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1630-L’honneste-homme (Nicolas Faret) (251-280)

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qui sont de cette humeur, à perdre ainsi les femmes, sont bien perdus eux-mesmes auprés d’elles, & ne faut pas qu’ils en esperent jamais que des mespris, quand mesmes d’ailleurs ils auroient toutes les plus aymables qualitez que l’on se sçauroit imaginer. Ils ont plusieurs autres defauts, dont quelques-uns sont veritablement moins malicieux & de moindre consequence que ceux dont nous venons de parler, mais qui ne les esloignent pas moins des bonnes graces de cet agreable sexe. Generalement tous les vices deplaisent à celles qui ayment la Vertu ; mais particuliere-

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ment elles ne sçauroient souffrir ny les mesdisans, ny les blasphemateurs, ny les opinistres, ny les resveurs, ny les suffisants ; ny comme que ce soit aucunede ces imperfections qui tesmoignent de la rudesse d’esprit. Aussi à dire le vray, que doivent-elles attendre des mesdisants, que des calomnies, & un traittement d’autant plus rigoureux que leur vertu sera plus éclatante ? Et quels respects sçauroient-elles esperer de ceux qui mesprisants le Ciel mesme, osent bien à tous propos, par des jurements execrables, violer l’honneur du sacré Nom de Dieu, & profaner la gloire de

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cette sainte, pure & admirable Essence ? Que si elles ayment la douceur de l’entretien &, les humeurs gayes & divertissantes, comme certainement elles font, que peuvent-elles trouver dans les esprits opiniastres & resveurs, que des contrarietez, & de la melancholie, qui leur sont si odieuses & si difficiles à suporter ? Elles ne souffrent pas plus volontiers l’orgueil de ces ames enflées de presomption,& de fausse gloire, qui n’ont jamais la bouche ouverte qu’à leurs propres loüanges, & à publier leurs belles actions. Un Gentilhomme est bien ridicule qui n’a rien de meilleur à dire, & ceux-là sont

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bien à plaindre qui sont contraints de l’escouter souvent. J’approuve bien qu’il fasse valoir ce qu’il sçait, & en quoy il est excellent ; mais il faut que ce soit par les effects, plustost que par les paroles ; & par rencontre s’il se peut, plustost que par dessein. Combien qu’il soit extrémement bon danseur, ce ne sera pas luy qui donnera le plus souvent le bal, ny qui mettra la compagnie en bransle de le desirer : Mais sans s’empresser, & sans aussi se faire prier, il y ira comme les autres, & comme à un passe-temps auquel il ne croit pas avoir plus d’advantage qu’en tout autre où l’on se voudroit di-

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vertir. S’il se fait quelque partie de combattre à la barriere ou de courre la bague, ou qu’il se rencontre quelque autre occasion de faire paraistre combien il est excellent en tous exercices : Quelque beau gendarme qu’il soit, & quelque adroit qu’il se sente, il s’y trouvera tousjours avec cette agreable froideur, & se contentera de bien faire, sans tesmoigner d’estre bien satisfaict de soy-mesme. Le plus habile homme du monde, quand il se vante de l’estre, n’est qu’un sot. Rien de tout ce qu’il dit, & de ce qu’il fait, ne plaist à personne, & le trop de soin qu’il a de donner de l’éclat à ses bonnes

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qualitez & de les vouloir faire paraistre agreables ; ne les obscurcit par seulement, mais encore les rend importunes. Aussi la vanité a cela de commun avec la temerité, qu’outre qu’elle es folle & aveugle, elle est encore mal-heureuse. C’est pourquoy la modestie mes emble la plus necessaire de toutes les vertus qui entrent en usage dans la conversation des femmes : La pluspart des autres ne gaignent que leur estime, mais celle-cy leur gaigne le cœur, & acheve ce que tant de subtiles adresses n’ont que commencé.

