Balade 552 : Certes je suis de si bonne heure né (DCCCLXXXIX)
Autre Balade
Certes je suis de si bonne heure né
Que nulle part ne vien n’a point n’a heure.
Quant seir vueil on a presques diné.
L’en me dessert, un chascun me court suere.
5 Mieulx que puis faiz, mes corps toudis laboure[1],
Plus de paine ay que le crieur des chapes,
Mais en un point tousjours povres demeure :
Je vien toudis a escourre les napes. 230a
En ce monde suis ainsi fortune,
10 Et se nulz rit il convient que je pleure
Car chascun voy a qui l’en a donné,
Mais je n’aray dont qui vaille une meure :
Tart venu suis, j’ay fait fole[2] demeure,
Nul ne me doit dire « Compains, tu happes ! »
15 Dieux ! quelle honeur dont Fortune m’oneure !
Je vien toudis a escourre les napes.
A la court suis noblement ordonné,
Je n’y faiz rien fors que la chantepleure.
L’en s’i restraint quant Dieu m’y a mainé.
20 Lors va trestout ce que dessoubz dess[e]ure.
S’argent plouvoit, c’est ce dont je m’espleure,
Ailleurs cherroit, tant suis garniz d’estrapes.
Pour ce convient qu’ailleurs povre m’en coure :
Je vien toudis a escourre les napes.
[1] Saint Hilaire corrigeen labeure
[2] Ms. trop fole