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1514-Regimen sanitatis en francoys (Arnaud de Villeneuve) (1-50)

Regimen sanitatis en francoys.

Souverain remede contre lepydimie

Traictie pour congnoistre les urines.

Remedetresutile pour la grosse verole.

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Inuiolata integra et castra es maria

Que es effecta fulgida celi porta.

O mater alma christi charissima

Suscipe pia laudum preconia

Nostra ut pura pectora sint & corpora

Que nunc flagitant deuota corda & ora

Tua per precata dulcisona

Nobis concedas ueniam per secula.

O benigna. O benigna. O benigna

Que sola inuiolate permanstiti.

¶Amen.

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Cy commence la maniere de vivre tresexcellent et prouffitable pour conserver & garder la sante corporelle detoute humaine nature, ja dis faicte & compillee au reaulme dangleterre en luniversite de salerne, & veritablement declare & exposee par un venerable docteur en medicine de catheloigne nomme maistre arnoul de ville neufve, comme Pierre precieuse entre tous les medecins vivans a lors en terre, & nouvellement corrigee et maendee par les tresexcellens docteurs en medicine regens a Montpellier Lan mil. cccc. lxxx. avec aulcunes additions a ce adjoustees lan mi. ccccc. & ung.

¶Textus.

Anglorum regiscripsit scola tota salerni.

Si uis incolumen : si uis te redere sanum

Curas tolle graues irasci crede prophanum.

Parce mero : cenato parum non sit tibi uanum

Surgere post epulas : somnum fuge meridianum.

Non mictum retine : nec comprime fortiter annum.

Nec bene si secues : tu longo tempore uiues.

Ce petit livre a este fait et compose a linstance et usaige du roy dangleterre pour conserver et garder la sante corporelle par les docteurs de luniversite de salerne. ¶ Au commencement duquel lacteur nous demonstre .viii. enseignemens generaulx, lesquelz apres seront specifiez et declarez. La premiere doctrine est que lhomme qui bien veult vivre en bonne sante doyt bien fuyr et eviter les grans charges et sollicitudes, car trop grande sollicitude seiche les corps humains en donnant desolation aux esperitz de vie, et les esperitz ainsi sont desolez et marris seichent les os. Soubz ceste premiere doctrine se doyvent bien comprendre les melencolies & marrissons lesquelles semblablement font grant dommaige au corps humain, car par ce moyen le corps devient maigre et froyt, le cueur est serray, lentendement et engin obscurcit, rayson perturbe, et la memoyre anichile. Il est pourtant expedient a gens gras et charnus davoir aulcune tristesse accidentale pour mondifie la bonne chaleur de lesperit et rendre le corps maigre et subtil. ¶La seconde doctrine est que lhomme se doit garder de courrouser, car ire et courroux semblablement seiche le corps entant quelle eschauffe

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tous les membres excessivement, et trop grande chaleur seiche le corps & le fait hetique comme dit avicene en la premiere distinction de la .iij. doctrine au premier chapitre. Secondement car ire & courroux pour la grande chaleur du cueur fait grant dommaige a toutes les operations de lame raysonnable. Et est a noter quilz sont aucunes gens qui sont froitz naturellement, ou par accidant daulcun malefice & poison auquel est utile & prouffitable pour la sante corporelle de estre marris & courrouces a ce que par ce moyen la chaleur naturelle en eulx soyt incitee, acquise, & conserve. ¶La troysieme doctrine est que lhomme doit estre soubre en boyre & en mengier, car boire & menger excessivement fait pesant, endormy & paresseux & rend les membres & lestomac debilites. Et comme dit Avicene au chapitre de leaue & du vin plusieurs aultres inconveniens sourviennent par exceps de boire ou de menger comme cy apres sera declaire. ¶La quatriesme doctrine est que lhomme doyt petitement souper, car trop menger au soir engendre douleur de ventre, cest a dire torsions & empeschement de repos ou angoisse comme nous veons par experience, & sera apres declaire. ¶La cinquiesme est que lhomme doit ung petit cheminer apresquil a pris son repas, car par ce moyen la viande descend au font de lestomac ou gist la vertu digestive, comme dit Avicene lorifice de lestomac desire la viande, & le fond la digere. ¶La .vi. est que lhomme ne doyt point dormir incontinent apres son repas, sil veult avoir sante et eviter plusieurs maladies ou texte quant il dit .Febris pigricies &c. ¶La septiesme est que lhomme ne doyt pas longuement retenir son urine, et si la retient plus que nature ne requiert a grant peine pourra uriner, et paraventure la mort sensuyvra, comme dit Avicene en la .xix. distincton du tiers livre, au chapitre de la difficulte durine. Item trop longuement & plus que nature ne requiert retenir les matieres fecales, cest adire la grosse matiere, sensuyvent moult dinconveniens pour ce que le foye et les vaines meseraique seichent quasi toutes les humeurs des grosses matieres & pourtant quelles sont dures ne peuvent saillir hors du corps & font es boyaulx opilations dont surviennent matieres venteuses & par possible apostumeuse comme sera apres declaire. ¶La huytuesme est que lhomme en faisant sa ne

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cessite ne se doyt point trop efforcer, ou contraindre son fondement, car en ce faisant souvent sensuyvent les esprinssons et le siege du fondement hors de son lieu, et pour finable conclusion dit lacteur qui vouldra observer et garder la doctrine dessusdicte pourra vivre longuement en sante.

¶Textus.

¶ Si tibi deficiant medici : medici tibi fiant

Nec tria : mens leta : requies : moderata dieta.

¶Exposition.

¶Lacteur ycy donne troys remedes generaulx pour conservation de sante a toute creature humaine, et singulierement aux gentilz hommes. ¶La premiere est que lhomme doyt vivre joeusement, car joye et lyesse rent leage de lhomme florissant. Item par le moyen de joye ou liesse temperee jeunesse est conservee, la vertu naturelle confortee, lengin est aguyse, et a toute bonne operation, par ce moyen lhomme se trouve prompt & habile, et nons sans cause dit lacteur que joye ou lyesse doyt estre temperee, car quant elle est excessive elle est cause de la mort corporelle et espirituelle. Et principalement la joye temperee est convenable a ceulx qui ont grandes negoces et sollicitudes. Et se peult cest joye moderer et acquerir par usaige d boyre et menger viandes delectables, et fuyr toutes choses qui engendrent melancolie, et converser ou demourer avec ses amys ou ses semblables, comme dit Avicene en .xi. livre au tiers chapitre du deffaillement de cueur. ¶Le second est tranquilite dame, dentendement, de pensee, car les nobles par les trop grandes sollicitudes et charges quilz ont sont plus grevez tant pour tant que les aultres gens moyens, car atant charge dame et dentendement degaste le repos qui est fort utile aux nobles qui communement sont de nature seche et collerique ausquelz tresgrandement repos est utile. ¶Le .iii. est moderement prendre son repas de boire et de mengier, car apres seront declares les inconveniens qui serviennent de trop boire et menger. ¶Textus.

¶Lumina mane manus fugens gelida lauet aqua.

Hacillac modicum pergat. modicum sua membra

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Extendat crine pectat : dentes fricet ista

Confortant cerebrum. confortant cetera membra.

Lote cal esta paste vel .i. frigesce minute.

¶Exposition.

¶En ce texte lacteur met six enseignemens par lesquelz le cerveau est conforte, & aussi tous les membres du corps. ¶Le premier enseignement est apres que lhomme est leve du matin il doyt laver ses yeulx deaue clere & froide, car les yeulx doyvent estre modifies pour oster les infections adjoinctes au paupieres & environ les yeulx Et ce nous demonstre Avicine souffisamment en la troiziesme dustinction du tiers livre au chapitre de conserver la sante des yeukx & des empeschemens diceulx. La chose qui les yeulx mondifie, et les fait clers, & aguise la veue, est de mettre et plongier les yeulx en eaue clere et de les ouvrir. Et icelle semblable sentence declaire Avicene en la troiziesme distinction au chapitre de debilitation de la veue quant il dit. Se baigner en eaue clere & verde et les plonger en icelle, et ouvrir les yeulx, & principalement aux jeunes gens. La cause pourquoy les yeulx, principalement aux jeunes gens. La cause pourquoy les yeulx doyvent estre lavez de eaue froide et non pas de chaulde, cest pour ce que une chescune chose naturelle doyt estre gardee par son semblable. Et icelle mesme sentence veult galien au tiers livre de rigi. ou il dit que les corps chaultz ont besoing de chose chaulde, et les corps froitz de chose froide. Et comme ainsi soyt que les yeulx soyent de froide nature pource doyvent estre lavez de eaue froide & non pas de chaulde. ¶Le second est que lhomme apres son lever doyt laver ses mains a cause que se sont les instrumens a entretenir & mondifier les membres organiques par lesquelz les superfluites du corps sont expulsees, comme le cerveau par les narilles, par les yeulx, par les reilles, et aultres conduitz. Et pource les mains doyvent estre modifiees de eaue froyde et non pas de chaulde, car le lavement des mains en eaue chaulde engendre vers au ventre especialement se les mains sont lavees en eaue chaulde incotinent apres mengier comme dit Avicene en la .xvi. distinction au tiers livre. au .v. traicte au chapitre des vers.

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A cause que le lavement des mains faicte en eaue chaulde incontinent apres mangier distraict la chaleur naturelle par dehors et la digestion demeure imparfaicte laquelle indigestion imparfaicte est la cause principale dengendrer vers. ¶Le tiers est apres ce que lhomme est leve de son repos doyt ung petit cheminer a ce que ses superfluites de lestomac des boyaulx et du foye, comme grosses matieres de lurine & soyent plus facilement deboutees. ¶Le quattriesme est apres que lhomme est esveille de son dormir competant, il doit estandre ses mains & ses piedz & les aultres membres affin que les esperitz de vie soyent tires aux membre exteriores & que les espritz du cerveau soyent plus subtilz. ¶Le .v. est que lhomme se doit pigner pour ouvrir les poroys de la teste & debouter les fumees delaissees apres le repos & pour moderer les esperitz du cerveau & ainsi le pigner est fort utile a la veue & par especial aux gens vieulz comme dit Avicene en la .iij. distinction du tiers. au chapitre de debilitation de veue quant il dist. Pigner la teste ayde fort, et par especial aux gens vieulx, & pourtant se fault il souvent le jour pigner, car le pigner entre es vapeurs aux parties superiores et les separe des yeulx. ¶Le .vi. enseignement est que lhomme doit nettoyer & laver ses dentz a cause que les ordures des dentz font la layne puante, semblablement des dentz ordure sourvient & vapeurs qui font conturbations au cerveau. En oultre lordure des dentz meslee avec la viande est cause de corrumpre la viande en lestomac. La maniere de conserver la sante et la bonne odeur des dentz met Avicene en la septiesme distinction du tiers, au chapitre de conservation des bonnes dentz quant il dit des choses qui bien gardent la sante des dentz, cest de laver la bouche deux foys le moys de vin, car cest le meilleur remede, et le bien boullir avec la racine de timal pour faire bonne alaine et celluy bien use de ladicte decoction, jamais naura douleur de dentz. En oultre lacteur au dernier ver met bien aulcunes doctrines generales. ¶La premire est que lhomme apres le baing et les estuves se doyt bien teni chault pource qui les conduitz sont ouvers et de legier le froit peult penetrer & engendrer plusieurs maladies. ¶Le second est apres que lhomme a prins son repas il

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doit ung petit demourer et debout pour faire descendre la viande au fond de lestomac & puis cheminer moderement, car le grant mouvement distraict la chaleur naturelle des parties interiores es parties exteriores, & est cause de destruire la digestion. ¶Le .iij. est que lhomme de froide complexion ne se doyt pas subitement fort eschaufer, mais petit a petit, car les muations subites blessent nature comme dit galier en la glose dung anfforisme. Toutes ses choses hors nature fors extreme corrompent le corps.

¶Textus.

¶Si breuis aut nullus tibi somnus meridianus

Febris pigricies capitis dolor atque caternus

Hec tibi proueniunt ex somno meridiano.

¶Exposition.

¶En ce present texte sont declaires quattre inconveniens que fait le dormir apres disner. ¶Le premier est que le repas apres disner engendre fievres faictes par voye dopillations a cause que de jour la chaeur & esperitz sontdisperses vers les parties exteriores du corps, car la parfaicte digestion est quant la chaleur naturelle, et les esperitz vers les parties interiores, par laquelle retraction la chaleur naturelle en est efforcee, & pource la nuyt est lheure de parfaicte digestion. Et les humeurs indigerees et creues si sont cause de opilation, laquelle opilation est cause des fievres, selon que dit le docteurs Avicene en la premiere du quart, au chapitre qui parle de putrefaction. ¶Le secon empeschement que donne le repos fait incontient apres disner est quil rent les gens tarditz en leurs aperations par une mesme rayson, car des humeurs gros & indigerez font engendrer esperitz tardifz a mouvoir le corps, et demeure le corps pesant commes les esperitz soubtilz et legiers font le corps legier. ¶La .iij. est douleur de teste a cause que des viandes indigerees & grosses en lestomac sont elevees fumees grosses faisant empeschment au cerveau, car cest chose necessaire. Se des matieres grosses sont fummees dissolues & elevees quelles soyent grosses comme dist galien en la glose dung anfforisme. Qui crescunt, ou il dit que cest chose necessaire que toutes choses soyent semblables a cel

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les dont elles viennent. ¶Le .iiij. empechement cest caterre qui semblablement est fait par une mesme voye, cestassavoir de rumes. Rumes sont humeurs decaurant de membre en menbre, & selon qui court en diverses parties du corps il a divers noms, car quant la rume court au polmon il se nomme caterre. Quant il descend au col il se nomme brancus. Et quant il descend es narilles il se nomme corisa comme il appert par iceulx vers.