Après tant de ramarques diferentes, pour la derniere &

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plus certaine de toutes, il faut dire que le Jugement es le maistre de cet Art ; & que de sa bonne ou mauvaise conduite dépend principalement le succez de la fin que nous avons proposée. Toutes les meilleures maximes tombent en cofusion si elles ne reçoivent l’ordre de luy, & aux choses les plus evidentes il ne faut pas laisser de le consulter, aussi bien qu’aux plus espineuses. Mais sur tout parmy les femmes il est comme impossible, sans son seecours, que nostre estime fasse aucun progrez : Car estans d’un esprit un peu inégal, comme elles sont, si le jugement ne va devant pour

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les reconnoistre, ou si l’on n’aprend d’elles-mesmes les choses qui les faschent, & celles qui leur agréent, il est bien dificile de trouver jamais le secret de leur plaire. Si bien que l’on ne sçauroit donner aucunes reigles certaines sur ce sujet, à cause de la grande diference des rencontres, & de l’infinie diversité des esprits. Il suffit de dire, que les preceptes qui entrent en la structure de cet Art sont bien communs à tout le monde, de la mesme sorte que les places, & les fontaines publiques : Mais que les Sages s’en sçavent servir & les accommoder à leur usage particu-

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lier châcun selon sa portée ; & la profession à laquelle il s’employe. En fin pour terminer ce discours, je conclus apres tout, que pour faire un Honneste-homme accomply, il faut qu’il ayt tant d’eminentes perfections, que les choses les plus dificieles luy soient aisées, & que se rendant en quelque façon admirable à tout le monde, il n’ait luy-mesme aucun sujet d’admirer personne.

VOILA quels sont les sentiments du plus mauvais Courtisan de la terre sur cette subtile & delicate matiere : Et

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certes lors que je considere qui je suis, quelle est mon humeur, ma conduitte, ma profession, & le mespris que je fais de la Cour, j’au peine à concevoir comment l’envie m’est jamais tombée en l’esprit d’escrire sur ce suject. Si j’estois de quelque illustre naissance, & arfent à me produire, pour acquerir quelque sorte d’estime : Si je me laissois tenter de cette folle vanité d’entrer aussi souvent chez les Grands, qu’on me faict l’honneur de m’y ouvrir la porte : Si je prenois plaisir à me mesler dans leurs intrigues, & enfin si j’aimois le tumulte de ce grand monde, & que j’eusse

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dequoy m’y rendre agreable seulement par une partie des vertus dont je veux que les autres ayent une entiere possession, mon dessein treuveroit peut estre quelque aprobateur Mais voyant mes defauts comme je les vois, & connoissant que je n’ay que les moindres qualitez de toutes celles qu j’ay depeintes, je ne sçau de quelles raisons assez aparentes on pourra colorer mon entreprise, pour la faire paraistre raisonnable. J’ayme mieux avoüer franchement que la faute que j’ay faitte de me donner cette peine, est encore pire que n’auroit esté celle de demeurer dans l’oisiveté.

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Mais apres tout, ce qui m’en plaist le plus,& qui me rend si hardy à publier ainsi mes pensées, c’est que nous n’avons encore point de loix contre les mauvais Autheurs, & que le crime de mal escrire est demeuré jusques à present parmu nous sans aucun exemple de punition. Mon dessein n’est que de representer plus briefvement que les autres un homme de bien, plustost qu’un de ces adroits Courtisans de ce temps, dont les plus vertueuses maximes ne sont pas tousjours innocentes. S’il est mal habile, c’est que je le suis : Et si l’on trouve que je ne luy donne pas assez de bons con-

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seils, je ne treuve pas aussi que je sois obligé à luy enseigner plus que je n’ay apris. Je luy propose pourtant assez d’ocupation pour une partie de sa vie, & m’asseure qu’il n’emploiera gueres de ses heures inutilement, s’il veut  s’adonner à tous les exercices que je luy monstre estre convenables à sa profession. Aussi-est-ce plustost icy une idée de ce qui est possible, qu’un exemple d’une chose qui se voye communément. Qui n’aura pas assez dequoy acquerir tant de bonnes qualitez, qu’il se tienne à ce qu’il peut, & tasche au moins d’avoir une partie des plus necessaires, sans se rebutter.

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Ceux qui veulent que de chasque chose que je ne fais que designer en passant, je donne des preceptes à plein & par le menu, font une proposition qui tesmoigne une foiblesse de raisonnement digne de compassion. Quand je dis qu’un Gentilhomme doit estre bien à cheval, & qu’il doit sçavoir bien faire des armes ; n’est-ce pas l’avertir d’aller à l’Academie, & de hanter les Sales, ou d’avoir chez luy de bons maistres, pour apprendre d’eux ce qu’il ne doit pas ignorer ? Ainsi quand je luy conseille l’estude ou de le Politique, ou de la Morale, ou des Mathematiques, n’est-ce pas luy dire qu’il lise

