Balade 197 : Du plus petit estat jusques au grant (CXCIX)
Autre Balade
Du plus petit estat jusques au grant
Ay conversé depuis ma congnoissance.
A lettre aprins tant com[1] je fui enfant.
De justice ay veu l’experience,
5 La guerre aussi du royaume de France,
Servi a court de prelas et de Roys,
En grant travail despendu mon enfance :
Qui vit du sien de Dieu soit il benois !
Je congnois bien la paine du marchant,
10 Le frait des grans et la dure finance,
Des cardinaulx et des clers le bobant,
L’estat des Roys, des nobles la soufrance,
Des justiciers l’avarice et grevance
Qui par donner ont corrumpu les loys.
15 Tout se destruit par tel perseverance :
Qui vit du sien, de Dieu soit il benois !
Le bien commun n’est amé tant ne quant.
L’un en l’autre ne puet avoir fiance. 43b
On suist l’avoir, la personne noyant,
20 Preudoms n’a rien et li mauvais s’avance,
Amour n’a lieu, en tel desordonnance
Est descenduz li regnes des François.
Cil qui labour a viv[r]e en souffisance :
Qui vit du sien, de Dieu soit il benois !
L’envoy
25 Prince, cellui qui regne en labourant
Recongnoist Dieu, ne n’yert ja trop destrois.
Es grans estas vont pluseurs languissant :
Qui vit du sien, de Dieu soit il benois !
[1] Ms. comme