Balade 5 : Je ne croy pas que de touz les mestiers (V)
Balade
Je ne croy pas que de touz les mestiers
Et les estas de ce monde present,
Soit plus douteus, non pas des usuriers,
Comme est celi que prannent mainte gent :
5 C’est d’eulx armer et suir le tourment
D’exil de corps en convoiteuse vie,
En mal renom et en tout dampnement.
Qui saiges est n’ait de ce faire envie !
Car on devient, de ce suir, murdriers,
10 Lerres aussi, et de ravissement
Consentables, violeur de moustiers,
Femmes ravir, ardoit villainement,
Et ses voisins trahir mauvaisement,
Prandre le leur, eulx[1] faire chiere lie
15 Sanz cause avoir du faire aucunement. 2b
Qui saiges est n’ait de ce faire envie !
Qu’en ce faisant suefrent trop de dangiers,
De faim, de froit, de mauvais logement.
Mieulx leur vausist estre au monde bergiers,
20 Pour bon renom et pour leur sauvement,
Que d’eulx tuer ainsi dolentement,
Et honte avoir a eulx et leur lignie,
Et procurer a l’ame dampnement :
Qui saiges est n’ait de ce faire envie !
L’envoy
25 Prince, je voy haïr communement
Tous ceuls qui ont tel guerre poursuie,
Et mal finer. Pour ce vois concluent :
Qui saiges est, n’ait de ce faire envie !
[1] Saint Hilaire corrige en d’eulx.