Balade 14 : Il n’est c’un Roy qui ait titre certain (XIV)
Balade
Il n’est c’un Roy qui ait titre certain,
Et tous regnes procedent de ce Roy :
C’est un seul Dieu, qui est [le] souverain,
Qui tout crea et qui tout a en soy.
5 De lui vient tout. Les autres, par ma foy,
Puet deposer des regnes de la terre,
S’ilz sont pervers et ne gardent sa loy :
De tel seigneur fait bon l’amour acquerre.
Son corps travaille et veult regner en vain
10 Qui ne le craimt, sert et aime en recoy,
Car nulz ne puet rien fors que par sa main.
On naist par luy. Creature, apperçoy
Que tu mourras, tes predecesseurs voy,
Qui sont tuit mort ou en paix ou en guerre.
15 Ayme donc Dieu, sers, obeis et croy :
De tel seigneur fait bon l’amour acquerre.
Car leurs regnes perdent par cas soudain
Roy terrien. L’un fait a l’autre effroy,
Et par pechié n’ont rien d’uy a demain.
20 Leurs titres n’est qu’ainsi comme la noy[1]
Qui hui appert, demain font au souloy,
Et laissent tout, quant mort les dens leur serrre.
Mais cilz grans roys a tout, foy que vous doy :
De tel seigneur fait bon l’amour acquerre.
L’envoy
25 Princes et rois, duc, chevalier mondain, 4d
Soiéz piteus, veuilliéz ce Roy requerre
Qu’il vous doint bien gouverner soir et main.
De tel seigneur fait bon l’amour acquerre.
[1] Ms. l’arroy (corrigé d’après la copie de la bibliothèque de l’Arsenal)