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fleubothomie, toutesfoys ce doivent garder le premier & deux jour de prendre grande quantite de viande, car ysaac dit es dietes universelles que le boire leur doit estre augmenté oultre ce quilz ont acoustume, mais doivent plus boire quilz ne faisoient devant la fleubothomie a cause que la vertu digestive est debile. Quartement declaire .xi. aydes lesquelz fait la fleubothomie bien faicte. La premiere est que la fleubothomie attrempeement faicte conforte la veue, car en diminuant les humeurs, il diminue les fumees & repletion de la teste offuscante la veue. la .ii. il clarifie & aguise lentedement par une mesme raison. La .iij. est quelle eschauffe la medulle, car il diminue les superfluites a elle courante & refroidantes la medulle. La .iiij. est quelle purge les entrailles, car quant nature est deschargee de la superflue quantite des humeurs, le residu jacoit ce quilz soyent indigestes la digere. La .v. est que la fleubothomie restraint le vommissement et le flux du ventre, car elle divertist les humeurs vers les parties exteriores comme dit Avicene de la fleubothomie, et est chose veritable par especial quant la seignie est faicte es veines du bras, car la saignie du pied ne retient pas ainsi, toutesfoys accidentellement peult la fleubothomoe augmenter le flux du ventre en deux manieres. Premierement, car par fleubothomie nature est deschargee & confortee, aucunesfois provoque le flux du ventre en deux manieres. Premierement, car par fleubothomie nature est deschargee & confortee, aucunesfois provoque le flux du ventre ou aultres evacuations, laquelle paravant estoit suffoquee & endormie. Secondement est quant le flux du ventre vient par debilitation de la vertu retentive, & la fleubothomie est faicte en iceluy flux elle augmente le lux en augmentant le vertu retentive. La .vi. est que la fleubothomie fait lentendement cler et fort subtil en evacuant & divertissant les fumees de la teste qui mortifient les sens. Le .vii. est quil fait dormir pour unem esme cause. Le .viij. est quelle oste anuy & pesanteur de corps a cause quelle descharge nature, & avec le sang se evacue la melancolie qui fait lhomme avoir annuy. Le .ix. est quelle conforte bouye a cause quelle diminue les vapeurs, & les humeurs montant en la teste troublant le sens de louye. Le .x. est quelle est utile a la voix en diminuant les humiditez & superfluitez courantes a la poictrine & au polmon empeschantes la voix. Le .xi. est quelle augmente la vertu et la force a cause
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quelle descharge nature de fardeau pesant.
¶Textus.
¶Tres insunt istis mayus september aprilis
Et sunt lunares sunt uelut ydradies
Prima dies primi : postremaque posteriorum
Nec sanguis minuy nec carnibus anseris uti
In sens uel iuuene sint uene sanguine plene
Omni mense dene confert incisio uene
Hii sunt tres menses mayus september parilis
In quibus eminuas ut longo tempore uiuas.
¶En ce texte lacteur declaire .iii. choses. Premierement il dit que ces ;iii. moys may, septembre, & avril sont les moys de la lune en iceulx sont aulcuns jours esquelz est deffendu faire fleubothomie cest le premier jour de may, le dernier de septembres & le dernier davril. Et jacoit que aulcuns tiennent celle reigle, toutesfoys elle est faulse & de nulle valeur. Premierement, car ces jours peuvent estre jours esleuz comme les aultres & avoir bon aspect & constellation pour faire fleubothomie. Oultre dit lacteur que nulle personne en ces jours ne doit mengier chair doyes, & est aussi chose erronee & faulse. ¶Et tient se docteur pont comme je croys icelle sentence des juifz qui encore tiennent celle maniere. Secondement dit lacteur que les gens vieulx de la premiere vieillesse & les jeunes ayant les veines plaines de sang peuvent estre saignes en chescun moys, car ilz resistent bien a la resolution et en iceulx habonde grande quantite de bon sang, & guaire de maulvais. Tiercement dit que fleubothomie faicte pour garder la sante doit estre celebree en aucun diceulx .iij. moys, cestassavoir may, septembre, & avril toutesfoys differamment, car en avril & en may doit on fleubothomer la veine du foye, car ilz sont en printemps, & en septembre la veine de la ratelle pour la melancolie habondante en icelluy temps.
¶Textus.
¶Frigida nature figens regio dolor ingens
post lauacrum coitum minore tas aque senilis
Morbus prolixus repletio potus & esce
Si fragilis uel subtilis sensus stomachi fit
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Et fastiditi tibi non sunt fleubothomandi.
¶Exposition.
¶En ce texte declaire lacteur .xij. choses empeschantes le saigner. La premiere est la complection froide, car selon galien en son metagin la fleubothomie refroide, & par ainsi augmente la complection froide, la cause est selon ysaac en ses urines, car le sang est fondement la chaleur naturelle, & pourtant la fleubothomie refroide. La .ii. la region grandement froide sur lequel il fault comprendre le temps excessivement froit, car semblablement il prohibe la saignie a cause que es regions et temps fort froitz le sang est au parfond du corps reclos, & celluy qui est aux extremitez est conduse & congelle inepte a fluyr. La .iij. grande douleur sur laquelle aussi est comprinse grande inflammation du corps car se fleubothomie estoit faicte iceulx accidens, il sensuivroit mouvement agitatif qui est grandement contraire a nature, & sensuivroit plus grande inflammation debilitant aussi nature, & la cause efficiente du mouvement agitatif en forte douleur est attraction es parties diverses, car par fleubothomie par la douleur forte est attraction au lieu dolereux la cause de la maieur inflamation est car par la fleubothomie sesmeuvent les humeurs & aquierent plus grande inflamation, cest chose veritable quant la pleubothomie est p etite & artificielle & celle est faicte jusques au sincopin elle est proffitable es choses dessudictes, car quant la fleubothomie surmmonte lattraction faicte de la douleur elle ne fait pas mouvement agitatif, elle oste aussi linflamation & ne delaisse pas humeurs souffisamment pour faire inflamation plus grande, & celle sentence veult ga. au canon dicelluy anffo. que geruntur, en la premiere particu. quant il dit il nest medecine meilleure en apostume de grant inflamation & fievres & en douleur forte que fleubothomie. Le .iiij. est le baing & pour especial resolutif, car il prohibe la fleubothomie a cause quelle est evacuative & nature ne peult supporter evacuation sur evacuation. La .v. est le habiter a femme, car incontinent apres ce on ne doit pas faire saignie, car nature seroit trop debile. Le .vi. est trop grant eage ou moindre que requerroit supporter lasaignie comme leage denfance & de vieillesse, et iceulx empeschemens touche
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Avicene au cha. nomme, & garde toy de saignier le corps de complection fort froide & es regions de grande froideur & en forte douleur, & apres baing resolutif & apres lahbiter aux femmes & leage mondre de ;xij. ans & les vieulx tant plus que tu pourras se tu nas confiance en sa figure, cest en la sollicitude & grosseur du muscles & en la grandeur de ses veines & replection & en la couleur rouge. Le .vij. est maladie prolixe & de sa fleubothomie. Et icelle reigle ce doit entendre selon Avicene au chapitre nomme se le sang nest corrumpu,car adonc saignier il seroit necessaire. Le .vij. est grande replection de vin ou daultres brevaiges. ¶Le .ix. est tropt grande replection de viandes sur laquelle est comprinse la viande indigeste. et la cause diceulx est, car selon Avice. en la premiere la cause diceulx est, car selon Avicene en la premiere distin. du premier les choses qui attirent sont trois cestassavoir vacuum chaleur, et espesse, ou propriete acculte dont se les veines sont evacuees de sang par la saigne attirent la viande indigeste ou superflu, ou de boire superflu de lestoac & du foye, lequel indigeste attire es veines& ne peult estre corrige, car la iii. digestion ne corrige pas la premiere ne la seconde de ce lindigestion est grande & ne ce pourroit convertir a restaurer & seroit cause de maladie grande. Le .x. est foiblesse de vertu, car la fleubothomie est forte evacuationt selon ga. en la .ii. particule des anfforismes au comment dicelluy canon in quo morbo. et la vertu debile ne peult porter forte evacuation. Le .xi. est forte sensation de lorifice de lestomac ou lestomac fort sensible, car celluy qui a tel estomac de legier vient en sinopis par saignie, & avec celluy est comprins celluy qui a lestomac debile, & celluy qui est enclin au dernier fluit de colere en lorifice de lestomac engendre vomissement de colere. et pource ceulx qui ont les nommees accidens ne comptent pas la fleubothomie, car par elles les humeurs esmouvent lorifice de lestomac comme au lieu acoustume, car le membre est debile & ne peult resister, & pource leur sourvient plusieurs paulvais accidens par la saignee, & icelle est la cause pourquoy aulcuns sincopilent quant on les saigne, car la colere morditive fluit a lestomac & point, le cueur souffre avec lestomac a cause de
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leur colligance & ensuyt sincopissement. le .xij. est fastidium, car ce en fastidium estoit faicte saignie les veines avacuees attireroient les humeurs males faisant fastidium. Et iceulx .vi. accidens met avi. au chapi. de fleubothomie. Et environ ce est a noter que oultre iceulx accidens sont encore aulcuns aultres empeschant la fleubothomie desquelz le premier est evacuation comme est flux de menstrues & de emorroides, car adonc ne compete pas fleubothomie pour evacuer, jacoit ce bien pour divertir. Le .ii. est le corps rare, car les corps rares sont fort dissoolute, & leur souffit icelle resolution continuelle & non indigence quelconque devacuation come veult Galien au .ix. de mageregin. Le .iij. est les humeurs indigestes & vicieux, car adonc est fleubothomie prohibee, car elle augmenteroit lindigestion & viscosite et feroit la vertu debile, & pource es maladies prolixes est saignie deffendue, & pource veult Avicene que es maladies croniques medecine laxative, soit prohibee devant le saignier, & non pas la saignie devant la medecine laxative, jacoit quilz ayent indigence des deux, mais les humeurs indigestes & crues peuvent venir par deux causes, lune par habondance dhumeurs quil suffoquent & extinguent chaleur naturelle laquelle suffoquee & debilitee engendre humeurs crues & indigestes, et adonc compete saignie, & pource dit alexandre y otros au .ii. livre au chapitre de ydropisie, fleubothomie au commencenement de yposarce cest une espece de ydropisie quant elle vient par multitude de sang des menstrues quant ilz ne peuvent fluir pour aulcune cause ou par multitude de sang des emorroides. La .ii. cause des humeurs crus est la chaleur naturelle debile comme les corps debiles de debile complection qui ont eu longues maladies, & comme gens vieulx, adonc ne compete pas fleubothomie, car par elle la cause seroit augmentee, car le sang ou gist la chaleur seroit extraicte & ainsi seroit la chaleur encore plus debile & augmentee sa froideur et oultre la crudite des humeurs donc laissier la fleubothomie pour digerer les humeurs crues & indigestes. La quattriesme maulvaise disposition de lair comme trop grande chaleur, outrop grande froideur, car en grande chaleur fait grande resolution, & grande froideur fait condenser ou congelle le sang et le fait inepte a fuir.
