Balade 105 : Je ne sçay qui aura le nom (CV)
Autre Balade
Je ne sçay qui aura le nom
D’aler par les champs desormais.
Un temps vi qu’englés et gascon
Parloient tuit et clers et lais :
5 « San capdet » et « Saint George m’aist[1] »
Adonc estoient en usaige
Et redoubtéz par leurs meffais :
Toudis vient un nouvel langaige.
Aprés ces deux vindrent Breton,
10 Des autres ne tint l’en plus plais.
Trop acrurent ceulx leur renom,
Et n’oissiéz dire jamais
Fors qu’« a Dieu le veu » en touz fais.
N’y avoit si foul ne si saige
15 Qui ne fust Bretons contrefais.
Toudis vient un nouvel langaige.
Oubliéz sont, plus n’y fait bon,
Il est de leur langaige paix.
L’en ne parle que bourgoignon :
20 « Je regny dé ». Voi ce. Or fais
Demande qui sont plus parfais
A bien raençonner un mesnaige
De ces .iiii., dont je me tays :
Toudis vient un nouvel langaige.
L’envoy
25 Prince, quelz gens aront le don,
Cy aprés, d’avoir l’eritaige
De possider cil tiltre ou nom ?
Toudis vien un nouvel langaige.
[1] Ms. mais