Balade 26 : J’ay tant crié, com le viel Symeon (XXVI)
Autre Balade
J’ay tant crié, com le viel Symeon,
Et lamenté, comme fist Jeremie,
En esperant, que la redempcion
De Gaule en grec sur la terre d’Albie
5 Voy approuchier, et que la prophecie
Bede, Merlin et Sebile, ensement
Avec le Brut commencent proprement
Leur grant effect […][1] 7b
Et le liepart perdront leur tenement,
10 Tant qu’om dira : Angleterre fut cy.
L’aigle venrra des marches d’Aquilon,
O ses poucins, seoir en Nothumbrie.
D’un autre les passera le lion
O ses cheaulx, plains de forsenerie.
15 Deux lieux prandra qui aront seigneurie
Et destruiront le Nort crueusement.
Et le pais qui anciennement
Fut renomméz d’aventures aussi
Se doit tourner a leur destruisement,
20 Tant qu’on dira : Angleterre fut cy.
Franc et Escot, li ancien Breton
Les filz de Bruth et toute leur lignie
En un conflit feront crier leur nom,
Et la sera grant bataille establie.
25 Du sang des mors de chascune partie
Fleuves courront, et veritablement
Les fils de Brut mourront la a tourment,
Et, des ce jour, n’ont espoir de merci :
Destruiz seront, c’est leur definement,
30 Tant qu’om dira : Angleterre fut cy.
[1] Fin de vers manquant dans le manuscrit.