¶Textues.

¶Si fluit ad pectus dicatur reuma : catarrus

Ad sauces bracnus : ad nares dico corizam.

¶Exposition.

¶Touteffoys oultre les raysons des nocumens dessusdictz sont aultres raysons plus efficaces. La cause du premier nocument cestassavoir des fievres, aulcuneffoys putrides, & aulcuneffois effimere. La fievre effimere est engendree par vapeurs & fumees fuligineuse retenues par le repos apres disner lesquelles le veiller avoit acoustume de determiner, & lesdictes fumees fuligineuses se meslent avec les esperitz & engendrent une chaleur estrange nommee fievre effimere. La fievre putride est engendree par putrefactions des humidites indigestes & multiplies par le repos que lon fait apres disner. Le second inconvenient, cestassavoir estre tardif es mouvemens, et pourtant que par le repos ares disner les humidites et fumees sont retenues environ les muscles nerves & joinctures, & endormissent lesdictz membres, & pource est le corps pesant en ses operations aprs disner. ¶Le tiers inconvenient radicalement est de cause semblable, cestassavoir des humidites & vapeurs retenues au corps par le repos, lesquelz sont esmeuz vers le cerveau font douleur de teste. ¶Le quart inconvenient cestassavoir le caterre signifiant toutes rumes qui sengendrent a cause que les vapeurs & fumees espandues vers le cueur sont evaporees & consumees par le veiller retournent dedans les parties interiores & fument au cerveau, lesquelles fumees engrossies par la froideur du cerveau retournent es basses parties du corps catarisante Avicene en la troysiesme distinction du premier en la seconde doctrine au chapitre .ix. adjouste aultres inconve

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niens venans de dormir de jour. ¶Le premier est qui engendre maladies humidites comme goutte paralifiees a cause que les humidites qui ont acoustume de estre consumees par la chaleur du soleil et du veiller sont retenues dedans le corps. ¶Le second est corruption de couelur de la face a cause des humidites aquatiques semblables a lurine meslees avec le sang qui ont acoutumees de estre consumees par le veillier montant au cerveau et a la face avec le sang, et font la face enfle et cendreuse. ¶Le tiers inconvenient est qui fait lhomme splentique a cause que les grosses humeurs melancoliques sont diminuees en la ratelle par le dormir de jour, car comme le veiller avec la chaleur du jous lesquelz font ouverture donne moouvement et passaige aux humeurs melancoliques par les conduiz estroiz, semblablement le dormir de jour empesche & destruit le passaige de la melancolie par ses propres conduitz et aussi par especial du conduyt qui vient la ratelle a lorifice de lestomac cree pour provoquer appetit au corps humain par lequel conduyt les superfluites melancoliques ont de coustume de estre mondifie.

¶Le quart est quil remolit les nerfz par prohibitions de resolutions des humidites acoustumees destre resoluee par le veiller du jour lesquelles retenues seichent les nerfz. ¶Le quint est privations ou debilitations de appetit par faulte de resolution laquelle est la premiere cause de lappetit, & lautre cause est replection destomac de fumees et humidite remolissant & remplissant lorifice de lestomac. ¶Le sixiesme est generation dapostume par les humidites multipliees par le repas fait de jour lesquelles ressemblent en aulcun membre et le font enfle et humide. En oultre dit Avicene quil ya deux causes principales par lesquelles le repos du jour est nuysible. ¶La premiere est pource que le repos du jour est incontinent corrumpu a cause que la chaleur du jour attire la chaleur du corps vers les parties exteriores & les repos de nuyt fait lopposite & attire vers les parties interiores desquelz deux mouvemens il se engendre ung mouvement violent qui trouble nature, & pour ce ceulx qui veulent dormir de jour on conseille de dormir en lombre et en lieu obscur. ¶La seconde est pour ce que le repos du jour rent lhomme

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mate & endormy & quasi espouvante se change nature de chose acoustumee cestassavoir de digerer la viande. Touteffoys est a noter que jacoit ce que le repas du jour generalement est vitupere & le formir de nuyt commande, toutesfoys le dormir de jour est moins vitupere que celluy qui est fait du matin, cesassavoir de puis soleil levant jusques a tierce selon la doctrine ypocras au .ii. li. des prenostiques ou il dit. Le repos comme dit est fait de nuyt & non de jour celluy est louable & celluy qui est fait a toute heure est reprouve, toutesfoys le moins reprouve est celluy qui fait du matin jusques a tierce, en oultre est a noter que lacoit ce que le repas du jour & le repos meridional soit prohibe des premiers inventeurs toutesfoys pour le temps present tout repos fait de jour nest pas vitupere, & par espcial se .v. conditions en luy sont observees comme veult bertuce lespagnol. ¶La premiere est quil soit acoustume. ¶La seconde que ne soit pas incontinent apres mengier. ¶La tierce quil ne dorme point la teste basse. ¶La quarte que le sommeil ne soit pas de longue duree. ¶La quinte est que le resveil ne soit pas subit, mais amodere.

¶Textus.

¶Quattuor ex vento veniunt in ventre retento

Spasmus ydrops collica vertigo quattuor ista.

¶Exposition.

¶En ce texte declaire lacteur quattre inconveniens venant de retenir ventosites en son corps. La premiere est spasme a cause que ventosite retenue souvent court es joinctures, & es nerfz les remplissent, de laquelle replection sensuyt contraction de nerfz nommee spasme. Et comme dit Avicene en la seconde distinction. Spasme est maladie nerveuse en laquelle se meuvent les membres lacertens vers leur prince & originement & sont inobediens en la dilactions. Et tel spasme est double, car lung est de replection ouquel le membre est fait court et fros a cause de la matiere remplissant le membre comme le cuir, ou cordes de harpes, & ceste espece de spasme vient subitement. Lautre est spasme par maniere dung timpane auquel le membre selon le long & le large devient comme fait parchemin mis au feu, car il se retraict selon

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le long et le large, & ceste espesse de spasme se fait petit a petit.

¶Le second inconvenient est ydropisie maladie materielle engendree par choses froydes fort refroydissant & enflant tous les membres du corps, ou les membres de la premiere digestion ou de la seconde comme lestomac, le foye, & les vacuites environ le ventre, car ydropisie ne sengendre pas sinon par erreur de foye fait au song. Et sont trois espesses de ydropisie, cestassavoir yposaca, alchites, & timpanites, & le second nocument se doit enrendre de lespesse nommee timpanites. Timpanites comme dit bertuce est engendree de mald complection froide en lestomac et au foye empeschent de transmuer le boire & le menger en bonnes humeurs & les convertit en ventositez laquelle quant elle nest pas deboutee par eructuation ou aultrement a cause des opppillations es voyes a ce deputees & ordonnees, ou par la debilitaiton de la vertu expulsive ou sequestrative et semblable entre le mirac & ciphat du ventre & fait ydropisie. ¶Le tiers inconvenient est colique passion maladie fort doloreuse faicte en ung des gros boyaulx nomme colon ou sac. Come yliaque passion est faite en ung des boyaulx nomme ylion, & icelle deux maladies engendrees de ventosites encloses es boyaulx. ¶Le quart inconvenient est de douleur de teste nommee vertigo en laquelle il semble lhomme que tout le monde tournoye. Et la cause dicelle maladie est ventosite au cerveau laquelle se esmeut au cerveau & se mesle avec les esperitz vitales & fait vertigo. Et iceulx quattre inconveniens avec aulcuns aultres declare Avicene an la .xviij. distinction au chapitre des choses qui nuysent aux colliques & dit. Tu dois scavoir que ventosites retenues souvent fait venir la collique possion a cause quil le fait monter & eslever & se rassemblent tout en ung & fait les boyaulx de bles. Et aulcunesfoys icelle retention congendre ydropisie. Et aulcunesfoys engendre exileuse vertigo & debilitation de vie & quant est retenue es joinctures elle est cause spaccive.

¶Textus.

¶Et magna cena stomaco fit maxima pena

Ut fis leuis fit tibi cena breuis.

¶Exposition.

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¶En ce texte lacteur met ung enseignement pour conserver le corps en sante et dit que lhomme doyt soubrement souper, sans faire grande replection, car grande replection du vespre empesche le repos et fait torsion de ventre engendre pustule en la face et la teste fait pesante au matin, & la bouche aspre & mal odorant. Sur ce texte eschiet une question difficile telle. Assavoir mon se lhomme doyt prendre plus grande refection a son disner que a sn souper. Et pour decider ceste matiere est a noter que selon la diversite du corps plus grant ou moindre quantite de viande est convenable au disner que au souper, car les corps sont sains ou ilz declinent en maladie, si declinent a maladie, ou en maladie materielle ou sans matiere, ce cest sans matiere il convient au souper prendre la refection plus grande a cause que es telles maladies nature seulement laboure a digerer la viande. Et cest maladie materille au disner la refection doyt estre augmentee comme il est declare au troysiesme traite, chapitre. cinquiesme de la curation de pilence en telles parolles. Icelluy quil ne se peult passer dune refection le jour, car coustume est a lopposite, il doyt diviser sa viande qui est moindre que sa refection en troys parties, & prendre les deux tiers au disner, et laultre tiers au souper, apres ce quil sera attrempeement exercicte. Rayson a ce en celluy temps que nature debile a ayder en sa digestion, par la chaleur du soleil donnant vie & que les superfluites sont plus resolvees la refection doyt estre plus grande, mais tout ce fait plus environ disner. En oultre du jour la chaleur du soleil qui ainsi digere est present avec la chaleur naturelle & pource du jour deux chaleurs sont a la digestion, & par nuyt non. Et semblablement naturep lus sollicite de digerer les superfluites des maladies par nuyt & pourtant ne doyt pas estre divertie et estre occupe a digerer la viande jacoyt ce que la chaleur naturelle en aulcuns soit fortifiee par la froideur de la nuyt cimprimant les esperitz, et la chaleur dedans le corps, toutesfoys icelle chaleur ne peult digerer deux choses cestassavoir la viande et les superfluites de la maladie, donc appert que en iceulx il fault au souper prendre moindre refection, se les corps sont en sante, ou il sont fort sains robuste sans superfluites sensibles & apparen

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tes car leur vertu expulsice est forte et expellante souffisamment comme les corps nommes athlete, & a iceulx fault augmenter le souper, car la nature diceulx de nuyt seulement laboure a digerer la viande non pas a maturer les superfluites, car ilz en sont quasi prives. Ainsi ilz labourent seulement de fortifier leurs corps lequel se fortifie plus de nuyt que de jour, a cause que le sang et les esperitz sont engendres en plus ample quantite et mieulx distribues par le corps. Se les corps sont fort distans des corps dessuditz comme le corps qui de legier chiet en maladie, tel corps ou ilz se travaillent dung fort travail et continuel ou non, si se travaillent comme font ceulx qui gaignet leur vie par travail de bras, et de mains, a iceulx convient prendre plus grande refection au disner que au souper, la cause si est, car la bonne viande nest pas prinse tant seulement pour gouverner et restaurer le corps, mais aussy semblablement pour humecter et arrouser les membres quil ne deseichent du fort mouvement et travail, et pour resister mieulx a la resolution de la chaleur naturelle pour laquelle cause il fault plus de viande exhiver au disner que au souper, et tel grant exercite ne prohibe point les membres de bien faire bonne digestion comme ils soyent ainsi a coustumes, car par experience nous les veons bien troys foys le jour menger de bo nappetit et bien digerer. Sil ne font point de travail fort et vehement, et continuel comme les dessusdictz, ce advient doublement, car ou ilz font travail fort laborieux, mais non pas bien continuellement. Ou ils font travail debile avecques lequel se multiplient superfluites. Si font bon travail fort laborieux pour aulcunes occupations bien necessaires en la vie ou pour salut comme plusieurs hommes civilz qui pour les biens de fortune, ou de salut fort se travaillent & plus quilz nont acoustume, comme de chevaucher, ou de cheminer, ou aultre chose faire. Et iceulx doyvent plus souper que bien disner, car sil augmentoyent leur disner veu & & considere quilz nont pas bien acoustume de faire grant travail comme les dessusdictz premier, les bonnes viandes prinses au disner se corromproyent par le plus grant mouvement et travail la chaleur naturelle diceulx est bien resolvee et disparsee par le corps, laquelle de nuyt retraicte dedans le corps est cause principale de bonne di

