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1707-Traité du récitatif (Grimarest) (101-150)

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mettent pas dans leurs Prédications ; soit qu’ils le regardent comme une chose inutile pour toucher ; ou comme une chose indécente à un homme grave ; ou enfin qu’ils ne se sentent pas assez de délicatesse, pour allier le geste avec la prononciation : Au contraire des Italiens qui l’outrent dans leur déclamation : mais c’est un excès condamnable dans l’une & dans l’autre Nation.

CHAPITRE V.

De la Prononciation du Discours Oratoire.

APres avoir examiné ce que je crois convenir à la

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Lecture particuliere, l’ordre veut qu’avant que d’entrer dans la Déclamation, je traite de l’art de lire, ou de prononcer une Discours d’éloquence, ou un Plaidoyé. Cette premiere[1] partie me semble la plus difficile. Tel seroit bon Acteur, excellent Lecteur, habile Avocat, même bon Prédicateur, qui ne pourroit prononcer une harangue à un Prince : ny un autre discours au milieu d’une Assemblée nombreuse.

Cela demande une voix sonore, grave, & imposante, qui puisse répondre à l’élévation des pensées, & des expressions que l’on emploie dans ces sortes d’ouvrages : Et toute personne à qui la Nature a refusé le talent de parler noblement, en Public, ne devroit point s’y commettre.

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Mais quand la nécessité l’y oblige ; qu’il observe exactement les regles des Accens, de la Quantité, de la Ponctuation, & de la simple Lecture ; & qu’il suive les observations suivantes s’il croit qu’elles puissent lui être utiles.

Je trouve qu’il est nécessaire que celui qui parle de cette sorte en Public, le fasse posément, & avec grandeur ; non seulement pour répondre à l’élévation de la personne que l’on harangue, ou au mérite de ceux qui s’assemblent pour écouter, mais encore pour atacher davantage les Auditeurs aux raisons & aux faits qu’on leur propose. Ainsi celui qui prononce en une semblable ocasion, doit en quelque façon s’écouter.

Comme on n’en veut alors

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qu’à l’esprit, & point au cœur, celui qui prononce un discours, une harangue, doit éviter avec soin de donner aux passions, ou aux figures, que ces sortes d’ouvrages peuvent contenir, les accens qu’elles éxigent, quand on veut toucher l’Auditeur. C’est pourquoi la fin de ces discours n’étant que de plaire, ou de convaincre, on ne doit varier sa voix qu’imperceptiblement pour détacher les mouvemens, & les preuves : Art qui est si difficile à trouver, que les connoisseurs disent, qu’il y a bien moins de personnes capables de prononcer une harangue, ou un discours public, que de prêcher, ou de déclamer ; l’action étant d’un grand secours à celui qui le fait.

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Quand on hausse, ou que l’on baisse sa voix, ce doit être foiblement ; mais il fautsi bien moduler (pour me servir du terme qui y convient) aux environs du ton que l’on a pris, que l’on ne soit point entrainé ou trop haut, ou trop bas par la vivacité du sujet, ou de l’expression, autrement ce seroit déclamer ; défaut essenciel dans ce genre de prononciation. Et si l’on est contraint de réveiller l’atention de l’Auditeur par une voix plus ferme, cela doit se faire par degrés insensibles, de maniere qu’il ne s’en aperçoive pas. Car j’ose avancer que ce seroit perdre en quelque façon le respect deu aux personnes qui écoutent en ces sortes de rencontres, que de se laisser em

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porter à l’exclamation.

Parce que l’on a presque toujours les yeux atachés sur celui qui parle, il doit le faire avec assurance, & être dans une situation agréable de corps, & de visage. Il ne conviendroit pas de négliger cette atention ; ce seroit n’en point avoir pour ceux qui écoutent, & leur donner lieu de se distraire.

Aux endroits qui marquent de la vivacité, il en faut donner à sa parole ; mais avec retenue, comme je l’ai déjà dit, afin de faire remarquer ces endroits, pour en insinuer la force dans l’esprit de l’Auditeur.

C’est un défaut assez commun aux personnes qui parlent en Public, de terminer les périodes par un ton différent, ou

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en haut, ou en bas : Cela a tres-mauvaise grace ; & il faut toujours soutenir sur la derniere silabe masculine, ou sur celle qui précede la féminine : Et se contenter d’apuyer un peu plus fortement sur cette derniere silabe, quand elle est le nominatif, ou le participe d’un verbe qui interroge, ou le dernier terme de l’interrogation.

Celui qui parle en Public doit avoir beaucoup de soin de détacher, par un petit changement de ton, les propositions incidentes, & les parentheses, afin que rien n’échape à l’Auditeur ; ce qui arriveroit infailliblement, s’il étoit fatigué par une monotonie continuelle, comme je l’ai fait remarquer dans la Lecture.

