Balade 585 : Les chevaliers du bon temps ancien (DCCCCXXXIII)
Balade
Les chevaliers du bon temps ancien
Et leurs enfans aloient a la messe.
En doubtant Dieu chascun vivoit du sien,
L’en congnoissoit leur bien et leur prouesse,
5 Et li peuples labouroit en simplesse.
Chascuns estoit content de son office,
Religion fut de tous biens l’adresse :
Mais au jour dui ne voy regner que vice.
Li jeune enfant deviennent rufien,
10 Joueurs de dez, gourmans et plains d’ivresse.
Hautains de cuer, et ne leur chaut en rien
D’onneur, de bien, de nulle gentillesse,
Fors de mentir, d’orgueil et de paresse,
Et que chascun son vouloir acomplisse.
15 Le temps passé fut vertu et haultesse,
Mais au jour d’ui ne voy regner que vice.
A ceuls qui font ainsis viennent [li] bien
Temporelment. Chevalerie cesse,
Car les vertus sont de foible merrien
20 Le labour fault, religion se blesse,
Et vaillance veult estre larronnesse.
Ainsi convient que tout honour perisse,
Le monde aussi, se Dieux tout ne radresse.
Mais au jour d’ui ne voy regner que vice.
L’envoy
25 Prince, un temps fut qu’oneur, sens et noblesse 242d
Avoient tuit estat et benefice,
Vertus regnoit en chascune fortresse,
Mais au jour d’ui ne voy regner que vice.