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avec soin les meilleurs Autheurs qui ont escrit de ces belles Sciences, ou qu’il en confere avec les hommes doectes ? Voudroit-on point que j’enflasse mon livre du Maneige Royal, & du noble jeu de l’Escrime ; & que j’y misse encore des lieux communs de toute l’Histoire, & les figures de tous les instrumens de Geometrie ? De mesme, lors que je l’introduits aupres du Roy & des gRands, faudroit-il point aussi que je luy fisse des harangues & de beau discours pour châque jour de la semaine, avec un petit traitté de la Civilité puerile ; afin qu’il fust muny dequoy faire bien

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sa Cour ? N’est-ce pas assez de m’estre engagé à monstrer le chemin, sans que l’on veuille encore m’obliger à le faire ? Quoy qu’il en soit, j’ay mis dans ce petit ouvrage ce que j’y croyois estre de plus necessaire, & en ay retranché, autant qu’il m’a esté possible, ce que je jugeois estre superflu. J’y ay meslé mes opinions avec celles des Anciens & des Modernes, & tasché de m’arrester aux plus saines, & aux plus conformes à la raison. S’il falloit maintenant demesler ce que j’ay pris d’eux, pour en faire la restitution, javoüe que je l’ay tellement engagé & confondu dans le mien propre, que

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je ne le pourrois plus reconnoistre pour l’en separer. Mais cette peine seroit si inutile, & il m’importe si peu que l’on croye que j’invente, ou que j’imite, que plustost que d’endurer la question, je suis tout prest de confesser  que les bonnes choses que l’on remarquera dans ce discours ne sont, si l’on veut, que purs larcins ; Que les mediocres ont esté mal copiées sur de bons originaux ; Et que les mauvaises, qui s’y trouveront en beaucoup plus grand nombre que les bonnes, sont toutes de mon creu & de mon invention. Que les Censeurs le dechirent s’ils n’ont assez de le re-

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prendre, je leur promtz de ne m’en mettre non plus en colere, que quand je vois battre mes habits pour en faire sortir la poussiere.

FIN

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SOMMAIRE DES MATIERES CONTENUES DANS CE TRAITTÉ.

TABLEAU DE LA COUR

Le Roy, les pRinces & les Grands.

Les Mediocres.

La Fortune, & les vices qui la suivent.

Le sujet de ce[1] discours.

Des precepts, de leur utilité, & de leur foiblesse.

DE LA NAISSANCE.

Des avantages de la Noblesse.

De l’heureuse naissance, de la mauvaise & de la mediocre.

De la profession du Gentilhomme, qui doit estre celle des armes.

Qu’il doit estre homme de bien.

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Qu’il doit estre soigneux de la conservation de son honneur.

Des querelles.

Contre les querelleurs.

De l’intellignece des querelles.

Contre la vanité & la Fanfaronnerie.

DE LA DISPOSITION DU CORPS.

Des exercices du Corps.

Des Jeux de hazard.

Contre les Joüeurs.

De la Grace naturelle.

De l’Affectation & de la Negligence.

De la Negligence affectee.

De l’affectation de la Beauté.

Contre les Femmes fardées.

DES QUALITEZ DE L’ESPRIT.

Que la vertu est plus aymable, & le vice plus odieux aux Grands qu’aux autres.

Des avantages de la Vertu.

Des moyens de l’acquerir, & particulierement des bonnes lettres.

Du mespris qu’en font les Gentilshommes.

De leur excellence & combien elles sont utiles & convenables à la Noblesse principalement.

Des sciences qu’un Gentilhomme ne doit pas ignorer. pag. 49

Des questions de Philosophie.

Des Matematiques.

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De l’Oeconomie

De la Politique, de la Morale & de l’Histoire.

Du choix des Historiens.

Jugement des meilleurs Historiens

De l’experience & du jugement.

Qu’il est necessaire de sçavoir bien escrire en prose.

De la Poësie.

De la Peinture & de la Musique.

DES ORNEMENTS DE L’AME, & de la vertu Chrestienne.

De la Religion, & de la Foy.

Contre les Athées.

Des autres vertus en general.

De la crainte de Dieu.

DE LA VIE DE LA COUR, & de ses épines.

De la servitude.

Des fatigues.

Des inquietudes.

De l’ambition, de la crainte & de l’esperance.

Des soins ambitieux.

De la tranquilité de la vie.

Qu’un homme de bien peut vivre dans la corruption de la Cour sans en estre souillé.