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C’est pour cette même raison que je recommande encore à celui qui prononce en Public, d’apuyer plus fortement sur les premiers termes d’un sens contraire, ou qui expriment une conséquence ; par exemple sur Mais, Car : après lesquels il doit plûtôt s’arrêter, qu’à la ponctuation qui est devant, par la raison que j’en ai donnée.

Je suis de sentiment que celui qui prononce un discours oratoire, à un interest particulier d’observer le tems qu’il le doit faire, & le lieu où il le fait ; encore plus que celui qui lit : Parce que le premier portant sa voix plus haut que l’autre ordinairement, il doit en ménager la durée & la force avec soin : Car s’il venoit à en

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manquer, il ne seroit plus écouté avec plaisir ; & il seroit exposé à demeurer court, par l’inquietude que le défaut de voix lui donneroit, ou du moins à devenir rauque sur la fin de son discours.

Enfin il faut éviter dans ce genre de Prononciation, les gestes de l’action, & n’en faire tout au plus que de la main : mais ils doivent petre si délicatement ménagés, qu’ils semblent venir de la nature, é n’être employés que pour orner l’atitude de la personne qui parle.

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CHAPITRE VI.

De l’Action de l’Avocat.

JE devrois m’être interdit de parler de cette partie, Mrs les Avocats la connoissent beaucoup mieux que moi.

Mais comme la prononciation d’un Plaidoyé fait partie de mon sujet, je n’ai pu me dispenser de dire ce que je crois lui convenir. Je ne parle point à des Avocats formés ; mais ceux qui se destinent au Barreau pourront profiter de mes observations.

Je ne sais si je fais bien d’avancer, que la belle maniere de plaider commence à se perdre : Il n’y a plus, ce me semble, autant de noblesse, & de

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gravité dans l’action de l’Avocat, qu’il y en avoit autrefois. Pour se donner de la facilité dans le Plaidoyé, on est presque tombé dans le populaire[2] : On se contente d’exposer les faits, d’expliquer les moyens e donnant de la violence à sa voix, sans la conduire ; en un mot on ne songe plus à faire valoir la justice de sa cause par la parole : on néglige les tons nécessaires pour convaincre, & pour arracher l’équité des Juges, s’il m’est permis de parler ainsi.

Comme c’est là le seul but qu’un Avocat doit se proposer ; car il lui seroit ridicule de pretrendre les toucher, ils sont en garde contre cet artifice, il ne doit nullement employer les accens nécessaires pour le Pa

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thetisme ; il révolteroit les Juges, qui ne cherchent qu’à connoître la vérité, pour être en état de rendre la justice.

Ainsi un Avocat, après avoir fait une sérieuse atention à tout ce que j’ai dit jusques apresent, doit éviter l’accent, & faire consister tout son art à hausser, & à baisser sa voix à propos, selon le sens de l’expression.

Que par le ton de sa voix il marque beaucoup de confiance dans ses moyens de fait, & de droit ; c’est pourquoi il doit prononcer d’un ton ferme, & hardi ; car une voix hésitante n’impose point, & donne même du soupçon au desavantage de sa Partie.

La matiere d’un Plaidoyé est toujours importante, puisqu’il s’agit du salut des Familles :

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Ainsi, quand on est préposé pour les défendre ; il faut donner de la gravité à sa prononciation, sur tout en prenant ses Conclusions, & en citant des loix, & desStaatuts : Et lorsqu’on en tire des inductions, il est nécessaire d’élever sa voix, avec un peu plus de feu ; & d’apuyer fortement sur les termes qui servent à expliquer les moyens. Mais il faut éviter le défaut de certains Avocats, qui, pour donner plus de poids à leurs paroles, passent les bornes de la quantité, & des pauses que le sens du discours éxige : Cette lente maniere de plaider ennuie le Juge, & l’expose à perdre ce qui a précédé. Ce n’est pas un moindre défaut, que de précipiter ses paroles ; c’est déro

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ger à la noblesse de sa profession, & tomber dans le bas, & dans la confusion ; car il est impossible de bien entendre un homme qui parle trop vîte. Un Avocat doit donc s’acoutumer à donner de justes mesures à sa prononciation.

D’ailleurs c’est en quelque façon manquer de respect pour les Juges, & abuser de leur patience, que de traîner son discours : ou de brailler avec éptulence, & sans ordre ; c’est envelopper la vérité par des tons mal ménagés, & confus, qui ne produisent aucun effet favorable pour la Partie.