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¶Textus.
¶Quid debes facere quando uis fleubothomari
Uel quando minuis fueris uel quando minutus
Unctio siue potus lauachrum uel facias motus
Debent non fragili tibi singula mente teneri.
¶Exposition.
¶En ce texte lacteur declaire .v ; choses qui doivent observer environ la fleubothomie, aulcuns devant, & aultres apres. La premiere unction laquelle se fait aulcunesfoys en la fleubothomie comme oindre la lancette pour amoindrir la douleur, aulcunesfoys se fait apres la seignie pour restarder la consolidation de la playe pour eventer les humeurs des veines & avoir respiration, & pour exiler fumees maulvaise. la .ii. est le boire & par especial du vin quiest utile pour secourir au sincopissementq ui survient aulcunesfoys en la saignie, et vault aussi apres la saignie pour reparer les esperitz et engendrer nouveau sang icelle pratique tiennent les medecins. La .iij. est le baing qui est utile par deux ou trois jours devant & .ij. ou .iij. jours apres la fleubothomie, & non icelluy jour devant comme se aulcun craignoyt davoir aulcunes grosses humeurs, car le baing dissoult les humeurs et les esmeult et pour icelle cause devant le saignier ung sirop fait deaue de vinaigre & succre & exercice pour dissouldre & subtilier les humeurs, pource devant quon face la saignie on face frication environ les veines qui veult saignier pour subtilier les umeurs & preparer pour fluyr facilement. Et aussi apres le saignier on fait frication pour resoluer aulcunesf umees & vapeurs demourees venantes du fluit des humeurs, mais au jour de la saigniee ne compete pas le baing, car ilfait lecueur lever & lubrique inepte a recepvoir le coude de la lancette ou il gist peril. La .iiij. est ligature avec draps blancz pour retenir le flux incontinent apres la saignie, & devant la saignie pour attirer les humeurs au lieu de la saignie & pour engrossir les veines. La .v. est mouvement ambulation attrempee faicte devant la saignie et pour dissouldre & subtilier les humeurs, & apres resoluer les reliques des humeurs de laisseez de la saignee. il est a noter communeent que on se fait saignier a ung, mais aulcuns docteurs dient quil vault
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mieulx prendre premier ung œuf sorbile & boire petit de vin devant la seignee a cause que quant lestomac est en jung nature retient fort le sang pour sa nourriture, mais quant en lestomac est aulcune viande de grant nourriture comme sont les oeufz & le vin nature delaisse plus legierement fluyr le sang. ¶Textus.
¶Exhilarat tristes iratos placat amentes
Ne sint amentes fleubothomia facit.
¶Exposition.
¶En ce texte lacteur met trois effectz venant de la saignie. Le premier est que la saignie esjoyt lhomme triste et letifie. Le .ii. est que le saignier appaise les gens courrouces, la cause est, car quant grande quantite de melancolie est meslee avec le sang tristesse et melancolie sengendre, & quant colere en grande quantite est meslee avec le sang ire sengendre, car melancolie est cause de tristesse et colere de ire, et iceulx deux humeurs sont evacues avec le sang par la fleubothomie comle ilz soyent mesles avec le sang. Le .iii. est quelle prohibe & deffend les amoureux devenir ravis & en fureur, car elle divertist le sang de la teste & le fait fluyr des parties exteriores. Pour plus ample declaration est a noter quilz sont .v. causes pour lesquelles la saignie se fait. La premiere est pour evacuer le sang habondant en quantite ou en qualite ensemble, car selon Avicene au chapitre nomme deux manieres des gens sont a saignier, lune sont les gens qui sont enclins & disposes de cheoir en maladie comme ceulx qui ont habondance de sang en quantite, lautre maniere sont gens qui sont actuellement cheuz en maladie par la malice de leur sang, mais les saignies en iceulx sont differentes, car la saignie faicte pour evacuer lhabondance du sang doit estre grande, et faicte pour le sang maulvais doit estre petite. Pource disoit Galien au .ix. mengaregin se le sang du corps est malicieux et de maulvaise qualite il se doyt evacuer petit a petit. et pource pechent grandement ceulx qui font la saignie pour evacuer le sang maulvaises jusques ilz voyent yssir le bon sang, car tout le sang ysseroit devant dehors, mais se doit faire petit a petit en donnant selon Galien en icelluy cas devant la saignie aulcune diete, cestassavoir engendrant bon sang pour tenir le
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lieu du sang maulvais qui sera evacue par la saignie, & ung petit de temps apres faire la saignie & proceder ainsi jusques a la fin, & icelle saignie est directe & de droicte ligne, car elles est faicte pour evacuer icelluy humeur qui se doit proprement evacuer par saignier, cestassavoir pour evacuer la multitude du sang. La .ii. cause est grandeur de maladie & grandeur dapostume de grant inflammation, car selon ga. au com. dicelluy anffo. que engeruntur il nest medecine meilleure ne plus profitable en apostume de forte inflamation et es feivres & douleur grant que seignie domme dit ce texte. Frigice nature. La .iii. cause pour attirer le sang en aulte partie du corps par laquelle le sang se doit evacuer comme pour provoquer les menstrues & les humeurs emorroydes on doit saingier la sopheme selon ga. & avi. pour tirer le sang vers les parties basses. La .iij. cause pour tirer le sang en lieu & partie opposite du leu ou fluit le sang pour divertir come en grant flux de menstrues on saigne la veine baselique pour retenir le sang de la partie opposite, et pour celle cause en plusieurs lieu de la partie senestre on fait fleubothomie en la partie dextre pour divertir la matiere & attirer en lieu contraire. La .v. est affin que par la saignie une portion & quantite de la matiere soit evacuee & nature plus forte sur le dormant, & pource fait on saignie quan le corps est replet pour prohiber apostume ou aultre maladie, car nature est debile & impotente de regir & gouverner ladicte replection. ¶Textus.
¶Fac plagam largam mediocriter ut cito sumus
Exeat uberius liberiusque cruor.
¶Exposition.
¶En ce texte lacteur declaire ung enseignement de louverture faicte en la saignie, et dit que lincision doyt estre large competemment, affin que le sang gros puisse bien yssir, car quand lincision est estroicte le sang subtil seulement fluit de hors & le sang gros demeure. Environ ce est a noter que aulcunesfoys en la saignie lincision doyt estre grande, aulcunesfoys petite. Et en trois cas doyt lincisien estre grande. Premierement quant le sang est gros comme es melancoliques. Secondement quant le temps est froit a cause quil engrosse
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le sang & pourtant en yver lincision doit estre grande. Tiercement pour la grant quantite des humeurs affin quilz puissent mieulx estre evacuees mais lincision doit estre petite quant la vertu est debile affin que des esperitz & de la chaleur naturelle soit moindre quantite evacuee et aussi en temps chault pour une mesme cause & aussi quant le sang est subtil. ¶Textus.
¶Sanguine substract sex horis est uigilandum
Ne somni sumus ledat sensibile corpus
Ne neruum ledas non sit tibi plage profonda
Sanguine purgatus non carpas protinus escas.
¶Exposition.