De la fin que l’homme de bien se doit proposer dans la Cour.

Contre les Courtisans avares & ambitieux.

Que la vertu doit estre exercée.

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Que les plus sages sont les plus obligez à suivre la Cour.

MAXIMES que doit observer celuy qui n’a jamais veu la Cour, pour y aborder.

Du choix d’un Amy.

De moyen d’acquerir des Amys.

Contre les Fourbes.

DIVISION DE LA VIe, en Actions et en parles.

Des actions, de la Valeur, & de la conduitte du courage.

De la Modestie & de la franchise à obliger.

Des bons Offices.

De la liberalité.

Le Prodigue, l’Avare, & le liberal.

Des presents.

Des autres actions en general.

DES PAROLES, qui sont la seconde partie de la division de la vie.

De l’usage des paroles.

DE L’ENTRIEN DU PRINCE.

De la premiere entrée du Gentilhomme chez le Roy, & quel doit estre son abord.

De son affection a le servir.

Quel doit estre son object.

Ce qu’il doit observer en parlant à luy.

Ce qu’il doit observer pour luy estre agreable.

Ce qu’il doit observer depeur de luy desplaire.

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Contre les Flatteurs.

De ce qu’il faut observer en demandat à son Maistre.

Qu’il faut fuyr de se rendre importun dans ses plaisirs & de luy estre à charge.

DE LA CONVERSATION DES EGAUX. pag. 127

De celle des Amys.

Des fautes qui s’y commettent.

Malheurs qui suivent les faux Amis.

De l’estime, & du moyen de la gaigner.

Que les esprits judicieux ont moins d’éclat que ceux en qui la memoire & l’imagination abondent.

De l’Opinion, son aveuglement, & sa tyrannie.

Exemples sur ce suject.

DE LA CONVERSATION DES GRANDS.

De leurs couroisie, & de l’estat qu’ils font des honnestes gens.

De l’honneste respect.

Des respects importuns.

Contre les opiniastres faiseurs de compliments.

De l’égalité d’humeur.

Des bonnes habitudes, & des connoissances honnestes.

Des avantages qui reviennent de l’estime des Grands.

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MAXIMES GENERALS de la conversation.

Qu’il faut vaincre ses passions & ses humeurs. pag. 163

De la souplesse & moderation d’esprit.

De la rudesse & opiniastreté d’esprit.

Reigles generales de la complaisance.

Qu’un Honneste homme s’acommode à toutes sortes d’humeurs.

De la douceur qui se trouve en la conversation des honnestes gens.

Contre les grands Parleurs.

De la difficulté de se taire.

Des incommoditez que donnent les grands parleurs. pag. 178

Impertinences & vices ordinaires des grands parleurs.

De la difficulté qu’ont les hommes à conserver les secrets qui leur sont communiquez.

Exemple sur ce suject.

ELOGE DES HONNESTES GENS. pag. 178

De leur prudence.

De la conduitte de leur langue.

De leur civilité.

De leur familiere communication.

De la douceur de leur esprit.

De leur façon de debiter ce qu’ils sçavent.

(275)

De leur modestie à juger & à parler d’eux-mesmes. pag. 195

De leur galanterie.

De leur Probitè.

Contre les Menteurs & les parjures.

Malheurs que cause la perfidie.

DE LA RAILLERIE.

Que la douce & honneste Raillerie anime la conversation.

Que pour peu qu’elle soit opiniastrée elle est dangereuse.

DES BONS MOTS, & de leur excellence. pag. 205

Des choses qu’l y faut observer.

Qu’il y faut éviter la bouffonnerie.

Qu’il y fait éviter l’aigreur.

Qu’il ne faut attaquer de brocards, ny les miserables, ny les meschans, ny les honnestes gens.

Ny les Grands.

Ny soy-mesme.

Ny ses Amys.

Ny les honnestes Femmes.

Des reigles des bons mots.

DE LA DIFFERENCE DES âges, des mœurs, & des autres conditions qui se doivent observer en la conversation.

De quelle sorte unHonneste-homme se sçait demesler d’entre ces differentes humeurs.

(276)

Dernier precepte de la conversation des égaux.

DE LA CONVERSATION des Femmes.

Description du Cercle.

Les Reynes & les Princesses.

Les Dames.

Les Filles d’honneur.

De la conversation du Louvre, & de ses incommoditez.

Du choix qu’il faut faire à la ville.