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gestion, et pource a iceulx convient plus grande refection au souper que au disner. En oultre iceulx par avant nont pas este de grant travail donc leur corps est plain de humidites superflues lesquelles par petite refection prinse au disner peuvent resister a la resolution et confucation faictes par le mouvement & travail qui se fait de jour, mais sil sont de petit travail et de debiles occupations il leur convient plus grande refection au digner que au souper comme est declare es corpas malades, car communement il sont debile digestion. Et la chaleur et lumiere du soleil conforte leur chaleur naturelle & esperitz comme ilz soyent semblables en oultre a cause que les conduictz sont souvers de jour les superfluitez sont mieulx expulses et deboutez que de nuyt. Item du bon vespre ne doyvent pas faire grande replection a cause que nature de nuyt laboure plus fort a digerer les humeurs superflues lesquelz le repas par especial doyt bien digerer ou reduire en bonne qualite. Et jacoyt ce que la digestive soit fortifiee de nuyt, toutesfoys la fortification ne souffit pas pour digerer grandes replections de viandes & les humeurs superflues. en oultre est a note que en prenant grande quantite ou petite de viande au disner ou souper toute coustume doit estre conservee, car coustume est chose tresgrande & merveilleuse pour conserver la jante & pour maladies curer comme est escript au second livre des maladies aguees comme il appert, car mutation de coustume par especial subite est tresgrandement nuysible, come dit damascene de muer la coustume, cest chose fort nuysible, et par especial es vieilles ggens, & pource il ne convient pas muer les coustumes maulvaises subitement, mais de petit, car nature ne peult supporter mutations subites. Et ainsi est demonstre que plus universellement lhomme doit mieulx prendre sa refection au disner que au souper & aussi pource que les maladies communement sont materielles et les corps sont mal disposez, toutesfoys se lhomme ne prenoit que une refection le jour mieulx vault doncques quil preigne au souper se maladies des yeulx ou cerveau ne le destourboyent, car adonc mieulx vault de la prendre au disner, car la grande replection du vespre nuyt fort es yeulx et au cerveau. Item est a noter que la repletion du vespre ne nuyt

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pas seulement a lestomac, mais aussi toutes replecitons a cause quil engendre oppilations fievres putrefactions apostumes lepre et humeurs indigeres. Et que toute replection soit nuysant a lestomac, avicene le declare en la treziesme distinction du tiers livre au premier traicte au chapitre des choses nuysantes alestomac, et dit que les choses qui sont plus que lymees a lestomac cest la replection car par replection le corps du gourmant nest pas augmente, car sa viande nest pas digeree, mais de celluy qui se garde de trop menger luy demeure aulcun appetit, par ce moyen le corps est augmente pour cause que la viande se digere bien en son estomac. Et ainsi appert que on se doyt garder que lestomac ne suyt greve par replection et que laspiration en soit plus courte, et poux hastif & subit. Semblablement replection nauseative faisant lestomac facheuz doyt estre sur tout evitee & par especial faicte de maulvaises viandes, car se la replection nauseative est de grosses viandes elle engendre douleur de joinctures, de reins, de ratelle & de foye, & regulierment maladies fleumatiques. Et se la replection nauseative est de viandes subtilles ele engendre fievres agues, & apostumes chaulde.

¶Premierement donc il sensuyt qye replection nauseative doyt estre evitee. ¶Secondement que on ne doit pas tant mengier que lestomac soyt totallement plain & lappetit totallement suffoque, mais on doit retirer aucun appetit, & par especial les hommes ayant la vertu apperitive forte, car ilz sont aulcunes gens qui ont naturellement lappetit debile, & iceulx doivent plus mengier que leur appetit ne le requiert.

¶Textus.

¶Tu nunquam comedas stomacum nisi noueris ante.

Purgatum vacuumque cibo quem sumpseris ante.

Ex desiderio poteris cognoscere certo.

Hec tua sunt signa subtilis in ore dieta.

¶Exposition.

¶En ce texte sont declarez aucuns commandemans lesquelz lhomme desirant vivre en sante doit necessairement ouserver devant son mengier. ¶Le premier est que lhomme ne preigne viande quelconques quil naye lestomac purge des maulvaises humeurs par vo

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missement ou par aultre maniere convenable, car sil prenoyt viandes avec les humeurs corrumpues estant en lestomac, il se mesleroyent avec les viandes & seroyent cause de corrumpre ladicte viande. ¶Le secon est que lhomme ne doit prendre viande aulcune sil ne scet que la viande premiere prinse est bien digeree et deboutee de lestomac, car il nest chose plus nuysible au corps humain que mettre viande sur viande non digeree, mais commencier a digerer, car la viande apres prinse empesche la digestion de la viande premiere prinse. Et la digestion de la premiere sera devant acomplie, laquelle trespasse au foye par les veines miseraiques et conduict avec soy la viande derniere prinse indigeste, parquoy humeurs creves & indigerees seront au corps multipliees. En apres sont mys deux signes de levacuation de lestomac touchant la viande premiere prinse. ¶Le premier est fain veritable. Et pour avoir parfaicte declaration de ce est a noter quil est deux especes de fain, cesassavoir fain veritable, & fain mensongiere, la fain veritable nous demonstre galien & dit au second livre des anfforismes en la glose de ce canon. Le corps indigent ne doit pas labouruer &c. Fain veritable est quant lhomme a indigence de viande auquel sensuyt bon et vray appetit. Mais la fain mensongiere & non veritable est appetit de viande sans ce que le corps ayt indigence. Et comme la fain veritable vient par la contraction & corrugation des veines de lorigice de lestomac en suyvant la susction des membres evacues de viandes & indigens. Semblablement la fin mensongiere vient des choses qui font contrition & corrugation des veines de lorifice de lestomac sans ce que les membres soyent indigens de viande comme font choses froides enducies aceteuses, & dicelluy signe du second commandement fait mention Avicene en la troiziesme distinction au chapitre intitule. ce que lon boit & menge & dit. Il est convenable que nul ne doyt mengier fors que apres fain veritable, & doncques on ne doit arder sinon que la fain suffit mensongiere comme des yvrongnes & diceulx qui ont lestomac facheux, car trop supporter la fain remplist lestomac de maulvaises humeurs & pourries. En apres audit chaputre dit Avicene que chascun qui veult vivre en sante ne doit mengier fors que quant

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le desir & la fain sont certains & veritables, & lestomac, & les souverains boyaulx sont evacues de la premiere viande, car la choses plus dangereuse au corps cest de prendre viande sur viande indigeree. ¶Le second signe signifiant fain veritable cest la diete precedente prinse en petite quantite, car quant icelle diete sensuyt la fain cest vray signe que la fain est certains & veritable. En oultre il est a noter que cest chose tresmaulvaise de prendre viande en grande quantite & fort diverses en leur substance comme perdris, poules, poissons, chair de beuf & de porc en une mesme refection, et de prolongier le temps en mengant, car la viande premiere prinse est quasi digeree quant la derniere sourvient & aussi les parties de la viande sont faictes non semblables en la digestion, car les premieres sont digerees tant que les dernieres prinses soyent enmy voye de la digestion, et pource aulcunes parties corrumpent les autres. Et de ce fait mention Avicene en la troiziesme distinction du premier, au chapitre intitule de ce que on boyt & mengeue. Et dit quil nest chose plus nuysant que de conjoindre plusieurs viandes en une refection, & apres ce de prolongier le temps en mengant, car quant la derniere viande est prince, la premiere est bien avant en la digestion, les viandes donc en leurs parties quant a la digestion ne sont pas semblables. Toutesfoys est a noter que prolongier le temps aulcunement, cestassavoir par une heure en mengant pour faire bonne mastication en la bouche cest chose louable, & moult vault pour conserver sante, car parfaicte mastication en la bouche est quasi voye moyenne de la digestion, & imparfaicte mastication retarde et empesche la digestion, mais prolongier le temps en mangant avec sermons & fables & delaisser le mengier par une heure ou deuxest tresgrandement nuysible & engendre grans mouvemens dessus declairez.

¶Textus.

¶ Persica, poma, pira, lac, caseus, et car salsa.

Et caro ceruina, leporina, caprina, bouina :

Hec melancolica sunt infirmis inimica.

¶Exposition.

¶En ce texte sont declaires dix manieres de viandes engendrant

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melancolie & contraires aux malades. ¶La premiere sont pesches, desquelles Galien dit au .xix. chapitre des elemens que le jus des pesches comme la chair dicelles est de facile corruption et du tout en tout maulvais & ne le convient pas prendre apres aultre aliment, car ilz se corrumpent vers lorifice de lestomac. Et fault avoir mémoire dune, que toute viande cacothuneuse humide et lubrique. Et ainsi appert que ce qui est declaire se doit entendre des pesches mengees apres la refection, car quant elles sont prinses devant le repas de lhomme elles sont tresutilles a lestomac & laichent le ventre et provoquent lappetit, & selon Avicene au .ii. canon au chapitre des pesches. Quant les pesches sont meures elles sont bonnes a lestomac et donnent appetit a la viande, et oultre dit quil fault quelles soyent prinses devant mengier, car apres mengier elles se corrompent, semblablement dit serapion au chapitre des pesches auctorifies de dyascorides. Les pesches meures sont bonnes a lestomac et laichent le ventre, et les non meures font le ventre dur, et quant elles sont seiches elles font le ventre plus dur, & quant on boit les decoctions des pesches seiches ilz deffendent le flux des humeurs a lestomac & au ventre, & quant elles sont pluverisees et sinapisees sur le boyau ou le sang court elles deffendent le flux. Et jasoyt ce que les pesches ayent aulcunes aydes utiles au corps humain, toutesfoys elles engendre humeurs de facile corruption, parquoy sont nuysibles aux malades & par especial quant on les prent apres disner. Et sont pesches froides au premier degre et humides au second. ¶La seconde sont poires a cause que les poires et generalement tous fruictz recens & creuz engendrent sang plain deaue dispose de faire ebulition es corps humains, & ainsi preparent le corps a putrefaction, sensuyt donc quilz nuysent aux malades. Les poires semblablement comme dit Avicene au .ii. canon au cha. des poires de leur propriete engendrent collique passion, toutesfois les poirs sur tous fruictz font lhomme gras, & ource les porcz gouvernez de poires sengressent plus que de tous aultres fruictz. Et a cause que les poires engendrent ventositez elles font la colique passion, toutesfoys les poyres et aultres fruictz faisant ventosites doyvent estre

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mengiez avec semences carminative & expulsive desdictes ventositez pour ovier a linconvenient diceulx fruict en beuvant apres ung petit de vin vieulx & de bonne odeur. Et les meilleures poires sont celles qui sont odoriferantes & plus doulces. Et aussi les poires cuytes sont plus saines que les crues & se doyvent cuyre avec fenoil ou succre. Le .iij. sont pomes desquelles dit Avicene au second canon au chapitre des pomes que souvent mengier de pommes fait venir douleurs es nerfz, & aussi pomes ont males proprietez, car elles engendrent ventositez jusques a la seconde digestion & pource nuysent es gens malades, & aussi pour cause semblable dicte des poires et pomes, & especial se doit entendre quant elles sont menegees crues et non pas cuites. Et iceulx fruictz non pas tant seulement doivent evites les maladies, mais aussi tous fruictz faisant le sang plaint deaue dispose a ebulicion comme le moust & le jus des fruictz boullant dedans leurs boyaulx par la chaleur du soleil delaissies en eulx quant ilz meurissent. Et iceulx fruictz par ebulition de leurs jus preparent le sang a putrefaction, mais a lheure que on les menge font ayde aux corps en luy dinnant humidite. Et pour icelle cause Avicene a deffendu aux febricitans les fruictz recens en la .iiij. distinction au chapitre de la cure universelle des fievres putrides quant il dit que tous les fruictz nuysent aux febricitans avec leur debulition & corruption en lestomac. ¶La .iiij. est que le mengier laict a cause quil est de legiere conrruption & en fumee ou en eructuation aceteuse se convertit en lestomac humide comme est lestomac du febricitant de fievres putrides communeent & pourtant est prohibe le laict aux febricitans de fievre putride. Et semblablement il est nuysible a ceulx qui ont doleur de teste & a ceulx qui ont la toux, et a plusieurs aultres desquelz par ypocras en la cinquiesme partie des anfforismes, en ce canon quant il dit, donner leict a ceulx qui ont doleur de teste cest chose nuysible. Toutesfoys le laict en aulcune condition est prouffitable comme en maladie ptisique ethique et en aulcunes aultres maladies commes dit ypocras en la fin du canon, maintenant allegue & comme apres sera declaire au texte, lac ethisis

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sanum &c. Et jacoit ce que le laict es malades dessus nommees est vitupere toutesfoys es corps sains cest viande louee se lestomac et le foye le digerent bien car adonc il lave les boyaulx et mondifie par sa partie humide, cestassavoir par le petit laict, car il repugne au venin de la partie butireuse, & fait les membres humides, et de la vertu du froumaige guarist les payes du polmon, & de la poictrine, des reins, de la vescie, & des boyaulx, fait appaiser la douleur des boyaulx, fais des humeurs coleriques prohibe excoriante et desdictz boyaulx. Item le laict est utile aux corps attrempes quant leur estomac est purifie des humeurs coleriques & fleumatiques, car en iceulx quant il est bien digere il engendre bon sang, et bonne chair, & augmente le corps et le tient en moyteur et decore les parties exteriores comme dit ysaac e, ses dietes universiselles. Et dit illec lauctorite de ruffi que ceulx qui mengent du laict doivent estre en jeung et le mengier chault venant des mamelles sans riens mengier apres tant quil soit digere sans faire grant labeur et mouvement sans reposer, toutesfoys totalement, mais fault cheminer noderement jusques a tant quil soit estendu au fond de lestomac. Es corps mal disposses le laict est deffendu, car es corps chaultz il se convertist en reuctation aceteuse et en putrefaction en lestomac mal dispose le laict legierment est corrumpu touchant lelection du laict il est a noter que on doyt eslire laict de moyenne substance quant on le donne pour nourrissement, & ne doyt pas estre fort subtil comme laict de dromadaires ou chameaulx et danesse ne fort gras ne de grosse substance comme laict de vaches et brebis, on doyt donc eslire laict de chievre, car il nest pas sy moiste comme le laict des chameaulx lequel est inutile pour nourrissement a cause de sa grande humidite, mais il laiche le ventre et nest pas gras ne de grosse substance ne plain de froumaige et de beurre comme le laict de vaiche et de brebis lequel par leur gresse & unctuosite estoupent les vaines et engendrent ventositez, et est de plus difficiele digestion quil nest necessaire adoncques soit esleu laict de chievre laquelle ne soit pas trop prochaine ne trop loing du temps davoir