¶En ce texte declaire lactur .iij. choses a considere de la fleubothomie. La premiere est que lhomme sanguin ne doit pas dormir incontinent apres la fleubothomie forsque six heures apres du moins, lacteur rend la cause au texte affin que les fumees engendress en dormant montees en la teste ne blessent le cerveau, toutesfois plusieurs raisons ont donnees, lune de paour que lhome sainge ne dorme sur son bras fleubothome pour les inconveniens. Autre cause affin que les humeurs ne fluent au membre blessez a cause de la ferve de la lancette & en viengne apostume, car Ga. dit en la .ii. particule des anffo. en ce ca. in quo morbo &c. se en dormant sengendre apostume dedans le corps ou aulcun membre soit blesse les humeurs fluent illec, Avi. rend aultre cause & dit que le somme apres la saignie engendre fraction de membre, la cause selon Ga. en celluy anffo. est car le somme fait au commencement du paroxysme est nuysant a cause que la chaleur naturelle se retourne au-dedans & les parties exteriores demeurent refroidees & les fumees qui ne sont pas consumees demeurent parquoy la rigueur & le tremblement est augmente & aussi le paroxysme, semblablement les fumees engendress par la commotion des humeurs par la fleubothomie retourent non consumez par le somme aux nerfz aux membres lacertans & illec refroidies sont confaction des membres le somme sensuyt incontienent apres la saigniee. ¶La .ij. est que la fleubothomie se doitg arder de faire parfonde incision en la veine de paour quil ne blesse nerfz ou autres dessoubz la veine, car de la blesseure du nerf sensuyt spasme mortel ou
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au moins perdition du membre comme du bras ou daultre membre, & de lincision de laltere sensuyt grant flux de sang alterial difficile a restraindre. La .iij. est que lhomme saignie ne doit pas prendre incontinent apres la fleubothomie viande, mais doit attendre que les humeurs soient en repos affin que la viande ne soit pas attiree avec le sang pour secourir au membre blesse. ¶Textus.
¶Omnia de lacte uitabis rite minute
Et uitet potum fleubothomatus homo
Frigida uitabis qui sunt minuta minutis
Interdictus erit minutus nubilus homo
Spiritus exultat minutis luce per aures
Omnibus apta quies est motus ualde nociuus.
¶Exposition.
¶En ce texte met lacteur .v. choses deffendues a celluy qui est saignie. La premiere est que lhomme saignie doit eviter le laict & choses lacticinieuses, la raison est, car de la commotion des humeurs faicte par la saigniee souvent surviennent aulcunes humeurs a lestomac & pourtant se lhomme saignie prenoit du laict incontinent apres la signee le laict se corrumproit en lestomac a cause que de luy mesmes est de facille corruption. Et ainsi le laict par sa grande doulceur devant quil fut digere pourroit estre attire des membres, mais par la fleubothomie. La .ii. est que lhomme saignie se doit garder de trop boire, car a cause que les veines sont evacues tel breuvaige superflu facilement est attire es veines indigestes comme est souvent declaire. La .iij. est que lhomme saignie doit eviter toutes choses froides au dehors comme dedans comme laict froit viandes froides, baing froit, petite vesture, froideur des piedz de la teste, & toutes aultres semblable a cause que la chaleur naturelle est debilitee par la saignee & de legier seroit refroidee. La .iiij. est que lhomme saignie ne doit pas cheminer en air tenebreux ne obscur, & tristesse est causse de sang melancolique, mais il doit cheminer en air cler, car en tel air les esperitz vitalz animal & naturel sont recrees & refocillees, et sensuyvent au dehors en esjoyssant de leur semblable. La .v. est que lhomme saignie doit estre en repos at
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trempe & eviter traudil excessif, car adonc le travail debilite fort & esmeult les humeurs & repos attrempe & appaise le mouvement des humeurs.
¶Textus.
¶Principio minuas in acutis perpera cutis
Etatis medie multum de sanguine tolle
Sed puer atque senex tollet uterque parum
Uel tollet duplum reliquum tempus tibi simplum.
¶Exposition.
¶En ce texte declaire lacteur quattre choses. La premiere est que fleubothomie doit estre faicte au commencement de la maladie fort ague comme celles qui sont terminees au .iiij. jour, car telles maladies sont briefves sans donner induces & pource des le commencement les fault medeciner. La .ij. est que en leage moyen, cest depuis .xxx. ans jusques a .xlv. ou .l. lon doit plus extraire de sang que en aultre eage, car en icelluy eage le sang sengendre & multiplie grandement et en icelluy eage la vertu ne augmente ne diminue, mais demeure en ung estat apparamment. La .iij. est que les gens vieulx & les enfans ne doivent guaires estre saignies, car es enfans quantite de sang grant est requisse pour leur nourriture & augentation, & es vieilles gens la vertu commence a devenir debile. La .iiij. est que ne printemps double quantite de sang doit estre extraicte en la saignie en comparant aux aultres temps, la raison est, car le printemps est fort generatif & multiplucatuf de sang selon tous docteurs de edecine. Environ la premiere pour plus ample declaration sont a noter aulcunes reigles environ la fleubothomie. La premiere est que au commencement de la maldie fleubothomie ne doit pas estre faicte, car le medecin est serviteur de nature selon Galien au .ii. livre du regin. Omnium natura operatrix medicus vero minister, mais selon Galien en la .iiij. particule de anffo. en celluy comment egritudinis quibuscunque incipientibus. Nulle evacuation ou commencement de la maladie nest naturelle & comme nature au commencement de la
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maladie ne evacue pas semblablement aussy ne doit pas faire le medecin, toutesfoys celle reigle a instance en troys cas ; Premierement en nature furieuse, car Avicene au chapitre nomme veult que au commencement de la maladie saignie ne soyt faicte a cause que la fleubothomie esmeult les humeurs et les subtiles & les fait courir par tout le corps sinon que la matiere fut furieuse. Secondement a instance en grande multitude de matier pourquoy Galien au commencement dicelluy anfforisme. Inchoantibus morbis. dost cest chose necessaire de faire fleubothomies ou de donne medecine laxative affin que nature soit allegee, car elle est deschargee par grande multitude dhumeurs. ¶Tiercement il est instance en grandeur de maladie, et fort ague et pourtant quand apostume est grande et malice douloreuse, jacoit ce quil nya point grande quantite de matiere accedente au corps et pour eviter que la postume ne viengne a ouverture devant quil soit madure, pour eviter tel accident on doit saignier. ¶La deuxiesme reigle est que la saignie ou aultre evacuation ne doit pas estre administree au jour du mouvement de la maladie comme au jour de crisis, car par la saignie on pourroit divertir la matiere et évacuer par partie contraire a nature, semblablement ne au jour du paroxysme, car selon Galien au premier livre des anfforisme en lestat de la maldie fleubothomie ne aultre evacuation foit estre faicte, car en icelluy temps la moderation de la matiere se fait, & se fait mieulx en repos que en mouvement & par le paroxisme des maladies agues interposees est a comparer a lestat des maladies agues, car comme il est deffendu de saignier a evacuation en lestat semblable il est deffendu au jour du paroxisme. ¶La .iij. que laseignie est deffendue au commencement de la maladie quant le crisis cestadire le mouvement subit a salu ou a mort est elongie de lestat, car selon ysaa au livre de ses urines le sang est la racine & fondement de la chaleur naturelle & celluy qui le soustient en vigueur jacoit ce que le cueur soit la fontaine gnative du sang & des esperitz, toutesfoys le sang est le fondement de la chaleur naturelle, car de luy sont les esperitz & la
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chaleur naturelle & pource celluy qui evacue le sang evacue la chaleur naturelle qui doit digerer & maturer la matiere de la maladie pource elle sen prolonge & la vertu se debilite qui est chose a craindre que pour longueur de la maladie & la deliberation de la vertu naturelle ne soit succombee. La .iiij. que en corps ayant les intestins plais de feces saignee ne doit pas estre celebree, la raison est, car trois choses attirent, cest la chaleur a chose vuide et espesse a propriete & a cause que la seignee evacue des veines & attire des membres prochains les humidites maulvaises des intestins & de lestomac par laquelle chose leventre est prefere plus que devant et le sang plus infect que paravant, pource les intestins doiven)t premier estre avaacues par cristeres ou suppositoire. La .v. que on ne se doit pas faire souvent saignier, car lhomme quant il deevient antique en est enclin a ydropisie paralisie, appoplexie, et epilence, car saigner celebre debilite chaleur naturelle, & est cause dengendrer multitude de fleumes qui sont causes des maladies nommees. La .vi. que la saignie est deffendue es femmes ayant leurs fleurs, ou pourtant enfant, car par la saignee faicte en femmes portant enfant la vertur digestive est fort diminuee. Et le fruict en pert son nourrisement et per especial quant le fruict est frant de six ou sept jusques à .ix. moys, car adonc il a necessite de grant nourrissement et ce dit ypocras en la .v. particu. des anfforisme. En femme ses menstrues naturellement selon la revolution de la lune ne doit pas estre saignee, car on attireroyt le sang menstrual corrumpu & venimeux es veines & feroit grant inconvenient, et en divertiroit nature de sa propre operation naturelle. ¶La septiesme reigle est que apres la colique passion saigniee ne doit pasestre administree, car comme ainsi soit que la fleubothomie esmeult les humeurs elle pourroit esmouvoir la colere et faire fluir a lestomac & linflamer, et doit estre faicte apres vomissement que la seignie ne face fluir les humeurs a lestomac, et apres flux de ventre, grandes veilles, travail, mouvement, ne universellement apres chose fort eschauffant ou fort evacuante, car la fleubothomie esmouvroit les humeurs et debiliteroyt la vertu plus que devant. Il fault supporter aussi les corps qui peuvent porter la sai
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gniee. La premiere reigle est que la saigniee est bonne aux gens delicatz puissans et fort charnus qui usent viande fort generative de sang. La seconde reigle est que la saigniee compete au corps ayant habondance de sang laquelle chose est congneue par lespesseur de lurine, car habondance de sang fait lurine espesse et de colere subtile. La troisiesme est que ceulx qui habondent en melancolie doyvent estre saignies, car quant grande quantite de sang de melancolie naturelle court avec le sang par tout le corps, adonc saigniee doit este administree & apres farmacie. La naturelle est les feces du sang laquelle quant elle habonde court avec le sang & pourtant la saignee est propre a evacuation a la melancolie naturelle, & semblablement le sang et la melancolie sont engendres dune mesme chaleur attrempee et apres la saigniee farmacie doyt estre administree. La quattriesme est que en iceulx ou gist crainte de ebulition des humeurs ou comturbation ou calefaction compete saigniee & iceulx incontinent quilz se sentent eschauffez ou inflamez se doyvent faire saignier pour eviter ladicte ebulition des humeurs se font saignier, & quant celle ebulition & calefaction vient par la colere, la saignie ne lappaise pas, mais par la saigniee est augmentee a cause quelle esmeult les humeurs, et les fait courir par tout le corps, et pource ne copete pas la saigniee forsque quant ladicte ebulitition survient par habondance des humeurs laquelle chose est congneue par sueur grande venant par especial du matin, car plusieurs sont qui jamais ne suent forsque quant ilz ont indigence de evacuation. La cinquiesme est que les gens fors & vertueulx doyvent estre saignies, & ceulx qui sontsanguins en complection et non de froide et seiche complection comme dit Rasis au .vii. livre dalmasor les corps disposes a saignier sont ceulx qui ont les veines grosses & apparantes, et les corps habondans en poil & de couleur brune ou sur le noir, & les gens jeunes & adolescens, & les antiques en la derniere vieillesse ne doivent
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pas estre saignies se grande necessite ne les contrainct. Et icelles reigles pour la plus grande partie sontp rinses hors davicene au chapitre de la saigniee.
