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1555-Moult utile Opuscule (Nostradamus) (101-150)

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penses vous qu'on ne soit pas home de bien ? Je veux bien que vous sçaiches, que je le ferai beaucoup mieulx que vous ne le sçauries ordonner : parquoy mesles vous de faire vostre estat : & ne vous empesches pas de noz drogues : car je feray mieux cela que vous ne le sçauries entendre : & mille autres propos quilz disent, & quilz font que encores je n'ose escrire la douziesme partie de ce quilz font les meschantz : veritablement en ay cogneu de forts gens de bien, qui entendent tresbien leur art, & que la faisoient aussi : & au lieu ou je feusse jamais que l'art de la medicine feusse mal administree c'estoit a Marseille, or mis deux ou trois : & sil n'estoient messieurs les docteurs en medicine qu'ilz y sont gens de bien, & sçavans seroit plus mal : mais messire Loys Serre home sçavant & docte, & en presaiges un second Hippocrates la fait administrer de tout son pouvoir justement : si je vouloys reciter toutes les villes que j'ay practiqué, ou la medicine se fait bien & mal, nostre livre seroit par trop enorme, donnant toutesfoys la palme (sans que les autres gens de bien en soient participant) tant de sa cité que d'ailleurs à Joseph Turel Mercurin de la cité d'Aix en Provence : & de present a nostre ville de Salon a François Berard :

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combien que lon pourroit dire que je n'ay pas hanté ny  experimenté les autres, que despuis en la ont changé de faire, nenny vrayement : car celle n'est possible, pource que la vie de l'home est brefve : & feray fin de telz propos, que je suis certain, que sont plusieurs qui ne sont pas contens, & lairrons ce propos qui ne sert que de animer le cœur des malins, qui usent souvent la succidanea, quilz facent que leur ame ne soit blecee.J'ay voulu faire cecy non pour autremoyen fors que pour doner a cognoistre a celuy qui vouldra que la composition luy soit propre pour l'aviser, à fin quelle soit parachevee de point en point, à fin que puis apres son entente ne soit frustree de ce quil pretend quand a leffect de la presente mixture : car elle a bien telle vertu pour penetrer aux interieures parties du cœur pour le secourir, mesmes aux defaillances de l'ame, que prinse medicalement est la vie humaine.

Pour faire les cheveux de la barbe noirs pour blancz quilz soient.CHAP. XXVIII.

POur faire les cheveux noirs de la teste ou de la barbe teincture prompte qui dure longuement, que en usoit Medee quand on luy attribuoit quelle faisoit devenir les

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vieux jeusnes en le recuisant, & cestoit par ce moyen, dont apres en usa Gordianus Empereur ne plus vieulx, qui feut filz de Mètius Marullus, qui feut apres iesuschrist deux cents trentequatre ans, qui estant de soixantre trois ans apparoissoit jeusne par le moyen de la teincture du poil, que luy faisoit son cubiculaire ou valet de chambre, d'ou sensuit la description.

PRenes alun de roche ij. Z. du suc d'une herbe dite glastum ou glaucion (de la quelle ceux de laureguez pres de Thoulouse font le pastel) le poix de une livre : du suc descorce de noix demi livre, que soient recentes, de nucis cipressi, & folia lentisci, que nous appellons lentiscle, de galles de chesne torrefiées de chacun demy once & deux drachmes : premierement soit bouilly l'alun en vin aigre avecques le suc de glaucion, jusques a demy : puis prendres de ceste decoction, & toute chaulde en laveres la barbe, ou le poil de la teste, touchant le moins du monde le cuyr, pource quil le rendroit noir.

Et apres que aures lavé de ceste premiere eau, vous feres bouillir les galles, les noix de cipres bien pulverisees, & le lentiscle avecques le demeurant, & tourneres laver la barbe quelle viendra noire d'une

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couleur comme rousse & noyre : & puis de rechef aures du suc d'escorce de noix, & le laves, ne touchant guieres la chair, jusques que vous verres que le poil acquerra une couleur toute différente.

Et pour conserver la couleur longuement au poil soit a la teste, ou a la barbe, ayes tousjours une esponge que soit mouillée en suc d'escorce de noix, ou soit distrempé quelque petit d'alun : car cela fait imprimer la couleur au poil : pour veu que le poil soit auparavant bien lavé & nestoyé d'un savon, comme il sensuit :    Encores ce dit savon desengresse & ennoircit le poil.

Pour faire savon noir qui ennoircit la barbe & subitement.CHAP. XXIX.

PRenes savon de Gayete demy livre, faites le un peu rascler subtilement, & le faites fondre dens quelque vaisseau de terre a petit feu, quil n'y aie pas feu qui soit violent, que quand il sera fondu, quil commencera devenir noir, augmentes luy le feu de bien peu : &   faites que la flambe du feu se puisse prendre, que quand elle si sera prinse, vous aures de fuliginis rhesinæ, de fuliginis picis nigrae, de chacun le poix de deux drachmes : & prendres incontinent le

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savon, quand la flamme si est prinse, & le getteres dessus de marbre froid : & en le ostant luy mettres dedens lesdites suyes : & puis quand il sera refroidi, vous le prendres & le metres en pouldre, & le pasteres avec de suc d'escorce de noix recentes, y adjoustant un peu de ceste fuligo de poix rhesine, & en feres de petites bailotes telles que bon vous semblera : & quand vouldres en user, prendres de noix de cipres, & les faites boullir avec d'eau, & un peu de vinaigre, & de ceste decoction laveres la barbe ou le poil : & puis incessamment avec ces ballotes de savon qui vous rendront la barbe aussi noire que geiet : mais gardes que le moins du monde ne touchast la face, non pourtant quil y portat prejudice : mais seroit facheux apres a la nettoyer : & a une fois ou deux que vous aures fait ce lavement, la couleur de la barbe se changera.   Et c'est celui que Myron le souverain sculpteur feit, quand il alla demander a Lays de Corinthe la copie de   sa piece de nuit : mais ce nonobstant elle le recogneut non point au poil, mais a la face ridee, comme nous a laissé par escrit D. Ausone : & despuis en avons usé, & en faisons user tous les jours que lon diroit que c'est Thiresias, qui a changé de eage & de sexe : mais si vous ne le sçaves

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bien administrer comme il est escrit, que en lieu de faire savon vous feres de bourrax : parquoy donnes vous gardes de ne le guieres brusler, que vous ne soyes frustrez de vostre intention.

Et notes qu'en le fondant ou liquefiant que quand il commencera de venir noir, encores que le feu ne si mette, il n'en vauldra pas moins, mais qu'il ne se diminue par trop qu'il n'eut faute d'humidité unctueuse, que cella defaillant, ne seroit plus savon : & en deux ou trois foys, & de la premiere mesmes le poil changera de couleur,laquelle il gardera long temps. Aussi il fault noter, que pour occasion que le susdit savon apres qu'il a ennoircy le poil, le rend un peu aspre : parquoy y prendres un peu de cest huylle qui sensuit, qui adoulcira le poil, & le rendra encores plus noir que au paravant.

