Balade 467 : Puisqu’il me faut aler au guet de nuit (DCCCI)
Autre Balade
Puisqu’il me faut aler au guet de nuit
Et des Gantoys atendre la bataille,
Arméz entier, est [bien] droiz qu’il m’enuit
Emmy les champs ou il faut que je saille
5 Avec le roy, sanz mantel et sanz paille,
La lance ou poing, la visiere levee,
Au froit, au vent, a la pluye qui taille,
Pour Dieu me soit houppelande donnee. 211a
Car ce n’est pas en yver grant deduit
10 D’ainsi dancer ne d’y prendre la caille.
Lances, panons et banieres font bruit,
Et j’ay toudiz paour que gens ne saille
Qui par devant ou par derrier[1] m’assaille.
Mon bassinet m’a la teste afolee
15 Par trop cheoir, par mauvaise pieraille :
Pour Dieu me soit houppelande donnee.
Des estoilles veoir chascun se duit,
Du point du jour font maint la devinaille,
Et la pluie les escoutes conduit.
20 La ne baill’on ne pain ne vin en taille.
L’un couche bas, l’autre est droit, l’autre baille.
La pourroit on veoir mainte fumee.
Mon ventre bruit, destre[…][2] ay l’entraille :
Pour dieu me soit houppelande donnee.
L’envoy
25 Je muir [de froit] et n’ay chose qui vaille
Pour moy couvrir au guet de vostre armee.
J’aray toudiz asséz pain et vitaille :
Pour Dieu me soit houppelande donnee.
[1] Ms. derriere
[2] Mot resté inachevé