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chevrote & nourrye en bonne basture. ¶Le cinquiesme est mengier froumaige & se peult entendre de tout froumaige, toutesfoys par especial de froumaige viel, car le froumaige recen est froit & humide de grosse substance difficile a digerer et engendrer oppilations dela pierre, et ne compete guere en forme de nourrissement au regime de sante. Et le froumaige viel est chault et sec a cause du sel fait digerer la viande, mais il est dificile a digerer et de petite nourriture, et nuyt a lestomac et deseiche trop et moins convenable que le froumaige recent. Et le froumaige moyen entre le recent et le vieulx viscieulx et frangible, moyen entre le dur et le mol et ung petit declinant a doulceur quil ne soit pas trop sale ne plourant en le taillant, & quil soit de saveur delectable et de bonne odeur sans faire longue demeure en lestomac fait de bon laict et aulcunement unctueux froumaige ayant telles conditions et louables se doit prendre au dernier du repas en petite quantite, car prins en grande quantite il gresve lestomac, et est inobeissant a la digestion, et oppille et engendre la pierre es reins, et grosses humeurs et ventosites. Et seulement le froumaige que donne la personne avaricieuse si est a bonne cause quee la quantite est petite. ¶La sixiesme est chair salee, car chair salee ou seichee a la fumee de quelque espece quelle soyt engendre sang gros melancolique, doncques sensuyt qui nuysent aux malades, et ne sont pas chais competans aux gens sains. Et ce recite Avicene en la seconde distinction du premier en la seconde doctrine, au chapitre quinziesme en la fin ou il dist, chair selee est de petite nourriture et grosses & engendre maulvais sang. ¶Le septiesme est chair de cerf laquelle semblablement engendre sang melancolique comme dit rasys au troiziesme livre dalmasor au chapitre des bestes saulvaiges. ¶Le huytiesme est la chair de lievre engendrant semblablement sang melancolique, car rasys dit au chapitre allegue, la chair du lievre plus que toutes aultres chairs engendre melancolie. Et dicelle mesme dyt ysaac es dietes universelles quelle ne doit pas estre exhibee en forme de viandre fors que par voye de medecine. Et est a noter que la chair du lievre et du cerf quant elles sont antiques totalement doyvent estre evitees, toutesfoys se aulcu

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nement sont convenables ce sont celles qui non gaires de temps quelles sont sur terre a cause que leage refrene la seicheresse diecelles chaires, jacoit ce aussi qu on les doyt eviter sil ne sont fort gras pour obtemperer a la seicheresse quasi totalement. ¶La neufviesme sont chaires de chievres. ¶La dixiesme sont chaires de beuf, car icelles deux especes de chairs sont melancoliques, car ysaac dit es dietes universeles chair de chievre et de beuf sont grandement maulvaises et dures et dificiles a digerer et engendre gros sang melancolique. et Avicene au .ii. canon dit que la chair de chievre nest guere bonne, et le sang est fort maulvais. Et avec icelles chaires fault comprendre chair de bouc, et de vaiche qui sont pires que chair de chievre et de beuf. & dit Avicene au .ii. canon au chapitre de la chair. Et la chair de beuf et de vaiche, de cerf et de bouc silvestres, et de grans oyseaulx fait venir les hommes es fievres quartes. et encore dut Avicenne que la chair de vaiche est de grant nourrissement, mais elle est melancolique engendrent maladies melancoliques, oultre dit que la chair de vaiche engendre lepre. Et dit absoluement que la chair de bouc est maulvaise, & pourtant que le texte a fait mention des chaires maulvaises et dignes destres evitees & par especial des bestes ayant quattre piedz. Apres il fault regarder des chairs bonnes et louables des bestes ayant quattre piedz et environ lelection des chairs desdictes bestes entre les docteurs est controverse, car aulcuns comme Galien dient que la chair de porc est la meilleure. Les aultres dient que la chair de veau est la meilleure comme Avicene, rasis, & averoys. Jacoit ce que averoys au cinquiesme livre de son colliege impose a Avicene quil ayt dit que la chair de porc est la meilleure laquelle chose ne dit pas de sa propre opinion, mais selon loppinion des crestiens. Les aultres louent la chair de veau sur toutes aultres chaires. ¶Secondement est a noter que la election et bonte des chairs a quattre piedz par plusieurs manieres se peuvent entendre. ¶Premierement de la partie du grant nourrissement et difficile a digerer & de la similitude a la chair humaine, & sachez que pour tresgrande similitude avec la chair humaine come tesmoigne galien au .iij. livre des elemens est la chair de porc laquelle a grande

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similitude avec la chair humaine, car plsuieur ont mengie de la chair humaine pour chair de porc sans avoir suspection quelconques par goust ne par odeur. Et dit Avicene au .ii. canon au chapitre de sang que sang de lhomme et le sang du porc sont semblables a toutes choses, car aulcuns ont vendu chair humaine en lieu de chair de porc, et icelle vendition fut incongneue jusques a ce que les doigz dung homme furent trouvez en ladicte chair, & icelles sentence met averoys au .v. de son collige au chapitre de la chair. ¶Secondement, car la chair de porc est de grande nourriture, car Galien dit au .iij. li. des elemens sur toutes chairs que la chair du porc est nutritive. et de ceste experience ont les hommes appellez athlete. ¶Tiercement elle engendre humeurs constans & permanens dificilles a digirer. Et tout fut lopponion de Galien es lieux dessusdit ou il prefere la chair de porc sur toutes aultres. Et au .viij. li. de ingenio ou il dit la chair de porc est a louer sur toutes aultres chairs se le porc est de montaignes & apres le porc est le mouton. Et samblablement au .v. de terapentique ou il dit. La chair plus louanle a quattre piedz cest la chair de porc & en chaleur et en humidite attrempee et de grande nourriture et engendre bon sang & meilleur que toutes autlres chairs. Et ce est chose veritable de la chair du porc non antique, car sa chair est indigestible ne de jeune alaictant, car diceulx la chair est treshumide, mais soit de porc deage moyen cestassavoir dung an ou de deux soit domestique ou soulvaige. Toutesfoys il est vray semblable destimer que le porc saulvaige est meilleure que le porc domestique, car le domestique est oultre mesure humide et vicieulx. Et de chair de porc saulvaige et du veau dit Avicene au second canon, au chapitre de chair les crestiens dient que la meilleure chair saulvaige, cest la chair du porc saulvaige, car avec ce quelle est plus legiere que la chair du porc domestique elle est de fort et de grant nourrissement, et de legiere digestion & est la chair meilleure quil peult estre pour temps dyver. Et par ainsy sensuyt que les chairs dessusdictes de porc sont fort utiles aux corps jeunes sains et fort laborans qui ne sont pas disposes a oppilations et a ceulx qui veullent devinir gras, car iceulx corps ont besoing de grant nourrisement et de diffi

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cile digestion. et pour ce dit rasys au troiziesme dalmasor au chapitre de la chair, que la chair grosse compete a ceulx qui moult labourent et la chair subtile a ceulx qui non pas grant excercite penible. Et icelle mesme sentence dit Avicene en la troiziesme distinction du premier livre au chapitre de ce que on boit et menge, car les gens excercitez et de grant labeur supportent mieulx grosses viandes. En aultre maniere est consideree la bonte et election de la chair, par attrempee complection, et bonte de sang dicelle engendre, cesassavoir que icelle chair est meilleure qui est de complection attrempee facille digerer engendrant bon sang attempee en chaleur & froidure, en grosseur et subtilite. Et aussy considerant la chair dung tendron est meilleure de toutes les aultres comme veullent rasys, Avicene, et averoys, car rasis dit au troiziesme livre dalmasor au chapitre des bestes saulvaiges et domestiques, la chair dung tendron est attrempee sans commixtion quelconques malvaise, laquelle jacoit ce engendre sang attrempe, toutesfoys ne compete pas aux gens labourant a laquelle nulle aultre chair est a comparer ne preferer, car elle nest pas de si petit nourrissement que la vertu de lhomme en soit diminue ne de si gros et grant nourrissement que la replection sensuyve, et que gros sang soyt engendre, car le sang qui est engendre de ladicte chair est entre le subtil, et le gros, et entre le chault et le froit, et nest pas convenable aux gens fort travaillant, mais aux jeunes attrempez faisant moyen excercite, car icelle chair engendre sang par grant travail facile a digestion, et non par travail moyen. Et comme selon icelle consideration la chair dung tendron entre les chairs domestiques est la meilleure, semblablement la chair dung cabry entre lessaulvaiges est la meilleure. Et apres la chair dun tendron plusieurs medecins comme rasis, et averoys ont mis pour la meilleure la chair du mouton. et dit averoys au cinquiesme livre de son collige au chapitre de la chair, ceste opinion de la plus part des medcins fors que Galien qui vitupere la chair du mouton et dit, que la chair de vieau est de meilleur nourrissement que celle du mouton. ¶Tiercement la bonte et election de la chair est consideration de la partie de grande ou petite viscosite & de odeur,

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et ainsi les chairs de veau sont meilleures que toutes aultres. et recite averoys au .v. chapitre de la chair quant il dit. et les chairs de veaulx sont bonnes chairs a cause quilz nont viscositez froidure ne seicheresse comme ont les chairs de beuf antiques. Item les chairs de veau sont plus odiriferantes que aultres chairs selon icelle consideration sont aussi meilleurs que les chairs de tendrons esquelles est aparante viscosite devant quelles soyent boullies, mais les chairs des tendrons sont meilleures que la chair de veau a cause quilz engendrent meilleur sang. et par ainsi apper que entre les docteurs de medecine nest pas si grande controverse quil semble de premiere face. En oultre est a noter que la chair des bestes de complection seiche sont meilleures environ leur naissance quelles ne sont en vieillesse. et les chairs des bestes de complection humide sont meilleures en vieillesse que en jeunesse a cause que la humidite superflue se desceche en procedant en eage. Et pourtant les chairs des moutons jeunes de environ ung an ou de deux sont meilleurs que ne sont celles de ceulx qui alaictent, et la chair de porc dung an ou de deux semblablement, et pourtant dit bien Avicene en la .iij. distinction au chapitre de boire et du mengier quant il dit. Il fault que les viandes du corps humain soyent telles comme la chair des tendrons et de veau alaictant, et daignel dung an. Et sensuyt donc par les choses dessusdictes telles conclusion, que les chairs de bouc, de chievres, de moutons, de beufz, et de porcz antiques, et par especial de ceulx qui sont chatres, et aussi de jeunes porcz alaictant, et de aignel alaictant ne sont pas convenables a conserver la sante. Et est diligemment a noter que les chairs seiches se doyvent boullir, & declinante a humidite et se doyvent roustir pour consumer humidite superflue, et pour icelle cause chairs de counins, de lievres, de cerfz, & de chievres doyvent estre boulies, et chairs de porcz fort jeune, et de aignel doivent estre roustis pour temperer sa seicheresse. Et de ce appert que es temps es complexions humides plus competent chairs declinantes a seicheresse & rousties & en temps sec & es complections et eage

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sec plus competant chairs declinantes a humidites.

¶Textus.

¶Qua recentia, vina rudentia, pinguia jura.

Cum simili apura nature sin valitura.

¶Exposition.