Un Avocat doit avoir grand soin de la force de sa voix, de maniere qu’il en puisse toujours fournir ; il seroit douloureux pour sa Partie, qu’il en manquât aux endroits de sa

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cause, où il en auroit le plus de besoin. Il y a des Avocats qui au commencement d’un Plaidoyé font paroître une vigoureuse poitrine, lorsqu’ils devroient la ménager, & qiu à peine peuvent parler, quand ils sont au fort de leurs raisons. Les plus beaux plaidoyés n’auroient pas leur effet dans la bouche de ces petits Orateurs.

Souvent les Plaidoyés sont longs ; le Juge s’ennuie d’écouter ; il est de la prudence de l’Avocat de le réveiller, en donnant un peu plus de force à sa voix. Car le Juge fatigué bien souvent par une monotonie tres-desagréable, atend à développer la verité des faits dans le Plaidoyé de l’Avocat Général, qui constamment les lui fera connoître avec toute

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la sagesse, toute la prudence, & toutes les regles que l’on peu souhaiter dans un excellent Orateur.

L’Avocat qui défent, doit donner plus de feu à sa prononciation, que celui qui demande ; & celui qui replique doit paroître plus animé que celui qui défend ; parceque celui-cy a des moyens à établir, & des raisons & des faits à détruire ; & que celui-là doit les rétablir, & détruire à son tour ceux de l’Aocat oposé. Mais que l’un & l’autre se donnent bien de garde de prendre le ton exclamatif ; ce seroit tomber dans la Déclamation, qu’un habile Avocat doit éviter. Car on ne doit nullement présumer, que par des accens palintifs on puisse aller jusqu’au cœur du Juge ; ce se

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roit penser que l’on pouroit surprendre son équité. Il est cependant vrai qu’il y a des voix séduisantes, qui donnent un grand poids aux moyens ; mais ce n’est point par le secours des accens ; c’est par la noblesse de l’énonciation, par le beau son de voix, & par l’art de la ménager conséquemment à toutes les réflexions que j’ai faites jusqu’à présent.

Les gestes d’un Avocat doivent être les mêmes que ceux d’une personne qui prononce un discours public : c’est à dire, qu’il ne doit donner qu’un léger mouvement à ses bras, convenable à ses expressions ; car c’est déroger à la gravité du sujet, & des Juges, que de se donner un mouvement forcé, & déreglé ; force, par ce que l’action d’un Avocat

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n’en demande point, par les[3] raisons que j’ai données ; & déreglé, parce que[4] des gestes un peu forts ne conviennent que quand on a dessein de toucher l’Auditeur.

Quelque fausseté que l’Avocat de la Partie[5] adverse avance, il faut conserver l’égalité & la fermeté de sa voix, pour détruire ses moyens ou ses faits avec plus de force & d’autorité. La passion dans un Avocat cause de l’altération dans sa voix ; & l’emportement, & l’exclamation sont suspectes en fait de vérité. D’ailleurs un Avocat susceptible de colere, ne peutp lus prononcer nettement ; il ne sauroit être le maître de ses termes, pour les employer à prpos pour la défense de sa Partie.

Je ne conseillerois point à un Avocat, qui n’auroit pas naturel

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lement la voix heureuse, de s’exposer à plaider ; car un voix obscure, trop aigue, ou tonnante n’est point favorable à la vérité ; quand l’organe de celui qui parle est mal afecté, on n’écoute point avec atention, ny avec plaisir.

CHAPITRE VII.

De la Déclamation.

VOici un article qui interesse fort les gens de palisir. Tout lem onde parle & juge de l’Acteur, sans pourtant connoître les principes de l’Action. Cet Acteur m’a touché, dira quelqu’un ; donc il est bon : mauvaise conséquence ; car ce quelqu’un-là est le plus souvent un sujet fort épais, qui seroit afecté

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de la voix la plus commune, & dont les sentimens sont si mal conduits, que tout ce qui lui paroît nouveau, est un agrément pour lui. Je vais plus loin ; & j’avance, que ceux qui éxécutent, passablement même, ignorent la plûpart les principes de la Déclamation : un peu de disposition du côté de la Nature fait tout le mérite, que le hazard fait briller quelquefois ; mais que l’ignorance des regles aneantit dans d’autres ocasions.

La Déclamation, dans le sens qu’on la prend aujourd’hui, est le récit ampoulé, que l’on fait d’un discours oratoire, pour satisfaire l’esprit, & pour toucher le cœur es spectateurs. D’où il s’ensuit qu’un Sermon, une Oraison, une Tragédie, une Comédie peuvent être l’objet de cette Partie de la Rhétorique.

