Balade 100 : Trop me merveil de rude entendement (C)
Autre Balade
Trop me merveil de rude entendement
Qui oit et voit, et si ne veult entendre
Ce que je di et pour son sauvement.
― Vous estes sot qui le cuidéz aprandre.
5 Congnoissance l’a de tous fait le mendre.
Il vous oit bien, mais il ne lui en chaut,
Autant vaudroit batre son cul au chaut,
Ou enseignier a harper dis mulés
Que de parler a lui ne bas ne hault :
10 Chantéz a l’asne, il vous fera des pes.
― Que dictes vous ? Vous parléz folement.
Ne doit pas homs a toutes vertus tendre 23c
Et eschiver les vices telement
Que de nul mal ne se face reprandre ?
15 Esperit a de raison. Si doit tendre
Aux biens de Dieu. La regarder le fault.
Beste bruthe sanz esperit default
De ce regart, en terre est touz ses fes.
― C’est bien romflé. Vostre preschier n’y vault.
20 Chantéz a l’asne, il vous fera des pes.
Pourréz vous bien le cours du firmament
Faire muer ? eaue devenir candre,
Et d’un pourcel creer une jument,
Et faire Dieu en la terre descendre ?
25 ― Certes nenil. ― Neant plus entreprandre
Ne devéz vous a rude cuer l’assaut.
Par l’une entre, par l’autre oreille sault
Ce qu’on lui dit, n’est que riote et ples.
Depportéz vous d’enseignier tel vassaut :
30 Chantéz a l’asne, il vous fera des pes.
L’envoy
Princes, cil pert les biens qui veult comprandre
A homme sourt d’enseigner loing ne prés.
A rude engin ne doit son sens estandre :
Chantéz a l’asne, il vous fera des pes.