Pour faire un huylle qui est de couleur noire, qui fait venir le poil noir comme vray geiet, qui demeurera longtemps, qui rendra une couleur de moree comme la couleur d'un corbeau : mais il ne faut point savonner la barbe, ne le poil pour lors : mais tant seu

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lement le peigner : & rendra la barbe d'une bonne & tressouefve odeur.CHAP. XXX.

PRenes de fumee de poix, & de fumee de poix raysine, de celle que les Imprimeurs donnent la couleur à leur encre, de chacune demy livre, ou plus ou moins, de lapidis gagatis, que nous disons jayet, ou geet, de quoy on fait des patinostres une livre, ou plus ou moins, de ladani dix onces : la ladanum & le jayet soit bien pulverisé ensemble, & soit distillé dens un alembic de verre à gros feu : car tant plus gros feu lon y fera, tant mieulx il prendra sa couleur noire, & adapteres le receptoire : sil est asses long, il ne le faut pas luter, car pour cella il ny fait rien : & recevres l'huylle, & le dernier est le meilleur qui soit : & quand il sera tout distillé, vous mettres ledit huylle dens une fiolle de verre.

Et deves entendre, que pour cause que ledit huylle a un peu une senteur forte & violente, que plusieurs personnaiges ne le trouveront pas aggreable.

Il fault prendre dudit huylle quelque peu, comme le poix d'une once ou environ, & prendres de bon ambre gris occidental, ou d'une sorte quil en y a qui est noir &

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bien bon : mais gardes vous quil ne soit pas sophistique, le poix dune drachme : & feres fondre & liquefier l'ambre gris ou noir avec l'huylle a petit feu sus une eschaufette, tant que le tout soit liquefié, & le laisseres refroidir, & y mettres si bon vous semble un peu de musc pulverisé non pour autre moyen fors pour oster la violence de l'odeur de l'huylle.

Et quand vous vouldres user dudit huylle, en mettres à un peigne faict de plomb ou de ebene, & le oindres de cest huylle : & vous en peigneres le poil, ou la barbe quand vous yres coucher : & à fin quil penetre plus tost & plus facilement, vous aures une eschaufette que chauferes le peigne & l'huylle toutesfoys & quantes que vous peigneres : & cela faisant en deux ou trois foys vostre barbe deviendra de la couleur d'un corbeau, encor que fut blanche ou grise : & apres quand vous cognoistres que la barbe aura changé couleur, lors la peigneres souvent avec le peigne de plomb sans le oindre, qui luyra à merveilles d'une couleur de moree.

Pour faire l'huylle que Medæa faisoit, lequel se venoit si subitement imprimer, que en touchant le poil, incontinent

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changeoit en un instant de couleur devenant noire : & de cecy en usoit Julia la fille d'Augustus Cæsar par l'industrie, & scavoir de Asclapon tresancien medicin, que apres la mort de Cicero feut a Julia, & a Linia, que feut mariee à Drusus, que pour occasion de la teinture du poil vint d'Asie a Rome.     CHAP. XXXI.

REcipe aspalti Babylonici, ladani, picis pini nigræ, atramenti sepiæ, de singulis pondus Z. cij. litodæmonis in pulverem subtilissimum redactæ Z. xxj. fuliginis rhesinæ Z. iij. roris cyriaci vel cyrenaici, que est la manne quand on distille le benjoin Z. semis, olei decocti in lithargirio impetuose Z. iii. le tout soit meslé ensemble, & fait en mode d'une paste : & soit mis dens une cornue pour faire distiller, au commencement à feu qui soit asses impetueux, & vers la fin que il ny aye point faute de feu, à fin que tout ce qui sera dens la cornue distille sans y faire que bien peu de residence : & de l'huylle qui distillera le recevoir, & en huyller un peu le poil : & verres subitement de Nestor

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devenir Archilochus d'un eage parfait, & en estat de consistence : il est bien vray, que l'huylle est d'une terrible & forte odeur, & est plus penetratif à la teinture du poil qu'il n'est d'odeur.   Et pour luy corriger celle tant forte & penetrante odeur, luy pourres adjouster quand il est distillé de l'ambre gris, quil soit du noir : possible vous dires qu'il ne sera pas gris : mais son nom est tel : car il sen treuve bien souvent qui est de couleur noire, & non obstant il est souverainement bon : mais pour cause de sa couleur il competeroit mieulx en ceste composition : & bien souvent j'en ay veu en la cité de Bourdeaux, la ou il y en vient grande quantité de couleur noire : car proche de la cité, aumoins non guieres distant de la ville, comme six ou sept lieues pres du rivaige de la grand mer Oceane , qui monte & descende trois foys en vingt quatre heures, que les undes de la mer jettent l'ambre gris pres du rivaige, que souvent les paisants en apportent de pieces a vendre, ou moymesme ay veu souvent des paisans en porter, & le vendre, ou une foys l'an mil cinq cents trenteneuf estant en la boutique dun apotichaire nomme Leonard Bandon homme riche, il vint un paisan, qui en apportoit deux pieces dessoubz un

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meschant mantil noir : & entre les autres choses je avisis qu'il en y avoit une piece du poix de trois onces quelque peu moins, que resembloit proprement que feussent excrement de quelque animal marin, & resembloit proprement fait tout rond & tortu en estron de chien : j'estois la avec Joannes Tarraga, Carolus Seninus, Jean Treilles advocat, que en avisant si c'estoit point sperme de baleine, comme le Pandectarius afferme, ou fungus : lors ce paisan qui estoit d'un lieu nommé Castillon nous affermoit que c'estoit laposteme d'un poisson marin, que incontinent apres le solstice hyemal, que est en Decembre, que aupres du rivaige de la mer les undes chassent hors de l'eau ceste aposteme (ou soit que ce soit, ou plus tost gresse, car il se fond au feu) & incontinent quil est sus terre, le renard le sent d'une lieue, ou plus, & vient courant tant qu'il le treuve, & l'englotist, & puis sen va tout courant : & ne fait que sortir & entrer dens son corps : & le jette par derriere : & l'ont nommé de telle sorte d'ambre gris, ambre renardé, & ne se vend pas tant comme celuy que le renard na pas touché : mais il est de couleur plus pasle, & est plus legier : & quoy que l'on dye, il n'est guieres different en vertu, en

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odeur, & en efficace que celuy qui est du tout de couleur grise. Et celuy qui est noir est aussi bon : mais j'en au veu de couleur noire, qui estoit naturel, mais en odeur estoit bastard quand au gris.