¶En ce text sont declaires troys alimens ou viandes fort nutritives prinses en petite quantite. ¶La premier sont oeufz frais, car ilz sont du nombre diceulx quilz nourrissent fort, prins en petite quantite comme du Avicene au second chapitre des oeufz & icelles sentence declaire en la .iiij. distinction du premier livre au chapitre premier ou il dit, les oeufz e les coulons du poulet de sont de grant nourrissement prins en petite quantite. environ la election des oeufz est a noter que les oeufz de poules, de perdris, et de faisans jeunes sont bons au regime de sante, & meilleurs que tous aultres, & dit la fille du cure que les œufs long sont bons comme dient iceulx vers. ¶Filia presbyteri iubet pro lege teneri. Quod bona sunt oua candida longa noua. Oultre les oeufs molles fait par decoction sont meilleurs que les oeufz durs cuitz ou trop moulz & sont de forte nourriture & de facille digestion, & engendrent sang fort porporcional & convenable au cueur, et pour ce a gens qui sont en convalescence de maladies ou gens antiques et debiles sont fort appropries & convenables, & par especial le rouge de loeuf comme dit Avicene en son livre de vitibus cordis vault & dit que le rouge de loeuf des bestes ayant bonne chair come de poules, perdris, & de daisans, jacoit ce que ce ne soit pas medicine cordiale, toutesfoys il conforte fort le cueur. Et en apres dit que incontinent sont convertis en sang subtil & cler sans engendrer grande superfluite, et pourtant confortent tresgrandement le cueur, et engendrent sang fort porportional et convenable au cueur. Et en oultre dit quil vallent moult pour restaures les eperitz et le sang du cueur debilite, les oeufz moulles sont faciles a digerer et font le polmon souple et la poictrine, et tiennent le ventre laiche et lubrique, et sont pourtant moins nutritifs que les oeufz tremblans en la coque, les oeufz durs par decoction sont durs a digerer & font au corps gros nourrissement et descendent tart de lestomac et son tar

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digz a penetrer. En oultre est a noter que diverses preparations les oeufz acquirent bonte ou malice, car ilz sont cuitz en braises, ou bouillis, ou fris, ou cuit avec aulcun brouet. cuitz en braises sont de substance plus grosse et plus difficile a digerer que ceulx qui sont bouillis, car le feu consumme et deseiche leur substance humide. Et se cuysent en deux manieres, cesassavoir avec leur escorces es braises, ou brisiez en leurs escorces les brises sont pires que les aultres. Ceulx qui se cuysent es cendres avec leur escorce ce fait en deux manieres, car ou ilz sont otalement couvers de cendres, ou sur les braises en partie descouvers. Et ceulx qui sont mis es cendres tout couvers sont les pires a cause que les cendres avironnent loeuf et les fumees en sont retenues, et diceulx qui sont cuitz sur les brases en partie descouvers les fumees sont deboutees dehors. Et cuitz en leaue sont meilleurs que cuite es cendres, car lhumidite de leaue repugne a la chaleur du feu qui ne deseiche lhumidite substanciale de loeuf. et se boullent en deux manieres, ou avec lurs escorces ou rompu en leaue boullis avecques lescorce sont les pires, car les escorces defendent a saillir les fumees, mais des rompus en leaue, la chaleur de leaue attrempeement penetre et bien subtile la grosseur de loeuf et hoste la maulvaise oudeur. Et pource quant ilz sont bien cuitz en icelle maniere ilz sont les meilleurs sur tous les aultres, les œufs fris sont pires que tous les aultres, car ilz engendrent maulvaises humeurs et font en lestomac longue demouree et efumantes, et vapeurs en la teste, et la bouche puante. Et les oeufz cuitz au brouet tiennent la voye moyenne entre tous les aultres œufs cuitz es cendres, et les oeufz rompus en leaue. Et icelle sentence totale est prinse de ysaac en ses dietes universales. Item il est bon a noter que loeuf est diversifie en ses parties, car le rouges est de sa chaleur attempee, et le blanc est froit et vicieulx difficile a digerer, et le sang de luy est engendre maulvais, comme dit rasis au troiziesme livre dalmasor au chapitre des oeufz. Et comme les oeufz de poules de perdris et de faysans sont convenables a conserver la bonne sante, semblablement tous les oeufz de canes, et doyes et leurs semblables volatiles, toutesfoys ils sont moins convenables

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pour conserver la sante ou dut out a eviter. ¶Le second est le vin rouge pour lequeul est a noter que les vins sont divers en couleurs, car aulcuns sont blancz, aulcuns rouges, aulcuns claretz, & aucuns noirs. Les vins blanz sont debiles plus que tous aultres, & de moindre chaleur & de moindre nourrisement & blessent moins le cerveau, et plus provoquent lurine que tous les aultres quilz soyent, plus debiles que tous les autlres, il est prouve par Galien au premier comment du troiziesme livre des maladies agues quant il dit. Le vin debile est celluy que moins eschauffe & moins enfume au cerveau, & et les vins blancz sont de telle condition comme sera demonstre icy apres, doncques il sont debiles plus que tous aultres. Et que les vins blancz soyent de moindre chaleur il appert par Galien au troiziesme livre des maladies agues, en parlant du vin blanc il dit quil nest pas possible que le vin blanc peult rendre lhomme fort eschauffe. Et apres il dit. Le vin blanc est de moindre chaleur et eschauffement que tous les aultres vins. Et est chose veritable en faisant comparation du vin blanc au rouge, lesquelz sont tous du terrouer & non pas aultrement, car les vins rouges de France ne sont pas si chautz ne si fors que plusieurs vins blancz daulcunes contrees. Et pource la comparation se doit faire entre vins de une mesme contree, ou de ung mesme terrouer. Et que les vins blancz soyent moins nutritifz. Il appert par Galien en la glose de ung anfforisme de la seconde partie en celluy anfforisme. plus facilement est remply lhomme de boire que de mengier ou il dit. Le vin aqueux subtil & blanc universalement est voisin a leaue. Et quant au nourrissement semble leaue, & provoque lurine & ne nourrist guerre le corps Et semblablement en la glose de ung aultre anfforisme en ladicte partie dit. Vin aquatique guaire ne donne au corps nourrissement duquel la liqueur est comme eaue tresutile & de couleur blanche. Que il blesse moins la teste il appert par Avicene en la troiziesme distinctio au chapitre du regime de leaue & du vin ou il dit. Le vin blanc & subtil aux gens eschauffez, & plus utile que nest le rouge, & ne fait pas douleur de teste, mais il rend le corps humide & fait cesser la douelru de teste. Et icelle mesme sentence veult le docteur Galien au

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comment dicelluy canon en la .iij. partie le boire doulx. la rayson pourquoy il blesse moins la teste, car il est moins fumeux & vaporeux que tous les aultres vins. Quilz soyent plus provocatifz de lurine && plus subtilz il appert par ypocras en la troiziesme partie des maladies agues en ung canon ou il parle du vin blanc ou il dit que trespassement du vin blanc en la vescie est plus facile que tous les aultres vins et avec ce est congneu quil a vertu fort apperitive. Et de toute icelle sentence ja declaire devant il sensuyt que les vins blancz subtilz sont plus convenables aux gens eschauffes par nature que ne font les aultres vins fors, sicomme a gens coleriques, ou sanguins ou eschauffes accidentalement comme par ire, ou de demourer au soleil. Et aussi semblablement il convient plus aux escoliers, ou aux estudians, lesquelz doyvent venir user de bons vins pacifiques a lentendement. Item est convenable a ceulx qui ont le cerveau debile de nature ou accidentalement, car ceulx qui ont le cerveau debile facilement se yvrent de boire fors vins comme dit Avicene au chapitre dessus allegue, et pource silz veullent user de fos vins il est necessaire de le limpher fort, et semblablement il est convenable a ceulx qui ont le foye eschauffe ou lestomac et a ceulx qui demeurent es regions chauldes, car fors vins chaulx feroyent lesdictz corps venir en fureur. Les vins rouges clers comme les vins de veaulne sont chaulx plus que aultres vins comme veult Galien au commencement du canon dessus nomme ou il parle du vin blanc et dit. Icelluy vin est de couleur rouge qui est de chaleur vehemente. Et iceulx vins sont plus que les autres nutritifz comme veult Galien en ung anfforisme dessus nomme, cestassavoir celluy plus facilement est le corps est remply de boire que de mengier, car le docteur Galien dit que le gros vin rouge est plus nutritif que tous les aultres vins & remplissent incontinen()t les corps foibles par mention. Et est icy a noter que les vins rouges sont plus nutritifz, pour ce que grande partie diceulx vins se convertissent en la substance des membres. Toutesfoys les plus noirs sont plus nutritifz que tous les aultres, car ilz donnent au corps humain nourrissement plus constans, et plus tardifz a resouldre des

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membres. Et icelle sentence dit le docteur Galien en ung de ses commens de ung anfforisme allegue. Eorum que nutriuntur & cetera. Que les vins rouges et gros sont okus nourrissant que les vins aquatiques, Toutesfoys ilz sont moins nutritifz que les vins noirs. Et semblablement ainsi se doyt entendre le texte de ysaac es dietes particulieres, ou il dit que le vin noir nourrist plus que le rouge. Et iceulx vins rouges blessent plus le cerveau que le blanc, et moins provoquent lurine. Et cest la cause que iceulx vins fors ne sont pas convenables a ceulx qui ont le cerveau comme est dessus declaire, mais a iceulx qui ont le cerveau vertueux resiste aux vapeurs et fumees sans les recepvoir, comme dit Avicene au chapitre allegue en la .iij. distinction du remier livre. Environ ce est a noter que lentendement et engin de lhomme ayant le cerveau fort et vertueulx plus se clarifie & aguise sil boit du vin bon et fort que sil nen beuvoit pas comme veult Avicene en la .iiij. distinction du premier livre au chapitre souvent nomme. Et la raison si est, car du bon vin plus que de tous aultres breuvaiges sengendrent & multiplient plusieurs esperitz subtilz clers et purs, & cest la cause que les theologiens ont acoustume de contempler es choses fort subtilles ayment le bon vin. Et selon Avicene au chapitre nomme, iceulx vins sont prouffitables aux hommes de froide complexion et fleumatiques, car ilz corrigent la froideur de la complexion & ouvrent les opilations acoustumees de venir es gens fleumatiques, et digerent les fleumes donnant ayde a nature a les convertir en sang et donnent bon nourrissement en multipliant les esperitz. Les vins roux sont de moindre chaleur que les blancz, et pource blessent plus le cerveau que le vin blanc. Et aussi les vins roux sont moins nutritifz que les vins rouges & blancz, et aulcuns nnomment iceulx vins roux bin blanc, & pource dient aulcuns que le vin blanc incontinent eschauffe fort le corps. Les vins noirs sont de moindre chaleur que les roux, et pource blessent moins le cerveau que les roux, mais ilz sont tarditz de descendre au ventre, & ne

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sont guaires provocatifz de uriner, & pource ilz blessent plus le cerveau que les vins blancz, comme veult Galien au commencement dicelluy canon. Potus autem dulcis, souvent allegue. ¶Le tiers sont liqueurs fertiles faitz de brouetz de chairs, par especial de brouet de poulcins & de chapons, car telz brouetz sont a nature fort convenables & de legier convertis en sang louables et par especial quant ilz sont faitz de la plus delie farine de froment, car elle est for nutritive & restaurative engendrant bon nourrissement comme veult rasis au .iij. livre dalmasor : Et tout ce pareillement declaire Avicene en la seconde distinction du premier chapitre de ce que on boit et mengeue & dit. Exemple de la diete subtile de grant nourrissement & de bonnes humeurs sont le rouge des oeufz, vin & brouetz de chairs. Et sensuyt pour conclusion totale que iceulx troys sont tresgrandement confortatifz & restauratufz de nature humaine.

¶Textus.

¶Nutrit a umpugnat triticum. lat caseus infans

Testiculi porcina caro : cerebella : medule.

Dulcia vina : cibus gustu : iocundior : oua

Sorbilia : mature ficus : uuesque recentes.

¶Exposition.

¶En ce texte sont declarees .xij. viandes lesquelles fort nourrissent & engressent le corps. ¶La premiere est pain fait de froment & par especial de froment nouveau duquel dit Avicene au .ii. canon au chapitre du pain, que le pain fait de nouveau froument en petit de temps engresse le corps. Et rasis au .iij. livre Dalmasor au chapitre du froument dit le froument est attrempe declinant a chaleur et le plus pesant & le plus ferme & de plus grant nourrissement & plus propice & convenable a lhomme quetous aultres grains. Et le sang semblablement de luy engendre est plus attrempe que tous autres sains engendrez daultres grains. Touchant lelection du froument est a noter premierement que lelection peult estre prinse & consideree de la partie de sa substance. ¶Secondement de la partie de sa preparation. Lelection de la partie de la substance met Avicene au .ii. canon au chapitre du froument dit. Icelluy froument est meilleur

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que nest le moyen entre ledur & le gras recent, cestassavoir non pas trop antique equale de couleur entre le rouge & le blanc, car le froument de couleur noire est de maulvais nourrissement. Et rasis adjouste qui soit pesant. et quant a lelection de sa partie de sa preparation est a noter que toutes choses faictes de froument tritice descend tard de lestomac & engendre grosses humeurs & oppilations es veines du foye, & es aultres, & augmente la ratelle & engendre la pierre, & nourrissent fort quant elles sont digerees. Froument boully est viande pesante & difficile a digerer, mais selle est digeree elle nourrist fort & fortifie la vertu, mais le froument cuyt en pain bien leve & bien cuyt au four attrempeement est viande notable. Et celle sentence est prinse bors de galien au premier livre des elemens. ¶La seconde viande est le laict & selon aulcuns le texte sentend du laict eburre nomme selon les medecins, & de grant communs laict battu, ou laict barate. Laict ebeurre recent mesle avec pain chault fort engresse. Item le texte se peult aussi entendre du laict de chievre qui est de grande nourriture, duquel dessus a este amplement declaire en ce texte. Percica, poma, pira &c. La tierce est froumaige quil est nutritif & fort engresse, toutesfoys il ne compete pas au regime de sante car de luy sensuyvent les nocumens davant declaires au texte. Persica, poma, pira, lac. & cetera. ¶La quarte sont les coullons, & par especial les coullons des poules gras, desquelz dit Avicene au second canon au chapitre des coullons, quilz sont fort et de bonne et grande nourriture, & en la .iiij. distinction du premier livre au chapitre premier ou il parle des coullons, & des poules, et dit que petite quantite restaure moult & peult icelluy texte aussu estre veritable des coullons des gras porcz qui nont pas herse, car comme la chair du porc est la meilleur entre les chairs des bestes quadrupedales quant a donner grant nourrissement est difficile a digerer. Semblablement les coullons des porcz par comparation es aultres coullons des bestes quadrupedales sont les meilleurs. Et est ycy a noter diligemment ques les coullons des bestes eagees esquelles la

