Virelay 30 : J’aime de biauté la flour (DCCXIV)
Virelay
J’aime de biauté la flour,
En bien, pour sa renommee.
Hemy ! toute ma pensee,
Ay mis en li sans retour,
5 N’autre n’iert de moy amee.
De tout mon petit pouoir
Veul mettre corps et avoir,
Retraire ne l’en pourroye,
A faire son doulz vouloir,
10 N’en se monde a mon espoir
Telle choisir ne saroye.
Et quant fortune et amour
M’ont telle dame donnee,
Joye et leesse doublee
15 Est en moy cent foys le jour.
Et pour ce a dire m’agree :
J’ayme de beauté la flour etc.
Ne riens n’est a mon vouloir
Qui me puet[1] esmouvoir,
20 A dueil, se je ne veoye
Ma dame prendre et avoir
Autre ami. En ce, pour voir,
Dolentement languiroye.
Je ne crien nul autre tour.
25 C’est ce qui me desagree.
Pour ce, de voix esplouree
Ly pri de garder s’onnour,
Si diray, sans demouree :
J’aime de beauté la flour etc.
[1] Saint Hilaire corrige en peust