Doncques si vous voules un peu corriger la malice de l'odeur de l'huylle, sans luy oster de sa vertu nigricante en rien, luy feres un peu liquefier de cest ambre qui est de couleur noire, & propre à la vertu de l'huylle noir : & la composition n'est pour toutes gens, mais tantseulement est pour personnaiges royaulx, & heroiques. Non point que je veuille afferer quil ne feut aussi bon pour un autre personnaige : & autrefoys a este deffendu d'en user aux hommes, pource que moyennant la teincture du poil tant de la teste, que de la barbe, la simple veue venoit a decevoir les jeusnes filles, qui pensoient souvent avoir prins Paris, qui avoient espousé Priam : mais au present, ny jamais, comme je pense, cela nefut jamais deffendu, ni observé : mais Erasistratus loue grandement le medicin, qui par son industrie au moins s'il ne peut chasser la viellesse acceleree, comme tant industrieusement les ans par trop nombres quil en acquiert loz, honneur, gloire & louange, & memoire perpetuelle par clarifica-

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tion du nom, & du fait.Et la valeur de cest huylle pour moien de la subtile permutation qu'il fait, est sans pris : la raison, pource quil simprime dens le poil le imbibant de sa couleur, sans faire comme font les infecteurs ou teincturiers de layne : car ilz ne peuvent donner couleur au drap qui est de mesmes matieres que le poil, sans auparavant faire boullir le blanc en alun, et pastel avec fortes lexives & boullir longuement : mais nostre huylle pour cause de son unctuosité est noirceur vient a penetrer subitement, & rend le poil de la couleur de l'huylle, lequel est si noir, qu'il n'est possible de voir chose en ce monde que soit plus noire.

Et encores d'avantaige or mis la vertu quil a : si est ce quil en a une autre touchant a deux maladies, pour veu que l'ambre gris ny soit point : c'est assavoir pour subitement exciter un personnaige qui seroit tumbé du mal epilentique, que tant seulement luy en mettant une goutte dens les naseaux, subitement il s'eveillera : & si l'on se trouvoit quand il veut tomber, garderoit quil ne tomberoit point par ceste fois.Aussi a plus grande vertu pour la suffocation de la matrice : car si une femme estoit tombee en Spasme, ou que la matrice

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l'eut suffoquee, luy en mettant un peu au nez, subitement elle s'esveillera.   Aussi si vous en mettes une goutte, ou deux sur le charbon, & luy faite sentir, l'aura plustost ostee de pamoison : & mis dens les oreilles subtile l'ouyr.   En la occulte philosophie en usa Zoroastes : mais pource que son usaige pourroit prejudicier a quelques uns, non pas pour cause de sa vertu, mais pour celui qui en useroit a mal : parquoy il sera meilleur de l'avoir celé que le manifester : & si nostre institution feut propre, l'eussions declairé, si non le tout, en partie : & quand a ce que je voy les escrits, aucuns que semble quilz en ont usé, quand aux presaiges du temps futur semble a voir Pithagoras en avoir usé, quand on luy presenta dedens un verre d'eau d'un puis le tremblement de terre advenit : par cest huille Berosas aussi presaigea tremblement de terre, qu'il vint au jour presix, ou luy feut mise une statue de bronze avec la langue doree : parquoy je me tairay, non que je sçaiche du tout la vertu d'iceluy : mais pour ne transgresser nostre matiere, j'en lairrai au jugement des plus sçavanz : reste qu'il est beaucoup meilleur d'avoir obmis d'y mettre plusieurs fielz d'aucuns poissons, non tant seulement pour le scandale quil s'en

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pourroit ensuyvre pour plusieurs, qui en abuseroient : mais aussi que pour la difficulté tant de l'invention, que de l'usaige : & selon mon jugement serviroit peu à l'effect, sinon que possible quelque propriété occulte ou manifeste par leur evident effect pourroit transformer le poil, ou le faire apparoir tel : & ne feut aussi quil ya quelques fiels marins presques a moy & a plusieurs incogneuz : à Pline non mentionés, à Aelinus incogneuz, à Aristote obmis, à Massarius delaissez : parquoy m'a esté plus convenable de ne les avoir nullement mentionez, & aussi que à l'effect de quoy nous pretendons selon mon jugement ambiguë serviroient peu d'avantaige que nous avons experimenté, sans les fielz : or mis que l'encre que les seiches & le pourpre rendent les y avons mises, que avons trouvé un effect admirable & merveilleux.Et je auserois dubitativement croyre, que ce que Platon en son second dialogue de Justo, ou il fait mention de anula Gygis, quil eusse quelque tesmoignage de lumiere concernant à la plus proche voye de verite, sil nestoit que nulz ou peu dautheurs se treuvent faisant mention de telz cas : ou possible que ce nonobstant toutes prohibitions que ont esté par les Decretz, que en-

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cores sen treuvent quelques uns, mais ne se peuvent entendre tant pour la difficulté du sçavoir, que pour l'ignorance des lettres mathematiques : comme est l'astronomie, & la cognoissance de l'astrologie, que maintenant commence quelque peu a soy relever, que tant de temps a demeuré a mespris, que moyennant le sçavoir d'icelle lonvenoit facilement à ceste occule philosophie : & suis esté esmerveillé, pourquoy les anciens de Thessalie venoient plustost a mettre les fielz, & yeux, & graisse des poissons marins, que d'autre animaulx terrestres : vray est que la hyene, cynocephale, & crocodille, & hippopotame, & autres plusieurs venoient en user : & quand ilz voloient faire apparoir quelque permutation par siflement d'oreilles : & apparoir une speciosité, l'oye estoit la principale : & en plusieurs de noz receptes pour le visaige n'avions mis : mais acons cogneu manifestement quelle tiroit la peau : nonobstant qu'elle rendoit la face d'une couleur naturelle tant naifvement blanche, que encores que l'on s'approchast pres de la face, à peine pourroit on discener, ne donner jugement vray, si le personnaige qui en avoit, de quel eage il estoit : car la couleur estoit toute semblable à la

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peau & cuyr d'une jeusne fille de quinze ans : vray est que le visaige luy tiroit un peu le moins du monde : mais au demeurant apparoissoit une tant admirable beauté, que s'il ne feut ce crime, seroit pour estre nombre entre toutes les plus souverains fardz, ou mixtions qui se puissent faire, pour donner & amplifier la venustete d'un personnaige, par le moyen de l'accoustrement : nonobstant que aux efficaces grandes & splendeur que j'ay veu, je ne me puis taire, que je ne la mette par escrit : Car il sera possible que quelquun quand aura le fait d'icelle mixtion, la prisera plus que autre que ce soit.

Pour accoustrer le nacre prosopopeye, qui est nombreé entre les compositions d'honneur & magnificence, pour embellir & emblanchir la face, la illustrant d'une couleur blanche & naturelle : qui maintiendra le personnaige longuement en forme d'adolescence.      CHAP. XXXII.

