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et par conserquent devient plus fumeux. Et de celuy vin entend le docteur Avicene au chapitre du regime de leaue & du vin souvent allegue quant il dit, que le vin limphe enyvre plustost que ne fait le vin pur. ¶Le sixiesme est qui fot estinceller en le versant dedans le verre, comme est dessus declaire. ¶Le septisme est prins de la partie du beuveur, & non pas de la partie du vin, & est qui doit estre prins attrepeement, car par ce moyen il aguise lentendement de lhomme. Et des choses dessusdictes on peult conclure que le vin plus eligible est meilleur au regime de sante est le vin moyen entre nouveau & antique cler declinant a rougeur de bonne odeur, & de bonne saveur, qui ne soit point aigre, ne agu, ne doulx, ne fumeux, ne gros, ne fort subtil, mais soit de moyenne vertu, & qui ne soit pas creut en montaigne graveleuse, ne en terre du tout equale et labourable, maissoit creut en terre monteuse devers midy descouverte & en region ne trop chaulde ne trop froide. Et sont icelles conditions en partie prinses de Avicene en la troiziesme distinction au chapitre allegue. Environ le regime du vin selon les egaes trois reigles sont a noter mises par Avicene au chapitre dernier allegue. La premiere est que donne aux enfans du vin est conjoindre le feu avec le feu en boys debile, a cause que les enfans sont fort tendres & faciles a enflammer pour habondance de leur chaleur naturelle & ont les nerfz debiles & le cerveau, & adonc le vin les blesse en plusieurs manieres, cestassavoir par legiere inflammation, par tendrure de cerneau par penetration tresfacile, & par effumation copieuse. Doncques quant on donne aux enfans du vin a boire on adjouste flamme avec flamme au corps de lenfant qui est de petite resistance comme sont les estoupes ardantes dedans le feu. ¶La .ii. reigle que on peult donner a lhome vieulx du vin autant quil en peult boire sans le grever, cesassavoir autant quil en appete dappetit naturel, car comme les houseaulx ou souleirs secz & durs se revoulle par unction faicte de huyle, semblablement les cueurs des gens vieulx de boire bon vin, comme vin de beaune, car ilz sont froitz melancoliques & le vin les eschauffe & &ont les espritz tercestes, & le vin les resjouist & reprime leur melancolies & communement nont point de repos la nuyt, & le vin provoque le repos
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en eulx, ilz sont enclos a oppillations lesquelles sont ouvertes par le vin. Et pari ainsi comme le vin est fort contraire aux enfans, il est aussi fort utile aux gens vieulx. ¶La .iii. est que les gens jeunes doivent prendre vin attrempement, cestassavoir attrempement en quantite & moderement limphe, car jacoit ce que les vieulx soyent chaulx comme enfans, toutesfoys ilz ont les membres plus endurcis et le cerveau et les nerfz plus fors, parquoy ilz resistent mieulx aux inconveniens & nocumens du vin dessus declaires.
¶Textus.
¶Non sit actosa cervi si a : sec bene clara
De validis cocta gravis satis ac veterosa.
¶Exposition.
¶En ce texte sont declairees .v. proprietes environ lelection de la cervoise. La premiere est que cervoise ne doit pas estre aigre, car les choses aceteuses nuysent lestomac a cause que vinaigre nuyt aux nerfz comme dit Avicene en plusieurs passaiges a lorifice de lestomac est nerveux. La .ii. que la cervoise doit estre clere, car cervoise trouble estoupe les conduitz du corps & nuyt aux gens gravelleux et engraisse & fait inflacion & courte alaine & engendre grande quantite de flumes. La .iii. que la cervoise se doit faire de bons grains sans corruptions quelconques comme sont orges, froument, & avaine, car tant meilleurs sont les grains detant vault mieulx la cervoise. La .iiij. que la cervoise doit estre bien boullie a cause quelle se digere mieulx, & est de nature plus amiable a lestomac, & les inconveniens que fait la cervoise sont plus facilles a corriger, car cervoise al boullie negendre ventosites, torsions, & inflations au ventre, & collique passion. La .v. que la cervoise doit estre ancienne competemmnt, et purifiee de ses propres lyes car la cervoise recente ou nouvelle en gendre iceulx mesmes inconveniens que fait la cervoise mal boullie et avec ce de legier fait lhomme avoir une passion nomme strangurie, cestadire empeschement de bien uriner.
¶Textus.
¶De qua potetur stomachus non indegrauetur.
¶Exposition.
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¶En ce texte declaire lacteur ung enseignement environ la cervoise. Etestque celluy qui use de cervoise pour son boire en doit prendre par quantite atrempee sans grever son estomac & sans senyvrer, car lyvrogenete qui vient de la cervoise est pire que celle qui vient du vin et de plus longue dure, car les fumees & vapeurs venant de la cervoise efleures au cerveau & sont plus grosses & plus difficiles a evacuer que celle qui vient du vin. Et est a noter que au convenable de prendre pour son boire ung petit de cervoise que prendre du vin. La raison si est, car au commencement du repas le corps et lestomac sont fort affames & a lestomac attire en luy humeurs putrides, et pourtant se le vin est prins au commencement du repas a cause que nature se delite en luy & est grandement nutritif, nature avec le vin attire les superfluites corrumpues estant en lestomac attirez par lestomac famelique par tout le corps, laquelle chose ne fait point nature de la cervoise. Semblablement la cervoise lave les humeurs adherentes a lestomac. Et icelle cause les medecins conseillent quant lhomme fort affame de provoquer vomissement avant que prendre sa refection pour evacuer lessuperfluites attires de lestomac affame, sans les mesler avec la viande, pareillement celluy qui crainct la soit par trop boire du vin doit boire de la cervoise, car elle amortif mensongiere. Et est appellee soif mensongiere, pourtant quelle procede de la chaleur du vin prins excessivement.
¶Textus.
¶Temporibus heris : modicum prendere iuberis
Sed calor est atis dapibus nocet immoderatis
Antumni fructus caueas ne sint tibi luctus
De mensa sume : opertum uis tempore brume.
¶Exposition.
¶En ce texte lacteur declaire la maniere de prendre la refection selon laquantite diverse consonante ou convenable es quattre parties du temps de toute lannee, cestassavoir le printems, leste, antonne, et yver. Et dit le texte que en printemps on ne doit guaires mengier a son repas, comme dit Avicene en la seconde distinction de la seconde doctri
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ne au .vi. chapitre & semblablement en la .iii. du premier. doctrine .v. au chapitre du regime du temps dyver avec letification de lait. La raison si est selon Avicene en icelluy cha. car les corps en icelluy temps, cestassavoir en yver sont de petite excercite & sont prives quasi de resolution ou evaporation & humeurs crues sont multipliees, & par especial ung fleumatique par sa complection naturelle semblable a la fume, & sont icelles flumes serrees dedans le corps par froidure du temps. Et le printemps qui survient consume & deslie les humeurs indigestes, retraictes, & unies es parties interiores fait reprendre par tout le corps, et pourtant nature en icelluy temps est occupee environ la digestion desdictes humeurs. Et par consement son prenoit en printemps grande quantite de viande, nature seroit advertie, & a grant peine pourroit digerer lesdictes humeurs flumatiques, car par icelles humeurs & grande quantite de viande prinse en printemps nature seroit grevee & ainsy telles humeurs deouroient au corps indigestes & seroyent cause de grande maladie au corps humain. Et pourtant fault il grandement se donner garde de prendre grande quantite de viande en printemps, car soubrement mengier en celluy temps est une des choses principales preservante lhomme desmaladies qui surviennent en printemps comme dit Avice. au cha. allegue. Et est iceluy enseignement veritable par especial de puis la my printemps jusques a la fin & non pas du commencement a cause quil est semblable a lyver, & pource peult lhomme prendre sa refection comme en lyver, & se doit ainsi entendre quant le printemps trouve le corps remply dhumeurs fleumatiques et indigestes, car se le printemps trouvoit lhomme attrempe en ses humeurs il pourroyt prendre sa viande en quantite selon la chaleur naturelle & disposition de son corps car adonc est prive le corps de la cause faisant diminuer la viande. Et icelle sentence a voulu ypocras en la premiere partie des anfforismes quant il dit. Le corps humain en yver et en printemps est de forte chaleur naturelle, et la nuyt de petit repos. Et pourtant en clluy temps les viandes doyvent estre grandes, car la chaleur naturelle est bien forte, donc luy fault il plus grande nourriture. ¶Secondement dit lacteur que de grande quantite de bonne viande prinse en este nuyt a cause que la vertu digestive est
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debile, car les esperitz et la chaleur naturelle qui sont les instrumens de toutes operations son debiles & remis par la grande chaleur exteriore remettant & attitant es parties de dehors & pource ne peuvent digerer grande quantite de viandes. Et environ ce est a notee que a cause de la grande diminution des humidites des membres, & des humeurs du corps faicte en este plus grande quantite & plus grosses viandes doyvent donner que se la vertu estoit souffisant a digerer telle viande & telle quantite, mais cest a cause quelle ne peult en ung repas digerer grande quantite, souvent & petit convient prendre ta refection comme dit galien en la premiere partie des anfforismes au comment dicelluy canon. Quibus semel aut bis &c. ou il dit. En est on doit prendre sa refection souvent a cause de la continuelle & grande resolution ou diminution de lhumeur radical petit a cause que la vertu naturelle est debile, et jacoit ce que en este petite viande est convenable au corps, toutesfoys grande quantite de boire nest point deffendu, car la resolution est tresgrande, et la seicheresse du corps et la chaleur excede les humidites et le corps est plus sitif que en aultre temps, mais pour eviter linconvenient de la chaleur du vin, lequel qquant il est fort vineux est de legiere flamation, et par consequant brule le foye, et le polmon, et fault adjouster habondance deaue selon la chaleur du vin. ¶Tiercement dit lacteur que en antonne on doit fuir & eviter les fruitz & par especial dicelluy temps comme sont raisins, pesches : figues & leur semblables ou au moins on nen doit guaires mengier : car iceulx fruitz engendrent sang dispose a putrefaction a cause de rbulition quilz font es corps humains : & par especial se lestomac est indispose ou lhomme comme il advient communement en temps dantonne pource en antonne sont maulvaises maladies comme sont varioles et morbiles. & maladies pestilentieuses. Et pour scavoir plus ample declaration du regime du boire & du mengier en temps dantonne : est a noter que en antonne on doit eviter la fain & la soif & en grande replection en ung mesme repas comme veult rasis au .iiii. dalamsor au chapitre du regime du corps selon les quatre temps. Et oultre au vin que on boit en antonne doit estre grande quantite deaue mesle pour humecter le corps, & re
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primer la chaleur, mais non pas en si grande quantite comme en este. ¶Quartement il dit que en temps dyver on doit prendre viande tant que nature peult supporter, cestadire plus que en tous aultres temps, & icelle mesme sentence veult Avicene en la .iii. distinction au premier livre au chapitre nomme. Et Galien au comment dicelluy anfforisme Quibus semel aut bis. ou il dit que en yver on doit prendre grande uantite de viande en ung repas. La raison si est, car la chaleur naturelle en yver est grandement forte pourtant quelle est fortifiee par son contraire, cestassavoir par le froit exteriore avironnent nostre corps. Et se doit entendre es corps robustes et chanis & non pas en corps maigres et debiles, car en iceulx corps la grande froidure de lyver est fort contraire, comme veult ypocras en la premiere partie des anfforisme quant il dit. Ventres hyeme & vere calidissimi sunt natura. Lequel anfforisme que viandes grosses et difficiles a digerer sont plus convenables en yver quue en aultres temps, car la chaleur naturelle est plus forte & le vin est plus convenable en icelluy temps destre rouge & mettre avec ung peut deaue. oultre est a noter que jacoit ce que en aynt consideration a la chaleur naturelle et a la force digestive que en yver on doit mengier viandes grosses & difficiles a digerer, toutesfoys adonc sont les corps disposes a oppillations & replections par habondance de flume a cause que cest choses plus convenable de mengier viandes moyennes, comme sont chairs de mouton ,de veaulx, chievres, brochez, perchez, et escrevisses, et ceulx qui mengent viandes grosses comme sontchairs de beuf, de porc et de cerf, et semblables doyvent estre content dune refection le jour, ou leur convient user souvent de choses laxatives & appetitives comme sont persil, creson, ache, & semblables, & de fait fort excercite.
¶Textus.
¶Salvia cum ruta. faciunt tibi pocula tuta
Adde rose florem minuit potenter amorem.
¶Exposition.
¶En ce texte lacteur declaire deux remedes qui corrigent la malice du boire ou breuvaige. ¶Le premier est saulge de laquelle les fueil
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les mises dedans ce quon doit boire corrige la malice par sa propriete & aussi elle a vertu de conforter les nerfz & le cerveau, lesquelz quant ilz sont confortes ilz resistent mieulx contre les fumees du breuvaige maulvais disposes de monter au cerveau. ¶Le second remerd est rue, de laquelle semblablement les fuelles entieres mises sans les froier dedans sont boire, corriget par leurs proprietes & chaleur la malice de ce que on doit boire. Et de la rue comment elle a propriete contre venin, comme par avant a est declaire en ce texte. allea nux cirta. En apres dit le texte que avec icelles deux medecines peult on adjouster le fleur de la rose, & par especial de la fleur de rose rouge laquelle par sa vertu aromatique & stiptique corrige la malice du boire.