¶Textus.
¶Estas uer dextras antumpnus hyemsque sinistras
Quattuor hec lebra cephe. cor. epar. uacunda.
Uer. epar. estas ordo sequens reliquas.
¶Exposition.
¶En ce texte declaire lacteur aulcunes choses regardantes les membres qui doyvent estre saignies. ¶Et dit premierement que en printemps & en este les veines de la partie dextre doyvent estre saignies comme les veines du bras, ou de la main dextre, ou du pied droit, mais en yver & en antompne doyvent estres saignies les veines de la main et du pied senestres, la raison peult estre, car le printemps multiplie le sang, et leste la colere, et pource en printemps & en este doyvent estre saignies les veines esquelles habondent grande quantite de sang et de colere, et icelles sont les veines de la partie dextre, car en la partie dextre est citue le membre engendre le sang, cestassavoir le foye, & la cistis bourse de la colere, mais antompne engendre et multiplue la melancolie laquelle se assemble & acumule en yver sans estre resoluee, et pourtant en antompne & en yver on doit faire saignier les veines esquelles habonde la melancolie comme sont veines de la partie senestre a cause que en partie seneste est situee la ratelle bourse de la melancolie. ¶Secondement il dit que iceulx quattre membres, cestassavoir la teste, le cueur, le pied, et le foye selon les .iiij. temps de lan doyvent estre evacuez par saigniee chescun en son temps convenable, le cueur en printemps, le foye en este, la teste en yver, & les piedz en antompne.
¶Textus.
¶Dat saluatella tibi plurima dona minuta
Purgat epar : spenem pectus : precordia uocam.
Innaturalem tollit de corde dolorem.
¶Exposition.
¶En ce texte declaire lacteur .vi. aydes ou bonte venant par la
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saignie de la veine saluatelle laquelle gist sur le dos de la main entre le petit doig et le medicinal. ¶La premiere est ayde ou bonte laquelle purge le foye. ¶La seconde quelle mondifie la ratelle. ¶La troys quelle clarifie la poictrine. ¶La quattre quelle preserve le membre precordial, cest lorifice de lestomac de plusieurs nocumen. ¶La cinq quelle oste les empeschemens de la voix. ¶La six quelle oste la douleur du cueur, la raison de ces aydes sont mises a cause que ladicte veine purge et evacue le sang de tous les membres desusdictz comme sera apres declaire. Pour avoir plus ample declaration des choses dictes est a noter que par saignier aulcunesfoys sont ouvertes les veines et aulcunesfoys alteres. En saignie daltere gist grant crainte a cause que le sang fluyt inpetueusement et est difficile fort a restraindre pour deux sauces, lune a cause de la chaleur grande et vehemente du sang venant de latere, car les choses chauldes sont de facile mouvement. ¶La seconde est la mobilite de latere & pource la playe ne se peult considerer legierement comme les veines, car les playes ne se peuvent guarir sil ne sont en repos toutesfoys icelle saigniee est prouffitable au corps en troys manieres. ¶premierement quant le sang subtil est fort habondant au corps. ¶Secondement quant le sang est plaint de vapeurs ; ¶Tiercement quant le sang est grandement chault, car le sang subtil duquel sont engendres les esperitez resiste es alteres et cerveau et le sang gros duquel les membres sont nourris riside es veines, & le sang vaporeux est contenu es alteres, & lautre sang es veines. La saignie se fait en aulcuns membres aucunesfoys au bras, en la main, aulcunesfoys au pied, au nez, au fronc, es levres, en la langue & es veines lacrinales. Et la main grande laquelle commence aux esselles jusques a la couldee sont veines a saignier selon Rassis au .vii. livre dalamasor & selon Avicene au chapitre de saigniee. ¶La premiere est appelle ciphalique, & est la veine de la teste. ¶La .ii. est la veine baselique ou la veine du foye. ¶la .iii. la cardiaque ou nigra nommee par avi. & rasis maris. ¶La .iiij. ascellaris. ¶La .v. funis du bras en la petite main, & en la main petite est sailes ou nommee saluatelle et ainsi du bras quil contient la main grande et
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la petite sont .vi ; veines a saignier. La cephalique evacue le sang des parties du col jusques en amont & pource vault la saigniee de la teste comme en migraine et en manie, en frenesie, et es aultres maladies de matiere chaulde, & commence celle veine avoir son originement a lespaule & va au long du bras tendant a partie senestre. La baselique evacue proprement des parties soubz le col comme des parties pectorales & du foye, & pource est saignie es passions pectorales, & du foye, & es semblables, & en pleuresie, & commence est esselles tirant vers la partie domestique du bras. La mediane est situee entre icelles deux & est composee ou a originement delles, car es branches dicelles les deux. Et est aussi moindre quant a la evacuation car elle evacue tant les parties superiores comme les inferiores et pourtant est universelle en evacuant tout le corps et nest pas unverselle comment dient plusieurs medecins pource quelle vient du cueur, car elle est branche de la cephalique et baselique, et pource quant nous voulons saignier la cephalique, et nest pas apparente on seigne & fleubothomie la veine mediane & non pas la veine baselique. Et semblablement quant le medecin veult saignie la baselique nest pas apparente on doit seignier la mediane et non pas la cephalique, car elle a plus grant colligance avec icelles deux que la cephalique et baselique nont ensemble. Seiles ou saluatelle est une veine situee entre le doig grant, & le doig medecin tirant plus envers le doid medecin && prent origenement dit la baselique et est ceste veine saignie es oppillations du foye en la main dextre et en la main senestre es oppillations de la ratelle. Et celle saignie na pas este faicte par argument ou raison demonstrative comme dit Avicene, mais a este congneue par experience, aquelle saigniee a trouve Galien en son songe comme il refere, car il avoyt en cure ung malade ayant le foye oppilte & la ratelle & songea quil le fleubothomoit de la veine saluateila, et le lendemain le fit saignier et fust guary. Et pour saignier celle veine il convient mettre la main en eaue chaulde pour lengrosser & enfler, car lle est subtile & de petite apparence. La veine ascellaris est celle qui est situee soubz la baselique et est apparente en la ligature du bras et est son jugement
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semblable a la veine baselique. Funis brachii, appelle funis du bras est une veine qui est dessus la veines cephalique envers la partie du bras de laquelle ya ung metre. Partem sinistram & cetera. Et veult lacteur que dicelle veine et de cephalique quelles doivent estre dung jugement, la raison est desus declairee. Et jacoit ce que selon Avicene & Galien la saigniee soit evacuation universelle evacuant tout le corps toutesfoys il nest pasequales de toutes les veines, comme dessus a este declaire, et jacoit ce que les veines evacuent de tout le corps, toutesfous il nest pas equales de toutes les veines, comme dessus a este declaire, et jacoit ce que les veines evacuent de toute le corps, toutesfoys la crainte es veines neset pas equale, car la cephalique selon Rasis au .vii. dalamasor est la plus seure, la baselique est a doubter et la cardiace, toutesfoys moins que la baselique, et la sephalique est est la plus seure, car environ elle nest nerfz ne alteres, et soubz la veine cardiaca est ung nerf, et ung petit dessus est ung nerf subtil & pourtant est a doubter quil ne soit ouvert en saignent la veine cardiaca. La baselique est fort dangereuse, car desoubz elle a ung aultre altere, et environ elle a ung nerf & ung muscle & pource est elle fort a doubter. La saluateile nest pas perilleuse, mais est subtile, & pource quant on le doyt saignier il le fault mettre en eaue chaulde. Au pied son troys veines, cest la veines, cest la veine sciatique, la sophene, & la veine du ploy du genol selon avicene saignee provoque mieulx les menstrues que la sophene ou la sciatique a cause quelle est plus prochaine de la mere ou matrice, & pourtant tire plus fort de la matrice. La sophene tire le sang des testicules & de la verge & de la mtrice. Et la veine sciatique tire per especial des hanches, des reins, & des membres situes vers la partie senestre. La sophene de la matrice, est des parties environ situees vers la partie domestique jacoit ce quilz soyent branches dune mesme veine au milieu du front cest une veine lquelle veine ou saignie es passions antiques de la teste, & de la face comme en morphee & en serpignir & es passions des yeulx toutesfoys, premierement on doit faire saignie de la veine cephalique, aussi est une veine au nez & en icelles deux doit on lyer le co pour faire apparoir
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Es levres sont aulcunes veines lesquelles on saignie pour garir les apostumee & ulceres de la bouche & des gencives tousjours doit proceder la saignie de la veine cephalique. Au palait sont .iiij. veines lesquelles selles sont ouvertes confortent a la rume & aux douleurs des dentez, & sont manifestes, & se doivent saignier quant la matiere est digeree & pourrie. Item sont aulcunes veines soubez la langue lesquelles on saigne en esquinancie, mais la saignie de la cephalique doit preceder. Item les veines des temple sont saignies pour la migraine & grant douleur de teste, & de cerveau diurne, & sont icelles nommees de ypocras & davi. veines juveniles desquelles la saignie fait lhomme devenir sterile. Item au col sont deux veines nommees guides lesquelles se doivent saignier au commencement de lespre et par especial quant le souffle est suffoque, & en squinancie que oste le souffle doivent estre saignies. ¶Textus.