PRenes fragmentz de nacre quatre onces, pourceleines petites blanches deux onces, perles menues demy once, talk fondu en eaue d'alu consomé, & lavé, pulve-

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risé, & seiché selon la doctrine sequente le poix de six drachmes, argent moulu en coquille trente grains : le tout soit meslé ensemble, & pulverisé subtilement, & broyé sus le marbre par une longue saison, jusques à ce que le tout devienne en pouldre tant subtile, que maniee entre les doigtz n'apparoisse aucune chose d'asperité, comme fine farine de froument : & destremperes le tout dens de suc de lymons tout recentement extrait : & le mettres dens un vas de verre qu'il soit presque plein : & faites que soit du suc la quantité de trois livres, ou peu ou moins, & le fermeres tresbien, & le mettres dens le fumier par l'espace de neuf jours, ou dens les graignons des olives, apres que l huylle est extrait : mais pource que par tout ne se treuvent les graignons des olives, mais qu'il soit en quelque fumier bien chauld : & quand il aura parachevé ses neuf jours, vous l'osteres du fumier, & le feres boullir sus des charbons à petit feu, jusques à ce que des six parts une en soit consumee : & puis l'osteres du feu, & le feres un peu reposer, comme l'espace de la moytie d'un jour : & puis osteres ceste remiere decoction, & la garderes (car elle oste les dertres, les lentilles, & les pannes du visaige) puis pren

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dres ceruse de Venise le poix de quatre onces, eau rose, eau de plantain, & de nerte, de chacune demy livre, & feres boullir dens une fiolle de verre, jusques à un tiers & verseres l'eau, & y en mettres d'autre : & la feres boullir comme la premiere foys : mais faut qu'elle boulle jusques à la moytie, & puis la laisser reposer, par tout un jour : puis mettres le tout dens une terrine de terre envernissee, se entend seulement de la ceruse : & quand verres qu'elle sera bien seiche, qu'elle aura beu & desseiché toute l'eau, vous prendres ladite ceruse, qui est seiche, & la mesleres avec la nacre, & autres matieres qui sont ensemble, que faut que soit le tout sec : & le feres encores mettre sus le marbre, & mettre en pouldre bien subtile, & la pasteres avec eau de fleur de lys, de nenuphar, & de roses blanches, & le destremperes avec lesdites eaues, & le feres boullir jusques à la moytié : & puis le feres reposer : & si en voules user, tenes en quelque peu dens une fiolle : & en mouilleres un petit drapeau tout tiede par toute la face, mesmes la ou il vous plaira de en mettre : & verres une face illustree, que feut elle vielle, apparoistra d'une parfaite blancheur.

Aussi si en voules user avec un peu de

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vin blanc passé par la bouche par l'espace d'un quart d'heure, & en destremper de cela qui est au fond, qui sera sec, verres un visaige tant naifvement blanc, que pour approcher que lon face, lon ne jugeroit que une blancheur naturelle.   D'avantaigesi vous voules que avec la blancheur qu'elle rende une splendeur comme Diane, ou la Lune, ou le ciel purifié & tranquille, en la decoction mettes une once de mastic blanc & pulverisé, pource qu'il ne se peult mesler en bouillant avec la reste, si est ce qu'il y demeure dens la decoction qu'il le fait un bien peu claire, non point que soit splendeur, mais apparoist un naturel visaige blanc.

Une souveraine nocturne application pour oster les lentilles du visaige les couvrant & destruisant, que dens une nuict sont toutes esvanouies sans jamais plus apparoir, sinon que lon feisse sa perpetuelle demeurance au soleil, & annichilant les tasches, & esvanoisant manifestement les pannes.     CHAP. XXXIII.

REcipe radic. cucumeris silvatici, radicum lilij, brioniæ, asphodili, radicum

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jarry, radic. alplessera cum corymbis recentibus, bourracis nostræ descriptions, ossium dactylorum, amygdalarum amararum, nucleorum persicorum Ann. Z. vj. corali albi, farinæ fabarum, farinæ lutinorum,cristalli, ossis sepiæ, axungie vitri, salis gemmæ, vitis arboree, gipsi, marmoris albissimi, sarcocollæ granorum iuniperi Ann. Z.j. cerusæ Z. semis, soit faite pouldre subtile tant que faire se pourra de mynoiaulx : & du reste qu'il soit aussi tresbien pulverisé : & soit malaxé & pasté fort avec suffisante quantité de fiel de bœuf tout recent : & le malaxeres presque par tout un jour, & en feres de petites pilules du poix d'une drach.Et quand vous en vouldres user, vous prendres une de ces pilules, & la mettres dessus quelque piece de marbre : & la dissouldres avec de quelque beau miel, tant que soit comme un liniment : & lors quand vous yres coucher au lict la nuict vous en oindres la face tout chaud. Et le matin quand vous leveres, vous feres cuyre des febves qui soient sans l'escorce bien netes, & rompues ou froysees : & les feres boullir en l'eau, jusques a demy : & de ceste eau toute tiede vous laveres le visaige, & lessuyeres avec une esponge mouillee en vin blanc, & en eau rose passes par la bouche

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ou pour cause que ne luise nullement avec la seule eau rose : & si vous regardes au myroir, vous seres esbahy quelle fin auront fait voz lentilles. Dioscoride quand il se osta les siennes que luy estoient retournees par le moyen du soleil quil avoit continué en vaquant en l'art botanique, lon presume que ceste cy estoit conforme : de ceste cy en ay fait faire à la cité de Savone à la femme de messer Bernardo Grasso, que de present est vefve, & a la nouvelle fiancee de messer Jean Ferlin de Carmagnolle habitant de Savone, que dens une seule nuict feit œuvre miraculeuse : j'en voulois user a quelques unes de ceste terre, mais je puis dire que je suis logé entre des gens barbares, ennemis des gens de bien, or mis peu encores ignorants aux bonnes lettres.S'ensuit un fard pour emblanchir la face, & la conservant longuement en beaute, luy donnant une palleur & blancheur naifve, qui n'est pas de longue duree : mais y la faudroit faire au moins de quatre en quatre jours : & est pour gens communs, & de petit pris : toutesfoys j'en ay fait user à de

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grandz personnaiges qui sen contentoient tresbien, qui en faisoient autant d'estime, que du sublimé tresbien preparé.     CHAP. XXXIIII.

PRenes de chiches blancz nettoiés de leur escorce, de racine de lys, de la racine des deux serpentaires, Amidon, ceruse de Venise souvent lavee en eau rose, de savon de Gaiete, du ris, des amandes doulces plumees, de chacun deux onces : feres le tout fort macerer ensemble, & le mettres dens un tupyn de terre tout neuf, & le couvrires avec un couvercle de terre cuite tout neuf, & le mettres au four par l'orsque on cuit le pain, & le laisseres la tant que le pain se cuira : & puis le osteres du four, & osteres le tout, & le remettres dens un verre, & prendres de gomme Arabique, de gomme dragant, de chacun une once, eau de fleur de febves, & de fleurs de lys, de chacune demy livre : & mettres les gommes dedens tremper par une nuit. En apres prendres de porceleines bien menues des blanches le poix de six drachmes, & les pulverises fort : & les mettes tremper dens de suc de lymons, jusque a ce que soient toutes fondues : puis prendres bourrax demy once : & le tout mis ensemble, or mis les

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gommes, que   sil est possible de les mettre en pouldre subtiles, seroit meilleur : & prendres de nostre pommade faite selon nostre description, & mesleres le tout ensemble dens un mortier de marbre : & en y mettant un peu des muscillaiges de la racine de maulves blanches faites en eau rose, & eau de nerte : & le tout tresbien incorporé en feres comme sil estoit un liniment : & le soir quand vous yres coucher, vous en oindres la face tout chauld, ou tiede, & lairres jusques au matin & quand ce viendra au matin, feres boullir des freces ou febves escorchees, & de l'eau vous en laveres le visaige tant que vous ayes du tout osté l'oingnement : & puis avec une esponge mouillee en eau rose vous laveres le visaige, & l'essuyeres d'elle mesme, pour fin que n'y demeure chose aucune qui tirast, pour cause des gommes, que nonobstant qu'elles soient subitement desiccatives, si est ce qu'elles rendent a la face une naifve splendeur, qui est digne de regarder : parquoy faut sur tout la gomme Arabiqueque soit bien blanche, & plus la gomme dragant, mais ainsi mises en œuvres : & la nuict preparent la face, que le matin une vielle resemble jeune. Fin du premier livre.

