Balade 2 : Dieux soit louéz de ce bon temps (II)
Balade
Dieux soit louéz de ce bon temps,
Et que chascuns a congnoissance
De se maulx ! Tuit sont repentens
De vivre ou royaume de France
5 Sans paier. C’est belle ordonnance :
Le plat païs s’en sent ja bien,
Car on n’y ose pillier rien.
Gens d’armes n’i sont plus doubté.
Mais au fort, qui y pert le sien,
10 Chascuns dit que c’est grant pité.
Nulz n’i va courre sur les champs,
Ne n’y rançonne par puissance.
L’en n’y prant chevaulx ne jumens,
Linges, draps, robes ne finance,
15 Poulaille, moutons. Violence
Ne s’i fait. La n’abbaie chien,
Cog[1] n’y chante : le comun bien
Y regne en grant auttorité.
La n’a Sarrazin ne paien :
20 Chascuns dit que c’est grant pité.
Plus ne se logent nulles gens 1c
Es eglises, par repentance.
L’en ne bat prevosts ne sergens.
Tuit rendent grant obeissance.
25 On fait labeurs en habondance.
Honouréz sont li ancïen.
On quiert l’ostel Saint Julïen :
Il ne faut mais que charité.
Tous ces poins a rebours retien :
30 Chascuns dit que c’est grant pité.
L’envoy
Princes, je voy les malfaisans,
Les cuers plains de crudelité.
Quant on est de leurs maulx parlans,
Chascuns dit que c’est grant pité.
[1] Saint Hilaire corrige en coq