Balade 48 : Quarante ans a chanté de Requiem (XLVIII)
Autre Balade
Quarante ans a chanté de Requiem
Nostre curé, sanz faire porter paix.
Tant qu’il ne scet d’autre service rien
Ne d’autre saint ne chantera jamais.
5 On l’en a bien reprins pluseurs foiz, mais
Respondu a qu’il ensuivra son erre.
De Requiem chantera desormais :
Sanz paix avoir, [nous] aurons guerre, guerre.
Blamé l’en ont tuit si [ami] prouchain
10 Pour ce [se] sont assemblé clers et lays 12a
Qui n’y ont peu trouver propre moien.
― Et dont il est ? ― Il es d’oultre Calais,
Mais pour chanter lui est uns autelz fais,
Gravelingnes, dont li sien[1] cuer lui serre.
15 Quant il le voit, il crie a grans eslais.
Sanz paix avoir, [nous] aurons guerre, guerre.
De cel autel ne lui vendra nul bien,
Ne d’Ardre aussi, qui est un conté gais.
A Dumquerque puet bien perdre du sien,
20 A Boulongne pourra faire son lais.
Ces .iiii. lais lui feront tant d’agais,
Que sanz peril ne sauldra de sa terre.
Passons premier, ou sinon, doubte fais :
Saint paix avoir, [nous] aurons guerre, guerre.
L’envoy
20 Princes, pour Dieu, mette[2] chascuns du sien
Pour conquerir et pour sauver sa terre.
Passons la mer, ou j’apperçoy trop bien,
Sanz paix avoir, [nous] aurons querre, guerre.
[1] Ms. tous li sien
[2] Ms. mettéz