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Il s’ensuit encore de cette dédinition, que ce que j’ai donné de préceptes pour rendre la lecture touchante, sont communs à la Déclamation ; puisque l’une & l’autre ont la même fin : ainsi je suis dispensé de les répéter : Il y a neanmoins de la différence : Elle consiste en ce que la Déclamation est plus aisée que l’autre ; l’Acteur sait par cœur ce qu’il doit prononcer, comme je l’ai déjà dit ; le Lecteur n’est presque jamais préparé : Desorte que celui-là est maître de son action ; il en a étudié les différens mouvemens ; il a eu le tems de pénetrer le sens de l’ouvrage ; c’est sa faute s’il ne le fait entendre ; s’il ne touche pas l’Auditeur. Mais celui qui lit prononce à l’avanture ; & quand il rencontre, son mérite est plus grand que celui de l’Acteur.

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Cette différence consiste encore dans l’étendue de la voix, qui doit être plus forte que celle du recit particulier, comme je le ferai voir dans la suite.

Et enfin l’Orateur ajoûte le geste à sa prononciation, & il n’est pas permis au Lecteur de l’employer comme un moyen pour toucher le Spectateur.

Suposant donc tout ce que j’ai déjà dit dans mon ouvrage, voici ce que je crois devoir ajoûter pour déclamer avec justesse & avec grace.

Il y a deux parties dans la Déclamation, la voix & le geste : Il y a de deux sortes d’ouvrages, que l’on peut déclamer, de sérieux, & de comiques. Mais avant que d’entrer dans cette discussion, je déclare que je ne m’atache à cette partie de mon tra

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vail, qu’entant qu’elle regarde le Theâtre, pour deux raisons qui me paroissent essencielles.

Car les Prédicateurs, ou ceux qui peuvent faire des actions publiques, sont conduits par leurs propres lumieres, qui sont de beaucoup supérieures aux miennes : & j’aurois, ce me semble, tres-mauvaise grace de prétendre être en état de leur donner des leçons : si cependant ils croient pouvoir tirer quelque avantage de mes observations, ils peuvent les lire avec confiance, puisqu’elles sont propres à leurs profession.

Ma seconde raison est, que le Theâtre étant negligé, il seroit à souhaiter que ceux qui donnent du plaisir au Public, pussent savoir ou prendre les regles de leur art. D’ailleurs chacun se

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fait aujourdhui dans le monde un louable amusement de la déclamation ; on represente même des pieces entieres : ainsi c’est dans la seule vue d’être de quelque utilité aux uns & aux autres que je me suis déterminé à travailler.

Il y a dans l’Action des principes généraux ; il y en a de particuliers. Ceux-là sont d’avoir assez de discernement pour connoître l’esprit de ce que l’on doit prononcer ; de maniere qu’on puisse le representer par son recit aux spectateurs. Il faut de l’étude, de l’éducation, du goût, du commerce pour s’aquerir cette connoissance : d’où j’infere qu’il n’y a pas lieu de s’étonner si l’on voit si souvent des Acteurs incertains, & faux dans leur action[.]

Ils sont le plus souvent tranquilles, quand

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ils contestent en colere, quand ils exhortent ; indifferens, quand ils remontrent ; froids, quand ils invectivent. J’ai dit ailleurs que c’étoit là ce qu’on appelloit communément ; ne pas savoir, ne pas sentir ce que l’on dit, n’avoir point d’entrailles. Ainsi une personne qui n’a pas le discernement assez heureux, pour connoître ; le sentiment assez vif, pour exprimer ce qu’il connoît, ne doit point se mêler de déclamer. De là vient qu’un Auteur, aïant d’ailleurs toutes les dispositions nécessaires qu’il pouroit esperer de la Nature, en récitant son ouvrage, touchera toujours l’Auditeur, plus que quelque Acteur que ce puisse être ; parcequ’il est en état de ne manquer aucune inflexion de voix, aucun geste, pour exprimer son action. De là

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vient encore que ce même ouvrage, qui fait plaisir dans la bouche de l’Auteur, perd de son mérite sur le papier, & par le recit étranger : parce qu’étant tres-rare que l’on conçoive tout d’un coup par la lecture, ou par une fausse déclamation la délicatesse des caracteres, & des sentimens, ce qui en échape est autant de rabatu sur la bonté du travail. C’est là un malheur que les Auteurs ne sauroient éviter jusqu’à ce qu’il y ait dans les hommes un epsrit, & un sentiment de justesse, général, & capable de concevoir, & de sentir de la même maniere toutes les beautés d’un ouvrage.

Un Acteur doit non seulement être tout entier à ce qu’il exprime ; mais il faut encore, quand il n’est pas seul sur la scê

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ne, qu’il ait la même atention à ce que lui dit l’Acteur qui lui parle : c’est là absolument une dépendance de l’action : il doit suivre cet Acteur pour conformer à ses expressions son geste, son visage, son atitude. Cependant on voit tous les jours de ces Acteurs qui promenent leurs regards, & leur imagination dans tout ce qui est étranger à leur action ; & ils ne pensent pas qu’ils sont de part dans celle de l’Acteur qui parle ; que le Spectateur observe leur situation pour remarquer l’effet que les expressions de celui qui parle doivent faire sur eux : & s’ils y paroissent insensibles, la representation est absolument manquée, & le Public peu satisfait.