¶Textus.
¶Nausea non poterit quenue uexare marina
Antea cum vino mixtam si sumpserit illam.
¶exposition.
¶En ce texte met lacteur ung remede contre la disposition nauseative, ou contre vomissement qui vient de nagier sur mer a ceulx qui nen sont acoustumes, et dit que celluy qui doit naigier sur mer devant quil entre dedans la navire doit mesler en son vin par aculcuns jours de leaue marie & icelluy remede est pour les riches, & les pouvres doivent boire eaue marie pour eviter le vomissement. La raison si est, car leaue marine est salee, & par salure & stipicites qui ensuit la salure clost lorifice de lestomac & appaise le vomissement. Et environ ce est a noter comme veult Avicene en la .iii. distinction du premier chapitre du regime des cheminans par mer, & dit celluy qui chemine par mer ne se doit point enforcier de retenir au commencement le vomissement, mais le laisse durer tant quil soit bie purgie, par le vomissement, car icelluy vomissement preserve de plusieurs maladies et gaurist ou allege greves et grandes maladies, comme lepre, ydropisie, & appoplexie, froideur, & inflation destomac comme veult Avicene en la .iii. distinction du premier livre en. la .ii. doctrine, chapitre .ii. Toutesfoys se le vomissement debilitoit fort le chemineur de mer a cause quil est superflu il doit restraindre en mengant fruitz stiptiques & aigres comme sont pommes de coing, & pommes
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de calpendu, et pommes de grenates aigres, par lesquelles lorifice de lestomac est conforte par iceulx fruictz resiste de recepoir les humeurs esmeulx et fluantes a luy de lagitation et commotion des undes. On peult prendre de la semence de ache brulee avecques bon vin, ou on peult mengier ou boire du fort. Semblabelement pain mengie brule et mouille en vin bien odorant vault a ce mesme. Et universallement valent aux viateurs & chemineurs de mer toutes choses aigres & aceteuses, a cause quelle confortent lestomac, & aussi valent viande qui deffendent les vapeurs et fumees de attaindre au cerveau comme sont lentiles cuytes en vin ou en verjus.
¶Textus.
¶Salvia, sal, vinul, piper, allea, potrosilinum.
Ex his fit salsa nisi sit commixtio salse.
¶Exposition.
¶En ce texte si est declaire la maniere de faire une saulse commune se en la table deffaillent les saulses especiales, comme il sensuit. Et pour icelle mesme saulse sont mises cinq medecines desquelles on peult faire saulse. ¶La premiere est saulse de laquelel on larde ou on farcist les chairs rousties ou boullies, comme les oyes soyent boullies ou rousties, car universellement les oyes rousties ou pourceletz sont amplis de saulge, pour extraire et deseicher en partie leurs humidites et viscosites, et affin que les chairs ayent odeur et saveur de la bonne saulge. Toutesfoys apresq uelles sont rousties la saulge doyt estre ostee. Semblablement de la saulde se fait une aultre maniere de saulse pour les gens de labeur, ou gens communs a menger oyes broyes en ung mortier des aulx avec saulge pour oster en partie le goust des aulx. ¶La seconde est sel avec vin et est saulse des gens bien riches, & des gens nobles : car iceulx quant ilz nont pas de la bonne moustarde ou de bon vertus ilz font mixtionner le vin avec ung bien petit de sel pour leur saulse. ¶La tierce est poyvre et est saulse de gens de labeur & meslent le poyvre avecques des feves ou pois. Semblablement de pain rousty avecques cervoise, ou vin, et avecques poyvre se fait une maniere de saulse
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noire appellee saulse de poyvre mesle au plat avecques la chair ou poisson. ¶la quart sont aulx, desquelz semblablement est faicte saulse des gens de labeur, & meslee avecques froumaige mol & laict ensemble, pilee & le mengier avecques leurs viandes rousties ou boullies. La .v. est parsil, duquel les feulles pilees avec verjus ou vin blanc est faicte sause verde a mengier viandes rousties. Et est a noter quil fault faire la saulse selon la disposition detous, car es este les saulses sont composees de choses froides, ou de petite chaleur, & en temps froit son faictes de choses chauldes donc les matieres des saulses convenables en est sont verjus, vinaigre, jus de lymons de grenates avec sucre et eaue de rose et aulcunesfoys on adjouste ung petit de sepillum, ou de persil pour obtemperer la froideur diceulx, les matieres des saulses convenables en yver sont moustarde, gingimbre, poyvre, canelle, gerofle, aulx, saulge, mente, persil, vin, brouet de chairs, et vin aigre foible tirant a nature de vin. Et es temps moyens ne trop chaulx ne trop froitz ont fait saulses de chaleur et froidure attrempee. ¶Secondement les saulses sont diverses a cause des viandes pour lesquelles sont faictes, car viandes diverses demandent saulses diverses comme doyvent scavoir les cuysiniers des seigneurs, car saulses competantes au chairs de mouton, de veau, et chevrot est saulse verde faicte eneste de vinaigre ou verjus avec petit despisses sans aus, et avec ung petit de persil et gingimbre blanc, et verjus, et pain rousty en vinaigre. En yver se fait avec plusieurs espisses, & petite quantite daulx, et de von vin, et petit de verjus, ou on se contente de moustarde. Saulses pour chairs de beuf bouillies est poyvre bouilly avec eaue, en lquelle on mesle du pain rousty et du brouet de la chair, et petit de verjus, et icelle saulse est ainsi convenable aux chairs de porc. En yver semblablement la chair du porc se peult mengier comme en este et avec vinaigre & persil au commencement du repas, et se icelles chairs sont mises en pastes et par especial chairs de beuf et e porc en yver on y adjoustent oignons blancz avec pouldres despices doulces en petite quantite. Et en este sans oignons, et avec bon verjus, ou avec petis oignons en petite quantite. Et se
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les pastes sont de chairs plussubtilles, & de facile digestion soient sans oignons, mais en est laict damandes avec verjus & ung petit despices doulces & en la fin ou peult adjouster ung œuf ou deux ou plusieurs casses avec verjus, & en yver quasses avec vin avec plus grande quantite despices. A la chair des conins rosts & de poulles jeunes, saulse convenable est faicte de canelle & de mie de pain avecques verjus, en este & en yver vin. Aux chairs de porcz rostis, saulses competante est la liqueur venant de la chair qui rostit meslees avecques vin & oignons en yver. Et en este saulse verde dessus notifie. Aux chairs de faisans, de coulons, & turturelles nont besoing de saulses quelconques fors que desel. Aux chairs de cahpons & poulles boulis saulse convenable est le brouet, petite quantite despices doulces, & par especial en yver, & en este le seul brouet avec d verjus. Mais aux poulles gras & chapons mis en paste saulses quelconques ne competent fors que pouldre de menues espices doulces. ¶Les poissons dautant quilz sont de plus grosse chair & difficile a digerer et de plus grande superfluites & plus humide nature daultant leur competent saulses plus chauldes & plus agues. Et icelle reigle semblablement si est variable de toutes manieres de chairs alequivalent, cestadire selon quelles sont grosses, ou quelles sont de legiere digestion. ¶Textus.
¶Si fore vis sanus ablue seve manus
Latio post mensam tibi confert munera bina.
Mundificat palmas & lumine reddit acuta.
¶Exposition.
¶En ce texte sont declarees quattre choses venantes de laver les mains pares la refection prinse. ¶La premiere est que la palme de la main est purifiee des vapeurs & fumees de la viande. ¶La .ii. chose est que tel lavement aguise la veue accidentalement a cause que les mains sont les instrumens a mondifier les yeulx & a ce est chose utile & prouffitable davoir les mains blanches & nettes.Et a ce a este declaire paravant au texte. Lumina mane manus & cetera.
¶Textus.
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¶Panis non calidus : nec sit nimis inveteratus.
Sed fermentatus, oculatus, sit bene coctus.
Modice solitus : frugibus ualidis sit clectus.
Non comedas crustam coleram qui a gignit adustam
Panis salsatus. fermentatus bene coctus.
Purus sit : sanus qui non tia sit tibi vanus.
¶Exposition.
¶En ce texte declaire lacteur deux choses pour eviter touchant le pain. ¶La premiere est la chaleur, car on ne doit pas mengier pain chault, poirtant le pain chault est nuysible a nature humaine comme veult Avicene au .ii. canon au chapitre du pain. Le pain chault nest pas convenable a nature, & prendre du pain venant du four est maulvais, a cause quil est fort oppillatif & de forte digestion. Et apres dit Avicene que le pain chault fait avoir soi par sa chaleur, et demeure en la superiore partie de lestomac par son humidite vaporeuse, & est de maulvaise digestion, & tardif a descendre. Et jacoit ce que le pain chault ne soit pas convenable pour conserver sante uant au mengier, toutesfoys lodeur du pain chault est grandement utile, car il relieve lhomme des sincopes & est possible a aulcunes gens vivre de seul odeur du pain chault. Le second que on ne doit pas mengier pain de long temps cuyt, pourtant quil est nuysible a nature humaine et nest pas nourriture convenable pour restaurer le corps, car il deseiche le corps & engendre humeurs melancoliques. Et sensuyt que le pain que on mengeue ne doit pas estre chault ne par antiquite endurci, mais cuit du tout devant. En aprés sont declaires .v. conditions que doit avoir le pain. la premiere que le pain doit estre fait au levain comme veult Galien au premier livre des elemens quant il dit. Le meilleur pain pour digerer est celluy qui est bien fermente, & qui est cuyt au four de chaleur attrempee, & dit en icelluy cha. Le pain fait sans levain a nulle personne nest utile. et selon Avicene au second canon au chapi. du pain fait avec ung petit de levain est de grant nourrissement, mais les humeurs de luy engendrent oppillations, excepte ceulx qui font grant excercite. La seconde condition est que le pain doit estre legier. Toutesfoys icelluy pain selon Avicene au chapitre nomme,
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est de legiere penetration et de petit nourrissement et maulvias, comme est le pain nomme opirus qui en luy contient grande quantite de son. La tierce est que le pain doit estre bien cuyt, car le pain mal cuyt est de maulvaise digestion et agrave lestomac. Et Avicene dit au second canon au chapitre nomme que le pain mal cuit est de grant nourrissement, mais les humeurs de luy engendrees font oppillations fors que en ceulx qui sont fais de grant exercite. et pain fait en braise, ou en feu dune mesme condition, car la partie interiore ne se peult bien cuyre. La quarte est que le pain doyt estre moderement sale, car celluy qui est attrempeement sale donne au corps nourrissement sil contient en luy les aultres conditions. La cinquiesme est quil soit fait de bon froument. En apres dit le texte que on se doit garder de mengier les croustes de pain, car elles engendrent colere aduste, et humeurs melancoliques, car cause quelle est aduste et seiche, & les humeurs engendrees de luy sont adustes & fort seiches, et pour icelle cause les nobles de nature colerique & les prelas font chapler le pain. Donc il fault eslire mye de pain, car elle est de facile digestion et de meilleure et de plus grant nourrissement que la crouste. Toutesfoys la crouste est utile aux gens qui ont lestomace humide et a ceulx qui veullent devenir maigres, et principalement en la fin de la refection, car il fait descendre la viande et conforte lorifice de lestomac. En aprés es derniers deux vers dit lacteur que le bon pain doit avoir icelles cinq conditions, cestassavoir qui soit sale, fermente, bien cuyt fait de bons grains, et leve de terre en bonne messon, et icelles .v. conditions met Avicene au chapitre nomme, et qit quil fault que le pain soit peur, sale, fermente, bien cuyt, & endurcy dune nuyt. Item est a noter que lhomme demande grande nourriture, que le pain soit modifie du son, et sil veult avoir le ventre aulcunement laiche que le pain soit en partie fait de son, car le son est de petite nourriture & tient le ventre laiche & la forme fait operation opposite.
¶Textus.
¶Est car porcina sine uino peior ouina
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Si tribuis uina tunc est cibus medicina.
vExposition.
¶En ce texte lacteur compare la chair de porc a la chair de mouton, & dit que la chair de porc mengie sans boire vin est pire que lachair de mouton. toutesfoys se on le mengeue et on boive du vin elle donne tresgrant nourrisssement et est medecinale a cause quelle rend le corps humide & se doit entendre par especial de chairs de porc rosties & fort attrempees. Et devez scavoir que la chair de porc de laquelle souvent gensruraulx & gens communs mengent quant elles sont salees ou deseiches au souleil ou a la fumee elles sont moins saines que la chair du mouton, se toutes semblables soyent prinses et mengees avec vin ou non. et se doit entendre chairs de porcz rousties ou de chairs de porc mal gardees, comme dessus est declaire.
¶Textus.
¶Ilia porcorumboa unt malareliquorum.
¶Exposition.
E ce text sont les trippes du porc comparees autrippes des aultres bestes brutes. Et dit le texteque les trippes de porc sont meilleurs am engier que les trippes daultres bestes, a cause ue on menge nulz oyaulx si ne sot gras ou remplis de sag comme sont les boyaulx des porcz. Et le sang seul du porc est on amengier cause ue le porc a complection semblable a nature humaine, & pourtant du sang seul du porc on remply les boyaulx. Semblablement les porcz sengressent plus facillement que toutes les autlres bestes, et pource prent on plus les boyaulx du porc que les aultres bestes.