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A maistre Jean de Nostredame procureur à la Cour de Parlement d'Aix en Provence, Michel de Nostredame medicinenvoye salut & felicite.

POUR satisfaire au vouloir & affection de plusieurs gentilz personnaiges, mesmes au sexe feminin, qui continuellement est cupide de savoir & entendre choses de nouvelleté, et tenir leur cabinet pourveu de plusieurs sortes de confitures, de quelque façon que ce soient, mesmes pour un nombre infini de dames, & autres que sont logees sur les champs en sumptueuse magnificence avec

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abondance tresopulente de tous les lieux de ce monde, pour la totalle recreation du corps humain, & la parfaicte conservation d'iceluy, sans toutesfois sortir hors de ses limites : ne reste tant seulement que acquerir un oculaire & de peu d'estime, pour savoir conserver aucuns fruictz en une perpetuelle duration, leurs changeant tant seulement la forme, & qualite, leur destruisant la saveur estrange differente, & aliene à la saveur naturelle de la bouche, luy faisant acquerir par moyen de l'eau une doulceur qui fait esvanouir leur naturelle amaritude, sans toutesfoys en conservant quelque peu,que par les sens exterieurs apparoissent quelque peu qu'ilz observent pour leur derniere remuneration, que moyennant le miel, ou succre viennent a recevoir ce qu'on pretend de luy donner, que tant seulement le succre n'y est mis, ou le miel, que pour luy donner doulceur, mais aussi pour les conserver une longue saison :

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que si lon vouloit garder les fruitz que lon recueille dens ces jardins ainsi qu'ilz font, lon ne sçauroit longuement les garder, sans corruption, ou alteration : car les uns participent d'une superflue humidite, les autres de siccite, que ont besoing d'humeur, que moyennant leur conditure sont preservez de corruption, & acquierent une savoureuse douceur, que est un cas de necessite, le corps humain est plus sustenté de peu de telles liqueurs, que par abondance d'autres viandes, que voyant plusieurs personnaiges mesmes logez aux champs, qui ont de tous fruictz par superflue abondance, & ont les aveilles que continuellement travaillent pour le miel : & ceux qui n'ont le miel, ilz ont abondance de moust, par lequel ilz en peuvent user autant facilement comment sil estoit succre ou miel, que par le moust cuict, tout ainsi que nous avons mis par escrit, l'on peult aussi facilement faire conditure aussi bonne & de telle efficace, que

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celles que sont condites   en succre fin, il pourroit bien estre, que la confiture ne seroit pas tant delicate comme si elle estoit faite en succre : mais bien souvvent lon fait plus d'estime d'une confiture que lon auroit fait dens sa maison, que seroit que petit pris, que de telle que seroit venue du paisde levant, ou du pais de Valence en Hespaigne, qui de present obtient le bruit et renommee de toutes bonnes confitures : si est il vray, que la notable cité de Gennes, & la non pareille cité de Venise ne luy sont redevables de rien, quant à cela : en d'autres choses les comparaisons seroient odieuses : & j'ay veu souvent de plusieurs sortes de confitures, que les vaisseaux & la conditure estoit de Valence : que à la verite parler c'estoient par toute excellence : mais quoy ? ilz ont le succre à meilleur pris que n'avons pas : aussi ilz sont plus practiques à la facture & ouvraige de succre, que ne sont ceux du pais Gaulois. Aussi que apres que leurs

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confiture celles quilz veulent faire, que apres qu'elles ont parachevé de boire leur succre, & que toute l'humidité estrange est consumee, ilz ostent ce succre, pour ce que par la frequente ebullition il sennoircit, ilz le ostent du tout, & en mettent de bien beau, qui est cause que leurs confitures sont faites par excellence : que en voulant aussi soulager ceux qui continuellement sont aux citez, & que possible ilz pensent savoir beaucoup, & bien souvent se treuvent trompez, que si leur plait aux heures perdues de vouloir un peu passer cecy legierement, qu'ilz trouveront facture qui ne plaindront de l'avoir achepté : seront aussi plusieurs personnaiges qui n'ont pas aussi tousjours l'apotichaire ne l'espicier prest, pour leur venir faire quelque confiture : & aussi que le plus souvent lon eschiet entre les mains de quelque maistre, ou jeune serviteur, qui pense savoir beaucoup, que bien souvent ne scait rien, & gaste la confiture, &

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brusle le succre, ou le miel, tant que lon est contreint de jetter la confiture à mal.Et pour obvier à telz inconveniens, que bien souvent adviennent, combien qu'ilz soient exigues, en lisant bien soigneusement cecy : & voir le lieu ou la confiture que vous vouldres faire, la feres tant bien & distinctement, que si la voules accomplir comme vous verres parler par l'escrit, celles que lon apporte en France des Hespaignes, ou des Italies, vous ny trouveres point difference aucune soit en bonte, ou en beaute : mais si cas avenoit, que vous veuilles espargner le succre, veritablement vostre confiture sera appellée confiture en saveur, mais pour recreer autant l'oreille, que la bouche, cella ne se peut faire sinon que vous uses de celuy qui fait lasalade qui nespargne en rien l'huylle, ne aussi pareillement le sucre ne doit estre espargné : & alors quand vous aures fait quelque confiture que sera belle, la beaute qu'elle aura luy

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augmentera la bonte, & la saveur : & qui ne plaira de faire, ou le pouvoir n'y sera de mettre le succre en operation, ne le miel, nous avons inseré une façon de faire une liqueur, que les notables & anciens Romains usoient, qu'ilz nommoient defrutum, qui estoit moust cuict en forme de miel, sans additions aucunes de ce monde, que combien qu'ilz eussent pouvoir grand & inestimable, si est ce qu'ils se sont delectez d'user de la liqueur que prouvenoit du labeur de ses champs par eux cultivez : comme plus à plein racompte Marcus Varro ad Fundaniam sa femme, qu'il sera bien possible que quelque personnaige quand il sera au temps de vendenges, qu'il vouldra faire de ce Defrutum pour sen secourir toute l'annee en lieu de succre, ou de miel, & seroient plusieurs qui aimeroient mieulx une confiture faite au defrutum, que au miel.Doncques seigneurs à qui l'une des facultes de l'art Iatrice est cogneue en

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moy ne soit donnee coulpe, si à ceux qui n'ont cognoissance de medicine, ne membres aucuns d'icelle, j'ay voulu en nostre langue donner a entendre à plusieurs, qui sont esloignez de ceux qui ignorent totalement la façon de conserver leurs fruictz, par composition, que si setreuvent quelques uns desplaisants, le plus grand nombre sera de ceux qui y prendrontplaisir.*

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La seconde partie contenant la façon & maniere de faire toutes confitures liquides, tant en succre, miel, qu'en vin cuit.