L’Acteur doit étudier son ex

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térieur avec son, pour placer ses gestes, & ses atitudes à propos : il doit cultiver sa prononciation avec atention, afin de donner à sa voix tout le goût dont elle peut être susceptible, pour satisfaire les Spectateurs : Car de croire que cet agrément vienne sans refléchir, c’est penser extravagamment. Les Acteurs les plus entendus manquent souvent les premieres fois : A plus forte raison les personnes sans intelligence seront-ils dans le faux de l’action, s’ils ne travaillent pas à se perfectionner. Je sais qu’il y en a d’assez prévenus, pour croire être les maîtres dans l’art de déclamer ; mais c’est une marque de leur petit esprit ; puisqu’ils n’ont ni la conception assez bonne, pour pénétrer dans

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le sens d’un rolle ; ny assez de principes, pour le representer avec justesse.

Qu’un Acteur étudie encore son caractere, pour ne point se charger d’un rolle qui ne lui convienne pas : Car tel peut bien representer le personnage d’un Roi, qui ne sauroit entrer dans celui d’un jeune Prince, agité par la gloire, ou par lamour ; ou faire celui d’un Confident, dont l’action & les sentimens ne doivent point avoir autant d’élevation : Et ainsi du contraire. Que l’Acteur ne neglige point de convenir aux personnages, par la taille, par l’âge, par la voix : le Publix supose toujours qu’un Roi doit avoir une belle prestance, l’air noble, & la voix mâle : Il ne s’acom

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mode point d’un Amant sexagenaire, à grosse voix, & d’une taille spacieuse. Car le Spectateur éxamine tout, & le moindre dérangement le rend bien souvent ennemi de l’ouvrage qu’on lui recite.

Ainsi je recommande à un Acteur de se laisser conduire par l’Auteur d’une Piece, s’il est encore vivant, & à sa disposition : Celui-cy en saura toujours plus que l’autre sur le choix d’un rolle, & sur la manière de l’éxecuter. Mr de Corneille, quoiqu’il eût conservé son accent Normand, dirigeoit seurement les Acteurs qui representoient ses Pieces : Et Mr Racine, qui étoit l’homme qui recitoit le mieux, mettoit les siens dans toute la délicatesse de l’action.

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Les principes particuliers de la Déclamation regardent la voix, & le geste séparement.

Comme les Spectacles se donnent dans des lieux beaucoup pluss vastes que ceux où l’on fait des lectures ; & que l’on doit se faire entendre à beaucoup plus de monde dans ceux-là, que dans ceux-cy, un Acteur doit avoir une portée de voix beaucoup plus forte, que celui qui fait une lecture ; de manière qu’il puisse être toujours en état de varier les accens, suivant les mouvements de la Piece. Car tel Acteur qui pourroit lire un ouvrage à la perfection, manqueroit peut-être de poitrine pour se faire entendre sur un Theâtre : De même qu’il y a des voix

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qui n’ont pas assez de force pour y paroître, dans le chant, & qui dans une chambre produisent tout leur effet. D’où vient qu’il se rencontre des Acteurs, qui étant obligés dans le plus bas de leur rolle, de prendre un ton au dessus de celui qui leur est naturel, ne peuvent plus, lorsqu’ils sont dans les fortes passions, varier leur accent pour les faire valoir ; & par ce défaut, ils ôtent au Spectateur le plaisir du sentiment, & à l’Auteur celui du succès.

Il y a même beaucoup d’organes, qui peuvent fournir une voix fort nette & tres-gracieuse dans le plus haut ton de la Déclamation, qui dans le plus bas sont confuses, & obscures. Et d’autres, au contraire, qui

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ont le bas de la voix fort distinct, & agréable, qui sont faus[se]s, & confuses dans le haut. Ce défaut est difficile à réparer, quand il part de la foiblesse de la poitrine ; mais lorsqu’il vient du peu de conduire que l’Acteur donne à sa voix, il peut être corrigé par l’expérience : Car la voix s’aquiert par l’habitude.

Un Acteur doit éviter avec soin d’avoir deux tons de voix différens : c’est à dire, de prononcer dans un ton naturel en de certains endroits, & de tomber dans le fausset, quand il est obligé de sélever. Ce desagrément est tres-choquant pour l’Auditeur.

Les voix triop claires ne devroient jamais prendre de grands[6] rolles : parcequ’elles ne con

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viennent point à la noblesse des personnages, que l’on met sur la scène : Et parcequ’elles ne sont point susceptibles d’inflections assez sensibles, pour traiter une passion.