¶Textus.
¶Impedit urinam mustum : soluit cito ventrem.
Epatis emfraxim splenis generat lapidemaque.
¶Expositin.
¶En ce texte sont declaires cinq inconveniens dangereux quilz sensuyvent de boire vin nouveau : ¶Le premier est quil deffend et empesche de pisser. Et icelle prohibition & deffence se peult entendre en deux manieres. ¶Premierement a cause que le vin nouveau est gros par ses lyes meslees avec luy, & pourtant font oppilation au foye &
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aux reins, & ne peult avoir lurine son cours naturel. ¶Secondement quil empesche lurine selon sa droicte forme & maniere, mais fait urinee souvent en petite quantite come font ceulx qui ont exorcitation de vescie comme vin de rin nouveau, & aulcuns aultres vins subtilz, car aulcuns vins de rin nouveaux ont les lyes moderantes, et quant elles viennent a la vescie elles mordent & poingnent & constraingnent la vescie duriner sans ordre, & oultre la maniere acoustumee. ¶Le .ii. quil laiche le ventre a cause qui la vertu abstersive des boyaulx par sa nature, & stimule la vertu expulsive des boyaulx. Premierment par la mordication des lyes du vin. Secondement par la ventosite quil contient en luy. Tiercement en faisant les boyaulx lubriques par voye de indigestion & griefvement de lestomac, par quoy lestomac & le premier boyau nomme portaurium agreve & opresse se relaiche. ¶Le tiers inconvenient est que le vin nouveau nuyst la bonne complection du foye a cause de loppollation, pource que les lyes avec grande quantite sont meslees avec luy & engendre dissinterique de foye par inflation, parquoy il debilite la vertu retentive du foye. Et icelle sentence veult avicene en la .iii. distinction du premier chapitre du regime du vin & de leaue. Et semblablement fait lhomme devenir ydropique & avoir male couleur. ¶Le .iiij. est que le vin nouveau nuyt a la ratelle pour une mesme cause, comme du foye, car il fait en la ratelle oppillation & fait lhomme splenetique. ¶Le .v. est que le vin nouveau engendre la pierre, & par especial celle des reins qui est rouge & facile a corrumpre, a cause quil fait es reins oppilations par sa grosse substance. Et se doit entendre vin nouveau grandement doulx qui na point lyes mordicatives, car le vin nouveau avec lyes mordicativs preserve la pierre, a cause quil fait grandement uriner, comme vin nouveau vin de rin fait apparoir en lurine grande quantite de gravelle & grande multitife durine lave et esrache le petit sablon adjoinct au reins & est deboute hors avec elle.
¶Textus.
¶Potus atque sumptus sit edenti ualde notiuus
Infrigidat stomacumque cibum nititur fore crudum.
¶Exposition
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¶En ce texte sont declaires deux nuysemens venant de boire eaue quant on mengeue. ¶Le premier que leaue beue nuyt lestomac de celluy qui mengeue. La raison est, car il la refroide & relaiche lestomac et par especial amortist lappetit de la personne qui me()geue. ¶Le .ii. est que leaue beue avec la viande empesche & destruit la digestion & fait demourer la viande crue comme veult Avicene en la .iii. distinction au chapitre intitule de ce que on boit et mengeur om il dit que apres la viande prinse on ne doit pas boire grande quantite deaue qui face separation entre la viande & lestomac & face la viandre naigier en lestomac. Et au chapitre du regime du vin & de leaue, dit que quant nature digere la viande & quantite deaue souffisante a este prinse pour faire commixtion, leaue apres prinse destruit grandement la digestion commencee. et icelle mesme sentence met ledict Avicene au second livre des quantique au premier trait au chapitre .iiij. t dit. Lhomme se doit garder de boire eaue a son repas & ne doit boire eaue fors que pour faire bonne mixtion & pour donner penetration a la viande, & ne doit pas prendre eaue avec la viande. et semblablement averoys dit au comment. La cause de ce est, car quant on prent eaue sur la viande devant quelestomac ayt eschauffe la viande, elle refroidist lestomac & fait demourer la viande crue indigeste. Et est aussi la cause pourqoy la viande naigie en lestomac non adherente ne unie avec luy pour la digestion faire comme il apportient, car laction de lestomac en la viande se fait par bonne mixtion par bonne digestion, et puis sensuyt vraye separation des choses pures, & non pures et est chose semblable du tupin, car quant on met grant quantite deaue en une foys au tupin ou au pot la decoction est retardee, & chose semblable est de lestomac & de la viande, & tout ce est chose veritable quant on boit eaue en grande quantite, car petite quantite deaue froide prinse en mengant devant ce que la viande soit descendue est permise pour acomplir le descendement de la viande es parties inferiores, par especial se la soif constraint de boire, car petite quantite deaue froide prinse en maniere dicte alege lestomac a cause qeulle oste la soif et preserve davoir soif, mais a cause quelle est froide fait retraire la chaleur naturelle dedans le par
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fond de lestomac, et se fortifie la digestion. Et est prinse icelle sentence de Avicene es chapitre nomez. Oultre est a noter que jacoit ce que leaue soit pour estraindre la soif plus convenable breuvaige que le vin, toutesfoys le vin est plus convenable au regime de sante que leaue. Et jacoit ce que pour reprimer & amortir la sof qui est appetit de chose froide & humide leaue soit universellement meilleure, car elle est froide et humide, toutesfoys naturellement pour faire bonne mixtion des viandes & pour les transporter es paties extremes du corps, le vin vault mieulx que leaue, car le vin a cause de sa subtilite, substance & action il se mesle mieulx avec la viande et nature plus se delecte en luy & pource les membres lattirent plustost, & le meslent avec la viandre & est faicte ceste mxtion par voye de ebulition laquelle aude le vin par sa chaleur victuale, et leaue empesche ladicte ebulition par sa froideur. Et ainsi appert que le vin vault miieulx que leaue pour mesler la viande au corps humain. Et semblablement pour transporter les viandes par tout le corps, car le vin est tresbon penetrateur acause quil est desubtile substance et de sa chaleur vertueuse, et les choses subtiles, et chauldes sont grandement menetratives et pource le vin transporte et fait mieulx penetrer la viande que leaue en laquelle nest chaleur quelconques, mais atterde le trespassement de la viande. oultre leaue nest pas breuvaige si convenable que vin, car leaue empesche la restauration et nourriture du corps, a cause quelle nest pas nutritive ou au moins de petit nourrissement dautant que la viande est plus aquatique dautant elle est moins nutritive. Donc cest chose utile de mesler le vin avec la viande, car le vin est tresgrandment nutritif et de legiere restauration comme est paravant declaire. En oultre est a noter que non pas tant seulement nuyt leaue quant on la prent avec la bonne viande, mais aussi en aultres plusieurs cas elle nuyt lesquelz declaire Avicene en la .iii. distinction du premier au chapitre du regime du vin & de leaue. ¶Premierement quant on le boit en jung elle penetre par tout le corps jusques aux membres principaulx et mortifie la chaleur naturelle. et icelluy beuvement se doit entendre quant elle est veu en vraye jeusne, car leaue beue du matin est utile a
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ung yvrongne & ne le blesse pas sil en boit en jung, mais lhomme yvre en jung nest pas vrayment jung & nest pas son estomac totalement evacue, mais il a encores aulcuns reliez de la crapule precedente intreuse & salse lesquelz corrigent & appaisent leaue beue du matin, et lave lestomac, & le prepare & dispose a recepvoir nouvelle viande. ¶Le .ii. inconvenient que fait leaue estquant elle est beue apres grant travail, semblablement apres que lhomme a eu compaignie de femme, car adonc les conduictz du corps sont fort ouvers & penetre leaue jusques au parfond des membres principaulx, mortifiant la chaleur naturelle, laquelle semblablement est affoiblie par la emission de la semence, par especial se elle est superflue. ¶Le .iii. nocument que fait leaue, est apres le bain par especial quant le baing est fait en jung, car aussi adonc les conduictz de tout le corps sont tresgrandement ouvers, & penetrent leaue, amortissant la chaleur naturelle, de laquelle eaue beue en jung parle Avicene en la .vi. distinction au .iiij. livre en laseomme seconde & chapitre dernier, & dit. Leaue beue en jung et pres le baing, & apres compaignie de femme corrumpt la co(mplection naturelle & engendre ydropisie. ¶La .iiij. nocument que fait leaue est quant on boit leaue froide pour appaisier la soif nocturne modeuse laquelle survient es gens gourmans & yvres, car icelle eaue a ainsy deffent & empesche la resolution & digestion des humeurs salsis, ou du fort vin ou de quelque aultre chose ague & mordante faisant avoir soif, & par ainsi incontinent apres que leaue est beue la soit retourne incontinent grant comme devant, mais quant la soif est vehemente & clameuse laquelle ne peult estre appaisie par espiration de lair froit ne par ablution de la bouche faicte deaue froide adoncques convient boire eaue froide dung vaisseau ayant lorifice estroicte, affin que leaue par longue espasse de temps chair sur lorifice de lestomac, car en ceste maniere elle appaose mieulx la soif, & aussi affin que on en prengne moindre quantite sans donner empeschement a l vertu digestive. Le .v. generalement cest chose inutile aux gens sains de boire grande quantite deaue froide, car elle estraint & amortist la chaleur naturelle, & offence la poetrine, & oste lappetit de lestomac, & est nuysible a tous les nerfz. Toutesfoys leaue froide aulcunesfoys veue
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attrempeement excite & esveille lappetit accidentalement & conforte lestomac a cause quelle vuide le conduictz de lestomac & rassemble.
¶Textus.
¶Sunt nutritiue multum carnes uituline.
¶Exposition.
¶En ce texte lacteur loue la chair de veau & dit que la chair de veau est fort nutritive. Et icelle sentence rememoire Avicene en la .iii. distinction du premier au cha. de ce que on boit & mengue. Et veult que la viande du conservateur de sante soit telle come sont les chairs car il sont de nature semblable & fort enclins de se convertir en sang. et par especial la chair de chevre, ou de veaulx petis alaitans, et daignel dung an. Et celle chair de veau lour grandement Galien au .iii. livre des elemens quil dit que la chair de veau alaictant de six sepmaines ou de .viij. rousties sont meilleurs que chair de mouton, & sont de facile digestion & de grant nourrissement, & des chairs de veau et des aultres avons devant souffisamment declaire.
¶Textus.
¶Sunt bona galina capo turtur sturna columba
Quiscula uel merucula phasianus echigoneta
Perdrix frigellus orex tremulus amerelus.
¶exposition.