Ensemble deux façons pour faire le syrop rosat laxatif. Et pour faire le succre candi, penites & tourrons d'Hespaigne.     

Et premierement pour confire l'escorce, ou chair du citron avec le succre.CHAP.I.

VOUS prendres le citron tout entier, & selon la grosseur qu'il sera en feres six ou sept parts tout du long, que pour le moins chacun cartier ait le large de deux doigts : & quand toutes les pieces seront coppees, vous aures la aupres une

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terrine de terre, ou quelque autre vaisseau net, qu'il soit plein d'eau : & vous prendres voz cartiers, & separeres l'escorce de la chair, & feres que l'escorce ne soit pas guieres plus espeisse que ceste forme icy ou plus, ou moins : mais fault quelle aye toute la longueur du citron : & la jetteres dedens ladite terrine : & si voules confire la chair, aussi vous fault faire quelle soit plus espaise & carree de ceste façon : & tout incontinent quil sera trestout netoié (vous ne mettres pas a mal la semence ne le jus) vous osteres ceste eau, & en mettres d'autre fraiche : & y mettres une poignee de sel : & le laisseres la deux jours : & au bout de deux jours, vous changeres l'eau : & le refraicheres de deux ou trois autres : & puis luy remettres d'autre eau, & la laisseres tout le jour, & tous les matins changeres d'eau, jusques a neuf jours, luy renouvellant tous les jours l'eau : & le neufvieme le feres boullir sur le feu : la premiere foys boullira peu, & le feres boullir d'une autre eau : & boullira tant jusques a ce que vous cognoistres que avec une espingle se percera facilement.   Mais avises vous que si vous bouillez la chair avec l'escorce, fault que vous ostes la chair à la premiere decoction :

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car elle se cuiroit trop : & quand le tout sera bien cuit de bonne sorte plus tost un peu ferme que trop cuit : vous le osteres du feu : & avec une cuylliere percee le mettres un peu esgouter l'eau sus un linge blanc : & feres qu'il soit un peu essuit le moins de monde : mais traites le doucement quil ne se brise : & quand vous cognoistres quil sera un peu essuit. & refroydé, vous prendres du succre ce que bon vous semblera, comme quoy : sil ya deux livres descorce, ou de chair, une livre de sucre : & faites que le succre soit beau, si voules faire quelque belle & bonne confiture : & feres fondre le succre avec d'eau, selon la proportion du succre faut mettre l'eau : & si le succre est beau, ne le faut point clarifier : & feres boullir ledit succre, ou miel, jusques à la forme d'un syrop bien cuit asses mediocrement : & gardes de le brusler : car si un personnaige n'est un peu excercité a la façon diceluy, il se brusles donques quand le succre sera cuit comme syrop : vous le laisseres refroider : & quand il sera froid, vous mettres le succre dens un vas ou l'escorce sera mis : & le laisseres jusques a l'endemain : & trouveres que l'escorce ou la chair a jetté l'humidité quil avoit au succre, tant que le succre se treuve humide comme syrop plein d'aquosite : & lors vous

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feres cuire le succre tout seul sans lescorce,jusques quil soit en forme de syrop bien cuit : & lors le laisseres refroider : & apres quil sera froid, vous le remettres dens son vas ou est l'escorce : & le laisseres la trois jours : & au bout de trois jours vous le retrouneres cuyre sil est besoing : & feres comme aves fait auparavant : & au bout d'un moys aviseres sil va bien.

Et notes que si vous le mettes dens un vaisseau de verre, il luy fait donner sa decoction parfaite : pource qu'il la gardera longuement ainsi.  Et si vous le mettes dens un vaisseau de terre, il faut que la decoction qui sera au succre, ou au miel soit plus verde : & qu'il y aye plus d humidité, à cause que la terre pour envernissé que soit le vas, se consume continuellement, ce qu'il ne fait pas au verre.

Et la façon de cuire le succre en ceste confiture semblablement se fait ainsi à toutes les autres.

Et qui vouldroit confire des orenges, ou d'escorce de lymons au succre, il faudroit faire tout ainsi comme j'ay declairé aux citrons : mais qui vouldroit faire en miel, ou en vin cuit, il faudroit proceder autrement, comme vous verres au lieu de sa description.

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Pour confire la chair de courdes que lon nomme cocordat ou carabassat, qui est une confiture refrigerative, qui refraischit, & est de bon goust.CHAP. II.

PRenes des courdes longues ou rondes des communes, de celles que seront les plus dures, mesmes celles que lon garde pour graine ou semence, alors que est au demy Automne, que encores qu'elles soient cueillies d'un mois elles n'en sont que meilleures : & lors vous feres la division de la courde en tant de pieces, que bon vous semblera : & osteres l'escorce par dessus que est fort dure : car ne vous servira de rien : mais prendres la chair la plus ferme que pourres, & faites qu'elle soit asses espesse : & carree : qu'il aye pour le moins telle espesseur ou crassitude : & incontinent que toutes voz pieces seront ainsi copees de la largeur de quatre doigtz, & de longueur de cinq doigtz, vous les mettres dens une terrine envernissee, & feres un lict de sel, & un lict de cartiers : & faites que le sel soit bien pulverise : & quand le tout sera bien salé, vous le laisseres la par trois ou

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quatre jours : car le sel le rendra ferme, d'autre part luy attirera l'humidite superflue qui est en la courde, quand viendra à recevoir son sucre, le prendra plus facilement, & se rendra plus ferme & savoreuse. Non obstant ne faut aucunement que sente le sel, car ce seroit gasté tout. Et quand il aura parachevé ces trois jours dedens le sel, vous osteres le sel, & le laveres en dix ou douze eaues, tant que en goustant vous ne cognoistres qu'il sente aucunement le sel : ce fait vous feres, boullir voz cartiers avec de belle eau toute clare, & premierement quand il aura boulli un peu, vous jetteres cest eaue, à fin que sil y estoit demeuré du sel au dedens, que par moyen du lavement ne fut sortie, moyennant celle legiere ebullition sortiroit hors : & puis le feres boullir en autre eau claire, jusques à ce que en la perçant avec une espingle entrera facilement : & incontinent que les cartiers seront cuitz, vous le osteres du feu, & le mettres dens d'eau froide, le prenant avec une cuillere percee : & le lairres refroider, dens ladite eau froide : pource que l'eau ainsi freische rendra la chair plus ferme : & quand ilz seront du tout refroidis, vous les feres un peu essuier dessus un linge bien blanc : pource que si lon luy vouloit met-