On ne doit jamais pousser son ton au-de-là de la Nature : les éclats de voix font toujours un mauvais effet.

Quoique l’on doive faire entendre la silabe muette des vers féminins ; cependant il est ridicule d’y apuyer aussi fortement, que le font quelques Acteurs ; C’est faire perdre au vers sa qualité, & rendre longue la plus breve de nos silabes.

Voila ce que je pense sur la conduite de la voix en général ; il est nécessaire d’entrer dans le détail, pour tâcher de satisfaire le Lecteur sur tout ce

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qui a du raport à mon sujet.

Les Exordes, les Expositions & les autres parties d’une Piece, ou d’un Discours, destituées de passions, ou de figures, ne demandent point d’autres regles pour conduire sa voix, que celles que j’ai déjà données ; observant neanmoins de la ménager de manière dans ces endroits, que l’on en ait suffisament pour fournir aux grands mouvemens : Et d’ailleurs en forçant trop sa voix dans ces ocasions, ce seroit sortir de l’esprit du sujet, qui ne demande que de la netteté, & de la nobleese dans la prononciation.

Il n’en est pas de même des passions qui vuelent des accens différens : L’Amour, par exemple, peut avoir trois di

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verses situations : lorsqu’on en ressent la douceur, quand il donne de la joie ; & enfin lorsqu’il fait souffrir ses peines. Au premier cas il faut l’exprimer par une voix flateuse & tendre, comme ces deux vers de Chimene & de Rodrigue, dans le Cid.

Chimène, qui l’eût cru ?

Rodrigue qui l’eût dit ?

Que notre heur fût si proche, & si tôt se perdît.

Par une voix gaie, quand’ il fait plaisir : Ainsi qu’il faudroit reciter ces trois vers de Bérénice.

Ra[ssurons][7]-nous, mon cœur, je puis encor lui plaire

Je me contois trop tôt au rand des malheureux,

Si Titus est jaloux, Titus est amoureux.

Et par des tons pressans & plaintifs, lorsqu’on souffre ; com

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me on le peut sentir par les dernieres paroles d’Hipolite dans Phedre.

Le Cieil, dit-il, m’arache une innocente vie :

Pren soin, après ma mot, de latriste Aricie,

Cher ami, si mon Père, un jour desabusé,

Plaint le malheur d’un fils, faussement acusé,

Pour apaiser mon sanf, & mon ombre plaintives

Di-lui, qu’avec douceur il traite sa captive ;

Qui lui rende…

L’effet de la haine est de rendre rude, sévere, & impitoyable celui qui en est ataqué : Ainsi les expressions qui la font connoître doivent être prononcées par une voix âpre, telle qu’il faut l’avoir en déclament ces vers d’Hermione & Oreste, après qu’il lui a dit que Pirrhus venoit d’être assassiné par son ordre.

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Adieu : Tu peux partir : Je demeure en Epire :

Je renonce à la Grece, à Sparte, à son Empire ;

A toute ma famille : Et c’est assez pour moi,

Traitre, qu’elle ait produit un monstre tel que toi.

Par une voix grondante. En voici un exemple dans Cirus, lorsque Astiage parle ainsi à Harpage.

J’ai voulu te parler. Tu te troubles, perfide ;

Et ton Roi, dans les fers, s’étonne & t’intimides :

Quand il regnoit encore, ardent à le trahir,

Ingrat, tu n’as pas craint de lui desobeir.

Et par une voix ferme & dure ; comme il faudroit prononcer ces derniers vers de Cleopatre dans Rodogune.

Regne : de crime en crime enfin te voila Roi :

Je t’ai défait d’une Père, & d’un Frere, & de Moi :

Puisse le Ciel tous deux vous prendre pour victimes

Et laisser choir sur vous les peines de mes crimes :

Puissiez-vous ne trouver dedans votre union,

Qu’horreur, que jalousie, & que confusion.

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Et pour vous souhaiter tous les malheurs ensemble,

Puisse naître de vous un fils qui me ressemble.

A éxaminer le Desir, il est violent, modéré, ou languissant : Et il me semble que la violence du Desir peut avoir deux sources, l’Amour, ou la Résistance. Si l’Amoyr est la cause du Desir, il s’exprime par une voix tendre, & neanmoins pressante. C’est sur ce ton que l’on doit déclamer les vers de Bérénice, qui atend sa Confidence avec impatience.

Phénice ne vient point ! Momens trop rigoureux,

Que vous paroissez lens à mes rapides vœux !

Je m’agite, je cours, languissante, abatue,

La force m’abandonne, & le repos me tue,

Phénice ne vient point !

Si la Résistance est le sujet de cette violence, on emploi un ton de dépit & de colere.

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Celui qui reciteroit les vers de Cleopatre, qui demande à ses fils la mort de Rodogune, devroit prononcer de cette sorte.