¶Si dolor est capitis ex potu limpha habibatur.
Ex potu nimio nam febris accuta creatur.
Si vertex capitis vel frons estu tribulentur
Timpora fronsque simul moderate sepe fricentur.
Morella cocta necnon calidaque lauentur.
¶Exposition.
¶En ce texte lacteur declair deux choses. ¶La premiere est que la douleur de teste vient par trop boire, & par especial de vin, ou daultre breuvaige duquel on senyvre, adonc on doit boire leau froide qui par sa froideur engrossit & empesche les fumees de monter au cerveau. ¶la .ii. est se la teste ou le fronc sont en grande chaleur les temples et le fronc doivent froter & apres les lever ou forventer deaue de decoction de morelle, car elle a grant propriete de refroider le cerveau.
¶Textus.
¶Temporis estiui iieiunia corpora siccant
Quolibet in mense confert uomitus quoque purgat
Humores nocuos stomachi lauant ambitus omnis
Uer antompnus hyems est dominatur in anno
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Tempore uernati calidus sit aer humidusque
Et nullum tempus melius sit fleubothomie
usus tunc homini ueneris confert moderatur
Corporis & motus uentrisque soluto sudor
Balnea purgentur tunc corpora cum medicinis
Estas more calet sicca noscatur in illa
Tunc quoque previpue coleram rubeam dominari
Humida frigida fercula dantur sit uenis extra
Balnea non prosunt sint rare fleubothomie
Utilis est requies sit cum moderamine potus.
¶Exposition.
¶En ce texte lacteur declaire plusieurs choses. La premiere est que le souvent jeusner en este desseiche le corps a cause que leste de sa propre complection est chault a sec il ressouit les humidites du corps par sueurs & resolution occultes, & se la personne jeusme donc en celluy temps il desseiche grandement son corps, car quant le corps est prive des humidites la chaleur naturelle ressoult les humidites des membres & desaiche fort le corps & pourtant dit ypocras en la .vij. particule des anffo. il convient les corps ayant la chair humide supporter la fain, car la fain desseiche les corps. La .ii. que vomissent fait en ung chescun moys est prouffitable au corps humain, car le vomissement purge le corps des humeurs nuysibles contenuz es veines & en tout le corps & icelle sentence met Avicene en la .iij. distintion du premier li. cha. x.iij. des aydes du vomissement quant il dit ypocras commande faire vomissement .ij. fois le moys .ij. jours continuelz pour expeller les humeurs .ij. qui furent esmeuz au premier sans evacuer, & par icelluy vomissement selon ypocras est la sante conservee, car il mondifie lestomac & evacue la fleume et la colere. En oultre Avicene met plusieurs aydes du vomissement administre comme il appert. La premiere quil oste douleur deteste qui vient de matiere humorale estant en lestomac effumant en la teste, mais se la douleur de la test venoit de matiere estant en la teste vomissement seroyt muysible. ¶La deuxiesme ayde est quil clarifie la veue quant lobscurite de la veue vient de matiere estant en lestomac
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effumante aux yeulx, aultrement non. ¶La troisiesme est quil oste lappetit de vomir en evacuant les humeurs de lestomac qui sont cause de vouloir vomir. ¶La quattriesme est quelle est utile a celluy qui a souvent la colere en lestomac venant du foye ou des intestins corrumpant la viande. ¶La cinquiesme est quil oste lhabomination que font les viandes unctueuses. ¶la sixiesme est quil oste le maulvais appetit comme de vouloir mengier choses aygres, pontiques, ou aceteuses, pource que le vomissement oste la cause de toutes icelles dispositions & quant la cause est oste leffect est oste. ¶La septiesme est quilz est utile a cacecie et est disposition precedant ydropisie a cause quil evacue matiere dicelle cacecie & mondifie lestomac. ¶La huytiesme est quelle confere aux ulveres des reins et de la vescie en divertissent les matieres courentes vers iceulx membres. ¶La neufviesme est quilz confere aux gens lepreux & par especial quant ledit vomissement est fait & acomplu de forte medecine vomitive comme est blanc ellebore distans & de difficile eradication desquelles est la ladrerie engendree, ainsy le vomissement corrige la premiere digestion, cest lestomac par laquelle les aultres digestions comme du foye & les veines en sont vigerees & la lepre vient par faulte de vertu digestive .ii ; ou .iii. ¶La .x. est que le vomissement est utile pour faire avoir bonne couleur en divertissant les humeurs du cueur. ¶La .xi ; est quil confere a epilence venant de lestomac en evacuant les humeurs de lestomac ensuivant au cerveau engendrent epilence. ¶La .xii. est quilz est utile a la jaunisse & par especial a celle qui vient par oppillation de cestis fellis, car par grant mouvement qui fait en vomissement la matiere oppillante se meult de son lieu, parquoy la jaunisse est guarie, semblablement par vomissement est avacuee la matiere fleumatique qui est cause dicelle oppillation ¶La .xiij. est quil confere a gens antiques en evacuant la matiere antecedente estant en lestomac qui nourrit la matiere de la disposition asmatique, & semblablement eschauffe le pomon, & les parties pectorales, lequel eschauffement é cahleur consume les superfluitez faisantes asme. Asma est difficulte dalaine & de souffle. ¶La .xviiij. chose quil confere a tremeur de cueur & a paralisie en eva
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cuant la matiere faisant icelles maladies. Et jacoit ce que le vomissement convenablement administre ayt plusieurs aydes, toutesfoys le vomissement superflu fait au corps plusieurs nocumens, car il debilite lestomac, & le ressoult & dispose a recevoir les superfluitez du corps & nuyt la poictrine et la veue et les dentz aux maladies antiques de la teste comme declaire Avicene en la .iiij. distintion du premier livre chapitre .xiiij. Au tiers metre dit lacteur quil sont quattre temps en lan, cest printemps, este, antompne, et yver, et est chose manifeste, et entre iceulx le printemps est chault & humide en le comparant aux aultres temps jacoit ce quil soit attrempe soumesme comme dit ga. au livre des complections, & sensuit que en celluy temps, cestassavoir le printemps est le plus convenable pour la saignie, car ilz multiplie plus les humeurs que tous les aultres temps. Et pource en icelluy temps doit plus hardiment habiter & lachier le ventre et baignier pour diminuer la complection du corps fait en yver, et le temps plus convenable a prendre medecine laxative. ¶La .iiij. est que leste eschauffe et deseiche le corps, et pourtant multiplie la colere rouge laquelle est chaulde et seiche, et semblablement a cause de sa complection on doit mengier en este viandes froides et humides pour obvier et oster la distemperance de la chaleur et selcheresse du corps engendree par la coplection de leste, et doyt lhomme se abstenir de baignier pour une mesme cause, et eviter le saignier tant quilz est possible se grant necessite ne constrainct a la saigniee, & doit lhomme estre en repos ou de petit travail car le repos rent le corps humide et le mouvement desseiche, et doit lhomme en icelluy temps user attrempeement breuvaiges et par especial froitz, car du boire superflu froit aulcunesfoys sensuyt subite refrigeraction de corps & paralesie ou mort subite a cause que tous les conduitz sont ouvers de laquelle mort subite & de tous aultresmaulvais accidens nous vueille garder la saincte trinite. Amen.