¶En ce texte son mises & declairees les chaires plus delectables des chairs volatiles pour restourer & gouverner nature humaine & lacteur en met en nombre .xiiij. manieres de chair doyseaulx, bonne pour le nourrissement de lhomme. La premiere est la poulle ou poulles, de laquelle lusance est fort a nature convenable, car hali avanzoar auet, & met come dit le consiliateur toutes chairs louent la chair de lap oulle & du poullet, & par especial de la poulle qui oncques neut œuf et du poullet ou coq qui jamais ne monta sur poulle, car de legier ilz se convertissent en sang sans guaire de superfluictes, & ont merveilleuse propriete en attrempant la comlection & les humeurs de nature humaine, & le brouet est medecine grande pour les lepreux. Avi. dit de la chair de la poulle au .ij. trac. au cha. de la poulle & poullet ou coq la chair de la poulle augmente lentendement, clerifie la voix, & augmen
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te la personne. Et la meilleure poulle selon luy est celle qui oncques neut œuf. la .ii. est le chapon laquelle chair met le consiliateur en la question. lxviin. entre les chairs plus louables laquelle cjair est devant nommee, digere lestomac par propriete. La .iii. est la chair de tourterelle laquelle est de bon nourrissement & engendre bon sang, laquelle chair Avice. au .ij. canon au cha. de la chair grandement loue & dit, certes des oyseaulx la meilleure chair est la tourterelle & la poulle, et la plus subtile & ne sont pas de tel nourrissement que la chair de perdris. La .iiij. chair selon aulcuns medecins en sturnus, & celle chair se doit menger jeune, & est sturnus ung oyseau commun nomme en francoys estourneau, lequel rasis au .iii. livre dalmasor loues ur toutes chairs volatiles & dit la chair de lestourneau est legiere sur toutes chairs volatiles, & est la chair lus convenable a ceulx qui veulent vivre en diete subtile. Et peult on entendre par strunum ung oyseau grant comme une oye grise sur couleur cendree, laquelle chair est fort louee par especial quant elle est jeune, & ainsi lentend haly qui le prefere devant les aultres. ou on peult entendre par sturnum une espece de petites perdris de laquelle enten rabi moyses parlant aux juifz & dit semblablement les strounes nesont pas convenables a nostre roy car elles reserrent le ventre. et icelle propriete aulcuns medecins attribuent aux perdrix, car come dit rasis au .iii. livre dalmasor la chair de perdris reserre le ventre. Le .v. est du coulon laquelle chair est colerique. Et des coulons dit rasis au livre nomme qui sont de chaleur vehemente & engendrent sang plain de feu & tantost font lhome devenir febricitant. et pource la meilleur maniere de les manger mis en pastes avec aigrecz ou chosessemblables que rotist, car laigrez mortist la chaleur qui feroient au sang Et les meilleurs coulons a menger sont les pigons qui commencent a voler, car ceulx sont plus de facile digestion & engendrent bon sang. et les pigons qui ne peuent encores voler sont de chaleur & humidites superflues par quoy ils engendrent grosses humeurs come veult Avi. au .ii. li. au cha. des coulons. et fault leviter les coulons antiques a cause de leur chaleur & secheresse superflues & quilz sont difficiles a digerer. et semblablement les tourtes antiques. La .vi. chair est la chair de la caille. et selon aulcuns docteurs elle est de facile substance, & engendre bon sang & est
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fort convenable aux gens qui sont en convalescence. Toutesfoys selon ysaac les cailles sont de plus maulvais nourisseent que toutes aultres chairs volatiles la chair de caille mengie encline lhome a spasme simple, & a spasme double come veult avice. au .ii. canon au cha. de la caille, & donne la raison & dit que la chair de la caille a propriete & vertu dengendre spasme, doncelle ne engendre pas spasme seullement pource quelle mengeue & boit. Et ce est la cause pourquoy les francoys mettent les cailles en pastes avec froumaige mol. Toutesfoys par coturnicen on peult entendre une espesse de perdris quasi de semblable couleur comme les aultres avec piedz rouget & le bec de saveur delectable nommee en ytalie coturnix. Et en ceste maniere le prent rasis en son . iii. livre dalmasor quant il prefere les cailles & toutes volatiles apres la sterne. ¶la .vi. maniere de chair cest la chair de merula laquelle est comparee a lestourneau, en grandeur tendent fort a couleur noire et a le bec a demy rouge & se doit mengier jeune. La .viij. maniere est du faisant lequel selon tous les medecinsest bien convenable a nature humaine, & la viande des princes & des grans seigneurs. Et come dit le consiliateur entre les saulvaiges les meilleurs sont ceulx qui sont de bonne grandeur & de bonne grosseur fors sans maladie. les privez universelement sont de telles complections come les gelines & quasi deune mesme espesse, fors quilz sont de plus legier nourrissement & de plus grant exercite. La .ix. maniere de chair cest la chair de ethigoneta lequel est une espesse doyseau semblable a la perdris ayant long bec du quel la chair est ffrande ment bonne. La .x. maniere est la chair de perdris laquelle chair selon Avice. au second canon au cha. des perdris est fort subtile & impinguative & de grant nourrisement & mondifie la cueur. et est utile a lestomac & a ydropisie, & multiplie la personne parquoy desir de habiter toutesfoys de propriete elle restraint le ventre. Et galien au .iii. livre des viandes au .x. chapitre & au .viij. de ingenio sanitatis au .ii. chapitre prefere ceste chair sur toutes chairs volatiles. Et on dit communement que cest chair convenable a la mémoire quant on la mengeue. la .xi. maniere de chair est la chair du figellus, lequel est oyseau mengant les raisins volant legierement semblable a lestourneau, mais il est de meilleur nourrissement. Et on le treuve
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communement es vignes & bien souvent sen yvrent en mengant les raisins. Et le temps que on les doit mengier cest en novembre environ la feste de tous les sainctz. La .xii. maniere de chair est la chair de orex lequel comme dient aulcuns cest la poulle du faisant ou une poulle saulvaige, aultres dient que cest une geline antique naigant en leaue. Et la chair est de tresbon nourrisement en quelque maniere que on le preuve. La .xiii. maniere est la chair de temulus lequel est ung oyseau qui se tient pres de la mer & moindre en quantite que le poullet et est de couleur tirant sur noir, & vole hault, & legierement & sa queue tremble quasi tousjours quant il va sur terre, & pourtant est nomme tremelus. Et sur sa teste sont pleumes longues. et nest pas ce que les medecins appellent quaterne & autlrement hochecul car sa queue tremble, cest ung petit oyselet ayant longue queue, laquelle est hochant pareillement. ¶La derniere maniere de chair est amerellus et est semblable espace doyseau naigant en leaue semblable a la queue moindre en quantite, et generalement tous oyseaulx volant legierement qui sont bons a mengier sont de meilleur nourrisement. Et comme les chairs dessus nommees sont de bon nourrissement et facile a digerer, semblablement sont plusieurs especes de chair volatiles de maulvais nourrissement & difficiles a digerer, & de maulvaise complection comme font les chairs des oyes & des paons & de maladrum. et universellement toutes chairs volatiles ayant long col, et long bec vivant en eaue & les chaire des moyneaux ou passeras qui sont de vehemente chaleur, & augmente fort le desir de habiter. et environ la election des chairs volatiles est a noter que selon les proprietes diverses de nourrissement, cestassavoir de restauration, ou de facile digestion ou subtile substance ou de facile alteration selon ce sont loees & chirs diverses & de diverses especes & pource Ga. regardant la facile alternation & la subtilite des perdris il les prefere sur toutes volatiles, mais rasis & ysaac regardant la subtilite et legierete de la sterne lont prefere sur toutes volatiles, & aussi ysaac selon diverses intentions a louer diverses chairs de volatiles, Avicene sur toutes chairs volatiles loue la chair de la turturelle a cause quil regardoit sa propriete par laquelle il confere & aguise lentendement, ou a
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cause que en darabie dont estoit Avicene la bonte desturturelles est plus excellente que en tous aultres pays. En oultre est assavoir que chair volatiles sont plus convenables a gens oyseux que les chairs quadrupedales, car ilz sont de plus facile digestion come dit Galien au .iii. livre des elemens, la chair des volatiles est facile a digerer & par especial la chair de lar perdry, a cause quelle engendre sang cler & pur, encli de augmenter & aguiser les opilations du cerveau cestassavoir lenteldement, les coagitations, & la mémoire.
¶Textus.
¶Si pisces mollessunt magno corpore tolle.
Si pisces duri parui sunt plus valituri.
¶Exposition.
¶En ce present texte sont declairees .iiij. proprietes pour avoir congnoissance des poissons. Et premierement les poissons sont durs ou molz, si sont molz les antiques sont meilleurs a cause que molesse vient de grande humidite indigeste, habondante en jeunes poissons, laquelle par succession de temps se consume & vient humidite quasi attrempee, & pour icelle mesme raison les poissons jeunes engendrent habondance de fleumes plus que les antiques. & pourtant dient aulcu(un)s que languille antique est plus saine que la jeune, mais se les poissons sont durs adonc les jeunes sont plus sains, cestassavoir de plus facile digestion comme sont les broches, & perches. et icelle sentence met Avicene au .ij. canon au cha. du poisson & dit, entre les poissons de dure chair on doit eslire le moindre en quantite, cestassavoir le plus jeune, & le contraire doit on faire es poissons ayant molle chair.
¶Textus.
¶luctus & parca saxaulis & albica tenca
Sornus plagicia cum parca galbio truta.
¶Exposition.
¶En ce texte son declairres dixespeces de poisson convenables a restourer corps humains. ¶Le premier est le brochet, poisson de comain nomme tirant des poissons, a cause quil devore & mengeue, non pas seulement les poissons daultre espece, mais aussi de sa propre espece comme dient iceulx cers. Lucius & piscis rex est tirannus aquarum. A quo
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non differunt lucius iste parum. Et est poisson de dure chair, & legierement naigaant. ¶Le .ij. poisson est la perche interpretee a parco parcis, qui signifie avoir mercy par son contraire, car elle na mercu de nul poisson, mais blesse les aultres poissons de ses barbes poignantes sur le dos, & le brochet ne lose assaillir, mais comme dit albert le grant au livre des bestes, la perchet & le broche par propriete occulte ont ensemble amitie singuliere, mais le brochet blesse les aultres poissons pour soy garir & serche la perche, laquelle veant le brochet blesse applanist & attouche la playe & garist le brochet. Et est la perche de chair dure comme dessus est di du brochet. ¶Le .iii. poisson est la sole, & entre les poissons de mer est ung poisson fort saint. ¶Le .iiij. est ung poisson nomme albica poisson de mer. ¶le .v. est la tenche, et ung poisson deaue doulce ayant le cuyr fort lubrique & limeux tendant a couleur noire, & a la chair dure. et quant la tenche & semblablement le brochet & la perche sont cuites on doit oster le cuyr. ¶La vi. espece de poisson est formis, et entre lespoissons de mer cest le plus petit de grandeur dung demy doig, & ont mengeue teste & tout. ¶Le .vii. cest la pley poisson commun ayant en lune des parties cuyr noir & tachies rouges daultre part cuyr blanc, & la bouche torse. ¶Le .viii. cest la carpe et est poisson deaue doulce poisson commun viscieux & se doit bouillir et cuyre en vin pour oster la viscieusite. ¶Le neufviesme est poisson nomme rouget ayant chair dure utile pour le corps humain. ¶Le dixiesme est la truyte ayant chair semblable au saulmon et est long sans grosseus et se prent en rivieres doulces & se permet toucher en froutant en leaue, & par ceste maniere on la prent et met on en pastes avec espices & est ung poisson fort chier, & est appelle en francoys truite. Environ lelection des poissons premierement est a noter que tous poissons en les comparant aux chairs sont de moindre nourrissement & sont de facile digestion et de grandes superfluites flumatiques lesquelles sont de faciles resolutions. Et en lestomac acquierent aulcunesfoys corruptions et font lhome avoir soif. ¶Secondement est a noter que les poissons de mer sont plus convenables au regime de sante que ne sont les poissons deaue doulce, car leurs chairs sont de moindre superfluite et
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plus semblable la nature de chair, mais les poissons de mer sont de substance plus dire que les poissons deaue doulce & pourtant sont plus difficiles a digerer & de plus difficiles resolutions et de plus grant nourrissement. Toutesfoys les poissons deaue doulce sont meilleurs et plus convenables aux gens malades a cause quilz sont plus faciles a digerer. ¶Tiercement est a noter que tant en poissons de mer comme deaue doulce on doit eslire ceulx qui ont les chairs blanches, non visqueuses, mais de ligieres separations et de substance subtile et bonne odeur, & quilz nesoyent pas de legiere putrefaction & de bonne couleur, & quilz soient de eaue courante. Et oultre on doyt eslire poisson de moyen eage & de moyenne grandeur et qui soyt legier en mouvement, & sans grande viscosite. Item daultant que les poissons ont plusieurs escailles ou scames, ou barbes daultant ilz sont meilleurs, car les escailles scame ou barbes signifient le poisson estre de substance pure. Item les poissons de mer meilleurs sont ceulx qui ont prins nourrissement & sont prins en la mer plus parfons & plus agitee et esmeuete. Et pource les poissons prins en la mer de septentrion laquelle mer est plus agitte et plus impeteueuse, & flut, et refluyt legierement sont meilleurs que les poissons prins en mer merdionale ou de midy. Et semblablement doyt on entendre des poissons deaue doulce, car daultant que leaue est plus parfonde et plus impetueuse, les poissons nourris en icelle sont de meilleur nourrissement, et appert par les choses declairees souffisamment, lesquelz poissons sont maulvais, et lesquelz sont bons et louable, car les poissons grans comme bestes comme est le porc marin, & le chien de mer, et le poisson nomme daulphin ne sont guaires convenables au regime de sante de corps humain, car ilz sont difficiles a digerer, et engendrent gros nourrissement et de grande superfluite, et semblablement les poissons derniers nommes nont pas les conditions dessus declairees cestassavoir subtile en substance blanche chair et cetera. Et sil advenoit que il faulsist mengier desdictz poissons ou semblables on ne les doyt pas mengier tantost apres quilz sont prins, mais on les doyt ainsy garder par aulcuns jours jusques atant que la chair commence a mollifier sans putrefaction. Et
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semblablement iceulx poissons sont meilleurs demy sales, que recens ou fort sales. Et entre les poissons de mer selon les conditions dessus declarees le rouget, et le gornaul ou le gornus sont reputes les meilleurs, car leurs chairs sont de substance fort pure. En apres la pley et la sole, car diceulx la chair est plus vicieuse et moins separable etm oins blanche & plus grosse et moinssubtile & leur odeur et saveur nest pas si delectable comme le rouget et le gornus. Et selon aulcuns le poisson nomme mernagus en francoys est appelle merlen et est le meilleur apres le rouget, car il nest pas de si grosse substance et si vicieulx que la plus et que la soule, et est de substance computemment fragile ou separable, mais en considerant la saveur odeur couleur et en purete de substance et en mobilite il default de la bonte du rouget et du gornus. Et semblablement doyt on entendre du haran. Et le poisson nomme morue est aulcunement semblable aux poissons derniers nommes en bonte selon les conditions dessusdictes, toutesfoys est de plus grosse substance et vicieux que les derniers nommes les saulmons et les turbotz et marquerelles en francoys maquereaux ne sont pas louables, car ilz sont de grosse substance et vicieux et difficiles a digerer, et de grande superfluite, et pource ne sont utiles forsque a gens de grant exercite et fault avec aulcunes saulses qui ostent en partie leur viscosite et grosseur et froideur. Et entre les poissons de eaue doulce selon les conditions declairees la perche et le brouchet poyen en grandeur tiennent le premier degre en bonte, par especial quant il est gras. En apres la vendoise, et apres lopia. Et jacoit que la carpe soit plus trumeuse que les derniers nommes, toutesfoys la chair de la carpe nest pas si blanche et subtile ne se legiere a separer comme le brochet et la perche, et souvent se nourrist es bourbes. et universelement ceteris paribus. tous poissons de eaue doulce & petreuse ou plaine de pierres courantes vers septentrion & profonde digestion & impetuosite en la quelle ne croissent pas herbes maulvaises, iceulx poissons sont les meilleurs, les escrivisses deaue doulce ou de mer sont de grant nourrissement et de difficile coruption en lestomac, mais sont faciles a digerer. En
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oultre est a noter que les poisssons recens font le corps humide & multiplie le laict & lesperme ou semence est fort convenable aux gens coleriques. et doit on eviter les poissons apres grans mouvemens & grans labeurs poirce que en lestomac facilement ilz se corrumpent. Et se doivent garder de mengier poissons ceulx qui ont lestomac debile & plain de maulvaises humeurs. En oultre les poissons groz et grans sont meilleurs a demy sales que ceulx qui sont recens, toutesfoys ceulx qui sales de long temps ne sont pas bons. Et est a noter en oultre que les poissons ne se doivent point mengier avec la chair ne avec chose lacticuneuse ne apres toutes aultres viandes. et oultre poissons de bonne nature & de bonne complection ung peit sales revocquent lappetit se celluy qui les mengeue les appete & aussi sil nen mengeue en trop grande quantité.