Je vous le dis encore, le Trône est à ce prix :

Je puis en disposer, comme de ma conquête :

Point d’Ainé, point de Roi, qu’en m’aportant sa tête ;

Et puisque mon seul choix vous y peut élever,

Pour jouir de mon crime, il le faut achever.

Si le Desir est moderé, une voix foible suffit pour l’exprimer ; parceque l’on ne doit point être emeu, quand l’objet touche peu. On le doit connoître par ces vers qu’Hermione dit à Oreste.

Du Troyen ou de moi faites le décider :

Qu’il songe qui des deux, l faut rendre, ou garder ;

Enfin qu’il me renvoie, ou bien qu’il vous le livre.

Adieu s’il y consent, je suis prête à vous suivre.

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Si on desire languissamment, on le fait connoître par une voix douce, & interrompue ; douce, parceque ce desir est entretenu par un amour respectueux ; & interrompue, à cause que cette langueur est une atente ennuyeuse, qui est presque toujours acompagnée de soupiers. Et je crois qu’il faudroit prononcer ainsi les vers suivans, par lesquels Phedre exprime la situation de son cœur.

Dieu : que ne suis-je assis à l’ombre des forests 

Quand pourrai je, au travers d’une noble poussiére

Suivre de l’œil un char fuyant dans la carriere :

La Fuite, qui est oposée au Desir, doit être exprimée par une voix médiocrement rude, quand on a des égards pour les personnes présentes. Ces

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deux vers d’Antiochus à Rodogune doivent être prononcés sur ce ton.

Non, je n’ecoute rien : & dans la mort d’un frere

je ne veux opint juger entre vous, & ma mere.

La joie éxige un ton de voix doux, plein, & facile. C’est ainsi qu’il faut l’employer pour déclamer les vers de ce même Antiochus, lorsque Rodogune lui a déclaré qu’elle l’aimoit.

Les plus doux de mes vœux enfin sont exaucés,

Tu viens de vaincre, Amour, mais ce n’est pas assez ;

Si tu veux triumpher dedans notre avanture,

Après avoir vaincu, fai vaincre la Nature.

Pour bien exprimer la tristesse, il faut une voix faible, trainante, & plaintive ; mais plus ou moins forte, selon la personne que l’on fait parler : Car on doit pousser la voix dans le

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premier de deux exemples suivans, plus fortement que dans l’autre : Phocas est homme, & Roi ; il doit s’énoncer avec plus de force, qu’Andromaque, qui est Reine à la vérité, mais captive, é devant Pirrhus, qui est maître de son sort, & qui la menace de livrer son fils aux Grecs.

Le Thrône est il pour toit plus honteux qu’un suplice ?

O ! malheureux Phocras ; O ! trop heureux Maurice

Tu recouvres deux fils, pour mourir apr !s toi !

Eh ! je n’en puis trouver pour regner après moi !

Pardonne, cher hector, à ma crédulité :

Je n’ai pu soupçonner ton ennemi d’un crime :

Malgré lui-même enfin, pour nous laisser du moins

Au tombeau, qu’à ta cendre ont élevé mes soins

Et que finissant la sa haine & nos miseres,

Il ne séparât point des dépouilles si cheres.

L’Esperance, ou la Confiance

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s’exprime par une voix forte, & même éclatante. C’est ainsi que dans Jonathas Samuel parle à Saül, pour lui inspirer de la confiance dans le Dieu des batailles : Ainsi celui qui recite de pareils endroits, doit marquer cette assurance par sa prononciation.

Tu triomphes, Jacob, le Ciel s’arme pour nous,

Allez, courez, Saül, la victoire est certaine ;

De l’ennemi troublé la résistance est vaine :

Tout tremble : je vois fuir ses soldats éperdus :

Paroissez, montrez-vous, ils seront confondus.

On doit exprimer le Desespoir par l’exclamation, & par des tons aigus, & précipités.

Me voici qui seule ai fait le crime :

Me voici, justes Dieux : prenez votre victime :

S’il est quelque justice encore parmi vous.

C’est à moi seule, à moi qu’est deu votre couroux,

Punir les innocens, & laisser les coupables,

[In]humains[8], est-ce en être, est-ce en être capables ?

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Cette Scêne roule presque toute entiere sur le Desespoir. Cassiope, pénetrée de douleur de voir Andromede exposée au Monstre, veut se jetter dans la mer : On ne peut representer cette action que par un ton de voix outré, & violent.

Quand l’Audace est fortement excitée, elle doit être representée par une voic impétueuse, & hautaine ; parce que l’objet allume cette passion, & l’Esperance la so[ut]ient[9] : de sorte qu’il tarde que l’on n’en vienne aux extremitez. Ainsi l’on ne peut bien faire sentir à l’Auditeur la situation où se trouve Mitridate, quand on lui dit que son armée, & ses fils se sont revoltés contre lui, qu’en recitant ses paroles du ton dont je viens de le marque

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Ah ! qu’est-ce que j’entens ?