¶Finit le regime de sante. Sensuyt le remede de la peste.
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¶Remede contre lepydimie.
A Lhonneur et louenge de la tressaincte, et indivisee trinite, de la glorieuse et tressacree mere de dieu, et detoute la court celestielle. Pour la conservation de ceulx qui ont sante et reformation des maladies je veulx soubz la correction de mes anciens maistres et docteurs aulcunes choses tractier a la chose publique prouffitable et contre la pestilence que souvent les corps humains invadent le contraire, lesquelles choses je traicteray par ordre selon ma petite puissance en la maniere qui sensuyt. Et premierement.
¶Des signes prenosticables dicelle pestilence. Chapitre .i.
¶Des causes dicelle. Chapitre .ii.
¶Des remedes alencontre. Chapitre .iij.
¶De la confortation du cueur et des principaulx membres. Chapitre. .iiij.
¶De fleubothomie. Chapitre .v.
¶Des signes prenosticables de
pestilence. chapitre premier.
LEs signes par lesquelz on peult prenostiquer parler et congnoistre de la maladie pestilencieuse sont par ce present œuvre assignes .vii. tantseulement. Le premier signe est quant en ung mesme te(mm)ps deste le vent se change & mue par plusieursfoys tout ainsy que se au matin il appert pluvieux et apres obscur et nubileux. Et principalement procede du vent meridional, cestadire de midy. ¶Le .ii. signe est quant souventesfoys au temps de este les jours se apparoissent & se monstrent otalement obscurs en telle maniere que se plouvoir il deust, et nonobstant il ne pleust pas, laquelle disposition est a craindre, et signe grant pestilence quant le temps demeure longuement en tel estat. Le troisiesme quant nous voyons sur la terre au temps deste habondance de mouches, ce signe denote linfection de lair. Le quatriesme signe est quant les estoilles apparoissent au regart humain cheoir & partir de leurs lieux, et ce signe denote lair infect & charge de vapeurs & venimeuses. Le cinquiesme signe est quant le regart humain juge a son advis que les cometes vo
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lent, et ainsi que le philosophe declaire en metheores. Lapparition dune ocmete souvent porte signes merveilleux, et par les experiences souventesfoys veues telles apparition denote mort tresfurieuse, ravissement de citez, dandier & peril de mar, obfucation de soleil, mutatio de royaulme, torment et affliction au peuple par peste et par famine. ¶Le sixiesme signe est habondance de fouldres & tonnoirres, et principalement quant il procedent de la partie meridionale. ¶Le septiesme signe est quant plusieurs ventositez sourdent et procedent des parties meridionales, car elles sont venimeuses et immundes, & engendrent puanteur dangereuse de laquelle peult sortir une pestilence a corps humain contagieuse, laquelle griefve la creature en telle maniere que nul medein ny peult remedier fors seulement la misericorde de dieu.
¶Des causes de pestilence. Chapitre .ij.
LEs causes de pestilence sont divisees en trois, car aulcunesfois elles procede de la racine dembas, aulcunesfoys de la racine denhault, & aulcunesfoys des deux ensemble. Pestilence peult estre cause de la racine dembas come nous povons veoir quant nous avons aupres de nostre chambre latrines ou aultrs choses particulieres parquoy lair peult estre corrumpu & infect, & telle pestilence est dicte particulier & peult advenir de jour en jour, et dicelle procede une fievre pestilencieuse de laquelle plusieurs medecins sont souvent deceuz non congnoissans telle fievre estre pestilencieuse, aulcunesfois procede par la corrumption des charongnes mortes, laquelle souvent adient aux lieux corrumpuz. Et cest est aulcunesfois universelle & aulcunesfois particuliere. ¶De la raicine denhault advient souvent ceste pestilence par la vertu des corps celestres, desquelz est corrumpu lesperit vital en la creature humaine. Et de ce la parle Avicene en son quattre livre disant que la forme du ciel & par linfluence des corps celestes sont souvent & de legier les corps dembas corrumpis & infectz, car limpression celeste corrumpt lair, et par telle corruption est en lhomme corrumpu lesperit de vie. ¶De la racine superiore et inferiore, cestadire tant par linfluence des corps denhault que dembas est aulcunesfoys causee pestilence quant
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par lympression celeste lair est corrumpu en telle maniere que par putrefaction des charongnes est en lhomme maladie causee, & aulcunesfous telle maladie est fievre, & aulcunesfoys en plusieurs est apostume, car lair est aspire et attraict et souvent venimeux et corrumpu qui griefve et blesse fort le cueur parquoy nature est en plusieurs manieres debilitee et grevee, de laquelle lesion ne se peuvent les medecins apercevoir, car souvent apparent bonnes urines et bonnes digestions au patient que nonobstant ce il tend a la mort, et pourtant plusieurs medecins considerans & ayant regart seulement a lurine de leurs patiens superficiellement en parlant & sont deceuz, parquoy il est necessite ue le patient pourvoye de medecin bon et expert. Et ainsy appert des causes de la peste. ¶jouxte les choses cy apres declairees on peult demande deux questions.
¶La premiere pourquoy de ceste maladie lung meurt et lautre non, et en une mesme ville, et en une mayson meurent les ungz et les aultres non. La deuxiesme si telles maladies pestilencieuses sont contagieuses. A la premier question je dis que cella peult advenir pour deux raisons, la premiere est de la partie de laction des corps celestes lesquelz regardent plus ung lieu que lautre, la deux vient de la partie du patient, car comme ainsi que tous humains ne soient pas equalemnt complectionnez ling peult estre capable dune maladie dont lautre ne lest pas. Il est a noter que ceulx qui plus sont disposez a telle maladie ont les corps chaultz qui ont conduictz larges et porrosies ouvers remplis de plusieurs humeurs et les corps desquelz grant resolution est faicte comme sont les hommes quil mal usent & trop frequentent loeuvre de nature, ceulx qui usent de baingz ceulx qui par grant labeur ou par ire vehemente sechauffent, telles manieres de gens ont les corps plus que les aultres a telle pestilencieuse maladie disposez. ¶A la .ii. question je ditz que telle maladie est contagieuse, car des corps infaictz yssent humeurs, et deffluent fumees venimeuses corrumpant et causant infections de lair & pourtant il est necessite de fuyr ceulx qui de telle maladie sont ataintz. En temps pestilencieux fault fuyr grans compaignies de peuple, car en grant multitude en peult avoir ung infect par lequel
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plusieurs aultres seroyent corrumpuz, et pour ceste raison les saiges & expertz medecins en visitant les patiens se tiennent loing diceulx en tenant leurs faces vers la porte, ou aulcune fenestre de la maison, ainsi doivent faire les serviteurs en gardant les malades. Il est a noter que chose onne & utile pour la sante du mlade est par aulcuns jours changier dechambre ou souvent avoir fenestres de sa chambre ouvertes vers la bise, ou vers orient, et tenir les fenestres devers midy closes, car le vent meridional en soy a deux causes de putrefaction. ¶La premiere est quil debilite les corps tant sains que malades. ¶La seconde comme il est escript au .iii. livre de anfforisme. Le vent austral enfle, engrossit, griefve loye & blesse le cueur, car il euvre les conduitz porrositez de lhomme, et entre jusques au cueur, pourquoy est bon a lhomme sain en temps de este quant le vent meridional vente soy venir en la mayson tout le jour, & qui par necessite seroit contraint daller hors ne parler jusques le soleil soit hault & dessus nous luysant.
¶Des remendes contre ladicte pestilence. Chapitre troisiesme.