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tre le succre, tout incontinent l'humidite qu'ilz ont estant grande, que la confiture ne sçauroit estre parachevée de long temps. Parquoy quand ilz seront bien essuitz, vous prendres du succre selon la proportion des cartiers, quil soit beau succre : & le feres fondre avec d'eau, tant de succre que d'eau : cela se fait communement : & feres cuire le succre en forme de syrop bien cuit : & quand il sera refroidi, vous mettres ledit succre mis en syrop dens les cartiers qui seront dens quelque vas : & le lendemain regarderes vostre confiture, & feres boullir ledit succre sans les cartiers (car si vous faisies cuire les cartiers, ou quelque confiture que ce soit avec le succre, ou le miel : la confiture viendroit tant endurcie comme de cuyr) jusques en forme de syrop bien cuit : & quand il sera refroidi, vous le remettres dens voz cartiers : & à la tierce ou quarte foys quand cognoistres que les cartiers ne rendent plus d'humidite : & en le regardant à la clarte lon les voit clairs & dyaphanes, lors vous les osteres de leur syrop : & feres mettre en pouldre de quelque succre qui soit beau : & feres un lict de cartiers, & un autre de succre : & le laisseres la seicher, lors les cartiers seront une crouste blanche de succre : & le

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dedens sera humide, & au goust sera souefve : & ceste confiture est bonne pour manger, en fait que concerne medicine refrigerative : & pour la suavité d'elle en manger pour mitiguer la chaleur exuberante du cœur & du foye.

Pour confire l'orengeat en succre, ou en miel, qui sera bon par excellence.CHAP. III.

PRenes des orenges, & les mettes en quatre ou six cartiers pour le moins qu'ilz soient mis à quatre : & osteres le dedens qu'il ny demeure que l'escorce, & la chair, & le suc, & la graine soient hors : & puis prendres voz escorces, & les feres tremper dens de bonne eau claire, & y mettres pour la premiere foys une bonne poignee de sel, pour cause que le sel emportera la superflue amaritude que est aux orenges : & laisseres lesdites escorces l'espace de 24. heures : & puis apres vous changeres l'eau, & y en remettres d'autre : & tous les jours changeres, jusques à neuf jours : & au bout de neuf jours vous les feres boullir avec d'eau de fontaine bonne, jusques à ce que vous essaires avec une espingle si elle y entre facilement : & lors quand vous cognoistres que l'espingle entre dedens l'es-

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corce legierement, lors vous les osteres du feu : & les prendres avec une cuilliere percee, & les mettres dedens d'eau froide : & quand ilz seront refroidis, vous les laisseres essuyer un peu dessus un linge blanc : & quand ilz seront un peu essuitz de l'eau, vous le mettres dens un vas ou de verre, ou de terre, qu'il soit plein des escorces : & à lors vous prendres deux ou trois livres de succre, selon la grandeur du vas : & si le succre est beau, ne le faut pas clarifier, mais le feres fondre avec d'eau, tant pesant de eau comme il y a de succre : & fondu qu'il soit, le feres cuire à la forme & à la cuite d'un syrop bien cuit pour la premiere foys : & puis vous le osteres du feu, & le laisseres refroidir : & quand il sera froid, vous le mettres dedens les escorces : & faites qu'elles trempent bien dens ledit syrop : & le lendemain vous mettres ledit syrop dens une poualle, sans les escorces, & le feres boullir jusques à ce qu'il soit cuit, comme vous aves fait auparavant, & les feres refroidir : & puis le remettres dens son vas ou est ledit orengeat, & le laisseres la par trois jours.

Et au bout de trois jours vous le feres cuyre comme aves fait auparavant : & quand verres que le syrop sera cuit, vous

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verseres dedens les escorces, & les feres boullir cinq ou six ebullitions, & non pas d'avantaige, pour cause qu'elles ne s'endurcissent : & puis apres les osteres du feu : & les laisseres refroidir : & puis remettres le tout dens son vas : & ne le bougeres d'un moys, ou environ : & si au bout d'un moys vous cognoisses quil soit besoing de cuire, le feres, ou autrement le laisses ainsi quil est.Et si voules apres que le tout est bien cuit y mettres dedens de canelle & gyrofle pistes ensemble, lors feres une confiture qui sera bonne en perfeiction.

Et si voules le faire avec du miel, prendres du miel la quantite que vouldres, & le mettres dens une poualle, & le faites la fondre jusques a ce que toute lescume soit sus : & quand vous verres que toute l'escume sera par dessus, & alors le laisseres reposer, jusques à ce qu'il sera froid : & alors avec une escumoire, ou cuilliere percee osteres toute l'escume qui est par dessus, & la jetteres la : & le miel qui sera bien dispumé le mettres dens les orenges, & en useres comme a esté dit du succre.

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Pour confire les orenges qui soient bonnes a manger dens un jour comme si elles avoient trempees quinze jours.CHAP. IIII.

PRenes les escoreces d'orenges, & incontinent les feres boullir dens de l'eau claire avec une bonne poignee du sel : & soit la quantite de sel selon quil y aura des escorces  : & feres boullir tant que verres que leau sera iaulne : & puis vous ietteres ceste eau : & apres les laveres avec cinq ou six eaues, sans toutesfois les macerer, ne rompre : & quand ilz seront bien laves, vous les gousteres a la langue, pour veoir sil sentent point le sel : & lors les feres boullir avec d'eau claire, jusques a ce que lespingle y entre facilement : & lors les osteres du feu, & les mettres dens d'eau froide, & tourneres gouster sil ont point goust de sel : & sil en ont vous les laveres avec tant d'eau, jusques a ce que le goust salé ne y soit plus : & alors prendres voz escorces, & les mettres dessus de linge bien blanc, & les essueres le mieux & le plus que vous pourres, & essuitz qu'ils soient, vous prendres de succre, ou de miel la quantite selon les escorces, & les feres fondre & cuyre a sa perfection : & puis y mettres les escorces boullir

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un peu : & puis les osteres du feu, & le remettres le tout dens son vas quil soit plein, & le laisseres la : & sil est besoing, les cuires au bout de cinq ou six jours, si vous voyes que le succre, ou le miel soit en aquosite : car si le succre ou miel n'estoit cuit à la perfection, la confiture se corromproit : mais si dens le premier jour vous essuyes tresbien vos escorces, & que le miel soit bien cuit, ou le succre, dens le premier jour elles seront bonnes, autant comme si elles avoient este faites trois moys devant, vray est que de tent plus la confiture demeurera faite, alors meilleur elle devient, & plus amyable : car l'amertume que les orenges ont de leur naturalite, par la longue succession de temps demeurans avec le succre ou le miel s'adoulcissent, & se font meilleures & plus delectables à la bouche.

Pour confire les noix ou autre confiture sans miel, & sans succre, qui seront aussi bonnes que avec le succre peu moins, & meilleurs que avec le miel : & toute sorte de confiture se peut faire en default de sucre ou de miel.CHAP. V.