¶Textus.
¶Vocibus anguille praue sunt si comedantur
Qui phisicam non ignorant hec testificantur
Caseus anguilla nimis obsunt si comedantur
Ni tu sepe bibas & rebibendo bibas.
¶Expositin.
¶En ce present texte dist nostre acteur que languille est ung poisson nuisant a la voix. Et le preuve premierement par les medecins & les philosophes naturelz qui a ce sont consentens, secondement le preuve par telle raison, car languille est ung poisson luneux et viscieux causant oppillations & prives de conditions dessudictes convenables au bon poisson. Et ce que dit est de languille se doit entendre pareillement de la lamproye toutesfoys les lamproyes petites ne sont pas si perilleuses comme sont les anguilles, car elles ne sont pas si viscieuses ne de matiere si grosse. Et jacoit ce que iceulx poisson sont bien savoureux & bien dilicieux a la langue neantmoins ilz sont bien perilleux, saulve lonneur de ceulx qui dient le contraire, & les generacions desdicts poissons sont semblables aux generations des serpens qui sont en terre parquoy est a doubet quilz ne soient venimeux. Et ceulx qui sont supectz de venin ne doyvent point mengier la teste ne la queue ne pareillement du doz. Et pour oster leur visco
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site est bon de les bouter en vin toutes vives & illec les laissier mourir & puis les preparer avec saulse de galentin qui est une espice bonne et ainsi les preparent les cuysiniers des grans seigneurs. En oultre il est bon de les boullir par deux foys en vin & en eue & puis apres faire la saulse de galentine ou en faire pastes ou les refrire avec la saulse approproe cestassavoir saulse verde avec espices fortes & ung petit de bon vin entemps diver & en este espices debiles & ung petit de verjus & du vinaigre. Celluy qui se peult passer desdictz poissons est le pus seur. Et apres dit lacteur que le froumaige & languille mngies ensemble nuysant grandement & se doit entendre quant on en mengeue en grande quantite, la cause est asses evidente, car le froumaige est visqueux come languille & par ainsi augmente la malice de languille. Et leur malice est corrigee par boire vin souvent. et nest point a entndre de vin subtil qui est facilement penetrant ne de vin donnant legiere penetration a la viande, car come dit Avi. tel vin ne se doit point donner sur la viande generative ou qui engendre maulvaises humeurs pourtant qui les fait penetrer aux membres principaulx parquoy sensuivent grans inconveniens, mais se doit entendre du vin asses gros qui nest pas fort penetrant lequel se doit prendre souvent & en petite quantite a celle fin que il se puisse pieulx mesler avec la viande & coriger leur malice & digerer les humeurs fleumatiques & froits en confortant la digestion ou la chaleur naturelle.
¶Textus.
¶Inter prndendum sit sepe pacumque bibendum
Si fumas ouum molle sit atque nouum.
¶Exposition.
¶En ce present texte nostre acteur nous enseigne deus choses. ¶La premiere chose est que en mengant ne devons point faire comme les bestes, cestassavoir nous remplir de viandes et puis apres boire, mais apres que nous avons prins une quantite de viandes nous devons boire & puis apres remangier & reboire affin que le boire se puisse mieulx mesler avec la viande & la mollifier, parquoy est plus facile a digerer. Item est a noter qui sont trois manieres de breuvaiges. Le premier est qui mesle la viande. La seconde est qui deporte
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la viande. Et le tiers est qui fait cesser la soif. Du premier breuvaige se doit entendre e que dessus est dit, cestassavoir que) on doit entremesler la viande avec le boire, jacoit ce que on naye point de soif, car datendre la soif nest pas bon. et ledict breuvaige principalement seiche, comme ceulx qui mengent de pain seullement. ¶Le dernier breuvaige, cestassavoir qui fait cesser la soif se doit differer jusques a la fin de la table, & par especial a ceulx qui sont bien dispose, car alors regne la soif vraye pour la ebulition de la viande. et se doit donner ledit breuvaige plus ou moins, selon la quantite de la soif. ¶Lautre breuvaige qui deporte la viande se doit pendre apres la digestion premiere laquelle se fait en lestomac & ung petit quant que on preigne daultre viande. et par especial ledict breuvaige convient quant on a menge viande en substance grasse & ne doit on pas attendre la soif, car ledict breuvaige prepare lestomac a recepvoir daultres viande & fait penetrer la viande digeree de lestomac au foye et se doit prendre non pas en grande quantite affin que plus tost puisse estre digeree, car avant quil soit digeree, ne penetre pas au foye, se ledict breuvaige delatif est aultre chose que eaue, car il nest pas de necessite que leaue soit digeree qavant sa penetration. et pourtant tout breuvaige delatif, doit estre vin ou quelque proportional comme cervoise ou cidre ou aultre breuvaige, & non pas eaue. en outre est a noter que de tant plus la viande est grosse & seiche & froide de tant plus est elle en plus grande quantite, et doit on baillier le breuvaige delatix & promictif. et quant la viande est subtile, chaulde et humide, ledict breuvaige doit estre moidre en quantite, plus gros en substance, et plus subtil & plus fort quant la viande est grosse & froide comme quant on mengeue chair de beuf, le vin delatif doit estre plus fort & plus subtil que quant on menge geline ou faisans, & pareillement le vin qui est beu avec le poisson doit estre plus fort que avec la chair. ¶La .ii. chose qui nostre acteur nous enseigne est que quant on mengeue ung oeuf on le doit mengier mollet & nouveau, la cause est dicte dessus.
¶Textus.
Pisam laudare decreuimus as reprobare.
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Pellibus ablatis est bona pisa satus.
Est inflatiua cum pellibus atque nociva.
¶Exposition.
¶icy est mis ung notable & est que les pois aulcunement sont vituperez & aulcunement sont louez, ilz sont louez quant on les mengeue lescorce ostee. Et quant on les mengeue a tout la peau ou lescorce, ilz sont a blasmer pourtant quilz sont inflatifz. Et pourtant quant on les prepare avec lescorce on ne les prepare pas artificielement ou selon lart de medecine, car la substance ou la chair des poys est diferent a lescorce, car lune des parties laice le ventre. Et lautre partie restraint comme dit ysaac aux dietes universeles parquoy se fait de grans mouvemens dedans le corps causant torsion de ventre ou douleur & inflation. Et ce ne se doit point entendre seullement des pois, mais detous aultres potaiges, comme de feves glans, chataignes, cices, & par especial tous ceulx qui ont escorce espesse, car lescorce est de pire nourrissement que la substance. Environ ce est a noter que il y a une maniere de pois rous blans qui ont lescorce fortraire et ceste manierie plus seulement se peult mengier avec lescorce que les aultres toutesfoys mieulx vault de les mondifier & oster lescorce. En oultre est a noter que les potaiges nouveaux & recens ont lescorce plus convenante a la substance, parquoy ne font pas commotop, si grande au corps, comme les antiques & pus facilement sont digerees & pourtant dient aulcuns quil convient plus aux corps sains que les vieulx, mais ilz ne regardent pas a daulcunes proprietes maulvaises qui sont en eulx parquoy ilz sont deceuz lesquelles proprietes sont, cestassavoir que facilement ilz se corrumpent & sont de grande superfluite, parquoy ne sont pas convenables a corps sains. Et pourtant est a tenir pour verité que les potaiges secz ou vieulx desquelz lescorce est ostee, sont plus sains que les nouveaux, mais les nouveaux sont plus sains que les scez a tout leurs escorces. et oultre est a noter tous potaiges pourtant quilz sont inflatifz & defficile digestion ne sont pas convenans au regime de sante, mais le brouet ou leur decoction est utile, car legierement lasche le vente & rovoque lurine, & desopile les vaines pource convient en mengier quant on use de viandes grosses causant
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oppilation comme en temps de jeune, car audit brouet nest pas nuysance comme a la substance. Et se doit faire ladicte decoction en ceste maniere, les cices ou les pois doivent estre mis du soir en eaue boullante en les frottant, & en la mesme eaue la nuyt apres on les doit cuyre deux ou troys boullons, & puis apres soit passé & garde & quant approuche leure du disner ou du super on le doit preparer avec ung petit de vin & puis le boullir ung bien petit, ce fait on le doit humer au commencement de table. Et le brouet des cices & des pois rous est meilleur & est a nature plus convenant que daultres potaiges & semblablement leur substance.
¶Textus.
¶Lac ethicis sanum caprinum post camelinum
Ac nutritiuum plus omnibus est asinimum
Plus nutritiuum vacinum sic & ouium
Si febriat caput & doleat non est bene sanus.
¶Exposition.
¶En ce present texte sont donnes plusieurs documens environ la election du laict. Le premier est que le laict de chievre convient a ous ethiques & a tous ceulx qui sont consumes, car come dit Avice. au second caon au chapitre du laict le laict convient a tous ethiques & icelle mesme sentence dit au premier livre au .iiij. traicte, & au .iii. cha. quant il parle des medecines qui humentent les corps ethiques la raison est telle, car le laict de chievre est attrempe comme dit Avicene au .ij. canon et est de grant nourrissement parquoy convient aux ethiques. ¶Le second document est que le laict de chameau est convenable aux ethiques lequel laict est subtil & de grande agnoscite & humidite, parquoy il les peult humecter, toutesfoys il est de moindre nourrissement que le laict de chievre pour la grande humidite qui est en luy parquoy nest pas si utile comme le laict de chievre, le laict de chameau qui a heu de peu de temps ung petit chameau grandement convient aux ydropiques, & a tous ceulx qui ont debilitation de foye, car il renouvelle comme dit Avicene au second canon au chapitre du laict. En oultre est assavoir que le laict dune anesse est plus propre aux ethiques que tout aultre laict, car le laict danesse decline a froideur et humi
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dite et est subtil & fort penetrant & legierement ne se coagule pas comme le laict des aultres bestes selon Galien au .vii. chap. Et cest mesme sentence veult Avice. au premier livre. au .iiij. traicte au .iii. chap. quant il dit, & apres le laict de la femme nest pas de laict plus competant aux ethiques que laict de lanesse. et dit pareillement sil y a medecine qui puisse oster la fievre ethique cest le laict de lanesse toutesfois en comparant au laict de la femme il nest pas si utile, car le laict de la femme quant on le prent en sussant comme dit Avicene au lieu prealegue, est plus utile que tout aultre laict. Et la raison si est, car le laict de la femme est fort subtil, froit & humide, et semblable a nature humaine, sur tous aultres laictz facilement penetrant fort nourissant et tantost digeste. Et environ ce est a noter que le laict de la femme ou de lanesse nest pas tousjours utile aux ethiques mesmement aulcunesfoys plus leur convient le laict esbeurre en aulcuns cas. ¶Le premier est quant il y a solution de ventre avec la fievre ethique. ¶Le second est quant il y a soupecon ou quant on craint la coagulation du laict en lestomac ou quant il y a grant ardeur de la fievre, ou quant lestomac de sa nature est colerique par soy convertist le laict en colere et en fumosite. ¶Le tiers est quant la fievre ethique est conjoincte avec la fievre putride et par especial quant aux vaines na pas grande opilation, car le laict esbeurre restrainct le ventre et ne se convertist pas facilement en colere, car la graisse cestassavoir le beurre est sustraict et oste, par la quelle graisse facilement le laict senflame et aussi ne se pourrist pas facilement. ¶Le quart est quant lestomac est remply de maulvais humeurs corrumpus, car le laict esbeurre qui fait la douleur, et non pas le laict beurre. ¶Le tiers document est que le bon laict de vache & de brebis est fort nourrissant, pourtant quilz sont de plus grossesubst(an)ce t plus gase que lesaultres, omme dit Avicene au second canon auchapitre du laict, & n icelluy ch. dit parlantdulaict de vaiche dit) le lit outpotplus longuement que la femme est maulvais, & pourtant le laict de la beste quasi poirtant autant de moys comme la femme est le meilleur comme le laict de vaiche, mais rasis au .iii. livre dalmasor au chapi. du laict dit que entre le laict de
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toutes bestes le laict de vaiche est le plus gros, & est convenable a ceulx qui leurs corps veullent engraissier. Le quart documen[t] en enseignement est, que laict nuyt a ceulx qui ont fievres ou dou[le]ur de teste, la cause est asses declairee par se que dessus est dit au chapitre des pommes et poires et des pesches.