APres ce que nous avons veu les causes de pestilence, il convient dire et declairer aulcuns remedes et conservations contre icelle. Pour laquelle est a noter selon ledit du supernaturel et souverain medecin disant & parlant par Hieremie que pour excellente & seure medecine lhomme doit delaisser son peche, fuyr mal, & bien faire & en grant humilite & repentence ses pechez confesser, car en temps est pestilencieux confession & penitence sont a estre preferez devant toute aultre medecine. Et pour remarde & conservation du corps humain la souveraine chose est fuyr & delaisser les lieux infectz, et personnes infaictes. Mais pource que plusieurs sont qui ne peuvent pas a leur prouffit muer les lieux de leur habitation & demourance, je leur conseille de fuyr toutes choses qui peuvent produire putrefactions, & consequamment se abstenir de frequentation de femmes. On se doit aussi garder du vent qui vient de devers midy, car il est de sa nature cause de plusieurs infections & putrefaccions dnagereuses, et pour ceste cause est dit devant que les fenestres de la
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maison de la partie donc celluy vent procede doyvent estre closes jusques a heure de prime, et ouvertes devers septentrion, pourtant avons-nous dessus dit que toutes infections sont a fuyr comme charongnes pourries & infection deaues, laquelle est tresdangereuse. Il advient aucunesfoys quon garde pour lusaige de la maison les eaues troys ou quattre jours qui peult engendrer es corps diceulx qui en usent dangereuse infection. Aulcunesfoys aussi en plusieurs maysons vieilles sont goutieres ou conduictz soubz terre ou les eaues de la mayson sejournent et sarrestent et la causent telle infection que les habitans meurent, & ceulx de la prochaine habitation demeurent sains et en bon point. On dit aussi fuyr le lieu ou en vent les choulx ou les porees car les choulx pourriz et infectz de leur nature engendrent infection et odeur poult contraire. Et tout ainsu que les odeurs aromatiques confortent le cueur, ainsy par contraire les odeurs infectz le grevent et debilitent, parquoy il est necessaire pour obvier a telle infection quelle nentre en maison ne en chambre ou on repose de tenir sa mayson garnie de feu a clere flame, et des fumees daulcunes herbes, cestassavoir lauribassee, iumperii, uberi, organi quon treuve cheuz les appoticaires, absinchi, ysopi, rute, et alcimesie, et ligni aloes mieulx vauldroyt, mais il est treschier. Et soit telle fumee aspiree dedans le corps par la bouche et par les narines, car elle ratifie affermist et confrte le cueur et les narines et les entrailles dedans la personne, et pour icelle cause ou doit semblablement fuyr trop grande replection, car les corps fort replez de maulvises humeurs sont de legier corrumpuz et infectz pource dit Aviceneau canon .iiij. que ceulx qui trop grant replection appetent abregent leurs jours et la periode et fin de leur vie. Lhomme doit aussy eviter baing et estuves en grant compaignie, car une petit morceau, une maulvaise aleine peult tout le corps destruire et infecter. Et finablement tout multitude de peuple doit estre fuye, car ainsy que devant est dit une seulle aleine peult plusieurs infecter, mais pourtant quil est fort difficile aa plusieurs de soy abstenir de frequentation de gens. Ceulx qui faire ne le peuvent usent des medecines qui sensuyvent. ¶premierement quant la personne se le
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vera au matin mengeusse une petit de rue lavee en eaue nette avec ung petit de sel et une ou deux grosses noix bien ettoyees, et sil ne peult avoir lesdictes choses preigne une rostye moillee en vinaigre et principalement en temps nebuleux, & vault mieulx en temps de peste demourer en la mayson que aller hors, car il nest pas chose saine aller parmy la ville. Soit aussy la mauson arrousee de vinaigre de roses et fueille de vigne principalement en este. Bonne chose est laver ss mains deaue et vinaigre et apres odorer les mains. Il est bon yver et este odorer choses aigres laquelle chose jay approuve a montpellier, car comme fut ainsi que par cause de ma pouvrete je naye pu eviter la communite de gens mais aloye de mayson en mauson pour guarir les patiens javoye une esponge ou du pain moullie en vinaigre lquelle chose je tenoue au pres de ma bouche et de mon nez, car toutes choses aigres remplissent les conduitz et deffendent choses venimeuses de entrer dedans & par ce moyen jay evade la peste nonobstant que mes compaignons ne esperoyent pas que vif eschapeese, mais tous ceux remedes faisoie.
¶De la confirmation du cueur & des principaulx membres. Chapitre .iiij.
LEs confortemens du cueur son saffran carnifer, plantain, avec aultres herbes qui ratiffient & consolident lesperit inteigre. Ces choses valent principalement en vulgaire communite ou advient souvent quelong est infaict de lautre parquoy fault fuyr les aleines. Sachiez que les yeulx par linfection de lair viennent de legier obscurs son ne porte dessus luy les choses dictes. Chose saine est laver souvent le jour ss mains, bouche, face, et yeulx deaue rose et vinaigre, & qui ne trouve ces choses preigne vinaigre, et si est tel remede laxatif utile pour le ventre, et se naturellement telle laxation faire ne se peult soyt fait artificiellement par ung supositoire, et a ce faire valent moult bonne pilulles pestilencielles quon trouve vers les appoticaires. Soit aussi la mayson entretenue de feu, car le feu grandement empesche limpression celeste et clarifie lair. Au regard des viandes je dis que en especial le triacle est fort utile tant aux sains comme il est aux malades, et
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pourtant il est bon de en user deux foys le jour avec vin cler, ou avec eaue rose, ou cervoise a la montance de deux cuilliers et doyt estre ledict triacle du tout au vaisseau bien destrempe. Et apres ce que la personne beuvra cela prins il se doit bien abstenir de toutes aultres viandes jusques au midy, affin que ledict triacle puisse dedans le corps excercer ses operations. Bonne chose est une foys le jour user de bonnes viandes & vin pur non pas trop, il sengenderoit putrefaction de humeurs. Viande qui causent chaleur sont a fuyr, comme poyvre & aulx, nonobstant que le poyvre purge le cerveau de fleume & les especiaux membres de superlues humeurs visqueuses, non pourtant a locasion de la chaleur qui engendre putrefaction plus en plaist lamertume que saveur. Les aulx aussi nonobstant quilz purgent les fleumes & mettent hors les maulvaises humeurs & si esmeuvent lappetit, & reboutent lair non pourtant pource quilz perturbent les yeulx & eschauffent lateste de celluz qui souvent en use il ne semble pas sain ne plaisant a user. Et pourtant que pestilence par cause de chaleur est souvent augmentee, toutes viandes de facile digestion sont plus saines, et au matin bon de prendre viandes boullies, & au soir rosties, broueetz & chaudeaux silz ne sont mistionnez de aigre sont plus prouffitables, car en temps de peste les viandes aigres sont plus utiles au corps que toute aultre medecine. Tous fruictz sont nuysibles sil ne sont aigres comme cerises, pomme grenate, ou lieu de medecine ung petit de pommes ou de poires, car tous fruictz engendrent putrefaction. Les espices communement prouffitables en temps de peste sont cynamomme, gigembre ciminum flores, muscatorum, & saffran, de telles espices peult on faire saulce pour gens riches. Les pouvres prengnent pour leur saulse rue, saulge, nuces gallicas, & percil, & tout broye et destrempe de vinaigre, & silz sont de moyen estat ilz doyvent prendre saffran et cymium & mettre parmy aigre, car tele saulse vault moult, et deffend toute putrefaction, & avec ce soy tenir joyeulx sans melancolie. Pourtant ne doit nul en temps de peste craindre la mort, mais doit vivre chescun en esperance de longuement vivre.
¶De fleubothomie.