De la presence exterieure.

Des habits.

De la mode des habits & de leur assotrissement.

Contre les inventeurs de modes extravagantes.

De la propreté des hommes.

DE L’ACTION, qui est l’ame des paroles. pag. 234

Du ton de la voix.

De la bonne mine.

Du geste.

Qu’il faut respecter les Femmes.

De la complaisance parmy les Femmes.

Raisons pourquoy l’on doit honorer les Femmes.

Que la Vertu des Femmes est la mesme que celle des hommes.

Combien elles sont necessaires dans les Cours.

Des soins qu’il leur faut rendre.

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Contre les vains & les indiscrets.

Que  les plus chastes sont souvent les plus sujettes à la medisance.

Vices odieux en la conversation des femmes.

Les Medisans.

Les Blasphemateurs.

Les Opiniastres, & les Resveurs.

Les Orgueilleux.

Que le Jugement est celuy qui donne l’ordre à la conduitte de la vie.

DIVERS  AVERTISSEMENS SUR LE SUJET DE CE TRAITTE. pag. 257

FIN DE LA TABLE.

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PRIVILEGE DU ROY.

LOUYS PAR LA GRACE DE DIEU ROY DE France ET DE NAVARRE. A nos amez & feaux Conseillers les Gens tenans nos Cours de PArlemens, Baillifs, Seneschaux, Prevosts ou leurs Lieutenans, & autres nos Officiers & Justiciers qu’il appartiendra, Salut. Nostre cher & bien amé le Sieur FARET nous a remonstré qu’il a composé un Livre intitulé L’Honeste-Homme, ou l’Art de plaire à la Cour.  Qu’il desireroit faire imprimer & mettre en lumiere, mais il craint qu’autres le voulussent faire, s’il n’avoit sur ce nos lettres qu’il nou a supplié luy accorder. A CES CAUSES, desirant le favorablement traitter, luy avons permis & octroyé, permettons & octroyons par ces presentes faire imprimer, faire vendre & distribuer par tel Libraire ou autre que bon luy semblera ledit Livre durant le temps de six ans, à commencer du jour qu’il sera achevé d’imprimer, pendant lequel nous faisons tres-expresses inhibitions & defenses à tous autres de l’imprimer vendre & distribuer sans le consentement dudit Exposant, ou de ceux à qui il aura transporté le present Privilege, qui auront charge de luy ; à peine de confiscation desdits livres, & de ceux qui se trouveront contrefaits, & de trois mil livres d’amende, dont un tiers nous appartiendra, l’autre au denonciateur, le troisiesme audit Exposant ou celuy qui sera en son lieu & place. Et outre ce en tous despens, dommages & interests. A la charge de mettre ou faire mettre deux exemplaires dudit livre en nostre Biblio-

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theque publique, à peine d’estre décheu dudit Privilege. Si vous mandons que du cotnenu en ces presentes ous fassiez jouyr & user ledit Exposant, ou ceux qui auront charge de luy, pleinement & paisiblement, sans permettre qu’ils soient troublez en quelque façon qu ce soit. VOULONS en outre, qu’en mettant au commencement ou à la fin de chacun desdits livres, copie dudit Privilege, ou un bref extraict d’iceluy, foy soit adjoustée & tenu pour deuëùent verifié : CAR TEL EST NOSTRE PLAISIR. Donné à Lyon le vingtiesme jour d’Aoust l’an de grace mil six cens trante. Et de nostre Regne le vingtiesme.

PAR LE ROY EN SON CONSEIL.

RENOUARD.

A la relation de Monsieur d’Irval,

Maistre des Requestes.

Et ledit sieur FARET depuis le present Privilege obtenu, declare qu’il cede la moitié du tiers à lu adjugé de l’amende, à l’Hostel-Dieu de Paris.

Et outre ce ledit FARET a cedé & transporté le present privilege à TOUSSAINCT DU BRAY, Marchand Libraire à Paris, pour en jouyr, aux conditions dont ils ont accordé entre-eux pardevant Notaires.

Achevé d’imprimer le Jeudy 14 Novembre 1630.

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Quelques-unes des fautes survenuës en l’impression.

Affection lisez. Affectation

Il lisez. je.

toute ensemble lisez. tout

Pour le bien ajoustez. public

ces vers lisez. ce vers.

tant magnificence lisez. tant de

 

[1] Les deux derniers mots soudés.

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

ulb ltc

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