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semance est mixtionee ne sont pas de bonne nourriture, mais les coullons des bestes jeunes importentes de herse, et esquelles nest pas encore la semence fermentee sont souffisemment de bon nourrissement si sont bien digerez, & diceulx semblablement sentend le texte. ¶La .v. est chair de porc de laquelle election & operation est doctrine ample donnee en ce texte. Percisa, poma, pira &c. ¶La .vi. est le cerveau, pour laquelle chose il est a noter que le cerveau est maulvais a lestomac nauseatif & hoste lappetit & engendre grosses humeurs, mais il donne au corps grande nourriture quant il est bien digere, et ne se doyt pas mengier apres aultres viandes, toutesfois il est bon prepare avec origan ou calament, herbes ainsi nommees pour temperer sa viscosite & froideur ou avec aultres choses incisives & calefectives. et est a noter que jamais ne se doit mengier sil nest premier rosty sur les charbons. et oultre est a noter qui nuyt fort aux gens de complexion chaulde, mais est aulcunement utile aux gens de complexion chaulde, comme veult rasis au .iii. livre damalsor au chapitre des membres des bestes. Et pour briefve conclusion il est deffendu au regime de sante. et sil est aulcunement convenable cest par voye de medecine, comme le cerveau des chevros contre venin, & le cerveau du lievre encontre la tremeur des membres. Et comme selon aulcuns le cerveau de poules chapons pour avoir bonne memoire & bon engin. Environ lelection des cervelles de volatiles sont meilleures, & par especial des volatilles demourant aux montaignes. et des cerveles quadrupedales, le cerveau du mouton en apres du veau comme met Avicene au second canon au chapi. du cerveau. ¶Le .vij. sont medules ou mouelles qui sont de grant nourrissement quant ilz sont bien digerees, comme dit Avicene au chapitre de la mouelle au second livre & facillement se convertist en sang, toutesfoys ilz ont ce mal quilz ostent lappetit et font lestomac nauseatif, et pource Avicene commande de les mengier avec du poivre. Et aulcuns les preparent avec pommes de coins en paste, comme font les gourmans et les frians. Et pour lelection des mouelles dit Avicene que la meilleure mouelle est du veau, du cerf, et en apres du tor, et puis de chievres, et de

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mouton. Et selon aulcuns la mouelle du thoreau jeune et gras est fort utile. ¶La .viij. sont vins doulx desquelz sera en apres declaire au second texte. Sunt nutritiva. ¶la .ix. est la viande au goust delectable, car telle viande nourrist fort, comme dit ypocras en la seconde parties des anforismes quant il dit. La viande ung petit deteriore & delectable est plus appetissant que viande meilleure non delectable. Et Galien dit au comment toute viande savoureuse en laquelle aulcun se delecte quant il le prent lestomac sembrasse et le retient, & engrande delectation le digere mieulx que toutes aultres viandes, mais sil est abhominable lestomac le fuyt, dequoy vomissent inflation rugitlz sont engendres. et pourtant nous veons aulcuns plus sainement vivre de males viandes que de bonnes a cause quilz ont plus grande delectation es viandes maulvaises. ¶La .x. sont oeufz sorbiles lesquelz prins en petite quantite font grant nourriture, desquelz avons fait plaine doctrine illec. Qua recentia. ¶La .xi. sont figues neures lesquelles par leur grande doulceur donnent grant nourrissement & engressent. Environ ce est a noter que jacoit ce que les figues ne souent pas nourrissement si vertueulx comme la chair & les grains, toutesfoys il sont de plus grande et vertueuse nourriture que tous aultres fruictz, comme dit Avicene au chapitre de figues au second canon ou il dit, les figues sontp lus nutritives que tous aultres fruictz, & met icelle mesme sentence en la quattriesme distinction du premier livre au chapitre de ce quon boit e mange quant il dit, entre les fruictz les fruictz plus nutritif et plus semblables et plus prochains a la chairquant au nourrissement sont les figues & les raisins fort meurs & les dates. Environ leur election est a noter que selon Avicene au second canon au chapitre des figues la meilleure est la blanche, car cest la plus legiere, en apres la rouge et rousse et puis noyre, et celle qui est fort meure est la moins nuysible. Item plus les humides et recentes sont de plus legiere nutrition que les seiches, et pustost descendent de lestomac au foye & font le foye plus humide, & tiennent le ventre plus lubrique que ne font les seiches, mais les seiches sont moins inflatives & plus convenables a lestomac que les humides. Et des figues

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seiches dit Avicene au chapite dessusdict, les figues en leurs operations sont moult louables. mais elles engendrent maulvais sang et pource elles engendrent poulz, mais se on les prent avec noix adonc le sang par elles engendre est bon, & apres la noix lamande. Et dit apres Avicene que les figues prinses en jung sont de merveilleuse ayde en preparant les voyes de la viande, et par especial prinse avec la noix ou lamande. Et toutes deux sont inflatives levitives des boyaulx & expulsives des superfluitez vers le cuir & provocatives de sueur ostent & ostent lasprete de la gorge, & mondifient la poictrine & la gorge, & font ouverture des opilations du foye, et de la ratelle. ¶La .xii. viande sont raysins nouveaulx meurs et doulx, pour lesquelz est a noter que les raisins sont de troys manieres, car les aucuns sont vers & aigres & en fait on le verjus, & iceulx restraindrent le ventre & amortissent la fureur de la couleur du sang et vault moult es flutz coleriques. Les aultres sont meurs doulx et recens desquelz procede le bon vin. Et iceulx par especial quant ilz sont blancz sans leurs grains & escorces ilz laichent le ventre plus fort que tous aultres fruitz. Les figues sont de plus grant et meilleur nourrissement comme veult Avicene au second canon a chapitre du raisin. Toutesfoys ilz engendrent ventositez inflatives et douleur de ventre. et si elz demeurent par deux ou troys jours pendus jusques lescorce soit desenflee, il en sont plus nutritifz et moins laxatifz & moins enflent le ventre. et ceulx qui ont lestomac plain de viande & de immundicites, & de maulvaises humeurs jamais ne doyvent mengier raisins, par especial recens et sans les grains, car incontinent en lestomac immunde se corrumpent, et en lestomac plain de viande a cause quil sont de tresfacile digestion et ne peuvent descendre de lestomac apres leur digestion pour la viande non digeree, parquoy ilz se corrumpent en lestomac, & la viande semblablement. Et ainsi fault entendre de tous aultres fruitz lacatifz. et quant aulcun veult mengier raisin vert recent il le doyt premier mettre en leaue boullant par espace dune heure, & en apres le remettre en eaue froide & puis le mengier, mais rasis au troiziesme livre dalmasor au chapitre du rasin recent & doulx dit quil engresse in

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continent le corps de lhomme, & fait la verge dresser. Et en oultre dit que le raisin de subtile escorce de legier descent de lestomac, & celluy qui est de grosse escorce descend plus tart. Lautre raisin est roisin sec, qui se dit raisin de karesme, et celluy raisin est nombre entre les choses equales. Toutesfoys aulcunement decline a chaleur et nourrist fort selon rasis au chapitre dessusditz, & conforte lestomace et le foye, selon Avicene au lireau prealegue, et oste les opilations, et dit quilz engressent le foye quant ilz sont mondifiez de leurs grains. Et ainsi appert que le texte se peult entendre du raisin recent, & des raisins nommes postules au raisins de karesme.

¶Textus.

¶Vina probantur adore, sapore, nitore, colore.

Si bona vina cupis : hec quinque probantur in illis.

Fortia, formosa, fragrantia, frigida, frisca.

¶Exposition.

¶En ce texte sont declairees quatre choses generales pour esprouver le vin. ¶La premiere est lodeur, car le vin de bonne odeur multiplie les esperitz et les rent subtilz. Et selon constantitin au .v. livre de sa theorique, il est nutritif et engendre bon sang, mais vin corrumpu est abhominable a nature humaine engendrans gros esperitz et melancoliques, et selon constantin au livre allegue. Il engendre maulvais sang et douleur de teste a cause des fumees et vapeurs maulvaises montant au cerveau, et galien au .iii. livre des maladies agues dit que le vin de bonne odeur engendre bon sang, mais il remplist la teste de fumees a cause quil est subtil et chault. Et le vin qui est de male odeur et selon la malice du sang de luy engendre la lesion qui fait en la teste est petite a cause quil est plus froyt et plus gros. Le vin de nulle odeur ne fait point de mal en la teste, car il est de fortz substance et grosse. ¶La seconde est la saveur, comme la viande plus savoureuse mieulx nourrist et mieulx est de lestomac embrase, comme declaire en la glose precedente, semblablement est le vin. Toutesfoys environ ce est a noter que les vins en saveur sont divers, car aulcuns sont doulx plus que tous les aultres nutritifz & engendrant gros sang, & le ventre tiennent humide, durs a di

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gerer, et font avoir soif. Les aultres sont pontiques tirant sur laigre & confortent lestomac, & restraignent le ventre & sont nuysibles a la poitrine, & au polmon, & durs a digerer, les aultres sont acerbes comme vins verdeletz, & ceulx sont provocatifz de lurine, et ne sont pas generatifz de grosses humeurs mais diminuent. Les aultres amers moins chaultz come dit constantin au .v. livre de sa theorique. ¶La tierce chose est splendeur reluysante laquelle juge la subtilite du vin & consequamment juge desespertiz subtilz, engendres dicelluy vin. ¶La quarte est de couleur, car de la partie de la couleur les vins sont divers en nourrissement, car les cins rouges quant toutes choses sont semblables sont plus nutritifz que vin blanc, & pourtant ilz sont plus convenables aux gens maigres que le blanc, et les vins blancz aux gras plus convenables. Et de la diversite des vins touchant la couleur a est amplement declaire en ce texte. Qua recentia &c. En apres au texte sont mises .v. choses especiales pour esprouver la onte du vin. ¶La premiere est la force laquelle est congneue par lopperation du vin, car le vin fort est celluy qui eschauffe fort le corps & remplist la teste selon Galien au premier comment de la .iii. partie des maladies agues. Icelluy vin multiplye fort les esperitz & est de grant nourrissement & ceulx qui ont le cerveau debile se doivent garder de boire sil nest bien limphe, car la grande fumee que fait ledict vin au cerveau le blesseroit fort. ¶La seconde est la beaulte du vin, car par la beaulte du vin il se prent de plus grant appetit & en est mieulx digere, & puis on nourrist mieulx le corps. ¶ La .iii. est que le vin bien flarant est grandement confortatif et generatif desperitz subtilz comme il est declaire. ¶La .iiij. est que le vin doit estre froit. quant au touchement ou saveur & non pas quant a son effect, car le vin chault porce quil est plus rase & subtil tant plustost enyvre & plus debilite les nerfz et blaisse le cerveau sinon que la quaantite prinse soit petite. vla .v. est que le vin doit estre frisque cestadire estincelant avec une petiteescume legiere facilement labile estant au milieu du verre. Et le vin privet de ladicte condiction est nomme pedulum, cestadire debile.

¶Textus.

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¶Sunt nutritiva plus dulcia candida vina.

¶Exposition.

