Balade 281 : O Socrates plains de philosophie (CCLXXXV)
Autre Balade
O Socrates plains de philosophie
Seneque en meurs et Anglux en pratique,
Ovides grans en ta poeterie,
Briés en parler, saiges en rethorique,
5 Aigles treshaulz, qui par ta theorique
Enlumines le regne d’Eneas,
L’Isle aux Geans, ceuls de Bruth, et qui as
Semé les fleurs et planté le rosier,
Aux ignorans de la langue pandras,
10 Grant translateur, noble Geoffrey Chaucier.
Tu es d’amours mondains Dieux en Albie :
Et de la Rose, en la terre Angelique,
Qui d’Angela saxonne, e[s]t puis flourie
Angleterre, d’elle ce nom s’applique
15 Le derrenier en l’ethimologique.
En bon anglés le livre translatas.
Et un vergier ou du plant demandas
De ceuls qui font pour eulx auctorisier,
A ja longtemps que tu edifïas
20 Grand translateur, noble Geoffroy Chaucier.
A toy pour ce de la fontaine Helye
Requier avoir un buvraige authentique, 62c
Dont la doys est du tout en ta vaillie,
Pour rafrener d’elle ma soif ethique,
25 Qui en Gaule seray paralitique
Jusques a ce que tu m’abuveras.
Eustaces sui, qui de mon plant aras :
Mais pran en gré les euvres d’escolier
Que par Clifford de moy avoir pourras,
30 Grand translateur, noble Gieffroy Chaucier.
L’envoy
Poete hault, loenge destruye,
En ton jardin ne seroyz qu’ortie :
Considere ce que j’ay dit premier.
Ton noble plant, ta douce melodie,
35 Mais pour sçavoir, de rescripre te prie,
Grant translateur, noble Geffroy Chaucier.