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FLubothomie peult une foys le moys estre faicte se voyage ou aultre chose ne le deffend comme a pelerins, ou a aulcuns debiles de nature, ou malades de flux de ventre. Et se fleubothimie faicte en la baselique dextre ou en la senestre devant que la personne prengne refection corporelle deviande, et apres lincision la personne doit estre & se tenir de dormir le jour que la baselique est isscisee. Et se aulcun se sentoit ja greve dapostume, ou infect il doyt fuyr le dormir, querant compaignie joyeuse, ou cheminer, car en dormant la chaleur intrinque appelle & attraict a soy le venin au cueur, et aux principaulx membres en telle maniere que a peine peult on par herbes ou aultresmedecines restaurer ne mettre en ce premier estat le corps de la personne, laquelle chose ne aviendroyt pas si se nestoit par cause de dormir. Et qui vouldroyt faite telle question, cestassavoir la personne est prinse de dormir naturel sil doyt dormir ou non. A celle question je respons que se lhomme apres la refection en temps pestillencieulx vouloit ou appetoit dormir il le doit differer en cheminant par aulcune espace en aulcun lieu paisant comme champs ou jardins. Et apres pourra naturellement dormir ar lespace deune grant heure. Et a ce propos dit Avicene que quant lhomme veult ainsy dormir il doit boire aulcun bon vin ou aultre breuvaige car lhomme en dormant peult attirer plusieurs maulvaises humeurs lesquelles sont repellees par le bon breuvaiges estant tau corps de la personne, mais aulcun peult mouvoir ung doubte tel, cestassavoir comme la personne peult sentir & apparcevoir quant il est touchie ou attaint de pestilence. A laquelle question je respons que lhomme qui est infect pour celluy jour ne mengera que bien petit, car il est replet de maulvaises humeurs, & bien tost apres quil a prins sa refection il desire le dormir et soubez une espece de froit il sent chaleur vehemente avec ce la teste deult en la partie de devant ; lesquelles choses peuvent estre revoquees par soy mouvoir ou cheminer par aulcune espace, car chevauchier ou fort travaillier par chemin ne peult lhomme pour la pesanteur du corps, mais appete en chescune heure dormir, car le venin intrinseque qui
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est dedans le corps perturbe lesperit vital tellement quil ne quiert que repos, et par les signes dessusdictz peult lhomme apparcevoir quant il est infect de peste, et qui croire ne le vouldra attende lespace de demy jour et il trouvera par experience que tantost sentira apostumes soubz les bras, autour des oreilles, ou au parties dembas vers les espaules, au col, ou au dessus des reins. Cest donc le souverain remede en temps de peste est fuir le dormir, car quant lesperit repose le venin lespart par les membres, lesquelles choses jay de moymesmes experimentees & esprouvess, et pourtant quant lhomme se sent frappe de peste il doit celluy jour faire evacuation et axtraction de sang en grande habondance car la petite diminution de sang esmeut et excite le venin, et qui ne vouldroit faire de plusieurs veines incision on doit par une faire evacuation pour la cause dessudicte, et lhomme qui de sang fait evacuation soit saint ou malade il doit fuyr le dormir pour les raisons dessusdictes, et sil a aulcune apostume il se doit faire inciser la veine de la partie du corps ou elle tient et non pas de lopposite partie pour cause apres assignee. Pourtat se lapostume tient soubz le dextre bras soit faicte incision en la veine du milieu du bras ou tient la maladie, et selle tient au senestre soit fait pareillement et se la postume tient embas vers les parties honteuses soit fait fleubothomie au pied dicelluy coste vers le gros orteil. Se la postume tient au col soit fait en la main dudict coste jouxte le poulce et jouxte le petit doig. Mais se lapostume aparoist au pres des oreilles de cephanica en la partie ou est le mal soit faicte fleubothomie de la veine qui est entre le poulce et le doig dempres pour le cerveau ou de la veine qui est jouxte le petit doig quon nomme basilica. Se lapostume apparoit aux espaulles soyt diminue sang par ventositez. Et premier de la veine mediane selle apparoist au dossoit diminuee sur predica magna, et soyent ces choses se lhomme na dormy devant la congnoissance de lapostume, mais se lapostume est sentue apres dormir dominuation de sang doit estre faicte en croisee, cestassavoir se lapostume apparoyt au bras dextre soit fleubothomie faicte au bras senestre de la veine du foye ou de la baselique ou mediane, et se lapostume se apparoit au bras
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senestre soit fait comme au dexte, et consequemment de tous les aultrs membres tousjours en lopposite parte. Et se le patient apres telle diminution de sanf soit debilite, il peult dormir apres myjour mais a myjour il doit estre en cotinuel mouvement soit en cheminant ou chevauchant modereement, et se lapostume croist lhomme ne doit riens craindre, car telle apostume est cause de la sante, et affin que telle apostume soit plustost meure et rompue faictes la medecine qui sensuyt. Broyez fueilles de seur et ung peu de moustarde, et soit faicte emplaster pour bouter sur lapostume. Aulcuns cyrurgiens y veulent adjouster du triacle, laquelle chose je deffens sur tout, car la nature du triacle est derepeller le venin, et pource seroit cause de le faire entrer dedans le corps, pource seroit meilleure chose que le patient en beust pour le venin contraindre a saillir hors. ¶Autre rmede pour apostume meurir. Prenez de lherbe qui sappelle selon les medecins barba jovis, sepilum plataginem et modicum de siligine, et broyez tout ensemble tant que leaue en saille, puis destrempes du laict de femme et donnez a boire au patient a cueur jung et devant dormir, car adonc exercera la medecine son oparation plus vertueusement.
¶Item celluy a qui apparoistra laspotume preigne avelaynes, figues, et rue, et de ce face emplastre, puis mette sur lapostume. Et a tant suffit.
¶Qui seon les choses dussudictes se vouldra gouverner il pourra evader les dangiers de la pestilence alayde de dieu
¶Cy commence le chapitre pour congnoistre les urines, selon lopinion des medecins
tresexpers en lart de medecine.
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SE tu veulx congnoistre les urines du corps humain il te fault premierement regarder se lurine a grant escume par-dessus. Et au fond tu verras ung sercle et adonc doit savoir que sont ventositez aux entraillez et aux reins. ¶Item quant tu verras urine plaine comme de spin elle signifie douleur aux reins. ¶item quant tu verras urine grande et clere comme eaue elle signifie virginite dune pucelle. ¶Item quant tu verras en lurine de petites flammettes, et petites estincelles comme il appert en la ray du soleil luysant parmy la mayson signifie maulvaises humeurs en lhomme, et en la femme engrossement, et maulvaisement se icelles petites estincelles ou flammettes sont rouges. ¶Item quant tu verras urine rouge laquelle aura couleur de vin rouge et au fond apostume signifie que le malade souffrira mal en tout le corps et grant douleur. ¶Item quant tu verras urine descoulouree, et au milieu obscure signifie que fleume habonde en luy sans fievre, et doit avoir le ventre enfle, douleurs de reins, de costez, et en la teste, et se telle urine est de femme elle doy souffrir douleur au nombril au reins et aux genoilx, et doit avoir piedz et mains froitz. Et a telz pourras survenir en telle maniere & leur donner a boire de von vin destrempe avec eaue chaulde, et en icelle eaue soit mise saulge cuyte, et leur en donnez demy once au matin, et luy faictes baing de poulliot royal, et de camamille, et des fueilles de laurier, et iceulx homme ou femme fault estre par grant piece ou baing et oignes les reins et le ventre dicelles avec huylle de laurier.
¶Cy finist le chapitre pour congnoistre les urines.
¶Remede tresutile pour ceulx qui ont la maldie appellee en hebreu malfranzos, et en latin variole croniqua, et en francoys la grosse verolle.
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¶Remede pour la grosse verolle.
JE trouve que ceste maladie a regne en lan de la creation du monde deux mille. CCC. xxx. et .vi. Et maintenant je dis que la conjunction de deux infortunes de saturne & de mars esquelz elle avoir son cours et la conjunction et maulvais regard desdictes planettes si fut en son commencement .mil quatre cens. lxxxxvi. le .vi. de janvier en la tierce face appelle piscis, laquelle infortune & maulvais redard desdictes planettes imprimist dedans le corps humain dispose a corruption ceste maladie devat dicte, car saturne est cause de la passion du mal des jmabes et aultres membres. et mars est cause dengendrement ainsi quil est dist. In libro qui inicium sapiencie est nomme chapitre .iiij. de la nature et signification des planettes. Pource je dis que leffect de ladicte conjunction est cause de ceste maladie laquelle est passee et ne reviendra plus, car lan mil. CCC. lxxxxviij. les dessudictes planettes se conjoindroient en tout leur signe contraire en quoy estoient, pourquoy le premier est apparu, & sil advient que aucuns ayent ladicte maladie de nouveau ce nest pas par linfluence de la constellation, ne par linfluence de maulvais regard de ladicte maladie de nouveau ce nest pas par linfluence de la constellation, ne par linfluence de maulvais regard de ladicte conjoinction, mais cest a loccasion que la maladie de sa nature est contagieuse. Et ceulx qui font et tiennent bon regime en seront gueris en brief temps, car ceste passion est cronique de longtemps et etandue de la nature de saturne, et les pustulles, roignes, vessies, et goutres interieuses et exterieuses lesquelles sont de nature de mars seront en brief gueris, toutesfoys selon ceste matieres quattre choses sont a considerer. ¶Premierement que les malades ne doyvent pas user de grant sobriete de boire ne de mengier, car de soy abstenir fait les malades trop debilitez de nature, affoiblissent les corps, mais il fault mengier viandres de legiere digestion, & boire bon vin doulx avec eaue de pluye. ¶Secondement se doyvent purger une foys ou deux la sepamine avec pilulle convenables a purgier le chief, pource que de la tesete procede ceste maladie qui est maladie saturnique. ¶Le tiers est pour oster la maladie et douleur des membres. Il se convient oindre dhuyl
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le de terbentine mesle avec huylle damandes doulces. ¶Le quart prendre chescun matin du laict de femme et le succer, car il est plus convenable ou prendre laict danesse, ou de chievre, et que lesdictes bestes soyent nourriez selon lusaige de medecine, la maniere de le prendre est la mamelle, et la raison en telle, car en ceste maladie prensente y a troys choses, cestassavoir ulceration saignee et consumption. Cleration doit estre solidee. saignee doit estre mondifiee. et la consumption doit estre nourrie et restauree. Et maintenant dieu tout puissant a cree une tressouveraine medecine ou sont ces troys choses, cestassavoir le laict en quoy est nature mondifiee et astergee, et le fromaige procede du laict consolide, et le beurre qui est dedans ledict laict nourrit et repare ladicte consolidation. Pour quoy je infere et ditz que ceulx qui en useront du matin a jung sen trouveront bien et plustost seront gueris et viendront a sante au plaisir de nostre seigneur Jesucrist auquel je prie quil vueille donner sante et guerison a ceulx qui ont ladicte maladie, et quil en vueille preserver garder et deffendre ceulx qui ne lont pas eue, et a chascn diceulx donnee pour heritaige le royaule de paradis, auquel nous vueille conduire sa tressacree et glorieuse mere. Amen.
¶Cy finist regimen sanitatis en francoys. Le remede contre la peste. Ung petit traicte urines. Et un remede contre la grosse verolle. Imprime a lyon par Claude nourry le .xi. jour de may. Lan mil cinq cens & .xiiij.