.
Sortileges et enchanteur felon,
D’ars deffendus se font mains d’eulz reprendre.
Gardéz vous de leurs agais
Et des Lombars, soiés subtilz et gays,
25 Vous d’Occident. Ilz dient un langaige
Et autre font, leur boire est doubteux, mais
En Orient servent de tel beuvrage.
[1] Ms. mourdris
[2] Ms. sonner
[3] Ms. li