¶En ce texte mel lacteur ung enseignement des vins. et dut que ses vins gros, & doulx sont plus nutritif que outes choses semblables devant tous aultres vins. Et icelle sentence veult constantion au chapitre souvent nomme, & Avicene en la .iii. partie du premier livre au chapi. de boire, & du regime de leaue & du vin, ou il dit. Le vin gros qui est doulx est bon a celluy qui veult estre gras. Et raison si est, car les vins doulx sont vehementement attires des membres a cause de leurs doulceurs de laquelle nature sensuyt. et dit Avicene au second cacnon au .iii. chapitre du premier traicte. Les operations des choses doulces font digestion, lenification, & multiplication de nourrissement, et nature les ayme , & la vertu attrative le desire et attire a soy. Et jacoit ce que ce texte soit veritable de vin doulx. Toutesfoys on doit eslire vin attrempeement doulx, & non pas doulx au dernier degre comme le vin muscadeau, car on dit qui corrompt le sang a cause que nature lattire asprement de lestomac au foye de devant quil soit digere, & le convertit en corruption pour la tresgrande delectation que ont les membres en celluy vin, & aussi remply ledict vin le sang des aquositez indigeste enclinee a boulir & devenir en putrefaction. Et semblablement tout ce, se doit entendre de toutes viandes fort doulces. et pour plus ample declaration de ceste matiere est a noter que en usant de vin doulx, et aussi daultres viandes fort doulces sensuivent troys inconveniens, et par especial es gens disposez a ce. ¶Le premier est fastidiation en lestomac, car choses doulces par leur chaleur et humidite adoulcissent & applainent lorifice de lestomac, et engendre en lestomac une disposition contraire a evacuation et mondification de lestomac lesquelz sont cause davoir fain. ¶Le second est de facille transmutation en colere et pource le miel sur toutes choses engendre colere, car il est doulx plus que toutes aultres choses. Apres luy le vin doulx comme dit Galien au comment dicelluy canon en la troiziesme partie des maladies agues lentendement blesse de legier. Et pource est ce quil engendre soif et nest pas convenable aux fievres, ne aux colliques comme dit Galien au

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comment nomme. ¶Le tiers est opilation du foye & de la ratelle, car choses doulces devant quelles soient digerees sont attirees avec leur infections pour la grande delectation que ont esdictz membres & a ce donne ayde la substance grosse, en laquelle est fondee la saveur doulce selon Avicene au .ii. canon au .iii. Traicte au .iii. cha. & pour ce est ce que le vin doulx est moins provocatif a uriner que les aultres vins. Et contre iceulx troys nocumens sommierement valent choses aigres, a cause que par leur acetosete ilz provoquent lapetit, et par leur froideur ilz deffendent de enflammer le corps, et par leur substance subtile ilz euvrent les conduitz estoupes. Item est a noter que jacoit ce que vins doulx et aultres choses doulces nutritives estoupent le foye & la ratelle, toutesfoys ilz ostent les oppilations du pomon. Et la raison pourquoy il ne estoupe le polmon comme le foye et la ratelle si est car les choses doulces ont leur trespassemnt par le marry, rien ne va au polmon sinon chose subtile par voye de resolution, & le sang engendre des choses doulces vient au polmon purifie au foye, et subtil au cueur. Et icelle sentence veul Galien au comment dung canon intitule. potus autem dulcis, au troiziesme livre des maladies agues. Item les vins doulx moins enyvrent selon ypovras en la .iii. partie des maladies agues en ce canon, mentem leuius partulit quam reliqua fortia vina. Par les choses dessusdictes on peult conclure que les vins doulz gros suffisamment colores sont meilleurs pour boire aux gens maigres du nature, ou accidentalement pour estre restaure, nourry, ou engresse, car iceulx vins sont suffisamment nutritifz et restauratifz & engressent le corps, et pour ce sont convenables a engraissier les gens maigres. Et opposite se nous ne voulons restaurer, ne nourrir, ne engressier comme il advient des gens gras & charnus, adonc fault user de vins subtilz sans doulceur de amiable saveur odoriferante et ung petit blanc et souffisamment fort. Et se aucuns veulent boire pour amortier la soif, il doit prendre vin blanc subtil, cler, & debile, car tel vin rend le corps humide & le refroide, & pourtant il estainct mieulx la soif, et quant plus la soif est grande & tant est tel vin plus convenable. Et se le

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vin est exibe pour reparer les esperitz & conforter la vertu il doyt estre subtil & odoriferant de saveur delectable, de couleur moyenne souffisamment fort, & tel vin se doit prendre avec ung petit de viande, & en petite quantit. et se nous labourons a mondifier les parties interiores & le polmon, & a laicher le ventre, adonc les vins de substance moyenne & doulx font plus convenables au corps.

¶Textus.

¶Si vinum rubeum nimium qunadoque bibatur

Venter stippatur : vox limpida turbificatur.

¶Exposition.

¶ En ce texte declaire lacteur deux inconveniens de trop boire vin rouge. ¶Le premier est que le trop boire de vin rouge restrainct le ventre & fait aller dur au restraict, la cause selon aucuns est, car le vin rouge plus que tous aultres vins quant tout est semblable eschauffe & nourrist le corps. et en tant quil est plus chault il deseche plus, & entant quil est plus nutritif nature le retient plus asprement Toutesfoys le texte se peult entendre de trop grande potation de vin rouge stiptique tirant sur laigre restraingnant le ventre. Et est icy a noter se lestomac & les entrailles sont debiles en leur vertu retentive vin stiptique, cestadire tirant sur laigre rouge ou noir se doivent exhiber comme on fait en flux de ventre par debilitation de la vertu retentive de lestomac, & icelle sentence veult ypocras en la .iii. partie des maladies agues en ce canon. Palmeus quidem & niger. Et semblablement galien au comment, mais se nous voulons conforter la vertu digestive il fault prendre vin subtil ou moyen et substance, en couleur de bonne saveur & odeur souffisamment fort, & aulcunement restraingnant. ¶Le second est exasperation de la gorge ou la voix revoquee font aucuns vins de grande rougeur a cause de leur seicheresse et terrestrete. Et icelluy inconvenient aussi font les vins, et potius vins de brebant a cause quil sont fort terrestres & vers. et par especial quant les vins nommes sont meurs ilz font le second dommaige. et non pas le premier, car le moust de grande rougeur engendre flux de ventre a cause de ses matieres fecales terrestres meslez avec luy mordent les boyaulx de laquelle morsure sengendre le flux de ventre.

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Et tel vin ne se doit pas boire en moust cestassavoir quant il est trouble & boullant & a cause quil est mordant par sa lye terrestre, de luy semblablement sengendrent fumees mordificatives eflevees au cerveau corrodantes les yeulx. Et cest inconvenient aussi font les vins de brebantsoyent blancz ou rouges, a cause de leur terrestre. Et notez que par matieres fecales sont entendues les lyes de vin qui nest pas encore purifie. ¶Textus.

¶Allea, nux, ruta, pira, raphanus, & tiriaca

Hec sunt antidotum contra mortale venenum.

¶Exposition.

¶En ce texte lacteur met six medecines contre le venin. ¶La premiere se sont aulx, ou ailles, qui valent par especial contre les maulvais accidens venant des eaues & par especial vault contre linfection qui vient de boire eaue corrumpue. et dit serapio agregantur au chapitre ds aulx quant on mengeue des aulx & on boit apres de eaue corrumpue elle ne nuyt pas a celluy qui la boyt. Et ce mesme dit Avicene au second canon au chapitre des aulx, & en la .iii. distinction du premier chapitre de conserver ceulx qui cheminent du dangier des eaue diverses. Et icelle meseme operation font oignons comme veult Avicene au second canon au chapitre des oignons, & ainsi les oignons se peuvent comprendre avec les aulx. Semblablement dit avicene au chapitre nomme que loignon est triacle des eaues maulvaises & par especial avec vinaigre, car loignon est subtilatic, incisif, abstersif restrainctif, & deopille fort comme dit Avi. au chapitre de loignon. et est chault au tiers degre & pourtant il eschauffe les maulvaises eaues & deffendent que leaue ne nuyse a lestomac par sa froidure en subtilant les grosses humeurs & les faisant tantost penetrer. Et vinaigre mesle avec luy vigore sa vertu en subtiliation & penetration de leaue, et dessent la soif que font les oignons. et icelle mesme propriete ont les aulx & pource dit Avicene au chapitre. nomme en la .iii. distinction, que on doit mengier des aulx apres les eaues grosses & turbulantes buees, car les aulx les subtilent & les font incontinent descendre & deffendent quilz ne nuysent a lestomac, & aux intestives & quilz ne estoupent les veines. En oultre les aulx mengiez devant le cheminer ou apres sont

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de choses meilleures & convenables a ceulx qui viennent de lair froit ou a ceulx qui vont a lair froit comme dit Avicene au cha. de ceulx qui cheminent. Sensuyt donc que les aulx sont fort utiles a ceulx qui cheminent & a ceulx qui vont par divers pays, & a ceulx qui usent de divers brevaiges, comme dit ce mettre. Alia qui mane ieiunun sumpserit ore hunc ignator non ledit potius aquarum diversoruz facts lecorum. En oultre les aulx sont bons contre la poincture des vers venimeux et contre la morsure des serpens quant on les boit avec du vin de quoy Avicene au second canon au chapitre des aulx si dit avoir experimente, & est aussi utile contre morsure de chien enrage. Et amplastre fait daulx et de feuilles de figues & de comin mis sur morsure dung serpent nomme mugal est fort utile comme dit Avicene au chapitre nomme. Loignon semblablement selon avicene au .ii. canon au chapitre de loignon vault a la morsure du chien enraige quant on oingt le lieu du jus de loignon quant on fait emplastre dessus de loignon avec du sel, et de la rue, et loignon que on mengeue deboute la malice du venin de toutes bestes venimeuses. Et aulcuns dient quil engendre en lestomac humeur humide moult convenable a corrumpre la malice du venin. Item icy est a noter que les aulx et les oignns & les poraux en manie de viande ne sont pas convenables au corp attrempe, ne au corps de complection chaulde & par especial crus, car ilz sont de petite nourriture et engendrent sang agu & pungitif, ilz subtilent les grosses humeurs et separent les humeurs limeuses. Et apres quilz sont cuitz ilz perdent leur punction & demeure la vertu incisive et subtiliatuve, & pourtant ilz sont plus convenables cuitz que crus. Les poreaulx sont chaultz et secz et donnent au corps nourrissement vituperable et nuysent aux yeulx & engendrent sang noir et melancolique, et songes terribles, et blessent les nefz a cause de leur ponction et nuysent aux dentz et aux gencives & nul colerique melancolique nen doit user et par especial crus. Les oignons sont chalutz & ont superflue humidite terrestre avec humidite aqueuse subtile et indigeste. Et se on les mengeue crus ilz engendrent humeurs maulvaises en lestomac et putrefactibles et font songier choses terribles et engendrent douleur de teste. et en trop

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user dispose lhomme a perdre la mémoire et trouble lentendement & font lhomme devenir demoniacle, mais sont les mengeue cuitz avec broues de chair louable ilz font digerer la viande & les nocumens sont amoindris & corrigent les froides viandes quant ilz sont avec elles, mais pour conclusion nen user point cest le meilleur. Les aulx sont chaulz declinant a aulcune humidite moindre que les oignons, & et sont contre ventosites & sont profitables a la toux & font bien craicher, mais ilz nuysent a la veue & font douleur de teste & font triacles gans rustiques, & appert evidemment que les choses devantdictes competent seulement a ceulx qui ont humeurs fleumatiques & grosses humeurs & limeuses. Les coleriques son doyvent abstenir. ¶La .ii. est grosse noix de laquelle dit Avicene au second canon au chap. de la noix, que la noix avec la figue & rue est medecine contre tous venins, et de la noix avec sel & oignons est fait amplastre contre morsure de chien enraige, & par especial sentent de noix seiche prinse devant mengier en maniere dessusdicte. et est icy a noter que les oix seiches sontp ires que les recentes & humides, car les seiches sont plus unctueuses & pourtant se convertissent en colere & font douleur de teste, & troublent la veue & engendrent le vertin au cerveau, & par especial prinse apres la viande & font la langue paralitique, provoqent le vomir, & petite vescie en la bouche. Et ceulx qui ont lestomac colerique doient totalement eviter noix seiches & tant plus sont anciennes tant plus sont moins maulvaises, car il ne sont pas si unctueuses, & pourtant elles nengendrent pas douleur de teste ne vertin au cerveau come les seiches, et par leur humidite sont lubrificatives & laichent le ventre & selles sont ung petit brulees & mengees apres le repas elles compriment la viande, et ainsi appert que les noix recentes sont plus convenables au corps sains que les seiches. ¶La tierce est la rue de laquelle dit Avicene au .ii. canon au cha. de la rue quelle resiste au venin. Et en apres dit que celluy qui craint de boire venin preigne de la semence de la rue une drame avec ses feuilles & du vin & par especial quant on le boit avec une noix en ung bolus. Aristote dit au livre des bestes quant, la mustelle veult batailler encontre le serpent, cestassavoir contre le crapaulc elle mengeue la rue pour occire le crapault a cause que lodeur de la rue est ennemie

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au venin, car la rue mengee avec figues, & amandes doulces au matin preserve de venin. Et devons scavoir quil est de deux especes de rue, cestassavoir domestique, & saulvaige. La rue domestique est meilleure que lasaulvaige, car la saulvaige est chaulde & seiche au quatriese degre, & est chose dangereuse den user souvent . La domestique est verde chaulde et seiche au .ii. degre, mais quant elle est deseichee elle est seiche au tiers degre. Et est incisive resolutive de ventosites, et par espcial la seiche, car serapin dit au chapitre de la rue, cest des medecins plus conferantes a ventosites, mais verde est inflative. Item la rue aguise la veue, & par especial le jus de la rue avec le jus de fenoil & miel fais en collier comme dit Avicene au .ii. canon au chapitre de la rue. Toutesfoys le jus de la rue a une condition en elle nuysible a la veue & pource la rue se doit appliquer es yeulx en ventilant en maniere que la seulle evaporation & fumee et non pas la substance touchant les yeulx. ¶La quarte medecine sont des poires desquelles dit Avicene au .ii. canon au chapitre des poires quelles sont curation des moucherons mortelle. Et quant iceulx moucherons sont cuytz avec poires leur ventsite est moindre. Et peult icelluy texte estre verifie des poires aromatiques lesquelles par leur vertu aromatique conforent les poires & expulsent les ventosites des moucherons. ¶La .v. medecine son refors desquelles dit Avcene au ii. canon au chapitre ds refors quilz sont utiles a la morsure des serpens, & prinse avec vin conferent la morsure cormitte, cest une beste ainsi nomm. Et la semence remeie a tous venins & par especial aux vers venimeux. Item la semence du refort mise sur le corps le fait mourir incontinent. et se lescorpion mordoit aulcun qui eust menge du refort il nauroit point de mal. Et vault semblablement aux suffocations desmoucherons. Ou on peult dire que le froit vault contre le venin a cause quil provoque vomissement & purge lestomac des humeurs qui sont en luy maulvaises. Et est icy a noter que le refort & sa racine qui font quasi dune mesme complection nuysant au gens coloriques, car il engendre sang agu & pungitif, & le refort est maulvais a lestomac & fait eructuaction et engendrent humeurs grosses & se la digestive est debile ilz engen

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drent humeurs crues, toutesfoys il est subtoliatif et tranchant. Et aulcuns mengent le refort apres aultres viandes pour conforter la digestion, dequoi se merveille galien. Et dient les saiges medecins se on le mengeue apres aultre viande il fait degerer & descendre la viande, & laiche le ventre, mais on le mengeue devant la viande il fait surmonter la viande & provoque le vomir, toutesfoys cest chose utile de les mengier avec vinaigre & sel apres les aultres viandes en petite quantite, toutesfoys elles nuysent a la veue & a la teste par especial mengier apres aultres viandes. Rasis au .iij. est triacle utile de sa propriete & par son espece contre tous venins et pource vault tant aux bestes brutes comme aux hommes contre venin soit froit ou chault. et avec le triacle peult on comprendre le metridal qui est quasi dune mesme vertu. Et du triacle dit Avicene en la vi. distinction du quart traicte au premier chapitre. Tu scez que lune des curations principales du venin est conforter la chaleur naturelle & lexciter a debouter au dehors comme fait letriacle. Et encore du triacle & du metridal dit Avicene en la .vi. partie du .iiij. traite au premier cha. des medecines communes contre le venin. Ilz sont aulcunes medecines contraires au venin lesquelles ne permettent pas le venin venir au cueur de la personne, comme font le triacle et pareillement le metridal. ¶Textus.