¶Textus.
¶Lenit & rhumectat soluit fine febre butirum.
¶Exposition.
¶En ce texte dit lacteur les proprietes du beurre. La premiere est il appanist & mollifie le ventre par sa ventosite. La .ii. est que le beurre est humide, car il est compose des meilleures parties du laict parquoy luy convient estre moicte & humide come le laict dont il est tire. La .iii. est qui laiche le ventre & ceste propriete convient pareillement au laict, car il engendre lubricite aux boyaulx. Et ses proprietez met. Avi. au . ij. cha. du beurre, & le beurre cause ses proprietes dessusdictes aux corps sanis & non febricitans, car aux corps febricitans est fort nuisible, car par se unctueusite facilement il sembrase & senflame parquoy augmente la chaleur de la fievre. Item est a noter que jacoit ce que le beurre cause & engendre les roprietes dessudictes aux corps humains, toutesfoys pour la humidite & unctuosite qui sont en luy on nen doit point user souvent en grande quantit. Car ceulx qui en usent en grande quantite il engendrent abhomination, & fait la viande demourer en lorifice de lestomac, & laiche le ventre, plus quil nest de coustume, & fait pareillement vomir. Et par ainsi appert que comme de viande on ne doit point user de beurre en grande quantite, & par especial toutes aultres viandes mais seulement on en doit user en preparent les aultres viandes.
¶Textus.
vIncideit atque lauet penetrat mundat quoque serum.
¶Exposition.
¶Icy sont mises quattre proprietes du petit laict, ou du moyen. ¶La premiere est que le petit laict est incisif et subtilatif.
¶La. deuxiesme est quil est lavatif & abstertif. ¶La .iii. est quil est penetratif, et ceste icy sensyt de la premiere. ¶La quaatriesme est quil est mondicatif & purgatif. Et troys de ses proprietes narre
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Avicene au .ij. canon au chapitre du laict, disant que leaue du laict ou du petit laict est subtiliatif, lavatif, & solutif, & na pas mordication. rasis au .iii. livre dalmasor dit que le petit laict evacue la colere rouge, & degette les pustules du corps & du visaige. et est de grande utilite a ceulx qui sont ytericiens ou autlrement qui ont maulvaise couleur, & pareillement a ceulx qui sont travaillez par trop boire de vin. ¶Textus.
¶Caseus est frigidus, stipas, grossos quoque durus.
Caseus & panis bonus est cibus : hic bene sanis :
Si non sunt sani tunc hunc non iungito pani.
¶Exposition.
¶En ce present texte nostre acteur fait deux choses. en la premiere met quattre proprietez du froumaige. ¶La premiere est que le froumaige est de froide nature cestassavoir le nouveau & non pas le froumaige ancien lequel est chault & sec comme dit Avicene au second canon au chapitre du froumaige. Et se doit entendre pareillement du froumaige qui est coagule non pas de chose fort contraire a la nature laict, car on treuve du froumaige de nature chaulde qui eschauffe lestomac, & est mordicatif a la langue, pour la commixtion daulcunes choses quilz sont meslees avec luy comme daulcuns froumaigs vers lesquelz eschauffent fort le corps quant on en prent grande quantite. ¶La .ii. propriete est que le froumaige est constipatif, & par especial se doit entendre du froumaige vieulx auquel il y a beaucoup de presure. ¶La .iii. est que le fromaige engendre grosses humeurs, car tout fromaige est fait de la plus grosse & terrestre partie du laict. ¶La .iiij. est que le fromaige est dur cestadire fait le ventre dur & ceste propriete est semblable a la seconde. En la .ii. chose dit jacoit ce que le fromaige quant il est mengie seul ne soit pas sains, car il est de maulvaise digestion comme dessus est dit, toutesfoys quant il est mesle avec du pain & en petite quantite il est de plus facile digestion et plus sain au regard du corps bien dispose & non pas du corps malade. ¶Textus.
¶Ignari medici medicunt esse nociuum :
Sed tamen ignorant cur nocumenta seram
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Languenti stomacho caseus addit opem
Si post sumatur terminat ille dapes.
Qui phisicam non ignorant hec testificatur.
¶Exposition.
¶Icy nostre acteur reprent ceulx qui absolument blasment le fromaige & dit que on ne doit point blasmer le fromaige son ne le cognoist en quoy il est maulvais, & en quoy il est bon, et met deux ses utilites. ¶La premiere est que le fromaige conforte lestomac malade, mais quil ne soit point de composition contraire, car alors tout fromaige luy est contraire, et aussi, mais quil ne soit pas debilite par longue maladie. En oultre dit que tout froumaige nouveau lequel nest pas de trop grande viscsite est utile a lestomac chault, car comme dit rasis en son .iij. livre dalmasor il reprime la grande calidite et larfeur de lestomac. Pareillement il est convenable a lestomac sec pour lhumidite qui est luy. Et audict estomac chault & sec est fort nuysivle fromaige vieulx ayant acuyte, grande habondance de presure, et convient ledict fromaige vieulx a lestomac ayant habondance de fleumes aderantes au panicule de lestomac pourtant par son acuite divise la fleume & le absterge. ¶La seconde utilite est que le fromaige prins apres trestoutes refection fait descendre la viande au fond de lestomac, la ou principalement la digestion a grant vigueur comme scevent ceulx qui ont lart de medecine. en oultre Rasis dit du fromaige ayant grande acuyte que quant apres la refection on en prent en petite quantite il conforte & fortifie lorifice delestomac & la disposition nauseative, laquelle procede des viandes doulces.
¶Textus.
¶Inter prendendum sit sepe parumque bibendum
Ut minus egrotes non inter fercula potes.
vExposition.
¶En ce texte dit lacteur que entre deux repas come du disner & du souper nous devons eviter & garder de boire, car quant on boit sur la viande qui nest pas encore digeree on corrumpt & empesche toute la digestion et descend la viande a demy cuyte, & digere au foye causant oppilation, fievres, a plusieurs aultre maladies tresdangereuses.
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¶Textus.
¶ut vites penam de ptibus incipe cenam.
¶Exposition.
¶En ce present texte dit lacteur que on doit comencer a souper par boire, & se doit par le breuvaige entendre viandes liquides lesquelles sont de facile digestion, comme ypocras le prent en la .ij. partie des enfforismes quant il dit. Mieulx vault soy remplir de breuvaiges que de viande. Et la raison prouvant quil vault mieulx commencier par viandes subtiles & de facile digestion que par grosse est se on mettoit la viande grosse devant la subtile elle seroit plustost digeree que sa grosse difficile a digerer, pourtant quelle ne peult avoir ysse pour lempeschement que luyf ait la ianderoseelle se corrumpt et corrumpt la viande grosse en partie digeree parquoy il sensuyt plusieurs grans inconveniens.
¶Textus.
¶Singula post ova pocula sume nova
Post pisces nux sit : post carnes caseus asit.
Unica nux prodest : nocet altera : tertia mors est.
¶Exposition.
¶En ce texte lacteur declaire aulcuns enseignemens. Le premier est que apres ce que on a mengie ung œuf mollet nouveau on doit boire, & par especial ung traict de vin, la raison est car loeuf mollet et recent est de bon nourrisement & de facile digestion & n peu de quantite nourrist fort, & par especial le moyeuf. et le vin qui est amiable a nature est cause que loeuf doit estre tire plus asprement aux membres nutritif. Lautre cause est, car loeuf ne descend pas facillement et pour faire mieulx son descendement cest chose utile de boire. Le second enseignement est apres que on a mengie poisson on doit mengier des grosses noix en lieu de fromaige, car la grosse noix par sa secheresse deffend le poisson dengendrer multitude de fleume a laquelle est enclin par complection naturelle, et ce est la cause pourquoy en karesme au dernier du repas on mengeue des noix. ¶Le troisiesme enseignement est apres que la personne a mengie de la chair il doit prendre du froumaige & non pas des noix, car elle sont
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de trop grande decication, et non pas le fromaige, mais fait le fromaige descendre la viande au font de lestomac auquel la vertu digestive a vigueur. Et ce est chose veritable du fromaige moyen entre lantique et le nouveau. En apres dit le texte au dernier ver que une seulle noix, cestassavoir la noix muscade est proufitable au corps humain, car elle conforte la veue, lestomac, le foye, et la ratelle et donne bonne odeur a la bouche, comme dit Avicene au .ii. canon au chapitre de la noix muscade, mais la seconde noix, cestassavoir laveleine, ou la noix commune nuyt, car elle est inflative & engendre ventosite au ventre, & fait douleur de teste, & est difficile a digerer & donne appetit de vomir comme dit Avice. au .ij. chapi. de la noix. La tierce noix, cestassavoir de larbalestre est mortelle, car larbalestre occist le corps humain. Ou on peult entendre par la tierce noix, la noix de matail laquelle selon Avicene est medecine venimeuse au .ii. canon au chapitre de la noix de metail.
¶Textus.
¶Adde potum piro nux est medicina veneno
Fert pira nostra pirus sine uino sunt pirum uirus
Si pira sunt uirus sit maldicta pirus.
Si quoquas antidotum pira sunt : sed cruda uenenum
Cruda grauant stomachum releuant pira cocta grauatum.
Postea pira da potum post pomum uade fecatum.
¶Exposition.
Aux premiers vers lacteur met ung enseignement & dit que apres que on a menge des poires on doit boire du vin. Et la cause est par avant souffisamment declairee, car les poires engendrent ventosite par propriete & collique passion & remplissent le sang daquosite & pource apres quant on mengeue poires on doit boire du vin fort & chault carminatif de ventosite, & consumptif daquosite, lequelz engendrent les poires. Secondement il dit que la noix est medecine contre le venin comme est declaire en ce texte. Alea nux ruta &c. En apres au .ij. ver & au .iij. il dit que les poires mengees sans boire vin sont venin, cestadire qui nuysent aux corps humains pour la cause declaree toutes les poires ne sont pas proprement venin car selles estoient proprement venin leur mengier occiroit la personne.
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En apres au .iiij. ver il dit que les poires creuessont venin cestadire nuysant au corps, car ilz font ebulition es humeurs & collique passion, toutefoys se on les cuyt elles sont bonnes en medecine en maniere declairee prinse avec le vin, & par especial apres la refection & donne ayde a laicher le ventre. En apres au .v. ver dit que les poires crues grevent lestomac, car elles empeschent la digestion de lestomac et font inflation destomac & de ventre, mais les poires cuites relevent lestomac & le mettent en sa disposition naturelle. Et apres aux derniers vers dit deux choses. La premiere est que apres le mengier de la poire on doit boire du vin pour la cause declairee. Secondement il dit que apres le mengier de la pomme on doit aller au retraict. et selon Avice. au .ij. livre au chapi. des pommes doulces & aceteuses trouvent aulcunes humeurs grosses en lestomac elles les font descendre de lestomac es intestins a cause quil enflent le ventre engendrent viscosites lesquelz nature expulse es parties basses.
¶Textus.
¶Cesara si comeda tibi confert gaudia dona
Expurgant stomachum nucleus lapidem tibi tollit
Et de carne sua sanguis ertique bonus.
¶Exposition.
¶En ce texte present dit lacteur que les cerises mengees sont tres utiles au corps humain. La premiere est que les cerises purgent lestomac & celle utilite est veritable selon aucuns docteurs quant la pierre est mengiee & quassee en lestomac, car elle a aulcune vertu abstersive & mondicative. La seconde utilite est, que le noyau de la pierre a vertu de rompre la pierre des reins & de la vescie quant on la mengeue sec ou mis en forme de laict avec eaue appropriee. La tierce est que la chair des cerises engendre bon sang & conforte et engraisse le corps. Et icelle chose est congneue & provee par experience, car nous veons que les passeras quant ilz mengent grande quantite de cerises il augmente fort leur foye plus que en aultre temps, doncques cest signe & probation que les cerises augmentent le foye & confortent. et enciron icelle utilite est a noter quil sont deux manieres de cerises cestassavoir grandes & petites les grandes encore sont doubles, car aulcunes sont doul
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ces & aulcunes aceteusee. Toutes les cerises doulces & petites sont mal saines & de facile corruption, et au corps engendrent vers les grosses aceteuses sont nommees cina & sont encores divisees, car aulcunes sont rouges de chair molle & icelles se doivent menger recentes & nouvelles. et au commencement du repas & ont vertu abstersive & mondifie. Les aultres sina sont noires & grosses de dure chair attrempeement & sont fort pontiques & icelles se doivent mengier en la fin durepas. Et la cause est car par leur ponctivite ilz closent lorifice de lestomac, parquoy len fait meillleure digestion.
¶Textus.
¶Infrigidant laxant multum prosunt tibi pruna.
¶Exposition.
