Balade 97 : Je ne finay depuis longtemps (XCVII)
Balade
Je ne finay depuis longtemps
De ramentevoir les vertus,
Des vices blamer, et les sens
De mon pouoir remettre sus :
5 Et lors vint a moy un bossus
Qui me dit : Dieu gart le varlet
Qui prant les asnes a la glus !
Tu bas bien l’eaue d’un pilet.
― Veulz tu du doy arer les champs ?
10 Veulz tu planter bois de festus ?
Au cul de l’asne fais tes chans.
Tu bas foit fer, tu[1] es deçus. 22d
Tu chantes comme li cucus
Qui s’estonne et gaste son plet.
15 Tois toy, des or ne chante plus :
Tu bas bien l’eaue d’un pilet.
Veuls tu faire loups[2] innocens
Et que les eufs soient velus ?
Veulz tu les petis faire grans
20 Et les saiges des malostrus ?
Parle, tes parlers est perdus,
Autant vault le vent d’un souflet.
L’en t’oit bien, c’est tout. Si conclus :
Tu l’a bien l’eaue d’un pilet.
L’envoy
25 Princes, quant cilz la se fut teus,
Et j’oy bien pensé a mon fet,
Vray il me[3] dist, et bien congnus :
Tu bas bien l’eaue d’un pilet.
[1] Ms. ou tu
[2] Ms. les loups
[3] Ms. lue