Balade 130 : Femme servir et enfans gouverner (CXXX)
Autre Balade
Femme servir et enfans gouverner
Est grant peril et paine merveilleuse.
De cent n’en voy pas un guerredonner,
N’a telz servants avoir vie joieuse.
5 Femme est toudis [trop] merancolieuse,
De legier croit, et si se muet souvant. 29d
Mil biens passéz pour un mal ignorant
A oublié, et du meffait lui membre.
Ainsi pour bien va mal guerredonnant[1] :
10 Saiges n’est pas qui en tel service entre.
Petis enfans fait doubteus dotriner,
Car dotrine leur est trop haineuse,
Et au jour d’ui se seulent encliner
Naturelment a vie dolereuse.
15 Qui les reprant, c’est chose perilleuse.
Qui les seuffre leur mal faire consent.
L’un est coupable et l’autre est innocent :
Je n’y sçay plus a nul bon tour aprandre,
Fors que je dis a tous generaument :
20 Saiges n’est pas qui en tel service entre.
Par moy le sçay, s’en vueil determiner
Qui mon temps n’ay despendu en oiseuse.
Mais cuer et corps et finance miner
M’a fait du tout femme artificieuse :
25 Assailli m’a vieillesce soufraiteusse
Qui de servir me fait estre dolent.
Povre me voy par femme et par enfant,
Car vray guerdon a nul ne vuelent rendre.
Or prangne ci chascun chastiement :
Saiges n’est pas qui en tel service entre.
[1] Ms. guerdonnant