Perfides, ma vengeance a tardé trop long-tems :

Mais je ne vous crains point. Malgré leur insolence

Les mutins n’oseroient soutenir ma presence :

Je ne veux que les voir : je ne veux qu’à vos yeux

Immoler de ma main deux fils audacieux.

La Crainte produit si communément ses effets, que c’est une des Passions les plus aisées à representer par la voix, qui doit être alors foible, & hesitante. C’est ainsi qu’il faut prononcer ces paroles d’Andromaque, après que Pirrhus lui a dit qu’il va livrer son fils au Grecs :

Ah ! Seigneur, arrêtez : Que prétendez-vous faire ?

Si vous livrez le fils, livrez-leur donc la mere.

Vos sermens m’ont tantôt juré tant d’amitié.

Dieux ? ne pourrai je au moins toucher votre pitié ?

Sans espoir de pardon m’avez-vous condamnée ?

L’Envie, qui naturellement

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devroit être representée par une voix tremblante, parcequ’elle a souvent recours au mensonge, doit être cependant prononcée d’un ton assuré, à cause que celui qui parle avec envie, veut être cru ; autrement il perdroit le fruit de sa passion. C’est sur ce ton que Dom Mantique parle à Carlos, dans Dom Sanche d’Arragon, lorsque ce dernier prend une place devant la Reine.

Un soldat bien remplir une place de Comte !

La Jalousie, qui a à peu près la même fin, demande une voix hardie ; parceque les moindres choses donnent aux esprits ombrageux une entrée au soupçon ; & que l’on croit ordinairement ce que l’on apre

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hende. Phedre, agitée de cette passion, après que Thesée lui a découvert l’amour d’Hipolote, & d’Aricie, parle à sa Confidente avec vehemence.

Ils s’aiment ! Par quel charme ont-ils trompé mes yeux ?

Comment se sont-ils veus ? Depuis quand ? Dans quels lieux ?

Tu le savois : Pourquoi me laissois tu séduire ?

De leur furtive ardeur ne pouvois-tu m’instruire ?

Les a-t-on vus souvent se parler, se chercher ?

Dans le fond des Forests alloient-ils se cacher ?

Helas ? ils se voyoient avec pleine licence ;

Le Ciel de leurs soupirs aprouvoit l’innocence.

Presque tous ceux qui recitent ces vers en manquent le ton : parcequ’ils ne font pas atention, que toute la Scêne est proferée par une femme jalouse, qui doit, en se plaignant, exprimer son desespoir par une voix forte.

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Je remarque que l’Indigation, qui exprime le déplaisir que l’on a de voir dans les honneurs ceux qui devroient être dans le mépris, doit avoir la voix ferme, rude, & un peu exclamative. On doit rendre ainsi les paroles de Pulcherie à Phocas : endroit où l’on voit cette sorte d’indignation à découvert.

Un chétif Centenier des troupes de Misie,

Qu’un gros de mutinés élus par phantaisie,

Oser argamment se vanter à mes yeux

D’être juste Seigneur du bien de mes ayeux !

Lui qui n’a pour l’Empire autre droit que ses crimes.

Lui, qui de tous les miens fit autant de victimes,

Croire s’être lavé d’un si noir atentat,

En imputant leur perte au repos de l’Etat !

Mais lorsque l’Indignation fait connoître non seulement le déplaisir que l’on a de voir des personnes indignes dans les

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emplois, dans les dignités ; mais encore le desir que l’on a de les empêcher de faire du mal, alors on doit employer une voix ferme, résolue, & de commandement. On ne peut exprimer d’une autre manière l’endroit où Assuerus, instruit par Ester du dessein qu’avoit Aman de faire mourir Mardochée, prononce sa condamnation.

Qu’à ce monstre à l’instant l’ame sois arrachée :

Et que devant sa porte, au lieu de Mardochée,

Apaisant par sa mort, & la Terre, & les Cieux,

De mes Peuples vengés il repaisse les yeux.

On a de la Compassion en trois différentes situations. Au simple aspect de la misere, on en est saisi quand on a l’ame généreuse. Ainsi il faut réciter cet endroit de Sévere dans Polieucte, avec une voix triste, mais pleine.

 

[1]             Le texte porte prémiere.

[2]             Le texte porte popupulaire.

[3]             Les deux derniers mots soudés.

[4]             Les deux derniers mots soudés.

[5]             Les deux derniers mots soudés.

[6] Les deux derniers mots soudés.

[7] Impression altérée.

[8] Impression altérée.

[9] Impression altérée.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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