Balade 138 : J’ay puis vint ans veu choses advenir (CXXXVIII)
Autre Balade
J’ay puis vint ans veu choses[1] advenir
Plus qu’il n’avint du quart aage du monde,
Que Cyrus fist Babiloine perir, 31b
Et de Ganges vuidier l’eaue profonde.
5 Mais ne puis appercevoir
Que je veisse vice honeur decepvoir,
De tout le temps dont memoire m’avise,
Si qu’en cellui qui, pour finance avoir,
Reprouche prant en vielle et convoitise.
10 Lingurius qui ses loys voult tenir
Et qui fust Roys, ceuls de Lacedemonde,
Du temps Jonas, fist son peuple venir
Pour declairer ce qui es loys habonde.
L’une loy leur fist sçavoir
15 Que femmes n’eussent pas douaire avoir[2]
Si c’om les preist par amour, sanz faintise.
Li contraires fait homs qui pour voir[3]
Reprouche prant en vielle et convoitise.
Si puis par ce devant touz soustenir
20 Qu’il ne pourra que tel avoir ne fonde
Dont il convient l’oneur anientir
En pluseurs lieus, et si vueil qu’on me tonde
S’a justement concevoir,
Ydolatrie ne puet ci apparoir
25 En aucun cas estre par lui commise.
Donc, je banni l’omme qui par sçavoir
Reprouche prant en vielle et convoitise.
[1] Ms. des choses
[2] Ms. davoir
[3] Ms. Mais li contraires fait li homs qui pour veoir