¶Aer sit mundus : habitabilis : ac luminosus.

Nec sit infectus : nec olens fetore oleace.

¶Exposition.

¶En ce texte sont declarees .v. choses touchant lelection de lair habitable. ¶La premiere est que lhomme doit eslire lair pur & net sans infection de vapeurs, car lair infaict altere le cueur selon sa complection, & se mesle avec le cueur comme dit haly au .ii. livre du tegin au comment dicelluy canon. Omnia hec enim &c. ¶La seconde est que lhomme doit eslire lair lumineux, car lair trouble et obscur fait lhomme triste & melancolieux a cause que lair trouble se mesle dedans

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le corps avec les humeurs & vient au cueur & de lair trouble et des humeurs meslees ensemble sengendrent esperitz gros qui font lame triste. Il nest chose au monde qui face lhomme plus joyeux & legier que demourer & cheminer en lair cler & net. ¶La .iij. est que lhomme doit eviter la puantise des latrines & du retraict & toutes aultres infections particulieres de lair come sont les infections e la cuisine et daulcunes fosses & lieux ou sont mis les corps mortz, et les os des morts, & fault eviter lair prochain des eaues ou sont mis le lim & le chanvre ou chenefve pourry, car lair infaict les esperitz infaictz en corps humains et tresgrandement nuyt au cerveau. Et pour ce dit Avicene en la .ii. distinction du premier livre en la doctrine .ii. au chapitre .ii. lair quant il est attrempe & cler & que nulle estrange substance ou contraire aux esperitz est mixtionne avec luy, il garde & conserve lhomme en sante & lopposite des choses dessusdictes engendrent maladie. Et pour plus ample declaration est a noter que lair est necessaire en la vie de lhomme en deux manieres. ¶La premiere pour refroidir le cueur. vLa seconde pour debouter les vapeurs & fumees qui troublent lesesperitz & suffoquent la chaleur naturelle, car come nous veons es choses exterioes, le feu sans estre evente est suffoque & extraict, semblablement devons ymaginer que la chaleur naturelle & les espritz ont besoing de lair pour les nourrir & conserver & obtemperer, laquelle obtemperation est faicte diceulx esperitz, & la chaleur est cause par attraction de lair & depuration par expulsion de lair. et donc le premier est fait par mouvement attractif, & le second par mouvement expulsif. Et pouratant se lair attire est puant & infect, la chaleur & les esperitz se corrumpent. lair donc doit estre de bonne substance sans vapeur estrange descouvert sans closure de paroys, cestadire qui doyt estre evente, car lair couvert & enclos tresgrandement est eviter. toutesfoys en temps de peste quant la putrefaction de lair est commune lair enclos est a eslire. Et pourtant en celluy temps il fault demourer

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en sa maison, & tenir les fenestres bien closes, affin que lair infaict nentre dedans, mais en tout autre temps lair descouvert est meilleur. En oultre pour conserver la sante il faulteviter lair des eaues putrides, et lair ou croissent les choulx et eruca et aultres plusieurs herbes & lair des arbres viscieux excessivement comme sont figuiers & noyers. Oultre on doit eslire lair ou soufflent ventz denins de terre haulte ou equale, & semblablement on doit eslire lair attrempe sans grande chaleur froideur, humidite, & seicheresse. Et sil advenoit quil fust excessif en aulcune dicelle qualite soit obtemperee artificiellement tant quil est possible de faire.

¶Textus.

¶Si tibi serotina : noceat potatio vini.

Hora matutina rabibas : & erit medicina.

¶Exposition.

¶En ce texte met lacteur ung tel enseignement. Se aucul est mal disposer de boire vin au soir, il doit de echief le lendemain boire du vin, mais il fault icy considerer que le vin beu au soir duquel lhomme est mal dispose, ou il enyvre lhomme, ou il engendre grant soif du matin, ou grant eschauffement au corps. Sil engendre grant eschauffement au corps, de rechief prendre du vin au matin cest grant erreur, car ce seroit mettre feu sur feu. Sil est yvre avec aulcune disposition vomitive adonc de rechief prendre du vin est chose utile, car le vin prins au matin de legier provoque a vomissement qi mondifie lestomac & guarist lyvrongnere. Et pour icelle cause conseille ypocras de enyvrer lhomme une foys le moys pour provoquer lhomme a vomissement qui le preserve de choir es maladies croniques. Et ce le vin blesse du soir lhomme a cause qui nest pas acoustume de boire vin, adonc semblablement de rechie peult boire vin au matin pour lacoustumer, car les choses acoustumees sont les moins nuysibles selon ypocras en la .ii. partie des anfforisme en celly anffo. Ex multo tempore assueta &c. Et se de boire du vin au soir sensuyt grant soif au matin icelle est mensongier, laquelle est garie de boire vin au matin. Il seroit pourtant plus convenable boire de leaue. Et est suffisanment declare paravant du mal qui vient

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de boire vin excessivement. Oultre est a noter que tout homme qui a cerveau debile se doit garder de senyvrer souvent, car frequenter ebriete selon que dit Avicene en la .ii. distinction du premier au cha. du regime de leaue & du vin engendre six grans inconveniens es corps humains. ¶Le premier est quil corrumpt le faoye, car le vin beu excessivement venant au foye remet la chaleur naturelle par quoy le foye pert sa vertu generative de sang, & engendre sang aqueux causant ydropisie, ou il brule le foye & les humeurs dequoy sengendre lepre. ¶Le .ii. est corruption de cerveau a cause de la continuelle estimation des fumees en la teste disposant le cerveau chault a maniere & a frenetique passion, & le cerveau froit a epilence literge & appoplexie. ¶Le .iii. est debilitation de nerfz, car nous veons les gens yvres souvent avoir tremeure de teste & daultres membres, non pas seullement en viellesse, mais aussi en jeunesse. ¶Le .iiij. sont maladies des nerfz, comme spasme & paralisie, car le vin prins superflueusement souvent devient en lestomac vinaigre qui est grandement contraire aux nerfz, & souvent se convertist indigest en aquositez remolissant les nerfz. Et souvent conduit & fait fluir aultres humeurs grosses es nerfz qui sont cause de spasme, ou de paralisie. ¶Le .v. est appolexie acause des humidites multipliees au cerveau oppillantes les conduictz des esperitz motifz & sensitifz de tout le corps. ¶La .vi. est mort subite, car en dormant, ou en esternuant, ou en toussant les conduictz de laspiration par la multitude de vin des humidites de luy engendrees se clouent, & par ce moyen lyvrongne est suffoque. Et jacoit ce que le vin prins oultre mesure engendre iceulx inconveniens toutesfoys quant on les prend moderement il donne a lhomme plusieurs aydes & selon Avicene au chapitre dessus nomme. ¶le premier est qui donne penetration a la viande par tout le corps par sa subtille galeur et secrete propriete occulte. ¶La .ii. quil digere la flume, aussi par sa humidite aquatique & fleume, aussi par sa humidite aquatique & fleumatique & les fait de facille exposition en ouvrent les conduitz du corps en confortant la vertu expulsive. ¶Le .iii. est quil tranche la colere rouge & la evacue par lurine, par sueur & digestion, & resolution insensible, & icelle ayde se doit enten

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dre de vin subtil claret ou blanc, debile de sa nature, ou par eaue meslee avec luy, car aultrement il multiplieroit la colere, et eschaufferoit le foye. ¶Le .iiij. quil fait la melancolie grosse tardive a mouvoir penetrer en ses propres conduitz, cestassavoir au foye, a la ratelle, & de la ratelle a lorifice, & finablement le fait debouter hors du corps avec les superfluites & reprime linconvenient de la melancolie par sa co(mplection en maniere de substance & operations contraires a la melancolie, car la melancolie rend lhomme triste & pusillanime et avaricieux. Et le vin resjoyt lhomme & donne audace & magnanime & fait lhomme liberal. ¶Le .v. est qui ressult & guarist toutes especes de lascete, travail, ou paresse se complection fort extrange ny est meslee, car le vin repare habondamment les esperitz resolus & conforte la vertu, & remect les humidites superflues delaissees & meslees es nerfz es joinctures. et sil est de necessite de humecter le corps comme en lassitude prefactive, & se ce incontient donne moisteur, mais qui soit limphe. item le vin a moult daultres proprietes & conditions, car le vin plus subitement que toutes aultres viandes restaure le corps & conforte les esperitz & la chaleur naturelle & tient le corps en bonne chaleur et clarifie lentendement & amortist lire & tristesse, incite luxure, & sur tous aultres breuvaiges digere grosses humeurs et pource le vin rent lhomme virile selon lame & le corps, & en toutes aultres choses son semblables les gens qui ne boivent du vin sont femelins & fragiles a comparer a ceulx qui boivent vin.

¶Textus.

¶Gignit & humores. melius vinum meliores

Si fuerit nigrum.corpus redit tibi pigrum

Vinum sit clarumque vetus subtile maturum

Ac bene limphatum saliens moderamine sumptum.

¶Exposition.

¶En ce texte premierement met ung enseignement du vin & dit que le vin meilleur engendre meilleures humeurs, raison si est, car dautant que la matiere generative des humeurs est meilleure, dautant sont les humeurs de luy engendrees meilleurs. Apres dit que le vin noir fait lhomme pigre, endormy a cause que le vin noir est plus gros & terrestre

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que tous aultres vins, & pourtant les esperitz de luy engendrez sont gros selon galien au .i. li. des anfforismes, il est necessaire que une chescune chose naturelle soit semblable a celluy dont elle vient, & pourtant les esperitz gros font le corps pesant & endormy. Apres sont mis .vii. enseignemens touchant lelectio() du vin. ¶Le premier est que on doit eslire vin cler, car le vin cler est cause quil est subtil & engendre les esperitz subtilz, & clers. ¶La .ii. est quil doit estre antique, car le vin nouveau ou moust sur toutes choses semblables enyvre plus facillement lhome & provoque flux de ventre, & engendre collique passion, & plusieurs accidens qui apres seront declares en ce texte. Impedit urina &c. et ne fault pas entendre du vin fort antique, car vin fort antique selon Avi. en la .iii. distinction du premier au cha. de leaue & du vin est quasi medecine & non pas breuvage convenable au regmie de sante, car en luy est plus aspre vertu alterative du corps en chaleur & en seicheresse qui ne soit alterable & passible du corps, apres loeuvre de nutrition, & est de petit nourrissement, car il est totallement de lyes & verdeur quil avoit par avant, & est quasi fait ardant comme feu, & pource dit lagregateur au chapitre de la vigne, auctorisee de galien qui est chault & sec au tiers degre. ¶Le tiers que le vin doit estre subtil, car vin subtil propre & multiplie les esperitz ingenieux & les gros vins les esperitz gros. ¶Le .iiij. est que le vin doit estre meur & non vert ou aigre, car tel vin prive lhomme de toutes evacuations ordonnees & necessaires en la vie, & au regime de sante, comme dit Galien en la troiziesme partie de maladies agues au comment de celluy canon. Sciendum eriam & cetera. Et pource est nuysible aux corps indigens de evacuations par lurine, ou aultrement, & nuyt les membres superiores, comme veult galien audit comment. Toutesfoys le vin constipatif est utile aux maladies des intestins, comme il dit au coment prealegue. Et celle condition est separee du vin quant grande quantite de eaue est avec luy meslee comme veult le docteur Galien au lien dessusdict. ¶Le cinquiesme est que le vin doi estre limphe, cestadire par adjoustement deaue meslee avec luy poir oster la fumosite du vin affin quil blesse moins le cerveau. Et se doit entendre du vin subtil, car le vin gros sil est limphe il blesse tant plustost le cerveau & ce en subtilier

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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