¶En ce texte dit lacteur que les prunes ont deux utilites aux corps humain. la premiere est que elle refroide. Et pour tant les portingaloys qui demourent est region chaulde ilz mettent cuyre les prunes de damas avec leurs chairs. La seconde utilite est que les prunes laichent le ventre a cause de leur humidite & viscosites selon Galien au second livre des elemens. et ce est verifie des prunes qui ont maturation, car celles sont crues & non meures sont stiptiques & de petit nourrissement comme dit Avice. au second livre au cha. des prunes. et jacoit ce que les prunes de damas ayent icelles deux proprietes toutesfoys par especial icelles deux proprietes sont trouvees aux prunes qui sont apportees de laterre de armenie, car sur toutes prunes sont les meilleurs & qui mieulx laichent le ventre come dit Avi. au cha. dessus nomme. Et pour avoir plus grandes declarations dicelles proprietes est a noter que les prunes meures sont en usance, & non pas les verdes et non meures. en oultre les prunes plus convenables aux corps humain sont celles qui sont de figure longue, & peu de chair & dures decliantes a secheresse & qui ont lescorce exteriore tenvre & qui sont de saveur non totelement doulce, mais tandant a aculcune aigrete avec doulceur et de telles maniere sont les prunes de dams, car icelles refroident le corps comme dessus est declaire. Item de prunes sont plsuieurs autres espesses desquelles lusance nest pas reprouvee. Samblablement ilz sont aulcunes petites prunes de bois & non laxatives, mais elles re
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serrent le ventre, desquelles est fait eaue distillee pour restraindre le ventre. Item les prunes prises pour laicher le ventre doivent premier tremper en eaue froide, car ainsi plus parfaitement refroide & humecte la colere & laiche le ventre, & par ainsi lestomac & est mieulx dispose a recepvoir la viande. En oultre est a noter que les prunes recentes sont plus alteratives, mais elles sont de moindre nourrissement et de grandes superfluites. et comme est declaire des prunes pareilement est a entendre des cerises hascun en son espesse, toutesfoys les cerises sont de plus grande humidite & plus subtiles & moins viscieuses, & pourtant sont de moindre nourrissement que les prunes.
¶Textus.
¶Persica cum musto vobis dantur ordine iusto
Sumere sic est mos nucibus sociendo racemos
Passula non spleni tussi ualet est bon reni.
¶Exposition.
¶En ce texte sont declaires trois enseignemens. Le premier que la pesche se doit menger avec vin ou avec moust pour deux cause. La premiere est, car le moust engendre ebulition et grande chaleur au corps humain, laquelle ebulition oste la froideur superflue de la pesche, car les pesches refroident fort les corps humains. Item la maniere de mengier les pesches & plusieurs aultres fruictz e este dessus declaire en cetexte. Persica poma pira &c. Le .ij. enseignemen est que le raisin se doit mengier avec les noix seiches & antiques, car les recentes sont saines, & les antiques seichess ont fort dessicatives, et a cause de leur grant unctuosite de legier enflambe lecorps, & pourtant avec elles doit on mengier du raisin lequel par sa grande humidite resiste & oste la dessication & la inflamation des noix desquelles dessus a este souffisamment declaire en ce texte. Alea nux ruta. Le .iii. est que le raisin nomme .uva passa, cestadire raisin de karesme nuyst a la ratelle & fait en luy oppilation, mais est utile aux reins, a cause qeulels provoquent lurine & mondifient les reins.
¶Textus.
¶Scrofa tumor glandes ficus cataplasmate cedit
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Junge Papauer ei confracta foris tenet ossa.
¶Exposition.
¶En ce present texte lacteur dit que lemplastre faicte de figues fait deux utilites aux corps humain. ¶La premiere est que figues cuytes avec aulcunes liqueurs & appliquees avec leurs humidites garissent troys maladies, cestassavoir strophules, glandules, et apostumes. Item strophules sont inflations ulcerees soubz le menton ou au col, et strophula descend de scropha qui signifie truye, ou pourceau, a cause que celel maladie ient communement aux truyes par leur gourmandie, ou a cause que la figure dicelle maladie ressemble a la truye comme veult Avicene en la.iii. distinction au .iiij. chapitre des strophules. Item gladules sont ennuieuses venant communement aux asscelles, aux aisnes, & au col. item tumeurs sunt inflations par tout le corps. Item pour garir et madurer icelles apostumes il fault cuyres les figues en eaue avec ung petit de vinaigre pour donner penetration a la vertu madurative, & apres la decoction faicte se doyvent broyer en ung mortier avec ung petit deaue de la decoction, et faire cathaplasme proprement est medecine faicte de quelque chose avec son jus comme dit celluy ver. Tunc cathaplasma faris cum succum ponis & herbam. La .ii. utilite est que cathaplasme fait de figues et de semence de pavot rejoinct les os rompus et doyvent boullir en eaue sans vinaigre & puis broyer en ung mortier & applpiquer dessoubz a la cause que on y met du pavot est affin quil endorme le membre souvent & oste la douleur grande qui communement sourvient aux fractures des os, & provoque le dormir, et les figues attirent les humidites au dehors pour reglutiner & engendrer leporus sarcoides, car les os rompus jamais ne se peuvent rejoindre ne venir a vraye continuation. en oultre est a noter que le pavot est de .iij. especes, cestassavoir blanc, rouge, & noir. Le rouge est silvestre venimeux & croit es bledz, et jeunes estudians broyent les fleurs en ung mortier & en font une espece dencre.
¶Textus.
¶Pediculos uenerem facit : sed cuilibet obstat.
¶Exposition.
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¶En ce present texte lacteur declaire deux operations des figues. ¶La premiere est que mengier souvent des figues engendre grant multitude de poulx au corps humain. et dit Avice. au .ij. canon au cha. des figues que celle propriete se doit entendre des figues seiches, & donne la raison, car figues engendrent humeurs corrumpues & provoquent ferveur grande desdictes humeurs corrumpues, desquelles sont engendres poulx en grande quantite. La seconde operation est que les figues incitent la personne a luxure a cause quelles engendrent ventositez qui sont cause de faire dressier le membre viril, & augmente le sperme et grandes superfluitez au corps.
¶Textus.
¶Multiplicant mictum ventrem dant escula strctum
Escula dura bona : sed mollia sunt meliora.
¶Exposition.
¶En ce present texte declaire lacteur deux utilies des nesples. vla premiere est quelle provoque lurine a cause quelle endurcist les matieres fecales et les liqueurs retournent des intestins vers les reins & la vescie. La seconde est que les nesples constipent le ventre a cause quelles sont de saveur pontique & stiptique. Parquoy le texte infere ung correaire, et dit que les nesples dures sont bonnes pour resserrer le flux de ventre, et les nesples molles sont meilleures que les dures, car elles sont plus nutritives et moins constipent le ventre. Et environ ce est a noter que les nesples sont de moindre nourrissement que les pommes, poires, pesches, figues, & autres semblables et ce souffisamment demonstre leur saveur et duresse encore apres quelles sont meures, & pourtant des nesples ne doit ont guaires mengier en forme de viande fors que de medecine, & a cause que leur vertur est si grande stiptique competent fort au flux de ventre. Et en oultre les nesples sur lherbe ne viennent pas a vraye & souffisante molesse & muturation pour mengier, & pourtant devant que on les mengeue doivent estre mollifiees & madurees artificiellement pour les avoir plus delectables au goust, & de moindre constipation.
¶Textus.
¶Prouocat urinam mustum cito soluit & inflat.
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¶Exposition
¶En ce texte lacteur declaire troys utilites du moust. ¶La prmeiere est quil contient en luy aulcunes parties terrestres intreuses mordantes la vescie quant elles viennent en elle, & pour ladicte introsite & mordication la vescie est incitee et contraincte de expulser lurine. Et icelle propriete se doyt entendre du moust ayant lies mordantes comme sont plusieurs vins de rin, car les moust qui sont prives de lyes grosses mordantes ne provoquent pas lurine, ains font oppillation & deffendent lurine. ¶La .ij. utilite est que le moust tantost laiche le ventre pour une mesme cause derniere declairee. ¶La .iij. est que le moust est inflatif a cause de lebulision quil fait en corps humain laquelle engendre ventosite. et les causes dicelles deux proprietes ont este declairees en ce texte. Impediunt urinam. ¶Textus.
¶Grossos humores nutrit cervisia uires
Prestat & augmentat carnemm generat atque cruorem
Prouocat urinam uentrem quoque mollit & inflat
Infrigidat modicum sed plus desiccat acetum
Infrigidat macerat melanc dat sperma minorat
Siccos infestat neruos & pinguia siccat.
¶Exposition.
¶En ce texte lacteur met deux choses. Premierement il met .viij. proprietez de la cervoise. ¶La premiereest que la cervoise engendre au corps grosses humeurs, & ce doit entendre ceste propriete en faisant comparation de la cervoise au vin. Encore la cervoise est diverse & engendre grosses humeurs selon les grains divers desquelz elle est composéee, car la cervoise faicte de grains de grosses substance engendre grosses humeurs, & celle qui est faicte de grains de moindre substance engendre moins grosses humeurs. ¶La .ij. est que la cervoise augmente la force, cestassavoir celle qui est faicte de bons grains & avec ce de grande decoction comme cervoise datrisse & dangleterre, icelles sont nutritives parquoy augmente la vertu. ¶La .iiij. est quelle multiplie le sang pour une mesme raison, & ces .iii. proprietez sont
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veritables de la cervoise antique faicte de bons grains et de grant decoction. La .v. est quelle laiche le ventre, ces deux proprietez sont veritables de la cervoise clere fort hoberonnee, cest ou il y a multitude de hoberon comme cervoise dambourch laquelle provoque lurine & laiche le ventre a cause du hoberon, toutesfoys elle nuist a ceulx qui ont le cerveau debile, car iceulx facilement enyvre & trouble lentendement a cause de la multitude du houberon. La septiesme est quelles enfle le ventre. Et sentend de cervoise qui nest guaires boullie comme est la cervoise de holande nommee keute qi moult enfle & opille a cause quelle engraisse moult. La .viij. est que la cervoise refroide ung petit comme la cervoise de holande, brebant, flandres, et de haynault, & est celle que on use communement. Et tout ce sentent en comparant la cervoise au vin. Icy est a noter que la cervoise se peult faire de divers grains comme davoyne, dorge, et de froument, lesquelz grains font pareillement la cervoise de diverse complection, car celle qui est faicte dorge ou davoyne oppille moins, moins engendre ventosite, & moins gouverne le corps. et cervoise faicte de froument est plus chaulde, plus oppille, et mieulx gouverne. Et daultant que la cervoise est plus grosse daultant est pire, & la plus subtile est la meilleure. En oultre est a noter que cervoise faicte de choses inebrante est la pire comme celle qui est faicte dung grain nomme lalium, & fait douleur de teste et blesse les nerfz. En apres le texte met .v. proprietes du vinaigre. La premiere est que le vinaigre desseiche, car Avicene dit au .ii. canon au cha. du vinaigre quil est de forte exication, & pourtant ce les medecins commandent en temps de peste de user vinaigre avec les viandes & avec son boire Avicene dit en la .iii. distinction du premier livre au .viij. cha. que user vinaigre en son boire & mengier en temps de peste fait lhomme seur de la peste. La deuxiesme est que le vinaigre refroide par la propriete qui est en luy. La .iii. propriete est que le vinaigre fait lhhomme maigre. Raison si est, car il desseiche, & sentend principalement quant le vinaigre est prins en lestomac a jung comme veult Avicene en la .iii. distinction du premier livre au cha. de amaigrir le corps
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gras. Toutesfoys cest chose veritable que souvent user de vinaigre en jung maine le corps a plusieurs accidens maulvais comme a debilitation & effension de poitrine, & esmeult la toux, lestomac & le foye fait debiles, les nerfz et les joinctures degaste. La quatriesme est que le vinaigre engendre melancole, a cause quil refroide et desseiche les humeurs. La cinquiesme est que le vinaigre diminue la sentence, car il desseiche, refroide, et amaigrist, et icelle proprietes du vinaigre met rasis au troisiesme livre dalmasor quant il dit. Le vinaigre est froit et sec et maigrete induyt, la force destruit et la semence diminue, la colere noire augmente, la colere rouge et le sang fait debile et diminue, et subtile les viandes antiques avec luy mesleez. En apres au dernier ver adjouste trois choses. La premiere est que le vinaigre nuyt aux lmaigres. Et raison est, car il dessaiche et aguise, fait augmenter en sa secheresse, car semblablement il nuyt avec son semblable, & fait lautre augmenter, & aussi complections maulvaises doivent estre medecines par son contraire, car par son semblable se fait pire. La .ii. est que le vinaigre nuyt aux nerfz comme dit Avi. au .ii. li. au cha. du vinaigre. La .iii. est que le vinaigre fait esmaigrir comme dessus il est plus aplain declaire.
¶Textus.
¶Rapa iuuat stomachum nouit producere uentum
Prouocat urinam faciet quoque dente ruinam.
Si male cocta datur hinc torsio tunc generatur.
¶Exposition.