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POurce que en plusieurs & diverses regions du monde y a faulte & abondance des choses que nature nous produit pour nous alimenter & secourir tant pour nostre vivre, que pour nostre delectation : & si en aucun pays ya abondance de succre, à l'autre en ya grande penurie : & si en une region ya abondance de miel, le succre y est cher : & a l'opposite la ou lon ne peut recouvrer ne succre, ne miel, le souverain soleil produit & alimente autres fruictz, que en les adaptant & changeant leur forme & qualite par diminution de l'une, & augmentation de l'autre, nous venons a satisfaire a nostre vouloir sensuel : comme font ceux qui en defaut du vin sont & composent certeines liqueurs mixtionees que leur servent de vin peu distant de saveur, odeur, qualite & suavite : tout ainsi ou le succre, ou le miel ne se treuvent, ou possible la faculté d'aucuns est exigue pour ne pouvoir fournir, à la mode que sensuit pourres faire toute sorte de confitures quelle que ce soit en forme liquide, que en la saveur & bonte ne sera guieres moindre, que en succre : vray est que elles n'auront pas telle suavite, qu'elles ont avec le succre, mais quant au miel le surpasseront.

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Pour faire le vin, cuit que Marcus Varro nomme Defrutum, & cest pour faire confitures en forme liquide.CHAP. VI

PRenes en temps de vendenges du moust de quelque vigne vielle, & des raisins bien meurs le plus qu'ilz pourront estre : & prendres dudit moust la quantite que vous vouldres, & le feres boullir dens une grande chaudiere, & incontinent quil commencera de boullir, ou faire son escume, faites que avec une cuilliere percee ou escumoyre ostes en toute l'escume par dessus, tant qu'il boullira tousjours faisant bon feu : & le feres tant boullir jusques à ce que des quatre pars les trois ou plus soient consumees, jusques qu'il viendra a la forme d'un syrop verdelet : c'est à dire mal cuit : & lors le osteres du feu, & le feres couler, & passer par une toile rare, ou par un tamis, ou sac que l'on passe la farine : & vous trouveres que au fond il sera un peu espes : & couleres  le tout, & le garderes dens de vas de verre, ou de terre bien envernisee.Et pour confire des noix avec ce vin cuit prenes des noix verdes, & les plumes tresbien la quantite que vous vouldres : & quand elles seront bien plumees, vous les

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feres tremper en l'eau par le terme de neuf jours, leur renouvellant chacun jour d'eau : & au bout de neuf jours vous les feres boullir jusques à ce qu'elles soient moletes, & que se percent facilement avec une espingle : & quand elles auront boulli à leur devoir, vous les osteres du feu, & les mettres dens un beau linge blanc essuir : & quant elles seront à demy essuytes vous y mettres a chascune noix un tronçon de canelle, & deux clous de girofle, ou plus ou moins : que si vous en mettes, vous les rendres meilleures : & apres quand toutes vostres noix seront bien farcies de canelle, & de tous costez clavellees, vous les mettres dens un vas de verre, ou bien de terre : & qu'il soit plein des noix : & puis vous prendres vostre vin cuit, & en remplires le vas, ou le pot la ou sont les noix : & le laisseres par trois jours : & au bout de trois jours vous verseres le vin cuit qui est dedens le vas : & le feres cuire dens une poualle jusques qu'il soit à la mode quil estoit au paravant, quand vous le lui aves mis : car l'humidite qui estoit aux noix a descuit le vin cuit, que Marcus Varro appelloit defrutum : & quand vous aures ainsi cuit par deux ou trois fois vostre defrutum, le laisseres un peu verd, pour cause

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quil se desseiche tousjours : & sil estoit trop cuit, il se candiroit que seroit tout grenne, encor qu'il feut dans un vaisseau de verre.Et par ceste mode & façon vous feres toute confiture avec ce Defrutum ou vin cuit, lequel aussi sert en plusieurs autres condiments ou sauces que lon fait journellement aux maisons : mais il ne se peut faire qu'une fois l'annee.

Et notes que si le moust avoit esté fait demy jour, ou un jour entier, il ne vaudroit rien : mesmes il fault qu'il soit exprimé des raisins & à coup à coup, & à l'heure il faut qu'il soit mis dens le chauderon sus le feu : car il se tourneroit : que si demeuroit moins, le vin cuit n'auroit pas sa saveur, ne doulceur : mais il auroit saveur aigre comme se cestoit vin purifié & vieulx qu'il feut cuit : parquoy faites que incontinent qu'il sera extrait, qu'il soit boully.Et pour le garder dens de vas de verre ou de terre envernissee. Item le bien garder comme faisoient les anciens du siecle Romain, qui reposoient (avant l'invention du verre) dedens de potz de terre impicquez à la mode qu'il sensuit :

Prendres un pot de terre grand ou petit, ou une olle qui ne soient point envernissez, soient ou non : prendres de la poix,

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& un peu de suif de chandelle : mettres ladite poix& suif dens ledit pot ou olle : & la mettres sus le feu : & avec un baston ou au bout il y ait des estoupes estachees, & tourneres le pot d'un costé & d'autre, tant que le pot soit tout empoixé : & faites que la poix & suif soit bien cuit quasi bruslé, à fin que en l'esté il ne se fonde : & tournes tant d'un costé & d'autre que le pot soit bien imbibé de ladite poix.

Et faut entendre que d'un pot qui soit capace de vingtcinq livres, il y a asses de quatre onces de poix, & une once de suif pour le bien envernisser. Et alors au pot qui sera ainsi avec la poix par tout dedens bien plastré vous y pourres mettre le defrutum ou huylle tel qu'il vous plaire, que n'a garde que rien que vous y mettes penetre hors : car il tiendroit de l'eau fort : & l'huylle quand il est mis dens telz vaisseaux ne pleure jamais, ne fait semblant aucun par dehors que huylle, ne autre liqueur penetrante y soit mise : & garderes vostre defrutum ou vin cuit par une longue saison en fort integrite.Doncques si voules quelque autre confiture telle que bon vous semblera, la trouveres aussi bonne & louable faite du vin cuit, comme faite du succre, non com-

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prinses les autres commodites qu'il sert une foys l'an dens une maison.En d'aucuns pays de France le font tant consumer, qu'il est en forme solide, comme sil fut cotignac : & le nomme on de la reisine : mais il ne sert que pour faire quelques condimenz ou sauces servant aux cuisiniers : mais cestuy cy n'a pas sa decoction en forme solide : mais bien en forme liquide : & puis cestuy cy ne se doibt faire que du moust le plus clair & net, sans y mettre les grains, ne rien, or mis le moust tout seul, & fait des l'heure mesmes : car autrement ne se doit faire.

Pour faire laictues confites en succre.CHAP. VII.

PRenes des laictues par lors quand elles sont en graine : & prenes toute la plante, ou le tige, & le mondes tresbien, ne prenant autre chose fors la mouelle, que est de la grosseur du doigt indice, & de la longueur de tout le doigt : & les feres boullir avec eau de fontaine, jusques à ce qu'elles soient un peu molletes, que en les perceant avec une espingle elle y entre facillement ; & alors vous les osteres du feu : & les prendres avec une cuilliere percee, & les mettres dedens de l'eau froide, pour

Mais non, vous ne vous êtes pas perdu !

 

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