¶En ce texte sont declairees trois choses utiles des naveaux attrempeement cuites. La premiere utilite est que le naveau aide & conforte lestomac, car bien il se digere en lestomac sans le blesser ne grever. ¶La .ii. est que les naveaux engendrent vent comme lecperience le monstre. La .iii. est quelle provoque lurine. et oultre icelles proprietes averoys dit quelles ont grant proprietez a conforter la veue, mais le nuysement des naveaux est leur continuation nuyt aux dentz. Au dernier ver dit lacteur que les naveaux mal cuictz font torsions au corps en multipliant ventosites come dit ce proverbe. Ventum sepe rapis si tu uis uiuere rapis. et est a noter que les queues de naveaux laichent fort le
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ventre. Pour plus ample notice est a noter que de toutes racines le naveau & le plus convenable pour nutriment du corps humain comme appert souffisamment par la doulceur & amour que homme treuve en la saveur des naveaux, & icelle doulceur & amour est en toutes viandes car les choses doulces restourent fort le corps, les ameres et pungitives ne restaurent guaires & pource que les naveaux sont plus doulx que toutes aultres racines pungitives ilz ont cours comme autres viandes, mais ilz engendrent gros sang melancolique se la digestive est debile, et cest chose utile de les depurer de la premiere eaue & nullement ne se doivent mengier cruz, & incite lhomme a luxure, et mondifie les voyes urinales.
¶Textus.
¶Egeritur tarde cor digeritur quoque dure.
Similiter stomachus melior sit in extremitates
Reddit lingua bonum nutrimentum medicine
Digeritur facile pulme cito labitur ipse:
Est melius cerebrum gallicanrum reliquorum.
¶Exposition.
¶En ce texte. v. proprietez du cueur sont declairees. ¶La premiere est que le cueur de toutes bestes est de tardive digetion & aussi de tardive egestion, & la cause est car le cueur est chair melancolique qui difficilement se digere, & tare descende de lestomac & des intestins, et la chair en est maulvaise selon Avicene au chapitre de la chair au .ii. livre, et est de petite nutrition comme dit rasis au .iii. l. dalmasor. ¶La .ii. est que lestomac semblablement est mal a digerer et tardif a descendre, la cause si est car lestomac est membre nerveux, & catilagineux, pouce est difficile a digerer, & pour une mesme raison engendre maulvais sang. En apres dit le texte que les extremites de lestomac comme le foye & lorifice sont plus faciles a digerer, a cause que icelles parcies sont plus grasses & plus charnues. ¶La .iii. est que la langue est de bon nourrissement principalement la partie vers la racine, cestassavoir la gule comme veult Avicene au .ii. canon au cha. de la chair, & la cause est car cest partie charneuse facile a digerer. Et entre les langues la langue du pourceau, quant la peau est rotye est equi
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paree a la chair dung ver comme scevent les trancheurs des roys et des grans princes toutesfoys la langue du beuf nest pas fort saine a cause de sa grande humidine les gens gloutons & ceulx qui voulentiers mengeussent langues avant le rotissement & assation emplissent de cloux de girofles affin que par la vertu des cloux lhumidite en partie soit consumee, & sont convenables a mengier. La .iiij. est que le polmon est de legiere digestion, & de facile egestion a cause que de sa nature il est mol, toutesfoys son nutriment nest pas convenable a nature humaine, car il est fleumatique & de petit nutriment come dit Avicene au .ii. livre au cha. du mouton. Et environ ce est a noter que jacoit ce que le polmon du mouton ne soit pas bon a mengier, nonobstant cest medecine bonne & prouffitable aux excoriations du talon faicte des soliers quant on lappliques chault dessus comme dit Avicene au chapitre dessus allegue. La .v. est que le cerveau de geline ou poulle est le meilleur entre les cerveaux duquem dit Avicene ou .ii. livre quil reserre le flux de sang des narilles & se doit avec sel ou espisses mangier a cause quil est vomitif. Et est a noter que les medecins dient que le cerveau du poullet augmente la mémoire, & que le cerveaulx des porcz ne sont pas convenables a lhome, mais les cerveau du mouton, du lievre, & du counis avec sel ou espisses peult aucunement convenir a lhomme & estre mangie, & du cerveau a est dessus declaire plus aplain. ¶Textus.
¶Semen feniculi fugat & spiracula culi.
¶Exposition.
¶En ce present texte est mus ing enseignement, & est que la semence du fenoul nomme maratrum expulse les ventositez ou dissoulx. La cause si est, car il est chault & sec & carminatif. Et environ ce est a noter que selon plusieurs medecins quattre utilites viennent de user de la semence de fenoul nomme maratrum. ¶La premier cy est quellest prouffitable aux fievres. ¶La .ii. est quelle degaste et deboute le venin. ¶La .iij. est quelle mondifie lestomax. ¶La .iiij. est quelle aguise la veue, & de ces utilites sont escriptz telz. Bis duo dat maratrum febres fugat atque uenenum. et purgat stomachum lumen quoque reddit accutum. Et icelles mesmes utilites met avice.
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au .ii. livre au chapitre du fenoul. Environ la .iiij. utilite est a noter au chapitre du fenoul, la ou dit Avi. Demoritus disoit que les vers venimeux mengoient la semence du fenoul recente, affin que leur veur fust renforcee, & les serpens & couleuvres touchoyent leurs yeulx encontre le fenoul quant elles yssoient de leurs cavernes apres lyver affin que leurs yeulx fussent aclersis & allumes. En oultre est a noter que le fenoul est de tarde digestion & donne aux corps petit nutriment. pource ne compete pas aux corps pour viande, mais pour medecine. Du fenoul donc nul nen doit user en regime conservative de sante, forsques pour preserver & corriger les malices daulcuns viandes comme nous meslons du persil avec lectues pour oster en partie la froideur & humidite deslectues, pareilleement avec caturbites se peult mesler fenoul & aussi avec raves pour corriger leurs nocumens.
¶Textus.
¶Emendat uisum : stomachum confortat anisum
Copia dulcoris anisi sit melioris.
¶Exposition.
¶En ce texte sont mises deux utilites de laniz. La premiere est que laniz conforte la veue. La .ii. que laniz conforte lestomac, raison est, car laniz mondifie lestomac des superfluites fleumatiques & eschauffees. et pource est utile a la veue, car il nest riens plus nuysible a la veue que limmondicite de lestomac, car en lestomac plain de superfluites se eslevent fumees caligineuses nuysibles aux yeulx faisant turbation aux esperitz visibles. Et ces deux utilites fait lenis doulce. Oultre ces utilitez Avice. au .ii. au cha. daniz met plusieurs aultres utilites de laniz, car avice. dit quil est sedatif de douleurs, resolutif de ventosites, & apaise la soif causee par humidite salce, & est apertif des oppilations du foye, de la ratelle, des reins, de la vescie, & de la matrice, & provoque lurine & le menstrue, & mondifie la matrice des fleurs blanches, & destruit luxure. ¶Textus.
Si cruor emanat spodium sumptum cito sanat.
¶Exposition.
¶En ce texte est mise une utilite de spodium. et est que spodium prins restraint le flux de sang a cause quil a propriete grande de con
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forter le foye, & ainsi le foye reconforte a cause du spodium retient le sang duquel il est la fontaine & originement dit Avicene au .ii. livre au chapitre de spodium, que spodium sont racinnes de cannes brulees. et dit on que icelles racines se adurent & brullent par frication de ses extremites lune contre lautrequant le vent les faule et esmeult. Toutesfoys symon januense dit que spondiu est chose de laquelle loriginement nous est occulte, nonbstant ce semble a veoir chose aduste faicte par combustion des cannes. et notes que spodium ne confere point seullement au flux de sang, mais aussi au flux superflu du ventre, & au vomissement comme tesmoigne rasis au .iij. livre dalmasor. Et confere aux fievrez agues, & conforte le cueur. Et au defaillement de cueur & tremeur fait par effusion de colere du foye, a lestomac donne grant aydement comme veult Avicene au chapitre allegue. et est a noter environ les choses desudictes comme spodium a aspect & propriete de conforter le foye, semblablement ils sont aulcuns medecines ayant proprietes de conforter aultres membres come macis conforte le cueur, le mucz le cerveau, le raglise le polmon, les cappes la ratelle, galingal lestomac, comme appert en ses vers. Gaudet aperspodio : mace cor : cerebrum quoq(uue) musco. Pulo liquiria. splen cappare : stomachus galanda.
¶Textus.
¶Uas condimenti preponi debet edenti
Sal uisus refugat & non sapidumque saporat
Nam sapit esca male que datur absque sale
Orunt persalsa uisum sparmaque minorant
Et generant scabiem pruritum siue uigorem.
¶Exposition.
En ce texte trois choses declaire lacteur. Premierement met ung enseignement general observe de toutes gens & est que la saliere ou le sel se doit premierement mettre a table & premier oster comme dit ce commun ver. Sal primo poni debet : prioque deponi, car table sans sel est mal paree. Secondement enseigne lacteur .ii. utilites du sel. La premiere est que le sel resiste contre venin pour deux causes. La premiere est, car il est dessicatif & par sa secheresse il desseiche les humidites desquelz ce peult en
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suyvre corruption. Lautre cause est pource que le sel comprime les humidites en les tirant hors & ainsi clost les conduitz du corps et pourtant il prohibe la penetration du venin qui se fait par les cotduitz ouvers. La .ij. utilite du sel est que le sel fait saveur es viandes, car experience le demonstre que nulles viandes non saveur sans sel comme dit le tiers ver du texte. Tiercement lacteur met .iiij. nocumas du sel & des viandes fort salees qui font perir la veue pour deux raisons. La premiere est pource que les viandes fort salees font venir les yeulx a trop grande secheresse laquelle leur est moult contraire, car ilz sont de nature deaue comme dit le philosophe de sensu & sensato. La .ii. cause est, car les viandes dort salees font pourritures et mordications come devant a este declaire, que des viandres mordicatives & purritures estans en lestomac font vaporations & fumees mordicatives nuysans fort aux yeulx & a la veue & les font rougir. Le .ii. nocument est que les viandres fort salees diminuent la semence de lhomme a cause quilz desseichent fort toutes humidites au corps. ¶la .iij. est que le sel & viandes fort salees engendrent rongnes a cause quil fait humeurs adustes, salles & mordantz, & telz humeurs sont cause des rongnes & pourritures, ces .iiij. nocumens a escript rasis au .iii. li. dalmasor quant il dit que le sel fait le sang aduste & debilite la veue dicelluy qui en prent grande quantite & diminue la semence & engendre pourritures & rongnes. Et oultre iceulx nocumens les choses fort salees font lhomme serpineux & venir morpher & lepreux, especialement es corps disposes & font excoriation des reins & de vescie, toutesfoys les choses salees attrempeement garissent lestomac facheux, & aguisent, & incitent lappetit.
¶Textus.
¶Hi feruore uigent tres salsus amarus acutus
Alget acetosus sic stipans ponticus atque
Unctus & insipidus dulcis dant temperamentum.
¶Exposition.
¶En se texte sont mises les qualites des saveurs. Premierement dit lacteur .iii. saveurs, cestassavoir saveur salse, saveur amere, et saveur ague eschauffent le corps dicelluy qui le prent. Seconde
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ment dit que ses .iii. saveurs comme saveur aceteux, saveur stiptique et saveur pontique refroidissent le corps. Tiercement dit que .iii. saveurs comme saveur unctueux, saveur insipide, & saveur doulce sont attremppees, car ils neschauffent ne refroidissent le corps humain. Et pour plus ample entendement est a noter que selon Avice. au. ii. canon au .ij. traict au chapi. viii. sont .viii. saveurs qui enseignement la saveur insipide, & sont doulceur, martume, aguit, salure, acetosite ponticite, stiptique, & unctuosite, toutesfoys en comptant saveur insipide pour saveur comme fait le texte ilz sont .ix. Et adonc saveur est prinse pour toutes choses qui minuent le goust de lhomme, & de ses saveurs les .iii. sont chaultz, cestassavoir saveur salse, saveur amere, et saveur ague. Et selon Avicene au cha. allegue, de saveur ague est le plus chault, en apressaveur amere, & puis la salse, car les choses agues sont les plus fortes à resolver, inciser, & abstergier que choses ameres, en pares les choses salees sont comme les choses ameres refrenees avec humidite froide. Et. iij. dicelles saveurssont froides, cestassavoir aceteux, stiptique, & pontique. Et la saveur pontique est le plus froit, en apres le stiptique & dernier laceteux, et pource en tous fruictz qui acquierent doulceur premier y est saveur pontique de grande refrigeration. En apres quant le soleil a aulcunement digere le fruict par sa chaleur & influence digestive, le fruict est de saveur stiptique, en apres decline & vient a ceteusite come fait verjus, en apres de doulceur. et jacoit ce que les choses aceteuses soient moins froides que les stiptiques, toutesfoys a cause de sa grande subtilite & penetration communement il est de plus grande infrigidation selon Avicene au chapitre allegue, pontique stoptique sont en saveur prochain, maiss tiptique retraict & fait aspre la langue en la partie superficiale seulement, mais saveur pontique fait la langue retraire & aspre en la partie superficiale & es parties interiores. et troys de ses ssaveurs sont attrempees, car ilz ne sont pas de grande chaleur ne de grande froideur comme saveur doulce unctueulx et insipide, & jacoit ce que la saveur doulce soit chaulde, toutesfoys ny a point grande chaleur comme dit Rasis au .iij. livre dalmasor. Et oultre est a noter que une chascunesaveur a propres operations comme veult Avicene & Rasis alle